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1° Prévalence de la MGUS d ans la population générale

La première étude établissant la prévalence de la MGUS dans une population définie a été rapportée par Kyle et son équipe en 2006 à partir de la population d’Olmsted County. Ainsi, en 1995, la prévalence était de 3,4% parmi 21 463 résidents permanents d’Olmsted County âgé de 50 ans et plus (4% chez les hommes et 2,7% chez les femmes), de 5,3% chez les 70 ans et plus et presque 9% chez les 85 ans et plus, avec un âge médian de diagnostic de 70 ans (21). Ces résultats, obtenus en population générale, sont repris dans de nombreuses études comme référence.

Il est également rapporté qu'après ajustement sur l’âge, les hommes sont plus touchés que les femmes (4% vs 2,7%, p < 0,001) (21).

Au total :

La prévalence de la MGUS est de :

– 3,4% chez les sujets âgés de 50 ans et plus

– 1,7% chez les sujets entre 50 ans et 59 ans (21, 22, 23, 24, 25, 26, 27) – 6,6% chez les hommes de 80 ans et plus

– après ajustement de l'âge, la prévalence est plus élevée chez l'homme (4% ; 95 CI, 3,5-4,4) que chez la femme (2,7% CI, 2,4-3) (p < 0,001) (21)

– âge moyen de diagnostic : 70 ans – risque évolutif de 1% par an

2° Facteurs de risque de MGUS

a) Inégalité selon les races

La prévalence de la MGUS chez les populations noires américaines et africaines est deux fois plus élevée que chez les populations blanches (28, 29).

En 2007, un groupe de chercheurs a étudié la prévalence de la MGUS parmi des hommes ghanéens en comparaison de la prévalence parmi des hommes blancs de Minnesota. Il en est ressorti que la prévalence était deux fois plus élevée chez les ghanéens (1,97 fois plus (95%, 1,94-2,00)) après ajustement sur l'âge.

Landgren a également étudié, dans une population de vétérans blancs américains

comparativement à un groupe d'afro-américains, le risque cumulatif de développer un myélome.

Parmi 2 042 cas de MGUS, l'estimation du risque cumulatif de développer un myélome après 10 ans de suivi était similaire. Cela suggère donc que la prévalence de myélome dans les populations noires est plus liée à une prévalence supérieure de MGUS qu'à un risque plus élevé de

transformation maligne (30).

Ainsi une plus forte prévalence parmi les populations noires pourrait s'expliquer en partie par une prédisposition génétique puisque l'on a mis en évidence une augmentation similaire de risque de développer une MGUS aussi bien chez des ghanéens que des afro-américains.

Inversement, il a été démontré que la prévalence au Japon était plus faible que dans les populations caucasiennes (31).

b)

Obésité

Landgren, dans une étude publiée en 2010 (32), montre que la MGUS est 2 fois plus fréquente parmi les femmes obèses et ceci indépendamment de leur origine ethnique (OR = 1,8 ; 95% CI, 1,03 - 3,1 ; p = 0,04). Il montre également que des facteurs connus pour participer à la prolifération de clones plasmocytaires malins, tels que des taux élevés d’interleukine 6 (IL6) et des facteurs de croissance tel que IGF-1 sont sur-représentés chez les patients obèses et pourraient donc être impliqués dans la survenue d'une MGUS.

De plus, dans cette étude, une prédisposition génétique est encore une fois suggérée dans la survenue de la MGUS (2 fois plus de MGUS parmi les femmes de race noire de même statut socio-économique)

c) Prédisposition familiale

L'existence d'une prédisposition génétique est également suggérée par une étude familiale concernant 247 parents au premier degré de 97 patients atteints de MGUS, qui a montré un risque 2 fois plus élevé de développer une MGUS chez les parents du premier degré (33).

d)

Causes environnementales

Effet bombe atomique A

L'exposition à des rayonnements atomiques, comme dans les suites de l'explosion des bombes de Hiroshima et Nagasaki, respectivement le 6 et 9 août 1945, a été un facteur prédisposant au développement de MGUS (34) ; en effet, à partir de données recueillies sur des survivants, Iwanaga et son équipe (35) ont ainsi démontré que la prévalence de MGUS était supérieure chez les sujets de 20 ans et moins, exposés à 1,5 km de la zone d'explosion, qu'au-delà de 3 km (PR, 1,4 ; 95% CI, 1,1-1,9). De même la prévalence était plus importante quand la dose reçue était plus de 0,1 Gy que moins de 0,01 Gy (PR, 1,7 ; 95% CI, 1,0-2,8). Cependant il n'a pas été démontré que le risque de transformation en myélome était supérieur.

Pesticides

Dans une étude concernant les applicateurs de pesticides (dieldrine, chlorothalonil) vivant en Iowa ou en Caroline du nord (36), la prévalence de MGUS, après ajustement de l’âge, était 1,9 fois supérieure (95% CI, 1,3-2,7) que chez les hommes du Minnesota, sous entendant ainsi que les pesticides avaient donc un impact sur la myélopoiese.

F

acteurs infectieux?

De manière plus anecdotique, quelques études ont établi un lien entre un risque augmenté de MGUS et certaines infections (hépatite C et infection à Hélicobacter pylori) (37, 38). En effet, 68%

des patients ayant une MGUS avait une infection à H. pylori ; l’éradication de l'infection a permis la disparition de la MGUS chez 11 des 39 patients.

Ainsi même si la cause de la MGUS demeure inconnue, de nombreux facteurs génétiques, environnementaux, chimiques etc. …pourraient être impliqués.

3° Facteurs cytogénétiques

Plusieurs études suggèrent que le clone MGUS est déjà « malin » au stade initial ; en effet les plasmocytes des patients atteints de MGUS présentent un profil phénotypique similaire aux cellules plasmocytaires myélomateuses (CD38+, CD56+, CD19-) (39). La MGUS serait associée à une instabilité génomique avec des translocations primaires chez la moitié des patients et une hyperploidie chez la majorité restante (40).

L’étude cytogénétique des plasmocytes dans le myélome a longtemps été rendue difficile compte tenu de leur faible prolifération. Des translocations des locus des chaînes lourdes

d’immunoglobuline (14q32) sont mises en évidence dans environ 60% des myélomes (41, 42).

Avet-Loiseau (40) a étudié 669 myélomes et 147 MGUS : la translocation était mise en évidence dans 73% des myélomes et 48% des MGUS. La délétion du bras long du chromosome 13 est plus fréquente dans le myélome (36% ≈ 50%) que dans la MGUS (21%) (40). L’hypothèse selon laquelle cette délétion jouerait un rôle dans la progression de la MGUS en myélome reste débattue.

Au total, ces données confirment l’existence d’un lien entre MGUS et myélome mais le lien entre le type d’anomalie génétique et le risque d’évolution maligne n’est pas clairement établi.

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