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La prescription d’activité physique est fréquente chez les sujets en surpoids seul et très fréquente en présence d’un facteur de risque cardio-vasculaire (prévention primaire ou

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secondaire). La corrélation entre ces deux situations est forte. Les médecins prescrivent plus

facilement et plus souvent l’activité physique en présence de facteurs de risque

cardio-vasculaire associé. Or, l’activité physique est un moyen de prévenir la prise de poids, prouvé

scientifiquement, et de maintenir la perte de poids. La prévention du surpoids et de la prise de

poids fait partie intégrante de la prise en charge cardio-vasculaire (54). Il semble, d’après ces

résultats, que le surpoids seul ne soit pas suffisamment pris en compte comme un réel facteur

de risque de morbidité et de risque d’évolution vers l’obésité. Ces résultats montrent qu’il est

plus difficile de prescrire une activité physique en prévention primaire chez un adulte en

pris en charge, ni lui ni le médecin ne considèrent cette situation à risque. L’éducation

thérapeutique dans ce cas est-elle jugée comme peu rentable pour le patient ? Le patient en

surpoids ne peut-il pas tirer de bénéfices dans cette situation ? Ceci alors même que les

médecins ont une idée fausse de la réduction pondérale par l’activité physique (n°3 des

bénéfices attendus par les médecins testés)?

L’étude Obépi 2009 (6) montre une relative stabilité de la prévalence du surpoids alors

que celle de l’obésité augmente, notamment celle de l’obésité massive. Les sujets en surpoids,

il y a quelques années, sont-ils devenus obèses ? L’activité physique fait-elle partie du panel

d’outils à la disposition des professionnels de santé pour limiter ou ralentir cette évolution ?

Faut-il attendre l’apparition d’un facteur de risque cardio-vasculaire indépendant ?

Il n’y a pas eu de distinction entre prévention primaire et secondaire dans cette enquête,

n’étant pas l’objectif principal. Pour cela, il aurait fallu détailler la prescription selon

l’association de tel facteur de risque avec tel autre, réalisation trop subtile pour maintenir une

durée de questionnaire acceptable et répondre aux freins à cette prescription. La question 6 s’y

rapporte en partie, sans établir de différence entre les deux types de prévention. Une étude

états-unienne rapportait une prescription de l’activité physique dans 37 % des consultations,

en prévention secondaire (39). Elle n’était pas réalisée en prévention primaire chez les sujets

jeunes, ou indemnes de toute maladie, ou avec des conditions socio-économiques

défavorables.

Par ailleurs, la co-prescription de mesures diététiques associées à un projet personnalisé

d’activité physique n’est quasiment pas réalisée par 18 % des médecins interrogés. Il est

pourtant prouvé que l’association de deux mesures est plus efficace que l’une ou l’autre

séparément, notamment chez les sujets âgés (61). La bithérapie améliore l’efficacité de ce

traitement non médicamenteux en limitant les effets secondaires de chacune par les actions de

l’autre : les effets indésirables s’annulent, le patient trouvant une satisfaction dans l’une et

compensant dans l’autre.

La durée consacrée à cette prescription au cours de la consultation est estimée entre 2 et 5

minutes. Il est difficile d’établir de recommandations sur ce sujet. Il semble opportun d’y

consacrer quelques minutes lorsque le patient n’est pas prêt à modifier son comportement ou

lorsqu’il s’agit de suivi ou de prescription adaptée pas à pas pour provoquer un déclic dans les

conflits internes du patient et dans ses résistances. Une fois le premier pas fait, la durée peut

être variable. Dans une démarche d’éducation thérapeutique, les deux possibilités existent

selon le type de relation entre le patient et le soignant. Des consultations dédiées peuvent se

faire avec un plan d’action détaillé, une prescription écrite ; ou bien 2 à 5 minutes par

consultation pour un suivi régulier et un objectif à réévaluer. Une étude new-yorkaise de 2007

(62) rapportait l’utilisation de la techniques de 5 A (Ask, Advise, Agree, Assist, Arrange soit

Demander, Conseiller, Accepter, Aider, Organiser) pour l’activité physique dans une

population défavorisée. Elle montrait par l’analyse de consultation enregistrées que seuls 41

% des médecins parlait de l’activité physique, en moins de 1 minute et seuls 50 % des patients

retenaient l’information ; elle proposait comme solution une intervention régulière (20

consultations sur 2 ans). L’utilisation d’outils pour le suivi peut être utile et motivante pour le

patient, en ayant l’avantage d’être objective si on utilise un podomètre. Le recours à un carnet

de suivi d’activité physique peut également servir. Un seul médecin utilise un carnet d’activité

physique de suivi, Le podomètre n’avait pas été mentionné. Peu de données existent

concernant les recommandations de prescription orale ou écrite. Les avis sont partagés, en

France, la HAS recommande une prescription de l’activité physique sur ordonnance pour

valoriser cette thérapeutique (18,50,63). De même, une revue systématique de la littérature

par une équipe canadienne en 2002 rapporte que la prescription écrite sur ordonnances et la

remise de brochures informatives seraient plus efficaces que le message oral (64), cependant

il manque de manière générale des études sur l’efficacité à long terme de cette prise en charge.

Une méta-analyse londonienne parue en 2008 conclut à une efficacité incertaine de la

prescription écrite (65). Il faut s’adapter selon le patient, le stade du changement de

comportement, les objectifs personnalisés.

Enfin, la prescription de l’activité physique devrait commencer en premier lieu dès la salle

d’attente. Cela peut susciter des questions et amener le patient à y réfléchir puis à interroger

son médecin, d’où un potentiel gain de temps sur le travail motivationnel.

études (37) ou au-delà de 35 voire 40 kg/m² la prescription est plus difficile en médecine

générale. Ces situations d’obésité grade II ou III sont de plus en plus fréquentes et posent la

question de l’évaluation de l’aptitude et des possibilités du patient (comorbidités, mécaniques).

Nombreux sont les médecins interrogés qui les adressent alors à un centre spécifique. Il

importe donc de connaître le réseau de santé et sport de proximité, variable selon les régions.

Les contraintes personnelles, professionnelles et de temps étaient fortement corrélées entre

elles et correspondaient à des obstacles importants d’après les médecins. D’après le rapport

d’expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, en 2008 (66) : «

Avoir des enfants en bas âge, travailler dans une petite entreprise ou être à son compte sont

des situations qui réduisent la probabilité d’un exercice physique régulier. » Il est important

dans la démarche d’éducation thérapeutique de les identifier afin de permettre au patient d’en

prendre conscience et d’essayer de trouver des solutions. Dans cet échange, donner du sens au

changement souhaité par le médecin et appréhendé par le patient est une étape nécessaire. Si

le patient se soucie des modifications que ce changement peut engendrer au sein de sa

profession, de sa vie privée, cela signifie qu’il se projette déjà dans ce changement. De

spectateur, il devient acteur de son projet.

En revanche, d’autres propositions de freins d’origine extrinsèque au patient n’avaient pas

été identifiées par les médecins comme des éléments très limitants. Il s’agit de la catégorie

socio-professionnelle et du niveau d’étude des patients en surpoids, même s’il existe une

hétérogénéité des réponses. Or, les études épidémiologiques dont l’étude épidémiologie

ObÉpi 2009 (6) ont montré que la surcharge pondérale et en particulier l’obésité étaient

corrélées de manière forte avec le niveau de vie, la catégorie socio-professionnelle et le

niveau culturel. Cette étude met en évidence un aspect des inégalités sanitaires et sociales,

tout comme le rapport de la Haute Autorité de Santé (50). De même, l’étude suédoise de

Bergman (37) en 2009 montraient que la pratique de l’activité physique était corrélée au

niveau socio-culturel des patients et des patientes : plus le niveau était haut, plus les patients

pratiquaient une activité physique, variée par ailleurs. Il mettait également en évidence une

corrélation avec des critères démographiques : la vie en milieu rural favorisait l’activité

physique. Si ces facteurs ne sont pas considérés par les médecins interrogés comme des

obstacles, ils ne sont pas non plus considérés comme des éléments facilitant la prescription.

Identifient-ils tout de même cette population comme plus à risque ? Sont-ils repérés ou bien

les médecins ne prennent-ils pas en compte ces facteurs ?

D’autres obstacles sont liés au médecin lui-même. De manière évidente, lors d’un refus

explicite du patient, le médecin ne va pas à l’encontre de cette volonté et attendra un meilleur

moment pour débuter cette prescription. De manière générale, les propositions d’obstacles

sont moyennement identifiés comme tels par les médecins interrogés avec une grande

variabilité inter-individuelle. Ils concernent d’abord des caractéristiques liées au patient, puis

le manque de temps en consultation, avec une variabilité inter-individuelle.

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