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CHAPITRE 2 GENERALITES SUR L’OBESITE

2.2 EPIDEMIOLOGIE : PREVALENCE DE L’OBESITE

2.3.1 Facteurs génétiques 2.3.2 Evolution du mode de vie

2.3.2.1 Augmentation de la consommation calorique 2.3.2.2 Modification de la dépense énergétique

2.3.3 Environnement périnatal 2.3.4 Autres facteurs

2.4 MORTALITE ET COMORBIDITES DE L’OBESITE 2.4.1 Mortalité

2.4.2. Comorbidités somatiques 2.4.2.1 Complications cardio-vasculaires 2.4.2.2 Les complications métaboliques

2.4.2.2.1 Hypertension artérielle

2.4.2.2.2 Insulino-resistance et diabète 2.4.2.2.3 Dyslipidémie

2.4.2.2.4 Le syndrome métabolique 2.4.2.3 Les complications respiratoires

4.2.3.1 Le syndrome d’apnée du sommeil (SAS): 2.4.2.3.2 Le syndrome d’hypoventilation alvéolaire 2.4.2.4 Autres complications

A. 2.4.3 Comorbidités neuro-psychiatriques 2.4.3.1 Trouble du comportement alimentaire (TCA) 2.4.3.2 Trouble de l’humeur

2.4.3.3 Trouble anxieux 2.4.3.4 Abus de substance 2.4.3.5 Déficit cognitif

2.4.3.6 Risque de démence

31 2.6 CONSEQUENCES SOCIALES DE L’OBESITE

32 Chapitre 2

Généralités sur l’Obésité

L’obésité est un état caractérisé par un excès de graisses de réserves stockées au sein du tissu adipeux résultat d’un déséquilibre prolongé de la balance énergétique : les apports énergétiques journaliers dépassant les dépenses pendant une très longue période. Il s’agit d’une pathologie complexe, regroupant des symptômes hétérogènes aux causes multifactorielles. En effet, la masse corporelle est

déterminée par des interactions entre des facteurs génétiques, environnementaux et psychosociaux, qui agissent par l’intermédiaire de différents médiateurs

physiologiques, sur la régulation de la balance entre prise alimentaire et dépenses énergétique.

2.1 DEFINITION

L’obésité et le surpoids sont définis par l’organisation mondiale de la santé comme «une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé». Ils peuvent être estimés chez l’adulte par le calcul de l’indice de masse corporelle ou IMC qui correspond au ratio du poids (en kg) par la taille au carré (en m2). Une classification de la masse corporelle en fonction de l’IMC a été établie par l’OMS et est résumée par le tableau 1. Notons que cette classification distingue trois niveaux d’obésité : modérée, sévère et morbide qui correspondent cliniquement à des risques différents de développer des maladies associées à l’obésité. L’IMC est actuellement la référence internationale pour définir l’obésité.

Définir l’obésité par l’IMC a ses limites : cela ne permet pas de faire la distinction entre masse grasse et masse maigre ni de tenir compte de la répartition du tissu adipeux dans l’organisme, notamment au niveau abdominal. En résulte un manque de sensibilité dans le dépistage de l’obésité qui est environ de 50% car il existe des patients avec un excès de masse grasse alors que l’IMC n’est pas élevé. Par contre la spécificité est de 90%, c’est-à-dire qu’un l’IMC élevé est très fortement associé à une adiposité élevée. Il existe des méthodes plus précises pour mesurer la masse grasse (mesure de densité corporelle, évaluation par absorptiomètrie,

tomodensitométrie) mais celles-ci sont trop lourdes et trop couteuses pour être utilisées en pratique

La répartition du tissu adipeux au niveau anatomique a son importance dans les facteurs de risque de l’obésité. On peut en effet distinguer deux principales formes d’obésité : l’obésité dite «androïde», lorsque la graisse est repartie préférentiellement au niveau abdominal, à laquelle sont associées la majorité des facteurs de risque cardiovasculaires et l’obésité « gynoide », dans laquelle le tissu adipeux est reparti préférentiellement autour des hanches. La mesure du tour de taille ou le rapport tour

33 de taille/tour de hanche permettent ainsi d’apprécier l’obésité centrale d’un individu en affinant ainsi les estimations recueillis par L’IMC.

Classification IMC (kg/m2) Maigreur < 18,5 Zone de référence (« poids normal ») 18,5-24,9 Surpoids 25-29,9 Obésité  Classe I : modérée  Classe II : sévère

 Classe III : morbide

30-34,9 35-39,9 ≥ 40,0

Tableau 1. Classification du surpoids et de l’obésité sur la base de l’indice de masse corporelle chez l’adulte.

En pratique l’obésité abdominale est définie (de façon non consensuelle) par un tour de taille supérieur à 102 cm chez l’homme et à 88 cm chez les femmes. Des seuils spécifiques sont proposés pour s’adapter aux différentes ethnies.

2.2 EPIDEMIOLOGIE : PREVALENCE DE L’OBESITE

DANS LE MONDE, depuis la fin des années 1990, l’obésité a atteint le stade d’épidémie mondiale. Elle a plus que doublé en 30 ans. Selon l’OMS en 2014, 1,9 milliard de personnes de plus de 18 ans étaient en surpoids, dont 600 millions d’obèses. Ce qui correspond à 39% de la population mondiale des adultes en surpoids (38% des hommes et 40% des femmes) et 13% d’obèses (11% des hommes et 15% des femmes) (Figure 1). En 2014, le surpoids et l’obésité concernaient près de 42 millions d’enfants de moins de 5 ans.

Autrefois considérés comme des problèmes propres aux pays à haut revenu, le surpoids et l’obésité augmentent de façon spectaculaire (notamment chez les enfants) dans les pays à faible ou moyen revenu, surtout en milieu urbain.

AUX ETATS UNIS, la prévalence de l’obésité et du surpoids a augmenté de façon considérable ces 35 dernières années prenant l’ampleur d’une véritable pandémie [140,141] et devenant un problème de santé publique majeur responsable d’une baisse de l’espérance de vie sans précèdent dans le pays. En effet les données de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) ont montré que la prévalence de l’obésité dans la population adulte américaine était passée de 15% en 1978-1980 à 36% en 2009-2010 [142,143]. Cette augmentation a été constatée de façon similaire pour les hommes et les femmes, dans tous les groupes d’âges (y compris enfants et adolescents) et dans tous les groupes ethniques. Les données de la NHANES publiées en 2010 ont estimé que 68% de la population adulte américaine âgée entre 20 et 74 ans étaient en surpoids ou obèses (Figure 2).

34 Figure 1. % d’adultes obèses dans le monde en 2010

Par ailleurs, au niveau socio-démographique, aux Etats-Unis, la prévalence de l’obesité est plus élevée parmi la population d’âge moyen ou avancé comparé à une population jeune ; elle est aussi plus fréquente parmi la population hispanique et afro américaine que dans les autres groupes ethniques. Enfin aux Etats-Unis comme dans les autres pays développés, l’obésité est inversement corrélée au niveau de revenu [142,143]. Par ailleurs une étude épidémiologique américaine réalisée entre 2000 et 2005 a montré que la prévalence d’obésité morbide ainsi que l’obésité abdominale avaient tendance à croître encore plus vite que l’obésité modérée [144]. Ces données sont d’autant plus inquiétantes que les complications médicales les plus graves surviennent chez les patients présentant une obésité morbide, une obésité abdominale ou ayant une durée prolongée d’obésité.

Estimated Percentage by Sex

Men

Women

Figure 2 : % de surpoids et d’obésité par sexe aux USA (Source : NHANES, 2009–2010) [1001]

35 EN EUROPE, de nombreuses études témoignent de l’épidémie de l’obésité en

Europe et en particulier l’étude de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS), le MONICA Project. L’enquête MONICA est un recueil de données multicentriques de populations randomisées contenant au minimum 200 individus de sexe opposé, par tranches d’âge de 10 ans comprises entre 25 et 64 ans.

Cette étude a été menée par l’OMS auprès de 39 centres collaborateurs dans 21 pays. Le projet MONICA de l’OMS a étudié la prévalence de l’obésité et son évolution sur les vingt dernières années.

Cette étude a mis en évidence une augmentation de la prévalence de l’obésité de 10 à 40 % dans la plupart des pays européens entre 1985 et 1995 [145].

Un rapport de l’OMS paru en 2007 fait une synthèse des données de la littérature et des études épidémiologiques réalisés dans les différents états européens [146]. Ce rapport met en exergue la grande disparité des prévalences de l’obésité et du surpoids dans les différents pays européens. Ainsi c’est en Albanie que les prévalences de l’obésité et du surpoids étaient les plus importantes en 2001 : respectivement 42,2% chez les hommes et 56,6% chez les femmes. C’est en Ouzbékistan en 2003 que l’on retrouve les prévalences du surpoids et de l’obésité les plus faibles chez les hommes – 26,5% pour le surpoids et 5,4% pour l’obésité – et en Norvège en 2003 chez les femmes – 19,6% pour le surpoids et 5,9% pour

l’obésité.

Notons par ailleurs que la prévalence reste plus faible qu’aux Etats Unis. Au niveau socio-démographique, comme aux Etats-Unis, la prévalence de l’obésité augmentait de la même façon avec l’âge et diminuait avec le niveau d’éducation [147].

EN FRANCE, comme dans les autres pays européens, l’augmentation de la

prévalence du surpoids et de l’obésité est plus tardive qu’aux Etats-Unis puisqu’elle date des 15 dernières années. La prévalence de l’obésité et du surpoids en France est une des plus faibles d’Europe.

L’étude ObEpi/Roche [147] menée entre janvier et mars 2012 sur 25714 individus âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population française, a retrouvé une prévalence du surpoids du 32,3% (38,8% des hommes et 26,3% chez la femme) et une prévalence d’obésité de 15% (15,7% chez la femme et 14,3% chez l’homme). L’obésité de grade I concernait en 2012 10,7% de la population adulte, l’obésité de grade II 3,1% et celle de grade III 1,2%. En France comme dans les autres pays européens, la prévalence de l’obésité et du surpoids augmente avec l’âge et les classes socio-économiques défavorisées apparaissent plus touchées.

Les autorités de santé publique françaises sont inquiètes en raison de la progression de la prévalence de l’obésité, qui touche des individus de plus en plus jeunes, même

36 s’il semble exister un ralentissement de la progression de l’obésité : + 3,4% entre 2009 et 2012 contre +10,7% entre 2006 et 2009.

Figure 3 : Répartition de la

population française en fonction du niveau d’IMC en 2012 (d’après l’étude ObEpi/Roche 2012) [147]

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