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PREMIÈRE PARTIE : REDÉFINITION D’UNE IDENTITÉ ANTILLAISE DANS LE ROMAN

26 Cette partie consacrée à La redéfinition d’une identité antillaise dans le roman contemporain est une lecture de la société antillaise contemporaine en considérant et en analysant quelques aspects de la société traditionnelle pour une meilleure compréhension des phénomènes sociaux et culturels inhérents à cet espace géographique. En effet, dans un contexte social et anthropologique qui fut longtemps influencé par des tensions idéologiques et culturelles, où l’individu fut conditionné et régi par la couleur de sa peau, où le rapport de force entre dominant/dominé, homme Noir/ homme Blanc fut au cœur de la société, il sera question d’analyser comment les personnages romanesques dans une quête perpétuelle de soi, dans un rapport de confrontation et/ou de conflit avec l’Autre, dans la recherche d’une reconnaissance historique et sociale sont en réalité dans une démarche de construction de leur identité. Comment les personnages romanesques en fonction de leur couleur de peau et de leur statut social luttent et s’affirment pour que leur véritable être soit reconnu au détriment des discours et des représentations qui prévalurent pendant la période esclavagiste et coloniale. Comment dans la reconstruction de son identité, le sujet antillais tente de se désaliéner de l’image qu’il a de soi et de l’Autre dans une perspective d’acceptation de soi, de sa culture et des aspects importants qui définissent son appartenance à un groupe social et humain. Émeline Pierre affirme que « de fait, il faut s’attendre à ce que la production littéraire bouleverse les stéréotypes qui lui sont rattachés. C’est une condition essentielle pour que la réconciliation avec sa propre culture, longtemps dévalorisée par des préjugés ait lieu. »29 L’identité, l’altérité, l’interculturalité sont autant de notions qui interviendront dans notre étude.

Ainsi dans le premier chapitre intitulé, Valorisation de l’histoire, de la culture et des traditions créoles, notre ambition sera de souligner comment les écrivains antillais ont participé et interviennent encore aujourd’hui dans la déconstruction et la reconstruction de l’identité antillaise. Identité souvent décriée, interrogée par de nombreux chercheurs qui ont perçu chez le sujet antillais une forme d’errance culturelle et identitaire. Tantôt le sujet antillais est décrit comme revendiquant une identité africaine à cause de ses origines lointaines avec l’Afrique (Négritude), tantôt il est vu comme un produit de la culture métropolitaine (assimilation). C’est fort de ce constat que l’identité antillaise sera contestée, controversée et taxée parfois d’identité « pro métropolitaine ». Pour battre en brèche cette dépersonnalisation de l’Antillais, les écrivains vont s’atteler à reconsidérer la signification

29 Emeline Pierre, Le caractère subversif de la femme antillaise dans un contexte (post) colonial, L’Harmattan, Paris, 2008, p.26.

27 même de l’identité antillaise à travers le réexamen de l’histoire collective, la prise en compte de la culture et des traditions créoles et la volonté d’assumer sa couleur de peau, fût-elle méprisée ou admirée jadis. En outre, au-delà de cette démarche visant à identifier et à comprendre les Antilles dans son historicité, nous irons à la rencontre des personnages qui ont de près ou de loin participé à la construction de cette civilisation dans un contexte ancien quand la couleur était à la base de toute chose, alors qu’elle constituait un enjeu considérable dans la relation avec l’Autre à la carnation autre, à la culture autre, ainsi qu’à la religion autre. Donc à travers le deuxième chapitre portant sur Des couleurs et des êtres : histoire de la couleur de la peau dans la société créole traditionnelle nous allons saisir les différentes conceptions de la couleur de la peau.

Dans le troisième chapitre dont le titre est Caractérisation de la société créole, nous entrons dans la compréhension et l’examen de la société antillaise dans un rapport interculturel et interracial en phase avec les réalités actuelles, c’est-à-dire en accord avec les problèmes relatifs à la société antillaise moderne à l’instar de l’exil, du chômage, des relations familiales. Comment les relations entre individus de groupes ethniques identiques ou différents se construisent-elles aujourd’hui ? Comment l’exilé et ses descendants découvrent ou redécouvrent-ils le pays natal et l’histoire collective dans un contexte autre que celui qu’ils avaient, ou qu’ils ont connu ? Aborder ces questions revient à se demander dans quel état d’esprit le sujet antillais se situe-t-il aujourd’hui par rapport à l’histoire et à la vision qu’il a de soi ainsi que de l’Autre en dépit de son lieu de résidence, de la couleur de sa peau, de son environnement familial et social.

28 Chapitre I : VALORISATION DE L’HISTOIRE, DE LA CULTURE

ET DES TRADITIONS

I.1.Relecture de l’histoire antillaise

La définition de l’histoire dans le Petit Robert est la suivante : « connaissance et récit des évènements du passé, des faits relatifs à l’évolution de l’humanité (d’un groupe social, d’une activité humaine), qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire ; les évènements, les faits ainsi relatés. »30 En d’autres termes, l’histoire viserait donc à la connaissance des différents moments importants d’un groupe social et/ou humain dans chacun de ses changements à condition que chaque évènement inhérent à celle-ci soit considéré comme étant mémorable pour l’ensemble de ses membres. Cependant, concernant l’histoire collective des Antilles peut-on la considérer comme étant exhaustive aujourd’hui? Reflète-t-elle ou prend-elle en compte tous les aspects historiques au vu des différents groupes raciaux qui composent cette société ? Pourquoi les écrivains antillais reviennent-ils sur une histoire qui a déjà été écrite ? Quels sont leurs objectifs ?

Dans la littérature antillaise, on observe que l’histoire prend une place très importante dans l’écriture romanesque ; elle devient comme une source d’inspiration pour les écrivains, un moyen par lequel ils font revivre le passé et des personnages ayant réellement existé dans l’espace fictionnel. Pour emprunter les mots de Stéphanie Vigier : « la mise en scène de l’histoire dans le récit de fiction recouvre des formes aussi riches que diverses. Le récit, en tant qu’il inscrit l’intrigue dans un espace et une durée construit nécessairement une diachronie et donc une forme d’historicité, collective ou individuelle.»31

C’est donc une représentation de l’histoire qui est du ressort de l’auteur selon ses motivations et ses exigences. En effet, à la place d’une trame où l’on s’attendrait à une histoire imaginée sans aucun lien avéré avec la réalité et où les personnages seraient uniquement inventés, le lecteur découvre des personnages à la fois fictifs et tangibles en donnant lieu ainsi à une rencontre entre la fiction et le réel, une réunion entre des identités vraies et des identités allégoriques : le récit devient un espace où se joue le virtuel et l’existant c’est-à-dire une plate-forme où les écrivains se consacrent à la reconstitution d’une histoire « jugée digne de mémoire » tout en faisant intervenir les personnages irréels. « Qu’est-ce que le passé, écrit Édouard Glissant,

30Dictionnaire Alphabétique et analogique de la langue française, texte remanié et amplifié, sous la direction de Josette Ray-Debove Édition Le Robert, Paris, 2011, p.1239.

31 Stéphanie Vigier, La fiction face au passé, Histoire, mémoire et espace-temps dans la fiction littéraire océanienne contemporaine, Edition PULIM, Limoges, 2011, p.32.

29 sinon la connaissance qui te roidit dans la terre et te pousse en foule dans demain » ?32 Aucune phrase ne pourrait mieux exprimer le rôle et l’utilisation du passé par la majorité des écrivains. Nous l’avons dit, ce n’est pas par stérile complaisance qu’ils se penchent sur ces temps révolus. Toute civilisation tient à connaître son passé pour mieux posséder son présent. »33 En d’autres termes, l’histoire collective des Antilles n’est pas exhaustive, complète car, pour les écrivains, il y a encore des évènements importants à illustrer, des faits à relater et donc une histoire non pas à réécrire mais à reconsidérer suivant l’opinion de chaque groupe racial.

Et c’est ce qui apparaît par exemple dans Toxic Island d’Ernest Pépin lorsque Gina s’adresse à Ringo :

- Si les gens savaient ! - Savaient quoi,

- Toutes ces batailles et tout ce sang qui n’a jamais fané. - Tu parles de quoi là ?

- Je parle de l’Histoire qui crie là et que vous n’entendez pas. - Et toi tu entends quelque chose ?

- J’entends des Anglais et des Français qui ferraillent. Des esclaves torses nus, armés de baïonnettes et de gourdins, qui soutiennent l’armée de Victor Hugues34. J’entends les coups de marteaux de ceux qui dressent l’estrade pour la guillotine. J’entends les gémissements des parents, les cris de la foule, le froissement des robes des grandes dames et les jurons des femmes du peuple. J’entends des chaînes que l’on brise en criant liberté (mais abolition n’est pas liberté). J’entends 1794 ! J’entends 1802 ! J’entends 1848 ! J’entends les craquements de la terre, les hurlements des vents féroces. J’entends un hydravion que l’on assemble et j’entends Mai 196735

, des conques, des pierres, des fusils, des haut-parleurs, des flux et des reflux. J’entends passer des grévistes… 36

L’histoire est de ce fait introduite dans l’espace fictionnel de manière intentionnelle car très souvent, elle répond à un besoin et une volonté du narrateur de revendiquer les faits qui n’ont pas été enregistrés dans l’histoire collective qui pourtant trouvent une résonance, une dimension particulière chez le groupe racial concerné. En parlant de race, ce sont en

33 Maryse Condé, Le roman Antillais, op.cit. p.20.

34 Victor Hugues (1762-1826) est un Marseillais qui a soutenu la Révolution. La convention ayant aboli l'esclavage, le 4 février 1794, il est un des deux commissaires civils envoyé pour l’application du décret. Après avoir chassé les anglais, il aboli l’esclavage en Guadeloupe le 11 décembre 1794. Ironie de l’histoire, nommée sous le Consulat gouverneur de la Guyane, il y rétablira l'esclavage.

35 Suite à une grève des ouvriers du bâtiment, de violentes émeutes éclatent en mai 1967 en Guadeloupe. Selon les sources, il y aurait eu entre 7 à 200 morts.

30 majorité les écrivains noirs qui interrogent le plus souvent l’histoire37 et qui en raison de l’ignorance passée de leur groupe face à celle-ci désirent apporter un maximum d’informations pouvant éclairer davantage les individus sur les évènements restés confus ou bien n’ayant pas été reconnus à leur juste valeur. Ainsi, Gina évoque-t-elle non seulement plusieurs dates décisives dans la lutte et l’émancipation du peuple noir en Guadeloupe mais encore mai 1967 qui fait référence aux émeutes qui ont eu lieu en Guadeloupe lors de la grève des ouvriers suite à la demande d’une augmentation de salaire. Selon le témoignage d’Henri Bangou dans Mémoires du Présent :

J’ai dit ailleurs ce que je savais de ces évènements de mai 1967. Pas grand-chose en réalité. Quelle fut la part de la CIA, de la police du gouvernement gaulliste, des maoïstes ? Les archives n’ont pas encore révélé leurs secrets.

Quoi qu’il en soit, je n’étais pas surpris de la tournure prise par cette grève du bâtiment qui durait et alimentait tracts et déclarations sulfureux. L’agitation avait commencé dans les rues de la capitale, Basse-Terre, et ses représentations raciales faisaient penser à l’affaire Dietricht de 1952 (un Blanc avait été lynché par la foule pour avoir botté les fesses d’un Noir invalide et grand blessé de la Première Guerre mondiale.38

« L’histoire telle qu’elle est revendiquée par les romanciers antillais diffère fondamentalement de l’histoire classique institutionnelle, qui exige impartialité et rigueur, mais qui en réalité, laisse de côté un certain nombre d’évènements. »39

Pour les Antillais noirs qui jadis avaient occulté une partie de leur passé et privilégié le discours officiel, l’heure était donc à la connaissance et à la valorisation de celui-ci. Et dans la structure narrative du roman, Gina est le personnage qui joue ce rôle car elle éclaire les consciences sur le passé : « Le passé toujours le passé ! Gina se déplaçait dans le passé comme un poisson dans l’eau. Elle décrochait sans crier gare et elle plongeait comme un pélican dans une mémoire secrète. »40 Lorsque Ringo lui disait : « - Tu parles comme une grand-mère ! »41 Elle répondait : « - Les grand-mères ne parlent pas. Elles transmettent. Elles arrachent l’écorce pour qu’on voit le tronc nu. Non, Ringo, je ne suis pas une grand-mère. J’essaie d’être tout simplement au

37

Il existe certes des écrivains blancs ou békés qui le font mais leurs récits historiques relèvent plutôt de la saga familiale nostalgérique et ne constituent en aucune manière une interrogation critique de l’histoire.

38 Henri Bangou, Mémoires du Présent, Témoignages sur une société créole de l’après-guerre à nos jours, Jasor, Guadeloupe, 1991, p. 128. Henri Bangou a été sénateur communiste de la Guadeloupe de 1986 à 1995.

39

Simasotchi-Bronès Françoise, Le roman antillais, personnages, espace et histoire : fils du chaos, L’Harmattan, Paris, 2004, p.197.

40

Ernest Pépin, op. cit. p.47.

31 carrefour du temps. »42 Stéphanie Vigier dans son étude sur la littérature océanique constate, concernant les récits de fiction océaniens, que « le passé n’est donc pas convoqué de manière explicite par un regard « historien » surplombant, il est implicitement contenu dans les objets et les personnages qui organisent l’espace et balisent le récit et ce contenu ne peut être identifié comme historique que par une réception qui partage déjà ces référents socioculturels. »43 Cette affirmation peut être valable aussi dans le cadre d’un récit de fiction antillais à la seule différence que ce dernier est généralement assez explicite dans le rappel des faits, y compris dans l’évocation des dates, des lieux et des personnalités réelles permettant aisément de reconstituer l’histoire avec des éléments, des informations supplémentaires qui sont capitales pour mieux comprendre une situation spécifique. Ainsi, comme le souligne Stéphanie Vigier :

le passé historique est évoqué du point de vue de ceux qui l’ont vécu et non par un historien détaché de ce passé. Il s’agit de reconstituer par le biais de la fiction le point de vue des acteurs passés, de cerner leurs motifs et leurs affects. La fiction se positionne ainsi en marge du discours historique, en se débarrassant de tout souci chronologique au profit d’une perception subjective et qualitative des évènements et procès historique vécue par le groupe.44

En outre, dans une démarche visant un discours historique authentique, les écrivains vont s’intéresser également aux histoires individuelles pour élucider l’histoire collective. Et pour cela, ils s’appuient sur la parole des ancêtres qui devient un gage de vérité, une parole sacrée pour la reconstitution de l’histoire. Dans Négropolitains et Euro-Blacks de Tony Delsham, Papa Edwar est investi de cette distinction :

- Moi ? Je suis papa Edwar, le nègre de la mémoire, je passe dans le temps pour dire ce qui doit être dit.

- Ah ! Et que dit la mémoire ?

- L’homme et la femme d’ici-là. Il est temps que le dire casse le mensonge et l’injustice. 45

C’est aussi dans cette optique qu’Emeline Pierre affirme que : « les auteurs guadeloupéens s’inspirent des réalités de la vie quotidienne pour évoquer le vécu du peuple. L’approche postcoloniale veut décentraliser le droit de parole. Cette démarche constitue une

42ibid. p. 47.

43 Stéphanie Vigier, op. cit., p.39.

44

ibid. p.39.

32 réponse au monopole de la parole par la métropole. »46 Le narrateur évoque donc à plusieurs moments de la narration des sujets ayant trait au passé en insistant sur les sentiments et la vision des personnages susceptibles de renseigner sur la vie de cette époque. Papa Edwar retrace ainsi ce que fut le rapport homme-femme dans la société esclavagiste, il décrit ce que représentait la famille en partageant ses perspectives d’avenir sur ces questions. En effet, on peut remarquer chez les romanciers antillais une préoccupation pédagogique, didactique que l’on assigne au personnage du vieillard qui prend ainsi la place de l’historien. C’est ce qui apparaît dans Mes quatre femmes de Gisèle pineau lorsque l’un des personnages du roman explique l’origine des noms d’esclaves :

Julia Roman. D’où vient ce nom ? Sans doute de ces messieurs de l’état civil qui avaient pour fonction de nommer les nègres au lendemain de l’abolition de 1848. Lorsqu’elle était enfant, sa grand-mère lui raconta de quelle façon les anciens esclaves avaient hérité de ces noms tirés de la mythologie grecque, d’un dictionnaire de secours, d’un almanach ou d’un précis de zoologie. Des noms à rire et à pleurer. Des noms inventés aussi dans l’ennui et la dérision, dans la vapeur du tafia […] Oublier qu’ailleurs, en Afrique, croissent les branches de la famille perdue. Porter ce nom, vaille que vaille. Le transmettre, tel un flambeau, à sa descendance.47

La recherche identitaire dans laquelle le Noir antillais s’est souvent impliqué a certainement conduit aux questionnements suivants : Qui suis-je ? D’où ce patronyme me vient-il ? Ainsi, l’explication de la grand-mère de Julia répond-elle à ces interrogations et délivre un discours qui n’existerait pas d’emblée dans les livres d’histoire. Parler du passé dans ce contexte revient donc à produire une mémoire absente du registre officiel, c’est pour les écrivains une façon de prendre possession d’une histoire, de s’affirmer afin d’apporter l’empreinte des peuples qui sont longtemps restés sans voix, en état de passivité face à l’histoire collective dans un contexte historique qui fut, à un moment donné, dominé par le discours de l’Autre. L’historicité dans le cadre d’un récit de fiction apparaît aussi dans un souci de reconnaissance des actions héroïques des Créoles. Cela sous-tend le rapport des Créoles avec l’extérieur, dans un cadre international. Le narrateur souligne dans ce cas précis, le rôle des Antillais dans les deux Guerres mondiales :

Combien de jeunes Antillais sont partis avec lui ? Dans cette première Guerre mondiale, on avance 25000… 25000 Créoles incorporés dans les armées de la République et débarqués en Europe pour reprendre l’Alsace et la Lorraine aux Allemands. Ainsi que les nombreuses troupes venues des quatre

46

Emeline Pierre, op.cit. pp.23-23.

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coins de l’empire colonial, ils participèrent à tous les combats, à chaque offensive… On les vit, soldats valeureux, dans la bataille de la Marne en 1914. On les vit, en Artois, en Champagne et dans les Dardanelles tout au long de l’année 1915. On les vit, bandes de nègres conquérants du Vieux Monde, traverser la Somme en 1917. On les vit tomber à Verdun en 18. Tomber comme des mouches. Morts en d’odieuses postures, écartelés, démembrés, dépecés, défigurés…48

Les deux Guerres mondiales n’ont pas été uniquement l’affaire des Français de métropole car, les Créoles ont participé à ces batailles qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes. Dans la narration, évoquer cette réalité c’est sans doute rendre hommage aux Créoles martyrs de guerre en raison de leur dévouement à la nation française et de leur bravoure. Dans ce cas, le passé ne s’inscrit plus dans une perspective simplement constructive, il devient implicitement une requête de reconnaissance officielle des victimes oubliées de la guerre.

En définitive, le souci du détail, ainsi que les éléments minutieux présents dans les énoncés prouvent suffisamment que nos écrivains sont dans une démarche de traçabilité des histoires de vie de chaque race qui compose les Antilles. Les personnages illustrés sont donc dans la perspective de pérennisation d’une mémoire oubliée, oblitérée.

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