J'ai regardé le pauvre : il est seul sur la terre;
La soif le brûle: il na point
d
eau!Mais je l'entends pleurer et j'ai le cœur
d
un père:Je veux soulever son fardeau...
La glaneuse, au bord du sillon.
Fournira son tribut pour le fard de vos filles;
Le mendiant paiera patente de haillon:
Vous affamez cent familles Pour engraisser un histrion:
Puis vous direz que Dieu pardonne!... •
Ses regards se sont irrités. ;
Ila vu dans Juda cet insolent contraste:
La misère des uns, le luxe descités, ;
Et par les vices et le faste
Tous les délires excités. j
Je vous dirai votrefolie:
Ce
peuple, en le pillant, vous Iavez corrompu.Et ce n estplusqu un vase où fermente la lie.
Avec la foi il a rompu : !
Retrouvez un frein qui le lie:
Il nourrit d'effrayants désirs, !
Ilourdit contre vous des vengeances sauvages ;
Il veut de For, des jeux, des festins, des loisirs.
Consultez-vous, riches et sages :
Faites au peuple des plaisirs! j!
Ne
lui demandez plus d'attendre! ji;Il a pesé lejoug, il le voudra briser.
jj
Lefeu dela révolte a couvé sous la cendre: Qui connaît Fart del'apaiser.
Quand
Dieu le laisse se répandre ?...*=§=> '=§•=’
;
»
LeSeigneur dit encor:
. . . . LesFilles de Sion Excitent
ma
colère etmon
aversion :j
Qu'elles prennent garde et lesachent : je déteste La femmeauxyeux hardis, au maintien immodeste.
Qui, par ses pas, son air, sesgestesaffectés, j
Parses cheveux luisants avec art ajustés,
j
Partouteson étudeet toutesa parure, J
Allume dans lepeuple un foyerde luxure.
j
25
Vous voulez qu’on vousvoie, et i’ailesyeuxsurvousi
Vos cherscheveux, objets de tant de soins ialoux.
Je lesferai tomber et vous rendraichauves;
Et l'oret lesrubans, les
nœuds
aux reflets fauves.Les diamants taillésqui pendent sur le front.
Avec vosbeaux cheveuxpour jamais tomberont.
Etje vous ôterai vos bracelets, vosbagues,
V
os voiles complaisants, menteurs en leursplis vagues, Vosécharpes desoie aux dessins élégants.Vosfardset voscolliers, vos maillots arrogants.
Je vous ôterai tout. J’ôte lesbroderies.
Les talismanssecrets ornésdepierreries.
Les flacons deparfums: ces parfums séducteurs.
Versés survous, seront changés en puanteurs.
Vous marcherezpiedsnus, humbles. Des cordes dures Se nouerontsur vosreins, où luit l'ordes ceintures, Etle cilice étroit, de vosrobes de fleurs
Remplacera le faste et les vives couleurs.
Ses trafiquants étaientdes princes;
Sesmarchands, surla pourpreassis.
Dans le gain sétaient endurcis.
Tyr,disaient-ils, a pourprovinces La mer, et l’Egypte, et Tarsis !
Malgré lor de Tarsis et lEgypte féconde
,
Tyr, reinedela mer, a disparu du monde.
Tous les vicesLavaient ornée, La courtisanecouronnée.
Chère etfuneste aux nations;
La terreaimait cette fleur, née
De
l'amas des corruptions.Où
lestupre abonda, le châtimentabonde: Tyr, reinede la mer, a disparu dumonde
!<=§o
La, dans millesplendeurs incessamment accrues.
Luttaient d'orgueilles monuments.
Ce
nétait quepalais, hautsarceaux, colonnades;La tour de Bel montait aux deux!...
Dans la villepartout des choses magnifiques.
Des trésors chez tousles marchands;
Autourdesgrandsbazars, des espaces rustiques,
Lor du négoce et l'or deschamps.
Lafoule des seigneurssepromenait dorée.
Jetant Lor au bourgeois actif;
Lapopulace nueadorait, enivrée.
Mille colossesd’or massif.
C’était un bruitsansfin d’industrie et de fête:
Legros peuple divinisé,
Sestimant sans égal et portant haut la tète.
Se disaitseulcivilisé.
//regorgeait d’auteurs, dedevins, d’astronomes; Il lescomptaitpar bataillons;
Mais tenanten mépris la foule desgrands hommes.
On
faisait cas des histrionsJPour les oisifs de Cour, multitude arrogante.
Et pourles trafiquants vainqueurs.
Un
art s’étaitcréé : la débaucheélégante.Qui decent mains souillait les cœurs
.
C’était l’art-roi, fécond en merveilles lascives;
Partout, deses chants dissolus Sonnaientet triomphaientles notes corrosives.
Et la chastetén’était plus!
Dans cet air épaissi devapeurs de luxure.
Parmices vices orgueilleux,
S’entendre appelerpauvre étaitl’unique injure
Qui
fît encorbaisser lesyeux.Ah
!Babel s’amusait, et l’on en parle encore: Son peuple, auxvoluptésnourri,
S’entendait à jouir. Jamais, depuisGomorrhe,
Aucun
peuple n’avait tant ri!—
Allons, ville des jeux et de la bonne chère, Certes, je t'ai laissé du temps!Es-tu prête? Pour moi, ce que je compte faire
Ne
saurait tarder, et j’attends...Car Dieu comptait les jours: ne croispas qu’il oublie
!
Maintenant, perle des cités,
La coupe est à son fond; il faut boire la lie
De
la force et des voluptés.Tes jardins sont en fleurs; tu n'as pas un portique
Où
ne brillentle marbre et l'or.Es-tu prête? J’attends. Sur ta joueimpudique Quelfardsaurais-tu mettreencor?
Allons, allons, fais vite. Accorde tes cithares;
Tienstesbouffons prêtsàchanter;
Verse tes meilleurs vins, revêts tes habits rares :
Un
peuplevient te visiter!
Le roi Balthazarsoupe avecsesconcubines, Sesducs, sesfous et ses devins.
Ilrit, ilestcontent dumaîtredescuisines, Ilfaitvenirsesmeilleursvins.
Et l’on boit sanscompter aux dieuxdela patrie, Dieux d’or, dieuxdefer, dieuxdebois.
Qui, donnant à Babel la force etl’industrie.
Soumettrontla terreà seslois.
Invisible témoin, Dieu semet de la fête :
—
» Tant d’insolencem
a lassé.« Savourez lefestin qu’annonça
mon
prophète,« Buvez le vin quej'ai versé! »
27
Et la terrible
MAIN comme
un soleil éclate.Jetant d'effroyables rayons;
Et l’on vient dire au roi qu'au lieu de flots, l’Euphrate Roule vers luidesbataillons.
Babylone sidure en ton hautain royaume.
Etsimolle dans tes festins.
En toij'ai vurevivre et Gomorrhe etSodome: Je t'aifait les
mêmes
destins.Tu
péris à jamais.De
tapourpre adultèreIl nerestepasun lambeau.
On
cherche en quelendroit lu pesas sur la terre :Tu
n’esrien, pasmême
un tombeau.Lesdémons, les hiboux, lechacal auxcrisaigres.
Hantentseuls ton solempesté;
Lebouc
y
dansera ; j’emplirai dechiens maigres Tes retraites devolupté.Tout tremble, tout se tait; le roiBalthazar, blême.
Cherche qui peut lesecourir.
Daniel estappelédans cette heure suprême;
Mais c’était l’heure de mourir!
" Roi, dit Daniel, c'est Dieu présentementqui raille !
11 Cesmots, en langage inconnu
"
Que
sa mainflamboyante écrit sur ta muraille,<( Disent que ton jourest venu.
<
COMPTÉ,
PESÉ,LIVRÉ
; Babylone est captive;" Son dur Empire est partagé.
" Dieu l’égale à Sodome, à Gomorrhe, à Ninive :
«
Tu
le bravais.—
Ilest vengé !»Quelfut ton lieu. Babel? Le soleil, deses flammes,
A
calciné tonsol maudit.Et le bouca dansésurtesdébris infâmes.
Comme
Isaïasl'avait prédit.Puis touta disparu decesold’épouvante;
L’oiseau dans l'aira dit: Fuyons !
L’Arabe vagabondn’y dresse plussa tente.
Le bouc lelaisse aux scorpions.
Ainsi Dieu, desa main, sur cette cendre jaune.
Trace encorses justes arrêts:
Et le