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CHAPITRE IV : SYNTHESE ET REFLEXIONS

I. Principaux résultats

Les résultats de ces travaux de thèse ont utilisés des données issues de 4 études épidémiologiques basées sur 2 thèmes de recherche : étude des effets sanitaires des émissions de feux de forêt et l’impact de l’exposition en milieu agricole et les maladies allergiques et respiratoires. Ces résultats ont permis d’obtenir de nouvelles informations sur la qualité de l’air et ses associations avec la santé respiratoire dans 2 contextes différents avec différentsniveaux d’exposition à la pollution atmosphérique : un niveau macroscopique et un niveau semi-individuel. Un résultat supplémentaire a permis de réaliser le biomonitoring dans les urines d’un polluant, le benzène, présent dans l’air et de les mettre en relation avec l’asthme infantile.

Impact Sanitaire des feux de foret

A travers une revue de la littérature, nous avons constaté que plusieurs études épidémiologiques se sont intéressées à l’impact sanitaire des émissions de feux de forêts. Lors d’un épisode de feux de forêts, les concentrations de certains polluants dépassent largement le seuil de tolérance fixé par les autorités sanitaires. Or beaucoup de ces polluants sont connus pour être nocif pour la santé. C’est le cas des particules fines qui ont la capacité de s’introduire dans les alvéoles pulmonaires et même dans le sang et provoquer des maladies chronique des poumons. Plusieurs études épidémiologiques ont trouvé des associations significatives entre l’exposition aux fumées issues des feux de forêts et l’occurrence des symptômes respiratoires et cardiovasculaires. Ces associations ont été observées en termes d’admissions à l’hôpital et d’hospitalisations. Très peu d’études ont analysé l’impact de l’exposition des émissions issues des incendies et la mortalité due aux maladies cardiorespiratoires mais les résultats sont disparates. Alors que Vedal et Duton [162] avaient estimé qu’il n’y avait aucune association entre l’exposition aux émissions issues des incendies et la mortalité, d’autres au contraire ont montré que l’exposition aux émissions de

CHAPITRE IV: SYNTHESE ET REFLEXIONS 185 feux de forêts était bien associée à l’augmentation du taux de mortalité [126, 163-166].

Plusieurs méthodes ont été utilisées pour évaluer l’exposition aux émissions issues des feux de forêts. C’est l’un des points clés pour mieux évaluer l’impact sanitaire de ces émissions. Ces méthodes vont des simples questionnaires individuels et la récolte des données de routine dans les différentes institutions spécialisées, aux méthodes sophistiquées utilisant de la modélisation et des données satellitaires. Chacune de ces méthodes présentait des avantages et des inconvénients. La méthode d’évaluation de l’exposition utilisant des questionnaires individuels présente l’inconvénient de ne pas pouvoir quantifier les émissions mais c’est la seule méthode permettant de récolter les données individuelles de santé. Les stations de surveillance de la qualité de l’air permettent de quantifier les émissions et en particulier les particules fines mais l’inconvénient est que ces stations enregistrent toutes les émissions y compris celles provenant des autres sources de pollution. Les méthodes d’évaluation utilisant les données satellitaires permettent une meilleure estimation de la surface brulée et peuvent être combinées avec la modélisation pour en déduire la concentration des émissions. Des émissions, on peut obtenir des concentrations. Dans certaines études, l’épaisseur optique mesurant la densité des aérosols (AOD) fournit par le spectrophotomètre imageur à résolution moyenne MODIS, à bord des satellites Terra et Aqua de la NASA [167], a été reliée aux PM2.5 et permet d’en déduire sa concentration horaire ou journalière [167]. Cette méthode, validée en faisant des comparaisons avec les données des stations de surveillance de la qualité de l’air basées au sol, a été utilisée dans certaines études épidémiologiques pour faire des estimations de l’exposition lors des incendies de forêts [49, 66].

Le plus grand challenge de toutes ces méthodes d’évaluation de l’exposition aux émissions de feux de forêts est de différencier les émissions de la fumée issues des feux de forêts à celles des autres sources de pollutions. Dans certaines études, les auteurs ont essayé de faire cette distinction en soustrayant les concentrations des émissions de base à celles de toutes les émissions [126] ou en créant un indicateur d’avant pendant et après le feu puis en comparant les données sanitaires dans les différentes périodes [43]. D’autres études définies des régions exposées et des régions non exposées en utilisant un seuil de

CHAPITRE IV: SYNTHESE ET REFLEXIONS 186 l’épaisseur optique puis comparaison des données sanitaires de ces 2 régions [49].

A travers une étude de cas des incendies qui ont eu lieu à Marseille en 2009, nous avons utilisé des données satellitaires et de la modélisation pour calculer et différencier les émissions issues des incendies aux émissions anthropiques. Nous avons utilisé ces données avec un modèle de retard échelonnés pour calculer les effets à court termes des concentrations issues des incendies avec un décalage à 10 jours. Nous avons observé que les concentrations anthropiques avaient un effet significatif sur les consultations totales. Bien qu’aucun effet significatif n’a été observé entre les particules fines issues des incendies et les données sanitaires, une relation à la limite de la signification était observée dans le cas des consultations pour maladies respiratoires.

Exposition en milieu rural

De grandes variations de concentration des COVs et des PM selon les lieux considérés ont pu être mises en évidence. Les concentrations aux domiciles des agriculteurs étaient plus élevées que sur les lieux du travail. Néanmoins, les concentrations étaient globalement faibles avec beaucoup de COVs qui étaient en dessous de la limite de quantification.

Plusieurs résultats obtenus en termes d’effets potentiels de la pollution intérieure sur la santé respiratoire sont également à souligner. Les associations observées entre l’asthme et l’exposition aux contaminants physico-chimiques (articles 4 et 5) permettent non seulement de confirmer certaines des relations observées dans des études précédentes réalisées en milieu urbain mais aussi de mettre en avant d’autres polluants ayant fait l’objet de très peu de publications (le trichloréthylène et les composés halogénés). De même, une association entre la maladie des petites voies aériennes et le glycol éthers a été mise en évidence. De plus, des différences régionales en termes d’exposition et d’occurrence des symptômes respiratoires ont pu être mises en évidence entre la région de l’Auvergne et la Californie (article 5). Ces résultats ont pu confirmer ceux d’autres études qui avaient mis en évidence une variabilité régionale entre les agriculteurs européens et californiens sur certaines maladies respiratoires comme l’asthme, la bronchite chronique et la rhinite allergique. Le tabac associé à

CHAPITRE IV: SYNTHESE ET REFLEXIONS 187 l’exposition des polluants agricoles, augmentait le risque des maladies respiratoires chez les agriculteurs.

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