Implication de la pollution intérieure dans la santé respiratoire des enfants à la

Comme cela a été présenté précédemment, l’étude FERMA a été composée de 2 volets : un volet chez l’enfant réalisé en 2005 et un volet chez l’adulte dont nous avons présenté un partie des résultats dans la 3ème partie de ce manuscrit (article 4 et 5). Dans cette section, nous allons présenter un résumé des résultats de l’étude FERMA chez les enfants avec des comparaisons avec les enfants en ville. Deux études ont été réalisées pour comparer l’exposition des enfants en milieu rural par rapport à des enfants en ville : une étude transversale et une étude cas-témoins.

CHAPITRE IV: SYNTHESE ET REFLEXIONS 194 L’étude transversale [96] à l’école était constituée du questionnaire standardisé sur les maladies allergiques et respiratoires, du bilan médical effectué par un médecin et de mesures de pollution dans les classes et préaux. Au total, 357 enfants, correspondant aux critères d’inclusion (enfants d’agriculteurs et/ou en contact régulier avec les animaux d’élevage), ont été invités à participer à l’étude. 330 enfants (91%) ont répondu au questionnaire principal et 271 (76%) ont participé aux 2 phases du protocole (questionnaire principal et bilan médical). Ces 330 enfants issus du milieu rural de l’Auvergne ont été comparés à des enfants du milieu urbains. Des prévalences plus faibles de rhino-conjonctivite et de sensibilisation allergique ont pu être observées chez les enfants du milieu rural comparé à ceux du milieu urbain (8.0% vs. 11.6% et 15.4% vs. 28.1% respectivement). La qualité de l’air était meilleure à la campagne, avec des concentrations jusqu’à 6 fois plus faibles pour le dioxyde d’azote. Enfin, des prévalences plus fortes de ces pathologies ont pu être observées chez les enfants du milieu urbain exposés à de fortes concentrations de polluants en classes. Cette étude confirme les précédentes publications qui suggèrent un effet protecteur de l’environnement rural sur les maladies allergiques. De plus, elle met en évidence l’importance du transfert d’air de l’extérieur à l’intérieur des locaux en milieu urbain.

L’étude cas-témoin [158] nichée à domicile a été conduite selon les mêmes méthodes que celles menées en milieu urbain. Les mesures de pollution ont été réalisées pendant une semaine en ciblant les mêmes polluants : NO2, PM2.5, formaldéhyde composés organiques volatils ainsi qu’allergènes et endotoxines, par prélèvement de poussière. Les questionnaires sur les caractéristiques de l’habitat ont également été complétés par les habitants. Au final, la population d’étude était constituée de 51 enfants : 24 asthmatiques et 27 contrôles vivant dans les zones rurales avoisinantes de Clermont-Ferrand. Ces enfants ont été comparés à une autre population cas-témoins d’un milieu urbain constitué de 32 asthmatiques et 31 témoins. Les mêmes composés évalués à la campagne ont été évalués au domicile des enfants dans le milieu urbain dans les mêmes conditions pendant une semaine. Les résultats ont montré que les logements urbains ont été plus pollués que les zones rurales, avec des concentrations allant jusqu'à deux fois plus élevées. Dans l'ensemble de la population, l'exposition à l'acétaldéhyde et le toluène était significativement associée à un risque plus

CHAPITRE IV: SYNTHESE ET REFLEXIONS 195 élevé d’asthme. Dans la population urbaine, l'association avec du toluène était significative chez les enfants étudiés pendant l’hiver, et avec du toluène, xylène, éthylbenzène et lorsque les cas ont été limités aux seuls enfants asthmatiques. En milieu rural, une relation entre l'asthme et l’exposition au formaldéhyde a été observée (OR = 10,7, IC 95% 1,69 à 67,61). Ces résultats suggèrent que l'exposition quotidienne en continu aux polluants peut être impliquée dans l’asthme, même en cas de faible exposition, comme ce qui a été observé dans les zones rurales. Ces résultats pourraient également indiquer un effet spécifique de la pollution intérieure dans le milieu rural. En effet, dans l’Etude Ferma adulte, nous avons trouvé des résultats significatifs à l’intérieur avec d’autres COVs comme le benzène et le trichloréthylène, ce qui peut renforcer cette hypothèse. Cette étude a permis d’utiliser un biomarqueur spécifique pour le benzène, le l’acide S-phénylmercapturique urinaire (S-PMA), pour évaluer l’exposition individuelle de ce polluant chez les enfants.

II.7. La variabilité régionale en termes d’exposition aux polluants agricoles et les effets sanitaires

Nous avons comparé les agriculteurs français de l’Auvergne et californiens en termes d’exposition et l’occurrence des symptômes respiratoires pour analyser la variabilité régionale. Cette comparaison s’est basée sur 2 études qui ont été réalisées sur 2 périodes différentes. Nous avons observé que les agriculteurs français de l’Auvergne étaient plus à risque de développer de l’asthme, bronchite chronique et la toux par rapport à leurs homologues californiens qui eux étaient plus à risque à la rhinite allergique. Une précédente étude avait comparé les agriculteurs californiens à des agriculteurs Européens de 4 pays (Allemagne, Danemark, Espagne, Suisse) et des différences régionales ont été observées sur la prévalence de la rhinite allergique, l’asthme, la bronchite chronique et la pneumonie. L’asthme a été associé à l’élevage de la volaille et à la culture de fleurs tandis que la bronchite chronique semble être liée à élevage des porcs, des lapins, et la culture des graines qui produisent de l’huile et des fleurs. Cependant, la forte prévalence de l’asthme chez les agriculteurs californiens semble plus liée aux facteurs sociodémographiques qu’aux caractéristiques agricoles [127]. De même, cette étude avait montré qu’en Europe, la forte

CHAPITRE IV: SYNTHESE ET REFLEXIONS 196 prévalence de la bronchite chronique chez les agriculteurs était indépendante du tabac et semble plus lier aux facteurs agricoles en particuliers la production des animaux dans des espaces confinés ou des serres et l'exposition aux poussières d'intérieur. Ce qui met en lumière l’importance de l’exposition dans les lieux de travail à l’intérieur.

Dans cette étude, nous avons fait des comparaisons sur les pratiques agricoles, les facteurs environnementaux et les symptômes respiratoires sur deux périodes différentes dans deux régions de deux pays développés. Cette étude aurait pu nous donner une idée précise sur l’efficacité des méthodes mis en œuvre pour la protection des agriculteurs dans les pays développés Toutefois,, la variabilité géographique et la conception des deux études ne nous a pas permis de tester cette hypothèse.

II.8. Les points forts et les limites