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PREVALENCE DE L’OBESITE CHEZ LE PATIENT ATTEINT D’UN TROUBLE BIPOLAIRE

CHAPITRE 3 PREVALENCE ET FACTEURS PREDISPOSANTS A L’OBESITE CHEZ LE PATIENT BIPOLAIRE

3.1 PREVALENCE DE L’OBESITE CHEZ LE PATIENT ATTEINT D’UN TROUBLE BIPOLAIRE

Les études tendent à montrer une relation bidirectionnelle entre obésité et troubles de l’humeur. En effet comme nous l’avons vu précédemment l’obésité est associée à un risque augmenté de trouble de l’humeur et notamment de trouble bipolaire et à l’inverse d’autres études épidémiologiques transversales et longitudinales mettent en évidence une augmentation significative du risque d’obésité chez les patients atteints d’un trouble de l’humeur.

Daumit et al. [275] ont montré, dans une étude américaine de large envergure menée en 2003, que 29% des hommes et 60% des femmes présentant une maladie mentale sévère et chronique étaient obèses contre 17,7% d’hommes et 28,5% de femmes dans la population générale.

Dickerson et al. [276], dans une autre étude américaine menée en 2006 trouvent que 50% des femmes et 41% des hommes d’un échantillon de patient atteints d’une affection psychiatrique étaient obèses contre 27% des femmes et 20% des hommes dans la population contrôle indemne de toute maladie mentale.

Cette association semble particulièrement robuste dans le trouble bipolaire comme indiqué par les nombreuses études épidémiologiques observationnelles menées sur ce sujet.

Goldstein et al. [277] dans une étude menée en 2011 sur un large échantillon représentatif de la population américaine, ont retrouvé un risque presque doublé, après ajustement à l’âge, à l’ethnie, et au sexe, d’obésité chez les patients adultes bipolaires comparés au reste de la population.

Sicras et al. [278] dans une autre étude épidémiologique de large envergure publiée en 2008 menéesur 86 028 sujets américains âgés de plus de 16 ans dans le cadre de la Health Management Organization Database a retrouvé une prévalence

d’obésité de 41,4% dans la population bipolaire comparée à 27,1% dans la population contrôle indemne de ce trouble (p=0,002).

McIntyre et al [279], dans l’analyse de données issues de la Canadian Community Survey regroupant un vaste échantillon de population (n=36 984) a montré que les individus présentant un antécédent vie entière de trouble bipolaire ou d’épisode dépressif majeur était plus souvent obèse (19%) comparé à ceux indemne de trouble de l’humeur (15%, p<0,05). Après ajustement sur l’âge, la prévalence d’obésité et de

58 surpoids chez les patients bipolaires restait significativement plus élevée comparé à la population générale dans cette même cohorte.

Goldstein et al. dans l’étude NESARC (National Epidemiological Survey on Alcohol and Related Conditions) menée sur 43 093 personnes interrogées ont trouvé que les adultes présentant un antécédent vie entière de trouble bipolaire avaient une

prévalence significativement plus élevée d’obésité comparé aux sujets contrôles et ce après ajustement à l’âge, à l’ethnie et au sexe (OR, 1,65, 95% CI, 1,45-1,89 ; p<0,001). La relation entre trouble bipolaire et obésité persistait après ajustement sur la prise de traitements psychotropes [280].

Des études observationnelles menées en population clinique viennent confirmer ce lien entre trouble bipolaire et obésité.

Elmslie et al. [281] comparant 89 patients bipolaires euthymiques et 445 patients indemnes de ce trouble ont montré que 44% des patients bipolaires souffraient d’obésité contre 25% des contrôles.

McElroy et al. (2002) [282] ont étudié un échantillon de 644 patients bipolaires et ont montré que 57% des sujets étaient en surpoids ou obèses, 21% présentaient une obésité de grade de grade 2 et 5% étaient obèses morbides (obésité de grade 3).

Fagiloni et al. ont mené 2 études en 2002 [283] puis 2003 [284] sur 50 puis 175 patients atteints de troubles bipolaires, retrouvant un taux d’obésité de 32% dans la première étude et de 35% dans la seconde étude, taux nettement supérieur à la prévalence de la population générale américaine de l’époque évaluée alors autour de 20%.

Par ailleurs notons que les patients bipolaires obèses partagent les mêmes caractéristiques sociodémographiques que les patients obèses de population générale.

Ainsi un bas niveau social ou encore un faible niveau d’éducation sont retrouvés associés à l’obésité dans la population atteinte de trouble bipolaire tout comme en population générale [285].

La prévalence de l’obésité augmente avec l’âge et la durée de maladie [286], ce qui a été mis en évidence dans une étude longitudinale menée sur 19 ans ; l’obésité apparaît significativement plus tôt chez les patients atteints de troubles bipolaires comparés aux patients contrôles.

Au niveau du sexe ratio de l’obésité chez le patient atteint d’un trouble bipolaire, il semblerait qu’il penche du côté des femmes, comme en population générale, bien que cette caractéristique démographique ne soit pas retrouvée dans la totalité des études. Dans une étude publiée en 2007 par Baskaran et al. sur une cohorte de 100

59 patients, 53,8% des patients étaient obèses dont 41,8% d’hommes et 65,3% de femmes [287]. Dans une autre étude rétrospective suédoise menée par Osby et al. [288] portant sur 6578 hommes bipolaires et 8808 femmes, la prévalence de l’obésité était plus élevée chez les femmes (61,8%) que chez les hommes (51,6%).

A contrario dans une étude longitudinale [286], on retrouve une prévalence d’obésité similaire dans la population féminine et masculine atteinte de maladie mentale, cette prévalence restant néanmoins supérieure à celle observée dans les deux sexes en population générale

Il est toutefois difficile d’établir une relation de causalité dans ces études

observationnelles entre maladie bipolaire et obésité, cependant il semble que le trouble bipolaire soit un facteur de risque d’obésité. En effet, des études

épidémiologiques longitudinales ont montré que les individus ayant un antécédent d’épisode dépressif majeur ou d’épisode maniaque avaient un risque majoré de devenir obèse comparé à la population générale [289] (19% comparé à 15%, respectivement; p < 0.001).

Des études longitudinales ont aussi retrouvé qu’un antécédent de dépression durant l’adolescence était un facteur prédictif statistiquement significatif d’un IMC élevé à l’âge adulte [290].

En conclusion : La prévalence de l’obésité parmi la population bipolaire est environ deux fois plus élevée que dans la population générale. Cette relation semble par ailleurs bidirectionnelle.

3.2 FACTEURS PREDISPOSANT A L’OBESITE CHEZ LE PATIENT ATTEINT

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