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4. EXPERIMENTATIONS

4.3 P ROTOCOLE ET RESULTATS DE LA PREMIERE HYPOTHESE : MISE EN PLACE D ’ UN TRAVAIL COLLABORATIF DANS LE

4.3.2 Deuxième étape : Recueillir les besoins des concepteurs

4.3.2.2 Première réunion du groupe de travail : objectif sélectionner les sujets dont le

Les demandes des concepteurs sont compilées avec les ergonomes lors de la réunion pour ne garder que la liste des demandes pour lesquels une réponse dans le temps imparti peut être apportée. En effet, il ne serait pas raisonnable de vouloir répondre à un besoin pour lequel nous devrions acquérir les connaissances. Nous ne pourrions pas vérifier nos hypothèses pour des raisons de temps. L'objectif de cette réunion est de permettre au groupe de choisir un certain nombre de sujets dans la liste compilée. Ces sujets feront l'objet de la conception conjointe d'outils de transfert de données. Lors des réunions en groupe, il est formateur de faire exprimer en groupe chaque concepteur sur les obstacles qu'il rencontre. Certaines personnes peuvent être gênées. L'initiative d'un individu peut entraîner un enchaînement d'idées chez d’autres qui peut aider à lever les barrières. De plus, pour initier la collaboration il faut que le groupe de travail devienne une zone d'expression au sein de laquelle l'erreur, les problèmes ont une place, leur place. « L’erreur résulte de l’interprétation d’un écart. Ce qui constitue l’erreur, c’est l’évaluation de ce résultat par rapport à un but visé, à une référence adoptée pour l’activité. » [LEPLA 99] Aucune évaluation de cet ordre ne doit être faite dans le groupe. Il n’y a pas d’erreur, ni de faute mais uniquement des inadéquations entre les moyens, l’activité à réaliser et l’expérience de l’acteur. Si un des membres du groupe pense faire une erreur ou hésite à exprimer une opinion, il peut nous faire perdre une information précieuse. Cet espace de libre expression, dans le respect de certains objectifs et de règles communes, est essentiel pour notre projet.

La première réunion du groupe est l'occasion de mettre en place un système de règles de fonctionnement et un vocabulaire commun. Les règles furent les suivantes : aucune critique d'une idée ne peut être faite, par contre toutes les critiques constructives sur le projet, sur les recommandations, sur les outils doivent être exprimées. Chacun des membres a le droit de s'exprimer et ne doit pas être censuré.

La création d'un vocabulaire commun commence par l'accord du groupe sur la définition de l'activité du concepteur et celle de l'ergonome. Nous avons distribué des papiers à chaque participant pour qu'ils définissent selon leurs propres termes la fonction d’ergonome et celle de concepteur. Le but est de purger les idées de chacun sur l'activité de l'autre et d'aboutir à une définition partagée construite ensemble.

Voici quelques exemples de réponses :

Figure 23 : Exemples de définitions du rôle d'ergonome et de concepteur par les participants du groupe.

Le groupe a ensuite construit et adopté à partir de discussions et d'échanges les définitions partagées suivantes :

- Concepteur : celui ou celle qui exerce l’activité d’ajuster des paramètres, en pondérant les contraintes, afin d’élaborer le meilleur produit compte tenu du contexte.

Nous avons aussi rappelé l'objectif à l'équipe : la conception conjointe d'outil d’aide au transfert de données relatives à l’ergonomie.

Une fois cette base établie, nous avons fait part de ces résultats au groupe de travail dans le but d'affiner la liste et de mieux cerner les difficultés que rencontrent les concepteurs sur ces sujets. Nous avons bien conscience « qu’il faut distinguer la représentation « mentale » qu’une personne a de son activité et la représentation de l’activité réelle correspondante que peut construire un psychologue cognitif. » [VISSE 90] Cependant, une telle opportunité ne nous n’est pas accessible. Aussi, nous compléterons les représentations exprimées par les différents acteurs pars nos propres observations. Nous avons donc demandé à chaque participant d'expliquer les difficultés qu'il peut rencontrer au cours d'un projet de conception de siège sur les différents sujets listés précédemment (cf. figure 22). Nous n'allons pas détailler chaque point, nous allons présenter quatre points: l'appui-tête, l'accoudoir, le couple mousse-nappe et les organes de commandes. Nous choisissons de développer ces points car les deux premiers sont les applications de notre projet, un outil existait déjà sur le troisième. Le quatrième fût l'objet d'un travail de recherche de projet de DEA au cours de notre projet.

* L'appui-tête

L'appui-tête est tout d'abord un organe de sécurité. En effet, il permet d'éviter le coup du lapin en cas de choc arrière par exemple. C’est une structure conçue pour absorber une partie d’énergie cinétique de la tête lors d’un impact permettant ainsi de réduire les risques de blessure. De ce point de vue, différentes normes et articles permettent sa conception. [DIR 738], [SAE J1052], [REED 01]

Du point de vue du confort, l’idéal serait que l’appui-tête permette à tous les clients, conducteurs ou passagers, de trouver un appui bien placé. Le confort et la sécurité ne s’accordent pas toujours vers le même objectif : une personne peut préférer avoir son appui-tête en position basse alors que pour sa sécurité il doit le régler de manière à ce que son milieu soit derrière le centre de gravité de la tête. Nous avons demandé aux concepteurs du groupe de travail comment ils décident de son emplacement actuel. Les réponses s'articulent autour de trois points : la norme qui définit un certain nombre de règles indispensables au caractère sécuritaire, le cahier des charges et l'utilisation de points d’insertion définis par la structure du dossier.

L'accoudoir embarqué sur le siège n'existe pas sur tous les modèles, aussi tous les concepteurs du groupe n'ont pas été confrontés à sa conception. L’accoudoirpermet d’apporter à l’utilisateur un appui permettant de relâcher le bras. Nous n’avons pas trouvé de norme sur ce sujet, des préconisations existent néanmoins chez Général Motors par exemple [GM 96]. Ceux qui ont de l'expérience sur cet élément du siège expliquent que sa conception est assez opportuniste et pas formalisée (point d'accrochage choisi en fonction de la structure). Elle obéit au cahier des charges donné par le constructeur.

* Mousse - nappe

Ce sujet consiste à déterminer l'épaisseur de mousse de l'assise compte tenu de sa densité et du support mis en dessous de celle-ci. Le support peut être une nappe ayant une certaine déflexion ou un support rigide aussi appelé baquet. Un outil existe déjà au sein de l'équipe confort. Un des concepteurs du BE DC de par sa fonction de représentant confort au sein du BE connaît cet outil, les autres concepteurs non.

* Organe de commandes

L'ergonomie des organes de commande est un vaste sujet. Au moment du recueil des besoins, aucune connaissance n'était formalisée au sein de l'équipe confort, compte tenu du temps qui nous était imparti nous avons décidé de le confier tout d'abord à une élève28 de DEA du Laboratoire Conception

de Produit et Innovation de l'ENSAM. Les questions sur ce sujet sont multiples. Il faut déterminer où disposer les commandes de réglage dans le cas de commandes électriques et dans le cas de commandes manuelles ? Quel effort peut-on exiger de l'utilisateur sans un rejet de sa part ? Quelle est la zone de préhension pour le conducteur et pour le passager avant ? Ce dernier sujet demande des expérimentations importantes pour pouvoir acquérir des données.

Quel que soit le sujet, nous avons pu, grâce à notre participation à certains projets, corroborer les travaux de Wisser sur le caractère opportuniste de l’activité des concepteurs. « Une caractéristique importante d’une activité organisée de façon opportuniste est, en effet, que l’enchaînement des « pas de résolution » n’est pas dicté par une stratégie pré-établie. Au contraire, chaque pas dépend de l’état des données : états présents et passés du couple problème- solution, connaissances que détient le concepteur, informations qui lui parviennent de l’extérieur. » [VISSE 90] Il est donc essentiel pour l’équipe confort que le concepteur dispose au bon moment de l’information la plus pertinente face au problème et à sa solution éventuelle.

Le groupe décide de se focaliser sur deux sujets plus spécifiquement : la question de l'appui-tête et de l'accoudoir et ceci pour les raisons suivantes. L'un des ergonomes, Judic J-M, maîtrise une méthode de simulation statistique : les modèles probabilistes de Monte Carlo. Nous ne nous attarderons pas sur cette méthode car nous ne la dominons pas. Cette compétence apparaît intéressante au groupe car elle permet de diminuer le temps de formalisation des réponses de l'équipe confort. De plus, ces deux sujets ont des points communs dans le mode de résolution, nous le verrons par la suite.

Les deux sujets retenus, le groupe de travail doit définir les paramètres que le concepteur doit disposer et ceux qu'il doit obtenir grâce à l'instrumentation. Nous avons défini cette étape comme la réalisation du cahier des charges que nous allons présenter.

4.3.3 Troisième étape : réalisation du cahier des charges des deux outils de