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Fonctionnalisation

1 Note liminaire

L’ensemble des conditions et protocoles expérimentaux mis en place durant ces travaux seront détaillés à chaque paragraphe correspondant. Néanmoins, toutes les expériences élec- trochimiques ont été faites à l’aide d’un montage classique à trois électrodes avec :

— Électrode de travail : embout en carbone vitreux (CV) Radiometer (diamètre de 3 mm)

— Électrode de référence : électrode au calomel saturée (ECS) Radiometer — Électrode auxiliaire : tige de carbone vitreux Metrohm

Le potentiostat utilisé est un PGSTAT 128N (Metrohm Autolab) piloté par un ordina- teur équipé du logiciel NOVA 1.10. La cellule électrochimique est placée pour toutes les expériences dans une cage de Faraday afin de minimiser les interférences électriques. Enfin, avant toute acquisition, les solutions électrolytiques sont désaérées en y faisant buller un flux d’azote pendant 10 min.

2 Synthèse de nanoparticules d’or

2.1 Les principales voies de synthèse

Une nanoparticule est définie comme un assemblage d’atomes dont au moins une des dimensions est à l’échelle nanométrique, et qui montre des propriétés physiques ou physico- chimiques nouvelles ou différentes de celles du matériau massif. Les nanoparticules d’or sont utilisées notamment dans le domaine de la catalyse1 et de la recherche biomédicale où leur caractère biocompatible est largement exploité, par exemple pour assurer le trans- port de molécules d’intérêt vers des cellules tumorales pour l’imagerie, le diagnostic ou le traitement2. Les nanoparticules présentant des tailles particulièrement petites (générale- ment inférieures à 3 nm) sont appellées "clusters" ; ces assemblages sont constitués d’un nombre spécifique et connu d’atomes métalliques et d’une couche de ligands3,4. Ils pos- sèdent des propriétés électroniques et optiques différentes de celles des nanoparticules plus grosses et sont utilisés dans les domaines de la catalyse ou encore de l’analyse5. Quelques voies de synthèse de nanoparticules sont ici présentées ; cette liste n’a pas pour ambition d’être exhaustive, tant les techniques de synthèse que l’on retrouve dans la bibliographie sont diverses et variées. Ne seront traitées ici que celles les plus couramment employées ou faisant l’objet d’un intérêt grandissant. Elles sont classées en deux catégories : approche top-down, c’est à dire du matériau massif jusqu’aux nanoparticules, et approche bottom-up, de la molécule à la nanoparticule.

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2.1.1 Approche Top-down : synthèse par ablation laser

La synthèse par ablation laser consiste à irradier un métal massif plongé dans un liquide avec un faisceau laser ; se forme alors un plasma à la surface du métal (Figure 2.1a). Le gra- dient de température généré entre la phase liquide et le plasma entraîne la formation d’une phase vapeur autour du plasma (Figure 2.1b) qui s’étend jusqu’à former une bulle dans laquelle le plasma se rétracte (Figure 2.1c) puis s’effondre en libérant des nanoparticules dans la bulle (Figure 2.1d). En éclatant, celle-ci va libérer les NPs dans le liquide6 (Figure 2.1d). Cette technique de synthèse est de plus en plus étudiée en raison de ses nombreux avantages : conditions de synthèse ambiantes, possibilité de moduler la taille7et la forme des particules par simple variation des paramètres du laser ou de la nature du liquide utilisé, et capacité de synthèse de NPs "nues", c’est-à-dire sans ligands à la surface.

FIGURE2.1 – Étapes de formation de nanoparticules par la technique de l’ablation laser.

Adapté de la bibliographie6.

2.1.2 Approches Bottom-up : synthèse par voie chimique, biologique et électrochimique La synthèse par réduction d’un sel d’or est actuellement la méthode la plus employée pour l’élaboration des AuNPs ; elle fut étudiée pour la première fois par Michael Faraday en 18578. Cent ans plus tard, Turkevich mit au point la réduction d’un sel d’or au degré d’oxydation (III) HAuCl4 par le citrate de sodium en milieu aqueux9, les AuNPs ainsi synthétisées présentant un diamètre autour de 20 nm (Figure 2.2).

FIGURE2.2 – Schéma de la réaction de synthèse d’AuNPs via la réduction d’un sel d’or

2.1 Les principales voies de synthèse 83

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Cette voie de synthèse fut ensuite reprise par Frens qui, en faisant varier le rapport sel d’or / citrate, obtint des NPs entre 16 et 147 nm de diamètre10. Cette méthode possède comme avantage de ne pas nécessiter l’ajout de ligands dans le milieu réactionnel, le citrate faisant office à la fois de réducteur du sel d’or et de stabilisant des AuNPs. Il est à souligner que c’est également une synthèse rapide, simple et reproductible ce qui explique sa grande popularité encore aujourd’hui. Cependant, les mécanismes de croissance des AuNPs durant la réaction sont encore mal compris et sujets à étude, en particulier en ce qui concerne l’influence du pH et de la concentration en citrate10–12.

La nature de l’agent réducteur ainsi que celle de l’agent stabilisant peuvent être chan- gées, chaque changement de paramètre induisant des NPs de taille, forme et sphère de coor- dination différentes. Ainsi, l’utilisation de NaBH4, qui est un agent réducteur plus fort que le citrate, permet l’obtention de particules de plus petite taille (2-5 nm). Différents types de stabilisants tels que du polyvinyle alcool13, du polyméthyl méthacrylate14, du bromure de cétyltriméthylammonium (CTAB)15ou de la cystéine16peuvent être également utilisés.

En 1994 Brust et al.17 mirent au point une synthèse en deux phases où le sel d’or est dissous dans du toluène en présence d’un agent de transfert de phase, puis réduit par du NaBH4. Le ligand utilisé est un composé thiolé qui se fixe de manière covalente sur les particules via une liaison Au-S permettant à la fois de stabiliser de manière durable les AuNPs en solution, mais aussi d’empêcher une trop grande grande croissance des parti- cules en bloquant l’accès à la surface des NPs. Les AuNPs obtenues présentent des tailles particulièrement petites, entre 1 et 3 nm, ce qui en fait des assemblages se rapprochant de clusters.

Il est à noter que la synthèse par voie microbienne est également largement étudiée18via l’utilisation de bactéries, de champignons ou d’autres matériels biologiques comme l’ADN. Ces techniques présentent l’avantage d’être plus propres en terme d’utilisation de solvants et de pouvoir produire des particules à des rendements importants.

Enfin, l’électrodépôt permet de faire croître des NPs directement sur un substrat d’in- térêt à la condition que celui-ci soit conducteur. L’électrodépôt est donc une technique per- mettant à la fois de synthétiser et de déposer des NPs en se servant du substrat comme matériau d’électrode dans un montage électrochimique. Le principe repose sur la réduction par différentes méthodes d’un sel d’or dissous qui, en fonction des paramètres appliqués, peut donner des AuNPs de tailles et de morphologies différentes. Un voltammogramme représentatif d’un électrodépôt d’AuNPs sur du carbone vitreux est disponible sur la Fi- gure 2.3. Au balayage aller (vers les potentiels négatifs) du premier scan, la réduction du AuCl4– se produit vers 0,5 V ; au balayage retour, un croisement ("crossover") apparaît vers 0,6 V. Ce comportement est typique d’un phénomène de nucléation-croissance : dans les premiers instants l’or se dépose sur le carbone vitreux, puis au balayage retour se dépose sur

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les nuclei d’or déjà formés, ce qui est moins coûteux en énergie ; le potentiel de réduction se déplace donc vers des valeurs moins cathodiques. Au deuxième scan le pic de réduc- tion se déplace encore légèrement vers des valeurs plus positives puisque la croissance des particules est thermodynamiquement plus favorable que leur nucléation. En fonction des pa- ramètres appliqués tels que la vitesse de balayage, la concentration en sel d’or, le nombre de scans ou encore la température, la taille et la densité des AuNPs sur le matériau peuvent va- rier. D’autres techniques électrochimiques comme la chronoampérométrie ou l’électrolyse à double impulsion de potentiel peuvent être utilisées pour obtenir des particules adaptées à l’application souhaitée19. À noter que l’électrodépôt est également étudié pour la produc- tion à grande échelle de particules, en utilisant par exemple un post-traitement aux ultrasons pour décrocher les NPs du substrat20.

FIGURE2.3 – Electrodépôt d’AuNPs sur du carbone vitreux : voltammogrammes cycliques

(v = 50 mV·s−1) de HAuCl

42,5 × 10−4 mol·l−1 dans NaNO30,1 mol·l−1; 1erscan en trait plein, 2escan en tirets. Reproduit de la bibliographie19.