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PARTIE THEORIQUE

2. Les principales familles chimiques des antiseptiques et désinfectants

2.1. Les antiseptiques

De nombreuses familles d’antiseptiques sont disponibles sur le marché. Cependant un antiseptique est valorisé par son activité, raison pour laquelle la communauté scientifique a opté pour la classification selon le spectre d’action.

2.1.1. Produits iodés

Ils sont disponibles sous trois formes. Les solutions aqueuses d’iode, comme la solution de lugol à 1 %, sont très peu utilisées comme agent antiseptique. Elles restent employées pour certaines colorations au laboratoire. Les solutions alcooliques d’iode, comme l’alcool iodé à 1 % ou la teinture d’iode à 5 % ne sont disponibles qu’à l’hôpital. Elles sont contenues dans des flacons de verre teinté en raison de leur dégradation par les ultraviolets. Elles sont très corrosives pour la peau, et la présence d’ion iodure en fortes quantités augmente le risque de complications thyroïdiennes, notamment après application sur une peau lésée. Un rinçage à l’alcool est nécessaire après leur application pour diminuer les effets indésirables mais cette action réduit la durée de leur effet rémanent. Ces inconvénients ont fortement diminué leur utilisation ces dernières années.

Les produits iodophores, comme la polyvidone iodée (PVPI), moins irritants et allergisants que l’iode, ont remplacé les solutions alcooliques d’iode. Des formulations moussantes contenant un agent tensio-actif permettent le lavage antiseptique ou chirurgical

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des mains, la préparation du champ opératoire mais aussi la simple détersion de la peau et des muqueuses, que celle-ci soit suivie ou non de l’application d’un antiseptique. Elles ont d’abord été disponibles en solution aqueuse. Très récemment, une forme alcoolique a obtenu une autorisation de mise sur le marché français.

Les produits iodés sont bactéricides, virucides, fongicides et modérément sporicides. Les matières organiques (protéines, sérum, sang...) diminuent leur activité [35-40]. Cette diminution d’activité est d’autant plus importante que la concentration en iode libre est plus faible, comme avec les produits iodophores [38]. L’action antiseptique se manifeste dès la trentième seconde, mais il est recommandé d’attendre un temps de contact d’au moins une minute afin d’obtenir une activité bactéricide submaximale. Un effet rémanent prolongé n’est observé qu’avec les iodophores, sauf si un rinçage (inutile, voire délétère) a été réalisé. Les contre-indications sont l’intolérance à l’iode (risque de dermites allergiques), la grossesse au cours des deuxième et troisième trimestres, l’allaitement (risque de dysfonctionnement thyroïdien chez l’enfant), le nouveau-né jusqu’à un mois et le prématuré (cause de dysmaturation thyroïdienne). Il faut proscrire leur emploi simultané avec des dérivés mercuriels (risque de formation de composés caustiques).

2.1.2. Biguanides

Les biguanides sont utilisés généralement sous forme de digluconate ou de di-acétate de Chlorhexidine. Comme avec les produits iodophores, des formulations moussantes contenant un agent tensio-actif permettent le lavage antiseptique ou chirurgical des mains ou la préparation du champ opératoire.

Ils sont bactéricides sur les bactéries à Gram positif et à Gram négatif, avec un effet plus marqué sur les premières [41]. Ils sont peu actifs sur les mycobactéries, et ne sont ni sporicides ni virucides. L’association à de l’alcool renforce leur activité sur les mycobactéries et les rendent virucides, notamment vis-à-vis des virus enveloppés. Ils ont un effet rémanent prolongé, supérieur à celui des produits iodés. Les protéines et les matières organiques diminuent leur activité, mais cette interférence est beaucoup moins marquée qu’avec les iodophores [36]. L’association avec les ammoniums quaternaires ou l’alcool potentialise leur activité [42]. La Chlorhexidine ne doit pas être mise en contact avec l’oreille interne (risque

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de surdité neurosensorielle), le cerveau et les méninges. Elle est irritante pour les muqueuses lorsque la concentration est supérieure à 0,02 %. Des cas d’allergie ont été récemment rapportés [43, 44]

2.1.3. Alcools

En France, seul l’alcool éthylique à 60 ou 70° est utilisé à usage antiseptique. Il est utilisé seul ou comme solvant avec d’autres antiseptiques qu’il potentialise (iode, Chlorhexidine). L’alcool est bactéricide et actif sur Mycobacterium tuberculosis, faiblement fongicide, virucide de façon variable et non sporicide. Son efficacité est réduite en présence de matières organiques. Son hydratation facilite la pénétration dans les cellules bactériennes et renforce son efficacité. L’alcool est un produit très rapidement bactéricide (une à deux minutes) sur les bactéries à Gram positif et sur les mycobactéries à condition que la peau soit maintenue humide. Son activité antimicrobienne est brève car il est très volatil [37]. Il ne doit pas être appliqué sur les muqueuses et les plaies, et ne doit pas être employé comme antiseptique pour la préparation cutanée avant la réalisation d’un prélèvement sanguin pour dosage de l’alcoolémie.

2.1.4 Ammoniums quaternaires

Ils sont toujours utilisés en association avec un alcool pour potentialiser leur action. Les deux principaux composés sont le chlorure de benzalkonium et le bromure de cétriménium. Ils sont bactéricides ou bactériostatiques sur les bactéries à Gram positif selon leurs concentrations, seulement bactériostatiques sur les bactéries à Gram négatif (sauf Pseudomonas sp qui sont résistants), fongistatiques et inactifs sur les mycobactéries. Ils ont une activité faible sur les virus enveloppés et nulle sur les virus nus et les spores. Leur efficacité est réduite en présence de matières organiques. Le bromure de cétriménium ne doit pas être mis en contact avec le cerveau et les méninges, ni pénétrer dans le conduit auditif en cas de perforation tympanique [45].

2.1.5. Dérivés chlorés

Le chlore est bactéricide, avec une action rapide lorsqu’il est utilisé sous forme d’hypochlorite (eau de Javel, soluté de Dakin). Il est actif sur la plupart des espèces

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bactériennes à Gram positif et à Gram négatif ; il est sporicide. Un pH à 5, une augmentation de la température et de la concentration de chlore augmente son activité ; la présence de matières organiques et les ultraviolets l’inactivent. Les applications actuelles sont surtout orientées vers la désinfection et l’industrie alimentaire mais, du fait de leur faible coût, ils demeurent un agent de choix dans les pays en voie de développement [46].

2.2. Les désinfectants

Les désinfectants appartiennent aux mêmes familles précitées pour les antiseptiques avec de plus les aldéhydes et les dérivés phénoliques (Tableau VI).

A noter que les halogénés iodés ne sont utilisés que pour l’antisepsie.

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