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Premières enquêtes menées dans le cadre de l'élargissement de la proposition de dépistage du VIH

Dans le document DOCTORAT EN MÉDECINE (Page 51-55)

1 Introduction – Contexte

1.6 Premières enquêtes menées dans le cadre de l'élargissement de la proposition de dépistage du VIH

1.6.1 Dépistage et services d’accueil des urgences

Sous l'impulsion du CNS et de la HAS, des études sur le dépistage du VIH en population générale ont été montées à travers la proposition systématique d’un test aux personnes consultant dans les services d'urgences des hôpitaux. Ces différents travaux ont évalué la faisabilité, l’acceptabilité et le rapport coût-efficacité d’une telle démarche.

Entre janvier et avril 2008, il a été proposé à tous les patients adultes, sans limitation d’âge, consultant aux urgences du C.H.U. Louis Mourier (AP-HP, Hauts-de-Seine) et nécessitant un prélèvement sanguin pour leur prise en charge, de réaliser un dépistage rapide du VIH [49]. Sur les 579 patients éligibles auxquels un test VIH a été proposé, 88 % ont accepté de le réaliser. Parmi ceux qui l'ont refusé, la moitié environ avaient réalisé un test moins d'un an auparavant ou étaient âgés de plus de 65 ans. Cette étude présente deux limites importantes : le test VIH n'était réalisé qu'en journée et tous les patients dont les soins urgents ne nécessitaient pas de prise de sang ont été exclus d'office. Cependant, l'étude a pu établir que la proposition systématique de dépistage du VIH était bien acceptée par la population consultant aux urgences.

En juillet 2011, E. Casalino et D. Costagliola présentèrent à la conférence de l’IAS à Rome les résultats préliminaires de l’étude ANRS-URDEP menée aux urgences de l’hôpital Bichat et dans cinq autres services d’urgences de la région parisienne [50, 51]. Durant une année, cette étude a proposé un test rapide VIH à 13 921

consultants des urgences, 9 999 personnes l’ont accepté (soit 72 %) et 9 072 ont été effectivement testées. Les patients qui ont découvert à cette occasion leur séropositivité à VIH étaient au nombre de 63, soit une prévalence globale de 0,69 % dans cette population d'étude. Les auteurs conclurent que « le dépistage basé sur un test rapide tel qu’on peut le réaliser dans le cadre du fonctionnement habituel des

urgences est coût-efficace ».

A contrario, en octobre 2011, K Wilson D’Almeida et al. ont publié les résultats d'une autre étude menée dans 29 services d'urgences adultes d'Ile-de-France en 2009 et 2010 [52]. Sur un total de 78 411 consultants, 20 962 personnes ont bénéficié d'une proposition de réaliser le test VIH : un peu moins des deux tiers l’ont accepté (63 %) et 12 754 ont été effectivement testés. Une infection à VIH a été découverte chez 18 personnes, dont 7 HSH et 10 personnes hétérosexuelles originaires d’Afrique Sub-saharienne. Huit infections ont été découvertes à un stade avancé avec baisse importante du taux de lymphocytes T CD4+. Le taux de prévalence retrouvé au cours de cette étude (0,14 %) est légèrement inférieur au taux attendu en population générale ; de plus, les personnes dépistées appartenaient à des groupes de populations à risque. Les auteurs concluent que le dépistage du VIH proposé dans les services d'urgences est faisable et bien accepté par les patients mais ils estiment que « ces résultats n’apportent pas d’argument en faveur de la mise en place d'un

dépistage du VIH en routine dans les urgences de la région Ile-de- France ».

1.6.2 Dépistage et Médecine générale en ville

En France, en dehors d’enquêtes locales et de quelques études observationnelles, très peu d’études ont été réalisées sur le dépistage du VIH en médecine de ville.

Gauthier Raphaël présenta les résultat de l’étude DEPIVIH : faisabilité et acceptabilité de la réalisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) du VIH par les médecins de ville en France [53]. Dans cette étude prospective multicentrique, un TROD du VIH était proposé aux patients tout venants qui consultaient dans un cabinet de médecine générale. Les critères d’inclusion étaient les suivants :

- Tous les patients vus en consultation pendant la période d’inclusion - Ayant donné leur consentement

- Patient qui, après avoir pris connaissance dans la salle d’attente de la possibilité de réaliser un TROD VIH, souhaite que cet examen soit effectué lors de sa consultation

- Ou patient pour lequel le médecin pose l’indication d’un dépistage du VIH lors de la consultation et propose au patient de réaliser un TROD (les circonstances de prescription du test étaient laissées à la discrétion du clinicien en accord avec les recommandations de la HAS de 2009).

Cette étude a vu la participation de 95 médecins, parmi lesquels 62 ont inclus au moins un patient. Trois cent quatre-vingt trois patients ont été inclus au total, avec une moyenne de 5,6 patients par médecin et par mois. Rapporté au nombre moyen de patients vu par chaque médecins pendant un mois, on retrouve un " taux de faisabilité " (nombre de patients inclus divisé par le nombre de patients non connus séropositifs pour le VIH) de 1,5 %. Sur les 383 patients inclus, un seul refus de patient a été enregistré, ce qui donne un " taux d’acceptabilité " (nombre de patients ayant accepté le TROD VIH divisé par le nombre de patients inclus) égal à 99,7 %. Ces résultats sont bien entendus intéressants et nous confortent dans l'idée que le dépistage du VIH est bien accepté par les patients quand leur médecin leur propose de le réaliser. Pour autant, cette enquête n'était pas construite pour étudier une

proposition systématique de dépistage ; en effet, les patients qui souhaitaient réaliser le TROD VIH avaient très peu de chance de ne pas être testés par leur médecin, et il existait un grand biais de sélection puisque l’indication de réalisation du TROD était laissé à sa discrétion du généraliste. Finalement, aucune autre étude en France n’a pour l'instant évalué l’acceptabilité d’une proposition de dépistage systématique de l’infection par le VIH en médecine générale de ville.

C’est dans ce contexte, et pour faire suite aux recommandations de la HAS datant de 2009, que nous avons conçu notre étude.

Le but principal de notre étude a été d’étudier le taux d’acceptabilité d’un dépistage systématique du VIH chez les patients âgés de 15 à 70 ans, dans les cabinets de médecine générale.

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