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Les principaux contextes des céramiques du fort de Ville-Marie

Chapitre 2: Le lieu de fondation de Montréal

2.6. Les principaux contextes des céramiques du fort de Ville-Marie

contextes principaux qui ont révélé les céramiques (tableau 2). Nous avons un ensemble au nord de ST-73 pouvant être divisé en deux assemblages. Il y a un assemblage représentant une accumulation réalisée pendant la vie du fort (1642-1688) et un autre pendant son abandon militaire, soit entre 1674 et 1688. Mentionnons également que certaines catégories, comme le montre le tableau suivant, sont pratiquement circonscrites à certaines zones du site. Nous avons l’ensemble au sud de ST-42 qui regroupe différents dépotoirs datant des années 1674 à 1688. On y trouve aussi des contextes où la déposition avait pu débuter avant 1674, au plus tôt en 1658, ou quelque part entre ces deux dates. Nous y trouvons aussi la majorité des sols et des objets datant de la période d’occupation initiale du fort (1642-1674).

Tableau 2. Tableau de présentation des principaux dépôts de mobiliers céramiques. ( Voir en Annexe pour une carte de la distribution des artéfacts étudiés par sous-opérations)

Sols intégrés aux sols naturels et d’occupation de 1642-1674

Dépôt sol naturel au nord et dépôt mineur nord (nord de st-73), incluant la tranchée ST-77 et ST-87

12A, 12B, 12D, 12E, 12F, 13A, 13C, 13E, 13F, 13G, 13H, 14B, 14C Dépôt mineurs central (entre ST-42 et

ST-73).

La majorité des découvertes sont associées aux structures ST-62, ST-63 et ST-44.

-4D(ST-44,ST-63),4E (ST-44,63),15A(ST-44,63) -9F(ST-62),9E(ST-62)

-10F(ST-44,ST-63) 10G (ST-44,ST-63), 15G(ST-63) -10H (ST-44)

-11A, 11E (centre, hors des tranchées)

Dépot mineur sud (sud de st-42) 3A, 4J, 5B, 5D,5E,8A, 8B, 8C, 8D, 10A, 15A, 15C, 15D, 15E, 15F

Dépôt associée à la démolition du

corps de garde 3E, 4B, 4C, 4E ,4F, 11G, 11H, 15H Dépôt accumulé entre 1674 et 1688

Divers Nord 12B,12C,12D,12E,12F, ,13D, 14B

Petite fosse st-46 ST-19 ST-39 Ailleurs sud 3B, 3C 3D 5C 15B, 15F

Zone de déchets adjacente à ST-42 3B, 4J, 8D ,8E, 9A, 10A, 10B, 10C, 10D, 15B, 15C, 15D, 15E, Monticule nord dans le bastion 13C, 13D, 13E, 13F, 13G, 13H

Monticule sud, accôtant st-42 8A, 8B

Dépôts distinct intégrés au remblai de 1688. Sols excavés des caves du château de Callière

Sur tout le site

Concentration des tuiles d’ardoises 13A-13B-13E-13F

Amas de pierre venant du corps de

garde 12A-12B

41 2.6.1. Dépôt divers nord de ST-73

Représenté en orange au nord du site, sur la figure 2 (p. 33 et xxviii), nous trouvons une petite zone de découverte hors des limites du dépotoir dans le bastion. Cette zone pauvre en

céramiques est constituée des sols d’abandon et de démolition du fort de 1674-1688. La superficie des sous-opérations ayant permis la découverte de céramiques de ce contexte diffus est environ 20 m2 et elle contient 24 tessons pour une densité de 1,2 tessons par m2.

2.6.2. Dépotoir dans le bastion.

Dans l’enceinte du bastion, toujours au nord du site et représenté en violet sur la figure 2 (p. 33 et xxviii), nous avons un assemblage distinctif qui date de l’abandon du fort (1674-1688). Ce dépotoir trouve son épicentre dans les sous-opérations 13G et 13F et constitue, avec le monticule de déchet en 8A et 8B, un assemblage « intact » du XVIIe siècle. Révélant un assemblage plus varié, ce contexte possède davantage de tessons de grès normands et de terre cuite commune. On y trouve la troisième plus grande concentration de faïences du site dont un tesson pouvant être d’origine espagnole. Comme dans la plupart des autres contextes du fort de Ville-Marie, ce contexte est principalement marqué par les terres cuites communes de France à glaçure verte et de Saintonge à glaçure polychrome. Les zones ayant permis la découverte des céramiques de ce dépotoir secondaire couvre environ 29 m2 et il contient 51 tessons pour une densité de 1,76 tessons par m2.

2.6.3. Cave du présumé corps de garde

Représentée en vert sur la figure 2 (p. 33 et xxviii) à l’est du site, la fosse ST-40 est le vestige du présumé corps de garde qui apparaît dès la phase I du fort (1642-1658) et qui est démoli en 1674. La fosse et son premier comblement sont marqués par des terres cuites vernissées vertes de France, mais on y trouve également des tessons de Saintonge à décor polychrome et vert pomme, du Midi toulousain, d’origine locale, et des faïences blanches de France. La culture matérielle de cette zone se distingue aussi par de nombreuses perles de verre typiques des années 1600 à 1630, beaucoup d’ossements et de scories, de métaux forgés, de verre et de

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vitre. Cet espace est bordé à l’ouest par une zone très pauvre en culture matérielle, définie par les murs de pieux ST-42 et ST-73. La concentration de céramiques de ce contexte secondaire couvre environ 30 mètres et contient 97 tessons pour une densité de 3,2 tessons par m2.

2.6.4. Contexte Sud

2.6.4.1 Monticule accoté au sud de ST-42

Représentée en rouge sur la figure 2 (p. 33 et xxviii), la principale concentration au sud est un monticule de détritus domestiques qui s’appuyait sur le côté sud de la palissade interne ST-42. Elle reste éloignée d’au moins 3 mètres de la maçonnerie en H, ST-56. Son épicentre est dans 8A et 8B, et les débordements atteignent 8D, 10A et 10C. Il scellait sous son emprise les maçonneries ST-57 et ST-58.

Ce monticule est contemporain à la clôture ST-42 démolie en 1688, mais une accumulation progressive à partir des années 1658-1674 est possible. Le monticule central 8A et 8B s’est accumulé en deux phases, la première contenant des céramiques d’origine française et des lentilles de cendre venant du nettoyage régulier d’un âtre, la seconde, plus haut, contenant des céramiques amérindiennes, des outils de chasse et beaucoup d’ossements de poisson. Sur le plan des céramiques, la première phase du monticule est caractérisée par des tessons de terre cuite commune d’Honfleur et du grès normand. Comme les autres contextes, il est marqué par des terres cuites communes de France à glaçure verte et de Saintonge à glaçure polychrome. Ce contexte contient de nombreux tessons d’un pot à cuire, identifié au numéro 719 du catalogue du site. La deuxième portion du monticule ne contient qu’un plus petit assemblage céramique dominé par les productions polychromes de Saintonge et vernissées vertes de France. On y remarque néanmoins de la faïence blanche probablement d’origine française et espagnole. En tout, ce monticule est un contexte majeur de découverte de 7,2 m2 contenant 194 tessons pour une densité de 26,94 tessons par m2.

43 2.6.4.2 Le dépotoir sud

Représenté en bleu sur la figure 2 (p. 33 et xxviii), le dépotoir Sud est celui qui s’étend au sol sur une grande zone au sud du mur ST-42. Son assemblage céramique est marqué par une abondance de terres cuites vernissées vertes de France et de Saintonge. Les trouvailles les plus particulières sont les terres cuites communes d’Honfleur, d’autres tessons du pot à cuire vernissé jaune et vert catalogué 719 et du grès présumé français, de type Bray-Beauvaisis- Loire et de Domfront en Normandie. Ces céramiques rapprochent ce contexte de celui du monticule, et pourraient suggérer une parenté qui est soutenue par la proximité du monticule. Cette zone de dépotoir s’illustre autrement par sa grande quantité d’ossements. C’est un contexte de découverte majeur dont les sous-opérations couvrent 72 m2, présentant 522 céramiques pour une densité de 7,24 tessons par m2.

2.6.4.3 Ailleurs au Sud.

Le dépotoir est contemporain, du moins à l’intérieur des années 1674-1688, à celui des résidus métallurgiques concentrés en 8D. Son maigre assemblage est essentiellement composé de terre cuite de France à glaçure verte et Saintonge à glaçure polychrome malgré des tessons

d’Honfleur, de faïence et de production locale. Cette concentration diffuse de céramiques, couvrant 28 m2, contient 29 tessons pour une densité de 1,04 tessons par m2.

2.6.4.4 Contexte d’occupation du fort de 1642 à 1674 (sud et centre)

L’assemblage de l’occupation initiale du site de 1642 à 1674 est essentiellement trouvé au sud, mais il y a aussi une présence significative au nord (voir la section 2.6.5.1). C’est un

assemblage qui comprend les trouvailles faites à la surface du sol naturel, dans le sol

d’occupation du fort, mais aussi dans les sols associés aux structures ST-62, ST-63 et ST-44. Le dépôt associé à ST-62, ST-63 et ST-44 au centre du site est représenté en jaune sur la figure 2 (p. 33 et xxviii). Cet assemblage varié est caractérisé par des artéfacts d’origine normande, des faïences blanches, des céramiques vernissées vertes de France, des terres cuites communes de Saintonge du XVIIe siècle et vert pomme, du midi toulousain, de céramiques

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locales et de catégorie générale comme le pot à cuire 719. Mentionnons que la concentration de faïences qu’on y trouve est au nord du site, quelque chose pouvant suggérer un certain effet des évènements s’étant déroulés au nord, ou à la fin du XVIIe siècle, sur les sols d’occupation. Cette concentration majeure de céramiques couvre 141 m2, contient 224 tessons pour une densité de 1,59 tesson par m2.

2.6.5. Autres contextes

2.6.5.1. Contexte d’occupation du fort 1642 à 1674 (nord)

Longeant le côté nord du mur ST-73, ce dépôt est représenté en orange sur la figure 2. Il est principalement localisé dans les sous-opérations 12B, 12C, 12F, 12G, 12H et déborde légèrement dans le sud de l’opération 13 et 14. Cet assemblage de céramiques montre quelques tessons de grès normands, de terre cuite commune locale et de faïences, mais il est surtout riche en tessons de Saintonge polychrome et de terre cuite commune à glaçure verte. Cette portion de concentration au nord couvre 51 m2, contient 67 tessons dont 30 de faïence blanche pour une densité de 1,31 m2.

2.6.5.2. Le remblai de Callière de 1688

Enfin, il y a la portion inférieure non remaniée du remblai de Callière de 1688 qui couvre l’ensemble des vestiges du fort de Ville-Marie. Dans ce mémoire, une distinction est faite entre ses parties nord, est et sud. Cette distinction arbitraire a été opérée dans le but de distinguer de possibles différences entre les sections du remblai. Rappelons que les sols du remblai de Callière proviennent du creusement de la cave du château de Callière, à l’extérieur de l’aire de fouilles. Cet imposant dépôt contient la majorité des céramiques du site, sauf les terres cuites communes d’Honfleur et les tessons du pot à cuire numéro 719. Soulignons que c’est également dans ce contexte qu’on trouve les terres cuites communes locales. La seule catégorie céramique que l’on y trouve exclusivement est le grès rhénan brun, une production

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allemande. La concentration de céramiques couvre 255 m2 et en contient 1015 tessons pour une densité de 3,98 tessons par m2.

2.6.5.3. La zone centrale du site. Une zone déserte

Encastrée entre les contextes au Nord, à l’Est et au Sud du site, la région centrale entre les tranchées de clôture ST-42 et ST-73, outre les sols associés à ST-44, ST-62 et ST-63, est remarquable par sa pauvreté matérielle (fig.5, 14 et 15, p. xxv, xxvi et xxvii).Cette zone est désertique au XVIIe siècle, les rares découvertes céramiques intégrées à d’autres contextes, et les sols la caractérisant sont peu piétinés et perturbés par les actions humaines. Cette

différence renforce l’idée d’une division spatiale du site, mais surtout l’existence d’un bâtiment, ou dallage, ayant recouvert les sols pendant les années 1642 à 1688, et concorde avec l’utilisation de cette zone comme jardin au XVIIIe siècle.

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