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Les enquêtes Health Behaviour School Aged Children (HBSC) et Contexte de la sexualité en France (CSF) mettent en évidence que l’initiation sexuelle s’effectue avant tout au cours des études (collège, lycée et université), c’est également là que se rencontrent fréquemment les partenaires. Dans notre enquête, on observe que l’école reste centrale comme lieu de rencontre mais qu’en raison de l’arrêt précoce de la scolarité de la grande majorité du corpus d’enquêtés, elle n’en constitue pas l’unique lieu : les réseaux d’interconnaissances et les sorties ou soirées sont également largement cités. Chez les jeunes enquêtés, la composition des groupes de pairs est très largement marquée par la présence d’autres jeunes plus âgés et, si l’on note qu’ils disent fréquenter des filles et des garçons, les jeunes de l’autre sexe ne font pas partie de leur « groupe de copains/copines » pour autant, à quoi s’ajoute un moindre contrôle parental des sorties et des fréquentations que pour les jeunes du même âge encore scolarisés. L’analyse du processus d’entrée dans la sexualité met en lumière à la fois la socialisation à la sexualité, les rapports de genre (et donc l’asymétrie toujours persistante dans les partenaires), et permet d’observer le rapport aux normes de santé publique en matière de contraception et protection. Sans penser que le premier rapport sexuel et son contexte auraient un caractère prédictif, il nous a semblé intéressant de revenir sur ces premières expériences « en train de se faire » pour les jeunes que nous avons rencontrés. Pour tous et toutes, cette entrée dans la sexualité a été en réalité une entrée dans l’hétérosexualité. Aucun de ces jeunes n’a même évoqué une attirance pour les personnes de même sexe46. Ce chapitre abordera successivement les manières d’entrer dans la sexualité pour les jeunes incarcérés et le rôle du groupe de pairs, le rapport aux normes en matière de protection/contraception autour du premier rapport sexuel et des suivants, pour ces jeunes qui, rappelons-le, sont en rupture scolaire dans leur grande majorité et n’ont que très rarement bénéficié des séances scolaires d’informations et de prévention. On s’interrogera alors sur les sources d’informations qu’ils connaissent et celles qu’ils mobilisent.

Les premières expériences sexuelles et leurs suites

Une entrée dans la sexualité relativement plus précoce

Contrairement à des idées largement véhiculées, l’expérience sexuelle des jeunes se caractérise par des relations brèves et espacées dans le temps (Le Gall, Le Van, 2007) : on est donc loin de la

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rarement dans d’autres lieux (cave aménagée, escaliers, voiture…). Si nous partons du postulat que les jeunes incarcérés n’ont pas des comportements spécifiques en matière de sexualité, force est de constater que les jeunes sexuellement actifs rencontrés en entretien ont déclaré avoir eu leur « première fois » autour de 13,5 ans pour les garçons et de 14,5 ans pour les filles. L’entrée dans la sexualité se passe un peu plus tôt que pour les autres jeunes de leur génération (autour de 17 ans d’après les enquêtes les plus récentes). Cet écart s’explique avant tout par le fait qu’une partie importante d’entre eux a arrêté l’école (leurs emplois du temps sont donc moins contraints par la scolarité et ils sont par ailleurs peu contrôlés par leurs parents dans leurs déplacements) et surtout que leur groupe de pairs est relativement plus âgé (pour les filles comme pour les garçons) et n’est donc pas à parité d’expériences. Il faut souligner que l’entrée dans la sexualité un peu plus précoce des jeunes de classe populaire se retrouve plus largement dans de nombreuses enquêtes (Bajos, Bozon, 2008 ; Choquet et al., 2005 ; Clair, 2008 ; Amsellem-Mainguy, Dumollard 2015). C’est ce que met également en lumière une étude récente sur les élèves de classe SEGPA (massivement recrutés parmi les classes populaires) : il sont près de trois fois plus nombreux à déclarer avoir déjà eu un rapport en 4e ou en 3e que les élèves de classes ordinaires (Berger et al., 2015). Cela permet de souligner que si l’on observe, dans les milieux populaires, une entrée dans la sexualité plus précoce, cela ne signifie pas que la « permissivité » y soit plus importante que dans les milieux favorisés (Durand, 2002). Cette plus grande précocité s’expliquerait plutôt par le fait qu’ils sont confrontés plus jeunes que les autres à la vie active et à la vie hors du cadre familial.

Concernant le nombre de partenaires, dans un contexte de forte disqualification sociale, et de vulnérabilité, se vanter de multiples aventures, c’est une manière de se redonner une image positive (ce que l’on avait déjà observé dans l’enquête menée sur les jeunes suivis par la PJJ en milieu ouvert en 2015). Cette tendance à l’exacerbation du nombre de partenaires a été mise en avant dans de nombreux travaux. « Il y a un décalage sérieux entre les récits qu’ils peuvent faire de leurs multiples aventures et les possibilités concrètes de réalisation de ces aventures. Ils n’en sont d’ailleurs pas dupes, puisqu’une des figures centrales au sein du groupe est celle du « mytho », celui qui baratine. » (Christelle Hamel dans un entretien réalisé par Patrick Simon, 2002). D’ailleurs, au cours des entretiens, lorsque nous leur avons demandé de nommer leurs partenaires, ils sont revenus d’eux mêmes sur le nombre évalué au départ, bien souvent en rigolant de leur surestimation. Comme ce garçon lors d’une séquence de restitution qui dit : « J’avoue peut être pas 15 mais… oui 6 ou 7. J’ai couché ouais avec 6 filles, la 7e ça s’est pas vraiment passé complètement. En fait elle m’a juste sucé, alors je sais pas si je la compte ou pas [rires], vous verrez, c’est vous qui comptez [rires]. »

Dans les entretiens, garçons et filles entremêlent leur vie affective et leur vie sexuelle ; ils distinguent les partenaires selon l’engagement et l’intensité affective, la durée de la relation, la reconnaissance du groupe de pairs et la légitimité de la relation. Ces éléments invitent à opter pour une approche relationnelle de la sexualité. Dans cette perspective et en reprenant l’idée des relations qui comptent, nous avons interrogé les garçons et les filles sur leurs relations « amoureuses ». Parmi tous ceux qui ont déjà eu des partenaires et des « histoires », une partie des garçons dit n’avoir jamais été

SEXUALITÉ, AMOUR ET NORMES DE GENRE

amoureux ni avoir « fait l’amour » avec une fille. Or, on comprend dans les propos de ceux qui ont expérimenté plusieurs relations qu’il y a bien plusieurs types de rapports sexuels :

– La première ? Je l’ai baisée. Justine, je lui ai fait l’amour parce que je l’aimais, c’est autre chose. – Et comment tu dirais la différence entre les deux ?

– Comment dire ?... Un saut en parachute frère. C’est un carnage, un carnage… – Quand tu fais l’amour ?

– C’est un carnage. C’est trop de choses. Baiser c’est automatique. – Oui, baiser, tu prends même pas de plaisir quoi.

– C’est automatique. C’est tac tac tac – Aaahhhh !!! – C’est fini, et hop, au revoir. – Et genre, tu prends du plaisir quand même ou même pas ?

– Beh pendant oui, et après tu dis en fait « j’aurais dû me taper une queue ». Tu te dis c’est la même. Même aux putes, quand tu vas aux putes, tu ressors des putes, tu dis j’aurais dû me taper une queue [se masturber], j’aurais eu 50 euros encore. Alors que quand tu fais l’amour avec une fille, c’est autre chose. C’est tac, là, tu vas doucement, pas tu fais le chien tu vois. Aux putes, tu baisses ton pantalon aux genoux, tac tac, tu laisses le tee-shirt. C’est trop hard, c’est trop hard.

(Entretien avec Djamel, 15 ans, incarcéré depuis 4 mois, QM.)

Les propos de ceux n’ayant pas vécu ce « saut en parachute » qu’est faire l’amour à quelqu’un interpellent et rompent avec l’image de l’homme viril intouchable et insensible quand ils racontent, parfois à regret, que cette occasion ne s’est jamais offerte à eux. Ainsi, ils sont plusieurs à dire qu’ils n’ont « jamais fait l’amour » à une fille, bien qu’ils aient déjà eu des rapports sexuels ou qu’ils aient déjà « niqué ». Des garçons font d’ailleurs part du fait qu’ils n’ont pas encore été amoureux, entre résistance pour ne pas être aveuglés par les sentiments ni être pris pour des « canards » et manque d’occasion d’avoir trouvé une « fille bien » qui leur correspondrait. L’entretien réalisé avec Théo permet de nuancer une image des garçons en prison qui ne construiraient leur virilité qu’autour de conquêtes sexuelles et souligne bien leur aspiration à la conjugalité et à l’amour (sur laquelle nous reviendrons). Ce désir dont ils sont pour le moment empêchés montre bien que c’est plus compliqué pour eux de vivre des histoires longues et affectives que pour les autres garçons du même âge.

– Et après elle, ça s’est passé comment la vie amoureuse et tout… ? – Amoureuse, y en a pas.

– T’as jamais été amoureux ? – Non. Je sais pas c’est quoi. – T’aurais envie d’être amoureux ? – Pas maintenant je pense, je sais pas. – Pourquoi ?

– Il faut que je trouve une fille bien. Sinon, c’est pas la peine, j’ai pas envie. – Et ça serait quoi une fille bien ?

– Une fille qui se respecte, qui a des valeurs tout ça. – C’est-à-dire ?

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Christelle Hamel (2003b) soulignait que « Les jeunes filles qui ont envie de se marier avec un jeune homme qui n’a pas de travail, qui a connu des expériences de délinquance et des passages en prison, sont plutôt rares. ». Cette remarque rend compte des difficultés qui peuvent se poser à un jeune comme Théo dans le « marché » de la sexualité et de l’amour. S’estimer mal considéré, peu reconnu, non légitime, être montré du doigt contribue à cette image négative qui n’est pas sans impact/effet sur la vie privée et intime. C’est chez les jeunes qui ont eu un parcours des plus « chaotiques », marqué par des allers-retours à l’aide sociale à l’enfance et à la PJJ, par des rejets d’au moins un des parents, par un passage en foyer (hébergement collectif), en CEF, en CER ou dans d’autres lieux de détention, par la remise en cause récurrente par l’entourage de leurs choix (choix amoureux, orientation scolaire…) mais aussi par l’étiquetage subi dû actes de délinquance, qu’il faut chercher les facteurs susceptibles d’influencer la perception de soi et l’estime de soi et relier cela au rapport à l’amour et aux relations amoureuses. En effet, des enquêtes ont mis en lumière l’impact du faible niveau de diplôme, de la difficulté d’insertion sociale sur la mise en couple, en soulignant que c’était surtout vrai pour les hommes, dans un contexte où la responsabilité notamment financière du foyer à fonder pèse d’abord sur eux. Comme l’explique Christelle Hamel (2003b) « La possession d’un emploi ou plus exactement de l’autonomie financière étant constitutive de la « masculinité », ces garçons sont déstabilisés dans leurs capacités à devenir des « hommes complets », car la construction de la famille est, pour les hommes plus que pour les femmes, subordonnée à la possession d’un emploi. »

Contextes des « premières fois »

Analyser le processus d’entrée dans la sexualité du sous-groupe de jeunes incarcérés n’implique pas la construction d’une problématique qui leur serait spécifique. Toutefois, leurs parcours, leurs récits mettent en évidence des particularités au regard des normes et des pratiques de la population jeune majoritaire qui n’a pas connu la prison, la précarité des conditions de vie, l’arrêt précoce de la scolarité, la stigmatisation, etc. Au cours de cette recherche, nous avons pu constater que les récits des jeunes sont loin de suivre une logique temporelle mais mettent en lumière les éléments marquants autour desquels s’inscrivent des expériences qu’ils considèrent plus secondaires au regard des événements vécus et du sens que cela prend rétrospectivement. On le verra, l’initiation sexuelle laisse des souvenirs aux intéressés dans la plupart des cas, même si cela ne s’inscrit pas dans une relation qui compte alors à leurs yeux (Bajos, Bozon, 2008). Ils ne décrivent pas pour autant un passage à l’acte sexuel comme une simple formalité ainsi que pourraient le faire croire les représentations de la sexualité des jeunes et plus spécifiquement des jeunes garçons de classes populaires vivant dans des cités d’habitat social. Si des filles disent avoir été « surprises » de passer à l’acte, ou déclarer rétrospectivement qu’elles auraient « bien aimé attendre encore un peu » avant d’avoir leur première fois, c’est également le cas de certains garçons. Pour les garçons comme pour les filles, ce premier rapport n’est généralement ni préparé, ni surtout attendu et parfois un peu regretté. Le poids du groupe de pairs et plus largement de l’entourage est au cœur de leur passage à l’acte.

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Ne s’inscrivant pas dans un ordre chronologique, la construction du récit des premières expériences sexuelles a également mis en évidence la possibilité d’exprimer des comportements en dehors des normes encadrant les modes d’entrée dans la sexualité. Ainsi, les récits de premières fois des filles et des garçons rencontrés montrent, plus que dans d’autres enquêtes, une diversité de contextes de ces premiers rapports sexuels, eu égard aux lieux, à la nature de la relation (consentie, tarifée ou contrainte) et au nombre de personnes présentes, mettant en lumière la place du groupe d’amis et la socialisation en groupe à la sexualité. Ils permettent également de comprendre la place que prend l’entrée dans la sexualité à cet âge de la vie.

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Des récits de premières fois loin d’être idéalisés

L’exercice de la sexualité et l’initiation sexuelle ne se déroulent pas hors de tout cadre et sont régulés par des normes sociales qui participent à guider les « choix » individuels et le sens que les individus apporteront à leurs pratiques. Que la première fois soit à parité d’inexpérience ou pas, qu’elle s’inscrive dans une histoire d’amour ou non, il s’avère qu’une partie des jeunes rencontrés relate une première fois plutôt difficile et rétrospectivement plutôt négative, cela se retrouvant dans les propos des filles comme dans ceux des garçons. Car même si l’on met de côté le cas particulier des premières fois vécues sous la contrainte (viols et agressions sexuelles), les récits de premières fois difficiles (douloureuses ou tout simplement décevantes) ne sont pas tenus par les seules filles enquêtées. Ce sont elles, en revanche, qui vont exprimer de la manière la plus claire les appréhensions autour du rapport sexuel et la douleur lors de leur première pénétration vaginale, non sans lien avec l’idée de la « perte de la virginité » qui n’a pas d’expression équivalente pour les garçons. Reprenons le récit de Nadia, qui bien qu’amoureuse de son petit ami, en couple depuis plusieurs mois, se souvient avoir eu « trop mal » lors de ce premier rapport sexuel, ce qu’elle met davantage sur le compte d’être une « chochotte » ne supportant pas la douleur que d’avoir été surprise de passer à l’acte à ce moment-là. Cette reconstruction d’une douleur très forte renvoie à son souvenir d’avoir beaucoup saigné lors de sa première fois, rajoutant en quelque sorte une preuve objective de sa virginité. Sachant en effet qu’elle exerce au dehors des activités d’escorting et de prostitution – activités dont toute la prison est informée – on saisit dans ses propos toute l’importance qu’elle attache à rappeler que sa première fois est similaire à celle des autres filles de sa génération et s’inscrit dans les scripts majoritaires d’entrée dans la sexualité.

– Et du coup, t’as eu mal ?

– J’ai eu trop trop mal ! J’ai eu trop trop mal. J’ai pleuré et tout. – Ah merde…

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– Genre, t’as eu mal au point où t’as dû dire : « Arrête ! Arrête, j’ai mal ! » ou… ?

– J’ai eu mal, ouais je lui ai dit : “Arrête, j’ai mal et tout !”. Il m’a dit : “Ça y est, c’est fait !” Et voilà quoi. – D’accord. Et du coup, t’as saigné et tout ça ou… ?

– Ouais, j’ai saigné. Et ouais, il y avait beaucoup de sang quand même. Après, je suis partie me laver tout ça. Et ouais, on est partis le lendemain.

– Et lu,i il était content quelque part ?

– Mais il était content ! Le sourire jusqu’à ses oreilles ! Eh ouais. – Et toi ?

– Moi j’étais contente aussi. Bon après, voilà, ça c’est fait ! Ça c’est fait dans tous les cas, c’était mon copain, donc ouais »

(Entretien avec Nadia, 17 ans, incarcérée depuis 1 mois et demi.)

L’exemple de Junior est également éclairant sur une première fois décevante. Il a 17 ans, vit seul avec sa mère (au foyer). Dans l’entretien, il décrit une première fois « organisée » par ses potes lorsqu’il a 12 ans, ce sont eux qui lui ont désigné une fille « prête à le faire ». Ici aussi les partenaires n’étaient pas à parité d’expérience : la fille était plus âgée et plus expérimentée, toutefois contrairement à la situation de Nadia, Junior, lui, ne connaissait son partenaire. Le rapport sexuel s’est déroulé dans l’arrière-boutique d’une épicerie du quartier. Junior ne dit rien du plaisir qu’aurait pu lui procurer cette première fois et évoque immédiatement ses regrets. Il dit n’avoir couché que deux fois avec cette même fille, et n’a plus eu de rapports sexuels depuis. Plus précisément, il n’accepte depuis que des fellations et refuse d’avoir des rapports vaginaux avec des filles de peur qu’elles tombent enceintes. Lorsqu’il parle des filles qui lui font ces fellations, il les dénigre (ce sont des « putes »), et il dit le faire sans réelle motivation. Quant à « faire l’amour », il réserve cela à la « bonne », celle avec laquelle il se mariera, conformément à son idéal religieux (en l’occurrence musulman).

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Premières fois « à deux » : entre relation amoureuse et relation

occasionnelle

Dans les représentations collectives, les histoires typiques de premiers rapports sexuels véhiculées dans les manuels, fascicules d’information ou dépliants de prévention – se déroulent « à deux » partenaires et sont quasiment toujours hétérosexuelles. Cette situation est également vécue par la très grande majorité des individus, y compris dans cette enquête, soulignant la conformité des pratiques des jeunes incarcérés avec les pratiques majoritaires et les normes dominantes. Leurs récits des premières fois « à deux » répondent à certaines régularités, comme le caractère généralement non prévu (au terme d’une soirée en boîte de nuit, d’un moment dans l’après-midi par exemple), plus peut-être que pour d’autres jeunes (scolarisés, par exemple), en raison de la souplesse de leur agenda, puisqu’ils ne sont pas autant contraints par l’école et ne sont pas encore en emploi. Au delà, et comme dans d’autres enquêtes, on perçoit dans leurs récits que l’opportunité d’avoir des rapports sexuels est moins grande que ce qu’ils cherchent à faire croire, si bien qu’ils évitent de reporter la possibilité d’un rapport sexuel (même si celui ci n’est pas prévu).

Ainsi Max, 17 ans, fils d’un maçon et d’une mère au foyer, raconte sa relation avec sa petite copine, en réalité émaillée de ruptures (géographiques notamment), du fait de ses allers-retours en détention et de placements antérieurs. À 15 ans, il a eu sa première opportunité de rapport sexuel avec une fille

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qu’il connaissait depuis plusieurs mois, mais qu’il n’a réussi à voir que le jour de son anniversaire, du fait d’une permission de week-end lors d’un placement en CEF. Jason, 16 ans, raconte de son côté une première fois inopinée, lors d’un séjour en une colonie de vacances organisée par sa ville. Il avait alors