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RÉSULTATS ET ANALYSE

3. Opinions sur les pratiques

3.4 Place du MG dans la prise en charge de la psychose 1 Au moment du diagnostic

3.4.6 Prescription d'antipsychotiques

Pour plusieurs psychiatres, la manipulation des antipsychotiques n'est pas le rôle du médecin généraliste : ​"Je ne modifie pas les traitements chez les personnes psychotiques euh dans les traitements anti-productifs, on est pas très formé sur les antipsychotiques, les différences on les connait pas" ​MG 1, "​je ne suis pas là pour modifier les traitements des psychiatres" ​MG 1, ​" je pense que c’est pas au médecin traitant de faire le diagnostic de psychose, encore moins d’instaurer un traitement antipsychotique parce que je le fais pas

assez fréquemment" ​MG 4, ​“Ah ça non “ ​MG 7. Mais pour MG 6, il pourrait l'être s’il était possible d’obtenir un avis téléphonique : "Vous pouvez le modifier parfois ou jamais? Non, ce serait bien de les avoir au téléphone”.

Pour MG 1, le rôle thérapeutique est limité à l'ajout de traitement symptomatique anxiolytique ou antidépresseur : ​"après s’il y a des composantes anxieuses, des composantes dépressives à la limite je modifie et il voit le psy ​” et juste un traitement antidépresseur pour MG3 : ​"un

traitement antidépresseur oui".

Pour d’autres, la manipulation des antipsychotiques est aussi le rôle du médecin généraliste en attendant la consultation avec le psychiatre : “ ​si on a dû adapter le traitement, le psychiatre fait le point au bout de 3 mois avec des ajustements thérapeutiques" MG2, "le but c’est de pouvoir faire un entretien et de pouvoir manipuler les antipsychotiques" pour ​MG 2. MG 5 modifie le traitement antipsychotique seulement en augmentant la posologie d’un traitement antipsychotique déjà prescrit, en général avec l’aval du psychiatre " ​Souvent j’appelle le psy mais bon on peut modifier à la marge. Mais on joue pas sur le traitement antipsychotique, (ou) on augmente le dosage, pas de problème en augmentant la surveillance​”​ ​MG 5.

Cependant aucun ne recommande que ce soit le MG à initier cette prescription : ​"d'assurer

d'emblée un traitement neuroleptique antipsychotique sur un premier épisode sur une première consultation, non jamais​" MG 2, "​c’est pas le rôle du médecin généraliste d'emblée de mettre en place un traitement, c’est trop spécifique" ​MG 3, à l'exception des patients gériatriques : ​"la gérontopsychiatrie est très pauvre en médecin donc nous on peut pas

attendre trois mois pour qu’un patient soit vu (...) donc ça m’arrive d’initier des neuroleptiques à ce moment-là “ ​MG 3.

Pour certains psychiatres, certains MG seraient en capacité et devraient initier un traitement antipsychotique en attendant la consultation : ​"Je pense qu’il peut très bien le faire mais je pense qu’ils le font rarement, c’est pas dans l’habitude des médecins généralistes d’oser un traitement antipsychotique alors que parfois quand ils voient les gens qui délirent, ce serait bien qu’ils commencent tout de suite ​" PSY 1, ​“Ça arrive, mais je ne le vois pas souvent, je crois que c'est plutôt une bonne idée parce que souvent dans les prescriptions urgentes je retrouve assez souvent mes propres prescriptions​" PSY 2.

Pour PSY 6, cela dépend de la capacité et de l’envie du MG de le faire ​"Théoriquement c’est

faisable, mais après est ce que t’as l’envie, le temps et les connaissances un peu orientées sur la psychiatrie “.

Pour PSY 3, les MG peuvent débuter des traitement antipsychotiques parfois après avoir demandé un avis téléphonique au psychiatre : ​“Ils peuvent initier certains traitements au

départ, par exemple le Risperdal, ils demandent notre avis”.

Pour d’autres, ce rôle est réservé exclusivement aux psychiatres : ​" - Est-ce que vous attendez

que ce soit eux qui commencent un traitement en cas de psychose? - Non non, c’est à nous quand même " PSY 4, ​"- Est ce que vous pensez que c’est le rôle du MG d'initier un traitement antipsychotique ou de le modifier? - Un traitement antipsychotique non, je ne crois pas"​ PSY 7.

3.4.7 Le renouvellement

Pour certains, le renouvellement du traitement est plutôt le rôle du psychiatre qu'il peut décider de déléguer au médecin généraliste : " ​je ne renouvelle pas le traitement

antipsychotique, c’est pas que ce ne soit pas le rôle du médecin traitant , c’est le rôle du psy c’est tout" ​MG 1, ​"c’est le psy qui décide (...) - Donc vous ne renouvelez pas de traitement? - J'essaie d’éviter mais si le psychiatre m e le demande je le fais mais c’est rare qu’il me

demande " MG 3.

Pour d’autres, le renouvellement ne se fait que de manière exceptionnelle, en cas d’absence du psychiatre : ​“C’est assez exceptionnel pour les psychotiques " ​MG 6, ​“Moi ça m’arrive de boucher les trous en août ou au moment des fêtes” MG 3, " ç ​a m’est arrivé oui, quelqu’un qui

est en manque de psychiatre, ou la psychiatre est absente, vous lui renouvelez son ordonnance​" MG 7, “ - Ça vous est arrivé de faire des renouvellements? - Oui quand le médecin est en vacances, et je fais exprès de mettre qu’une fois " MG 5.

Parfois, le renouvellement est fait par le médecin traitant car le patient ne veut pas voir le psychiatre : "Des fois les patients ils n’ont plus envie de voir leur psychiatre, donc voilà, donc je négocie de faire une ordonnance pour un mois en disant “Je ne le ferai qu’une fois” “MG6. ​Parfois dans le cadre d’un nomadisme médical "​parce qu'il y a toujours une excuse, c’est des gens qui savent aussi naviguer" MG 6.

MG 7 juge cette pratique gênante dans le cadre de patient inconnu : ​“ce type de relation avait pâti d’un manque de relation préalable, il cherche son ordonnance point. Prescrire sans savoir c’est .. - Ça ne vous a pas mis à l’aise ? - Voilà et puis surtout que la patiente disqualifie telle ou telle prescription de son psychiatre, ce n’est pas à moi de juger la disqualification“.

MG 6 trouve peu valorisant d'être cantonné au renouvellement d'ordonnance " Oui mais bon,

c’est dommage qu’on soit juste des recopieurs d’ordonnances" MG 6.

PSY 2 est favorable au renouvellement partagé avec le médecin traitant : ​“Je trouve que c’est

très bien si le médecin traitant peut renouveler", ​avec parfois un suivi exclusif du médecin traitant chez des patients stabilisés après 40 ans : " ​et vu que la grande majorité des patients ont un gros lien avec leur médecin traitant, alors après de temps en temps il peut voir le psychiatre et donc au final je ne vois pas certains patients pendant plusieurs années, que si ça va mal (…) Donc les patient de 40-50 ans qui sont bien équilibrés je ne les verrai que tous les 2-3 ans ".

Pour PSY 7, le renouvellement est partagé dans le cas de la prescription de somnifère : ​“pour

le somnifère, si je fais une ordonnance pour 3 mois, l ​e ​2ème et 3ème mois c’est le médecin généraliste qui doit prescrire le somnifère" ​mais pas pour les antipsychotiques " - ​Pour

d’autres traitements antipsychotiques c’est toujours vous qui renouvelez? - Je préfère ​" alors

que pour PSY 3, les benzodiazépines peuvent être prescrites par le médecin traitant après accord " (...)pour les patients qui sont addicts aux benzo (benzodiazépines), on se met en lien avec le médecin traitant en disant : “Qui prescrit?” pour éviter qu’il y ait des doublons”.

Pour PSY 4, se sont les MG eux-mêmes qui ne souhaitent pas de renouvellement partagé dans le cadre de la prescription de benzodiazépine ou de somnifère “ ​les médecins généralistes, de plus en plus ils sont frileux pour tout ça, pour tout ce qui est benzo (benzodiazépines) et tout ils veulent pas prendre le risque de renouveler un traitement".

Pour PSY 5, le renouvellement partagé serait possible en théorie mais impossible en pratique

"(..) En théorie sans soucis. (...) Ça me poserait pas problème. Mais je dirais que c’est la réalité du terrain-là", en partie parce que les MG ne pourraient pas assumer cette charge de travail supplémentaire : ​"En général j’essaye de gérer moi-même en me disant vue (...) qu’ils (les MG) ont déjà peut-être pas mal de choses à gérer". ​Cependant, plus loin dans l’entretien,

elle admet que la coordination des soins est défaillante : “ la coordination est effarante des fois comment les patients sortent d’hospitalisation".

Le renouvellement par le MG apparaîtrait cependant souhaitable pour assurer la continuité des soins pour PSY 5 : ​"Les situations que je vois je dirais oui, c’est plus pour ça, pour être sûr que la continuité des soins se fasse " ​.

Pour PSY 3, le renouvellement est le rôle exclusif du psychiatre : ​" notre pratique dans ce secteur, c’est que c’est nous qui renouvelons tout ce qui est psychiatrique".