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Réciter son exil : dessiner les contours de son être.

Portrait et ethos de l’écrivain exilique francophone choisi

« Français peut-être eussé-je été un poète génial »359 s’exclame Eugène Ionesco, encore en Roumanie. C’est par Non, livre affirmateur de la négativité, que l’auteur initie sa carrière d’écrivain roumain. Il ironise alors sur l’inanité de la critique littéraire et se conçoit comme condamné à n’occuper que la périphérie du monde intellectuel s’il reste dans son pays. Le mythe de la France360 comme « paradis perdu » prend une importance particulière dans l’œuvre du dramaturge361 qui deviendra académicien.

Afin de comprendre le visage particulier que les auteurs de la francophonie choisie d’Europe médiane présentent au public français, il faut selon nous, inclure notre étude dans un rapport ternaire : récit pré-exilique, récit d’habitation française et vécu post-exilique de cette habitation. En effet, si les œuvres que nous étudions ont toutes été conçues en France, au sein de celles-ci, les auteurs produisent un mouvement complexe puisque, à l’instar de tout écrivain, il s’agit de faire reconnaître l’émergence d’une parole singulière au sein du champ littéraire. Notre hypothèse consiste à percevoir que la configuration narrative qu’ils font de l’exil est un seuil identitaire, c’est-à-dire un « lieu » où ils s’engagent dans une certaine trame éthique leur permettant d’entrer en dialogue avec une nouvelle communauté culturelle. Nous plaçons au cœur de notre étude les problématiques des configurations identitaires. Pour comprendre celles-ci, nous nous orientons dans la lignée des études ricœuriennes puisqu’elles offrent la possibilité de comprendre le discours sur l’identité comme étant un mixte discursif362 entre fiction et histoire et étant toujours un lieu de médiation vers autrui. En effet le discours du moi n’est jamais un soliloque, mais toujours une ouverture au dialogue. Cette prise en compte du récit comme évènement dialogique permet de le comprendre comme étant toujours altéré et modifié par les représentations pré-discursives dont dispose l’auteur dans la nouvelle sphère communicationnelle, mais également de la projection produite par l’auteur des Autruis présents dans cette sphère. Selon nous, le mythe de la France formulé par ces auteurs ne peut pas être compris si nous ne le mettons pas en relation avec la configuration que les auteurs produisent

359 IONESCO, Eugène, Non, NRF, Gallimard, Paris, p.268.

360 « Nous devons être français » Idem, p.79

361 Eugène SIMION se livre à une étude de l’influence de la jeunesse de Ionesco en Roumanie et son influence sur ses œuvres françaises dans l’ouvrage Le jeune Eugen Ionescu, trad. du roumain par Virgil Tanase, L’Harmattan, Paris 2013. Il démontre l’importance que constitue le mythe de la France pour le jeune auteur qui vit sa jeunesse roumaine comme étant une vie « en exil », p.33.

362 « Le principal acquis de Temps et récit avait consisté à mettre au jour la fonction décisive du pouvoir fictionnel du récit dans la constitution de nos identités narratives, l’apport essentiel de Soi‑même comme un autre – outre le développement novateur de la dialectique de l’idem et de l’ipse – réside dans le fait que ce caractère fictionnel du récit de soi est désormais rattaché à la problématique épistémologique et pratique de l’attestation, de façon à conférer à l’identité narrative un véritable ancrage éthique et ontologique. En d’autres termes, la configuration imaginative de notre identité narrative se trouve désormais associée à un positionnement pratique et éthique dont le modèle est constitué par la promesse. » AMALRIC, Jean-Luc, « L’imagination poético-pratique dans l’identité-narrative »,

112 des causes de leur exil dans le but d’établir une relation et de modifier leur visage pré-discursif. Nous pensons alors que le récit de la vie pré-exilique remplit deux fonctions : choisir des éléments du passé qu’ils jugent nécessaires à la compréhension de leurs prises de parole en français, mais il permet également de s’orienter dans le futur de leur réception française. En effet, nous pensons que la problématique éthique, comprise dans le sens d’ethos, doit adjoindre de manière nécessaire le récit du soi passé et son inclusion dans un futur proche. Le récit de soi n’est pas une simple fiction sur le passé, mais devient un engagement pratique dans le futur.

Si la mise au jour de cette dialectique poético-pratique est absolument fondamentale, c’est qu’elle montre précisément que la formation de nos identités narratives ne saurait se réduire à une simple activité représentative, mais qu’elle doit être au contraire conçue comme une activité pratique d’engendrement de nos identités personnelles. La constitution de nos identités narratives, en ce sens, ne dépend pas d’une simple figuration fictionnelle du soi, mais elle correspond plus fondamentalement à une activité imaginative de construction pratique du soi humain, par laquelle nous nous efforçons d’exprimer et de traduire, dans nos actes et dans notre existence, les valeurs qui structurent et inspirent notre désir d’être.363

Aussi pour comprendre l’identité francophone que ces auteurs proposent dans leurs œuvres, il faut se pencher sur le récit qu’ils font de leur passé pré-exilique, afin de percevoir celui-ci comme remplissant deux fonctions : une présentation rétrospective de soi, mais également une vision prospective de soi-même et du but de cet exil français. Dessiner le « portrait »364 des

francophones choisis d’Europe médiane induit alors l’étude du mouvement de ralliement à une

patrie singulière. Celle-ci représente bien plus qu’un espace géographique, puisque la France imaginaire, que ces écrivains décrivent, se mue en un territoire spirituel reconnu comme foyer

363 Ibid, p. 118.

364 Le terme de portrait n’est pas neutre et renvoie à l’un des ouvrages phares de la francophonie postcoloniale. MEMMI, Albert Portrait du colonisé, Portrait du colonisateur, Folio, Gallimard, Paris, 1985, définit celui-ci comme suit « J’ai entrepris cet inventaire de la condition du colonisé d’abord pour me comprendre moi-même et identifier ma place au milieu des autres hommes. Ce furent mes lecteurs, qui étaient loin d’être tous des Tunisiens, qui m’ont convaincu plus tard que ce portrait était également le leur. » « Préface à l’édition de 1966 », op.cit., p.12. À l’image du projet de Memmi, notre portraiture des exilés d’Europe médiane qui ont fait le choix de la langue française comme langue d’expression a pour objet de faire advenir, par la comparaison, une pensée de l’importance de la mise en récit de son exil comme en lien avec le public de réception des oeuvres.

113 de leur être. La caractérisation de ce groupement d’auteurs ne doit pas seulement être celle qui collecterait les dates, les lieux de rencontres et les succès éditoriaux des écrivains365. Elle nécessite également la considération de l’imaginaire366 qui oriente ceux-ci dans leur choix. Nous proposons l’idée que pour entendre la voix de cette « inaudible »367 francophonie, il est essentiel de réintégrer pleinement la prise en compte de l’adjectif choisi. Si Robert Jouanny parvient au constat d’échec quant à l’étude conjointe de ces auteurs, c’est parce que son ouvrage ne prend pas suffisamment en compte la dimension anthropologique et communicationnelle des œuvres ; en se maintenant à une approche des stylistiques d’auteurs, il débouche, dès lors, sur le constat d’un échec immédiat : « autant d’écrivains, autant de cas »368.

Par étude anthropologique des œuvres, nous entendons l’optique qui considère celles-ci comme développant une « hypothèse sur la nature et l’organisation du monde humain»369. Par la nature communicationnelle de ces discours, nous entendons le fait que ces configurations sont produites afin de pouvoir permettre à l’auteur de se positionner au sein d’une nouvelle sphère communicationnelle. Ces discours visent à sémantiser d’une façon singulière l’exil afin d’en faire un motif de légitimation et de permettre l’émergence d’un « lieu de l’énonciation » singulier au sein du champ littéraire français. Comme nous l’avons vu en introduction, la position de l’étranger sur la scène communicationnelle est dépendante des représentations pré-discursives, aussi nous pensons que le récit de l’exil permet de mettre en avant un récit concurrent face à la catégorisation de témoin. Ainsi, l’écriture suppose la communication d’une perspective singulière sur l’habitation du monde, mais offre également la potentialité de s’autodéterminer dans le but de proposer un visage énonciatif singulier. Notre angle d’approche du corpus littéraire de la francophonie choisie d’Europe médiane a pour volonté d’explorer les discours de l’exil francophone formulés dans les œuvres, afin de cerner la possibilité de parler d’un groupe homogène, faisant de son récit de l’exil le support d’une perspective singulière.

365 A l’inverse de la démarche entreprise par SCHOR, Ralph, Écrire en exil. Les écrivains étrangers en France,

1919-1939, CNRS Éditions, Paris, 2013, notre recherche n’a pas pour objet d’identifier le parcours historique des auteurs,

mais bien plus de s’intéresser au système qui lui est sur-imprimé. C’est dans ce but que nous optons pour l’analyse de l’expérience exilique comme vecteur de positionnement et non du parcours migratoire et littéraire des auteurs.

366 Jean-Luc Almaric dans l’article « L’imagination poético-pratique dans l’identité-narrative », Etudes ricœuriennes, vol 3, n°2, 2012, propose une réflexion profonde sur le rôle de l’imagination chez le penseur de l’identité narrative. Nous rejoignons son analyse du rôle bivalent de l’imaginaire : « Jamais nous ne pourrions configurer narrativement nos existences si nous ne prenions appui sur une imagination pré-narrative dont l’activité se manifeste à la fois au plan individuel et au plan social, au plan du corps propre et au plan de la culture. » op.cit., p.5.

367 NOWICKI, Joanna, « Voix inaudibles de l’Autre Europe », L’Europe inouïe, revue Conférence, n°40, Paris, 2015.

368 JOUANNY, Robert, Singularités francophones: ou, Choisir d'écrire en français, PUF, Paris, 2000, p.159

114 Pour comprendre leurs écritures françaises et l’imaginaire de la langue qu’ils déploient, il faut, selon nous, mener une description complexe, puisque leur récit de la langue française ne peut être compris que s’il est réintégré à un telos exilique. Ce n’est qu’en fonction d’une représentation de la France comme « refuge » culturel, face à la montée du « eux » idéologique que l’on peut entendre cet imaginaire. En outre, cette présentation de soi singulière ne se fait pas de manière a-sociale, mais toujours inscrite dans un espace d’interlocution marqué par un imaginaire pré-discursif du public de réception et un champ littéraire qui a déjà configuré la question de l’exil et au sein duquel les auteurs doivent s’orienter. De ce fait, la mise en place par les auteurs du récit de leur exil se produit dans un espace normé au sein duquel il doit permettre l’émergence de singularités énonciatives.

Comment le récit de l’exil est-il un opérateur de configurations discursives ? Comment leur ethos exilique vient-il marquer une orientation singulière au sein du champ littéraire français ? Comment par cette description tentent-ils de s’inclure au sein d’un imaginaire socio-discursif français ? Comment se met en place une tension entre un visage pré-discursif du témoin et une volonté d’être reçus comme des créateurs libres ?

Chapitre 1 : L’importance de l’identité d’auteur : ne pas être témoin.

Dans ce premier mouvement, nous souhaiterions partir de l’idée que l’identité de l’auteur est un enjeu pour toute communication littéraire et a fortiori dans le cas d’auteurs exiliques. En effet, l’auteur étranger, souhaitant intégrer le champ littéraire français, est constamment rappelé à son origine. Comme le note Ulrich Beck :

Tous ceux dont l’appartenance semble tant soit peu exotique doivent sans cesse subir ce genre d’interrogations, où se manifeste l’ontologie sociale territoriale de l’optique nationale, que j’ai appelé […] erreur carcérale de l’identité. Selon cette vision du monde, tout individu a une patrie, qu’il ne peut pas choisir : elle lui est innée, il obéit au principe d’alternative exclusive des nations et des stéréotypes qui lui sont propres.370

Piégé par « l’erreur carcérale de l’identité », l’auteur exilique ne pourrait, dès lors, plus que tenir des propos sur son territoire d’origine ou sur son expérience qui l’a mené en France. En outre, l’importance de la correspondance entre le monde fictionnel et l’expérience vécue par l’auteur est telle que cette « littérature invitée » est souvent reçue, dans un premier temps, sous l’angle du témoignage ; c’est-à-dire que le public de réception s’intéresse avant tout au contenu descriptif et référentiel, et non créatif de ces œuvres. De telle sorte que le nom de l’auteur371, support de son identité, agit comme un agent de catégorisation. Néanmoins, il se détache du groupement d’auteurs que nous étudions une volonté de ne pas être assimilé à ce rôle. Comment par la prise de parole au sein du champ littéraire français se manifeste une volonté, de la part de ces écrivains, de reconquérir leur identité afin de ne pas être uniquement perçus au travers des sèmes de leur parcours biographique, mais prioritairement par ceux qu’ils se choisissent au travers leur auto-positionnement discursif ? Ce premier chapitre vise à présenter la façon dont les auteurs de la francophonie choisie d’Europe médiane se positionnent dans le dispositif littéraire français et à montrer la mise en place d’une tension que viendra, en partie, résoudre la mise en récit de l’exil.

370 BECK, Ulrich, Qu’est-ce que le cosmopolitisme ?, Aubier, Paris, 2006, p.53.

371 « L’interprétation du texte est impossible si le lecteur ne se fait pas quelque idée de cet énonciateur impossible » ØSTENSTAD, Inger. « Quelle importance a le nom de l’auteur? », Argumentation et analyse du discours, 2009, n°3, mis en ligne le 15 octobre 2009, Consulté le 11 mars 2016. URL : http://aad.revues.org/665

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1. L’exil et l’attachement à l’histoire : un bagage difficile à porter.

1939, 1956, 1968 : trois dates essentielles de l’Histoire européenne du XXe siècle. Trois dates qui agissent comme des jalons du parcours des auteurs que nous souhaitons étudier, puisque nombre de leurs exils se déroulent après ces évènements. Ainsi, leur arrivée en France apparaît comme dépendante des sursauts du XXe siècle, agité par les chocs du nazisme et du soviétisme. Cette empreinte historique du parcours biographique des écrivains d’Europe médiane, devenus francophones, opère comme un sceau qui les marque d’une manière indélébile. On pourrait aller jusqu’à parler d’une « francophonie de circonstance » dans leur cas. La communication littéraire est dépendante d’un imaginaire pré-discursif qui marque l’identité de l’auteur et invite le lecteur à s’intéresser à son œuvre. Cette idée de l’influence du contexte pré-discursif au sein de la communication littéraire peut être résumée par l’influence du contrat de communication. Ce concept de Patrick Charaudeau372 vise à montrer que le locuteur et le récepteur établissent conjointement un « contrat » qui marque les attentes que doit venir combler l’œuvre. Dans le cas de la littérature exilique, la catégorisation qui marque les premières publications des œuvres semble être celle du témoignage373. Ce contrat implique plusieurs orientations discursives : fidélité avec la réalité, ainsi qu’effacement du sujet scriptif qui est reçu puisqu’il a vu, mais non pour ce qu’il est. Cet attachement historique ne conduit pas ces écrivains à devenir des victimes inconnues du XXe siècle, mais bien plus à être des auteurs reconnus comme porteurs de témoignages importants du siècle. Les bagages de

sables374 qui dépeint le retour d’une rescapée de la Shoah à la vie normale reçoit le prix

Goncourt en 1962 ; Dieu est né en exil375 , reprise de l’errance antique d’Ovide le reçoit en 1960 ; Le sang du ciel première fiction sur la Shoah reçoit le prix Rivarol en 1962 ; J’ai quinze

ans et je ne veux pas mourir376 journal de l’enfance dans un pays soviétique reçoit le « Grand Prix de la Vérité » en 1954 ; La vingt-cinquième heure377 est adaptée au cinéma378,… Tous ces

372 Voir : CHARAUDEAU, Patrick, « De la scène d’énonciation au contrat et aller-retour »,in ANGERMULLER, Johannes, PHILIPPE, Gilles, Analyse du discours et dispositif d’énonciation. Autour des travaux de Dominique

Maingueneau, Lambert Lucas, Limoges, 2015, pp. 109-116.

373 Voir sur ce contrat de communication l’étude : PRSTOJEVIC, Alexandre, Le témoin de la bibliothèque, Cécile Defaut, Paris, 2012.

374 LANGFUS, Anna, Les bagages de sables, NRF, Gallimard, Paris, 1962.

375 HORIA, Vintila, Dieu est né en exil, Fayard, Paris, 1960.

376 ARNOTHY, Christine, J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir, Fayard, Paris, 1955.

377 GHEORGHIU, Virgil, La vingt-cinquième heure, Plon, Paris, 1949.

117 romans sont salués par la critique et sont considérés comme des œuvres essentielles du XXe siècle puisque délivrant un savoir sur les troubles européens. La « consécration »379 des écrivains d’Europe médiane se produit également au travers de trois éditions au sein de la prestigieuse collection de La Pléiade : Ionesco en 1991, 2011 voit l’accession de Kundera et Cioran à cette collection. Cette adoption par le champ littéraire français culmine en 1970 lors de l’accession d’Eugène Ionesco au fauteuil de Jean Paulhan à l’Académie française.

Bien que générant un acte essentiel de la communication littéraire : la lecture ; cette dépendance à l’égard de l’Histoire agit également comme une façon d’enfermer leurs œuvres dans le « petit contexte »380 de la réception artistique. Ce mouvement empêche ces écrits de fonctionner comme « œuvres » et entraîne la généralisation d’une lecture les considérant sous le halo du document historique. Mrozek, écrivain polonais exilé en France au sein de l’Institut littéraire Kultura, explique le problème de cette dépendance à l’Histoire.

L’artiste polonais a un sentiment exagéré de sa propre valeur. L’Occident le regarde avec étonnement, mais seulement l’espace d’une seconde parce qu’il est très occupé par ses propres affaires. […] Que donc celui qui n’est pas prêt à tout perdre et à ne rien gagner ne bouge pas de Pologne. Tout, c’est-à-dire en premier lieu l’inconfort, et rien, c’est-à-dire rien. À moins que l’on appelle cette perte d’inconfort un gain. Il est des inconforts qui pour certaines personnes peuvent s’avérer insupportables, sans égard aux gains et aux pertes.381

Si bien que rejeté à la marge de la scène littéraire française, l’auteur de la francophonie choisie risque de n’être considéré que lorsqu’il témoigne d’un temps agité, et n’attire l’intérêt du public que lorsque son pays d’origine occupe une place centrale dans l’actualité européenne. C’est pourquoi il réside au sein des œuvres de notre étude une problématique essentielle : comment les auteurs peuvent-ils se détacher de leur ancrage historique afin de pouvoir exister non pas

379 BOURDIEU, Pierre dans Les règles de l’art : Genèse et structure du champ littéraire, Points, Seuil, Paris, 1998, seconde édition, fait de la « consécration » l’objet des luttes au sein du champ littéraire. Il fait de la reconnaissance par les institutions scolaires et éditoriales un des points de cette consécration : voir notamment p. 245 et p.255.

380 KUNDERA, Milan, Le Rideau, Œuvre II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2012, p. 967.

381 MROZEK, Slawomir, Kultura n°11/278, 1970, cité par BOBOWICZ, Zofia, Mon histoire vécue de l’édition

118 comme témoin, mais aussi comme écrivain ? Nous étudierons dans la suite de notre étude le rôle qu’ils attribuent au récit historique382, mais notons, dès à présent, qu’ils ne se pensent pas comme des témoins fidèles d’une époque. Leur témoignage ne porte pas sur une fidélité à l’Histoire, mais bien plus sur la compréhension de celle-ci comme permettant de projeter les

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