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Pour commencer, quelles différentes faites-vous entre un élève en échec scolaire et un élève en difficulté scolaire ?

Et bien je dirai qu’un élève en difficulté scolaire est un élève qui peut être dans le niveau de classe où il est censé être et la différenciation va lui permettre de rattraper éventuellement son retard. Un élève qui est en échec scolaire, par contre, effectivement c’est un élève, effectivement on va faire ce qu’on appelle une différenciation mais ça ne va pas être une

différenciation du niveau de classe, ça va plus être une différenciation… on va faire des activités.. par exemple moi je suis en CE2, je vais plus donner des activités CP plutôt que des activités CE2 aménagées et différenciées par rapport aux autres élèves de la classe. Comment définiriez-vous la « pédagogie différenciée » ?

Bonne question ! C’est faire en sorte de faire progresser tous les élèves en employant tous les moyens qui sont à notre disposition, donc en terme de pédagogie en classe, soit pour les élèves bons, parce qu’on peut aussi faire de la différenciation pour les bons, ça peut être donner des exercices supplémentaires, les faire devenir tuteurs des élèves plus faibles. Pour les élèves plus faibles c’est peut-être aménager en fonction de leurs difficultés, soit en écriture ou en lecture, leur lire le document ou alléger l’écrit. Ca peut être des documents aussi simplifiés pour certains, euh ça peut être des questions qui sont plus simplifiées avec des réponses à choix multiples ou pas. C’est juste trouver les supports qui permettent aux élèves de progresser quelque soit leur niveau actuel.

Et quelles difficultés, selon vous, peut-on rencontrer lors de la mise en place de cette pédagogie ?

Bas… Ce n’est pas toujours facile de trouver un juste compromis entre les vrais besoins de l’élève et ce que nous pensons être nécessaire pour lui. Des fois différencier pour des élèves qui sont en difficulté, on va mettre en place des supports et des documents et on va se rendre compte que même ça ne marche pas et qu’il faut trouver autre chose. Et du coup, c’est un questionnement perpétuel envers soi pour savoir ce qu’il va marcher et ce qui va lui permettre de progresser. Idem pour ceux qui sont.. la différenciation pour les élèves qu’on pourrait appeler « bons ». Des fois, on essaye de leur donner des choses en plus ou différentes et on s’aperçoit que ça ne les fait pas forcément progresser et qu’ils se retrouvent eux aussi, du coup en échec. C’est ça la difficulté, trouver le juste milieu et le bon compromis.

Nous parlons souvent de pédagogie différenciée et de pédagogie de projet pour les élèves en difficulté. Pensez-vous que ces pédagogies correspondent également aux besoins d’élèves en échec scolaire ?

Et bien… Comme je l’ai déjà dit dans les questions précédentes, la différenciation pédagogique, je pense, elle s’appuie à tous les élèves qu’ils soient en difficulté ou qu’ils soient bon, qu’ils soient en échec scolaire puisque quoi qu’il en soit ça reste une différenciation de faire des documents même si ce n’est pas du niveau de classe pour qu’ils puissent progresser à leur niveau. La pédagogie de projet, elle, permet de proposer aux élèves des manières d’apprendre différentes. Peut-être que proposer un projet plus concret

à un élève permet de plus le motiver. Bien que je ne sois pas certain de réellement faire de la pédagogie de projet en tant que tel dans ma classe…

Et un élève en échec scolaire, selon vous, peut aussi être un élève qui n’a pas « le statut d’élève » ?

Il y a souvent une corrélation entre l’échec scolaire et le statut de l’élève et le comportement de l’élève en classe en dehors de ses capacités. Il y a des élèves qui sont très capables et qui ne sont pas dans leur statut et qui sont en échec scolaire alors qu’ils sont très capables et il y a des élèves qui sont très volontaires et qui sont en échec scolaire parce qu’ils n’y arrivent pas malgré toute leur bonne volonté. Il y a de tout.

Nous allons maintenant revenir sur l’observation réalisée au sein de la classe. Tout d’abord, comment décririez-vous la situation des élèves observés ?

J’en ai plusieurs chez qui il faut que je fasse de la différenciation surtout pour les difficultés parce que la différenciation pour les élèves bons c’est surtout des exercices supplémentaires ou pousser un peu plus loin la réflexion quand on en a besoin. Il y en a qui sont très volontaires et chez qui la différenciation leur permet de progresser, il y en a chez qui la différenciation, je veux dire, n’apporte rien étant donné que de toute façon ils ne sont pas dans une posture d’apprenant et qu’il faut déjà leur faire prendre cette posture d’apprenant. Et il y en a qui sont très volontaires et malgré toutes les aides apportées possibles il y a toujours de la difficulté restante et les compétences à travailler n’arrivent pas à s’insérer dans le cerveau des élèves.

Et que mettez-vous en place afin de les aider ? Et depuis combien de temps faites-vous de la différenciation pour cet élève ?

Bas tout ce qui est possible de mettre en place, certains vont avec le maitre E, pour d’autres je les prends en APC pour renforcer les compétences que je n’ai pas nécessairement le temps de travailler en classe, pour d’autres je différencie au niveau des supports, pour d’autres je différencie donc au niveau de la qualité du travail soit en qualité ou quantité de travail pour certains, soit leur en demander moins soit leur en demander plus. Le support est différent pour faciliter le travail, pour qu’ils comprennent plus facilement et qu’ils arrivent à suivre le rythme de la classe. Des fois, je travaille en groupe plutôt que de travailler individuellement pour qu’il y ait de la dynamique de groupe qui leur permette de travailler avec les autres. Voilà, je ne rien vois d’autre pour le moment.

Très bien, alors passons à la suite. Nous parlons souvent de pédagogie différenciée pour les élèves en difficulté. Pensez-vous que cette pédagogie correspond également aux besoins

d’élèves en échec scolaire ?

Je l’ai déjà dit précédemment, pour certain ça marche. Au niveau du travail, il y en a qui deviennent plus compétents et arrivent à maitriser de plus en plus de choses, même si des fois ce sont des petites choses. Après au niveau du comportement, ça c’est pour les élèves qui ne sont pas encore apprenants, il faut d’abord travailler sur ça. Et c’est plus long surtout arrivé dans ma classe, en CE2, où normalement, ils devraient déjà être… être apprenant ils savent ce que c’est mais pour autant ne l’appliquent pas et à partir de là c’est beaucoup plus compliqué d’aménager de la différenciation pour les faire progresser.

Et depuis quand pratiquez-vous la pédagogie différenciée ?

Je pratique la pédagogie différenciée depuis que j’ai commencé dans l’enseignement parce que c’est intéressant de faire progresser tous les élèves, parce que les élèves en ont besoin et notre but, en tant qu’enseignant, comme je l’ai déjà dit précédemment, c’est de les faire tous progresser quelque soit leur niveau donc l’importance c’est qu’ils progressent. Et il faut être bienveillant envers eux donc ce n’est pas la peine de les mettre encore plus en échec scolaire d’où l’importance de cette pédagogie.

Et avez-vous rencontré des difficultés ou obstacles pour la mettre en place ?

Des fois, c’est difficile de savoir où aller, les supports n’existent pas, il faut les créer soi même et il faut trouver, il faut réfléchir sur sa pratique et ce n’est pas toujours évident. Et c’est pas toujours évident de différencier parce que malheureusement on n’est pas douze dans la classe, on est vingt-six et que c’est beaucoup plus compliqué parce que finalement la différenciation on en fait avec tous parce qu’ils viennent tous nous voir à un moment donné pour quelque chose qu’ils n’ont pas compris et à partir de là on peut déjà parler de différenciation puisqu’on travaille plus en individuel avec eux. C’est coûteux en temps et en énergie ! C’est ce qu’il faut se dire mais c’est intéressant et utile.

Et quels conseils pratiques donneriez-vous à un enseignant qui veut se lancer dans la pédagogie différenciée ?

De ne pas avoir peur de l’échec ! Essayer continuellement essayer et si ça ne marche pas essayer autre chose, essayer autrement et ne pas se résigner à se dire que l’élève n’y arrive pas malgré tout ce qu’on essaye de mettre en place. Continuer et essayer, à un moment donné il y a forcément un déclic qui va se passer et si ce n’est pas avec nous cette année là, peut-être qu’on aura lancé une petite graine qui va permettre ensuite à l’élève de progresser. Donc ne pas renoncer même si des fois c’est difficile pour certains élèves de trouver ce qui marche. Ne pas renoncer, c’est ça le plus important !

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