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biologique au Burkina-Faso

Chapitre 3: Les dispositifs d’accompagnement des producteurs

4.1. Principales démarches utilisées

Pour ce qui concerne les producteurs, des formations en salle et dans les champs-écoles et de manière participative sont dispensées de manière à les inculquer les principes et normes de production biologiques. En effet, d’après les producteurs enquêtés, «les formations dans les

champs-écoles et en groupe permettent et favorisent l’échange entre nous en cas d’oubli. Elles constituent un moyen de freiner les confusions et troubles de mémoire constatés lors des formations individuelles ».

Des groupes d’agriculteurs biologiques sont constitués autour d’un producteur-chercheur et un producteur-relais. Cette stratégie innovante a pour objectif de favoriser les échanges et le partage d’expériences entre anciens producteurs et nouveaux. Ces systèmes de parrainage ont été mis en place de façon à accompagner un « nouveau-converti » par un agriculteur plus expérimenté en AB. En effet, l’agriculteur expérimenté a le devoir d’encadrer deux nouveaux convertis et devient alors en quelque sorte un référent et un «conseiller» pour un «débutant en bio ». Ainsi l’agriculteur-nouveau aura parfois tendance à accueillir préférentiellement l’avis d’un pair ayant une expérience concrète. Ce lien permet au nouvel entrant d’envisager des possibilités de gestion qui intègrent des seuils d’acceptation de nouvelles incertitudes, voire des risques. Ces échanges sont facteurs de réussite, de progrès, et contribuent à développer la coopération entre agriculteurs.

Quant aux acteurs en général, des instances locales, nationales et régionales (Comité de pilotage) de concertation tenues de manière régulière offrent aux différents acteurs y inclus les représentants des producteurs chercheurs, l’occasion d’échanger sur l’avancement de l’accompagnement, sa cohérence avec leurs objectifs, et éventuellement d’identifier des solutions consensuelles sur les goulots d’étranglements identifiés. Aussi, ces cadres de concertation institués constituent l’un des outils de renforcement de la communication entre les acteurs. Ils facilitent le partage d’expérience entre les producteurs et offrent une liberté d’expression, une ouverture d’esprit aux paysans. L’intérêt premier de ces cadres de concertation et des tables rondes est qu’ils rompent totalement l’idée du top down encrée dans l’esprit du paysan. Le paysan se sent valorisé et reconnait qu’il ne doit pas être un consommateur des résultats de la recherche mais plutôt acteur principal depuis la conception jusqu’à la consommation des connaissances. Toutes ces actions le galvanisent et lui

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donnent encore plus de courage à se donner davantage d’autant plus que sa santé est garantie. Il faut noter que les cadres de concertations et les tables rondes décentralisés permettent d’examiner et tester les propositions des cercles d’acteurs concertés afin de fournir des propositions de technologies et d’approches biologiques adaptées au contexte et répondant aux attentes des producteurs. L’accompagnement se réalise suivant le schéma ci-dessous :

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~ 40 ~ 4.2. Principaux outils d’accompagnement

Les données des enquêtes révèlent l’utilisation de plusieurs outils pour accompagner les producteurs dans leur activité de production biologique. Ces outils peuvent être classés en quatre volets.

• Le premier groupe (I) concerne l’expérimentation, les champs écoles, les parcelles de démonstration des essais pour la détermination de l’itinéraire de la production biologique. Ce type d’accompagnement vise le renforcement des capacités des producteurs. Il se matérialise par des formations groupées et non individuelles. Ce choix de formations groupées et non individuelles a plusieurs intérêts :

- propulser les échanges entre les producteurs et de limiter les défaillances de mémoire du côté des producteurs.

- Permettre une parfaite intégration du producteur dans toutes les étapes de la production et faire de lui l’acteur principal de la production des connaissances et le bénéficiaire des résultats de la recherche .dans le système d’encadrement qui se matérialise par les termes de « producteur-chercheur » et de « producteur-relais ou endogène ». Ainsi de cette manière, les connaissances sont produites par les producteurs-chercheurs en collaboration avec les acteurs d’accompagnement et sont transférées aux producteurs par le canal du producteur-relais dans les exploitations agricoles. Dans le domaine de l’agriculture biologique, le recours à un formateur endogène pour le transfert de compétence est très fréquent. Pour cela ils choisissent des paysans locaux (selon des critères) qu’ils forment et veillent à ce que les techniques soient bien transmises aux populations locales par les paysans endogènes formés. Quant aux structures impliquées plus globalement dans l’appui à l’agriculture biologique, elles font généralement des partenariats avec les agents de l’agriculture (du ministère de l’agriculture) en poste dans les provinces / départements afin d’exécuter leurs activités auprès des exploitations agricoles bénéficiaires de leurs programmes. C’est le cas notamment de l’ONG OCADES.

• Le groupe II met l’accent sur des projections vidéo, les théâtres, les fora, ateliers, les voyages d’études. Selon les acteurs enquêtés ce sont les outils qui peuvent résoudre les contradictions entre la vision des producteurs et les agents de développement. Ce sont des outils qui facilitent les pourparlers entre acteurs. Le degré d’utilisation de ces outils varie d’une structure à l’autre.

• Le troisième groupe (III) est celui des outils issus des technologies de l’information et de la communication (radio, télé), les supports écrits (document en langue locale ou nationale, journaux). D’après les acteurs ces outils permettent le transfert d’information et la sensibilisation des paysans sur les sujets qui minent leurs sociétés (surtout sur l’agriculture et l’environnement). Cependant la question qui se pose à l’ensemble des acteurs est l’accessibilité de ces outils aux exploitations agricoles familiales, vu le faible niveau de scolarisation, d’alphabétisation et d’équipement (électricité, poste radio, télé).

• Le dernier groupe (IV) concerne l’accompagnement à travers le partage de l’information par le biais des crieurs publics, les émissions radiophoniques et les débats organisés. Par ce canal, les acteurs (producteurs, collecteurs, exportateurs et commerçants) échangent, discutent sur les avancées remarquables, les principes, les résultats des recherches issus des différentes expérimentations ainsi que les goulots d’étranglements répertoriés par les uns et les autres. C’est un lieu de conseils pratiques et de résolution directe des goulots d’étranglements et un partage d’expérience.

~ 41 ~ Conclusion du chapitre 3

D’après les acteurs du développement, l’agriculture biologique concerne deux types de produits « biologiques » tels que les produits biologiques faisant l’objet d’une certification et d’autres produits émanant de la déclaration des producteurs. Les produits biologiques faisant l’objet de la certification sont essentiellement le coton biologique, le sésame, le soja, les fruits biologiques et le beurre de Karité. Quant aux produits biologiques dits « naturels », ils concernent spécifiquement les produits maraichers dont la consommation est en majorité locale (la ville de Ouagadougou). Il faut noter que les produits biologiques qu’ils soient certifiés ou naturellement biologiques bénéficient de l’accompagnement de plusieurs acteurs et de diverses formes. Cet accompagnement se matérialise entre autres par le renforcement des capacités sous formes de formations avec des supports pédagogiques visualisés (fermes, champs écoles, essais agronomiques) et un réseau de paysans relais capable de convaincre par l’exemple et d’assurer des formations de qualité sur les pratiques agro-écologiques. Il y a également l’appui à la commercialisation, à la certification, l’appui financier, l’appui en équipement (matériels agricoles et équipements de conservation), l’appui à la production de documentation. Le travail en réseau est une force incontournable pour apporter le changement souhaité : au niveau paysan comme au niveau organisme d’appui. Malgré ces diverses formes d’accompagnement, des contraintes n’en manquent et freinent souvent le développement de l’AB.

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Chapitre 4: Contribution des dispositifs d’accompagnement aux

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