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PREMIÈRE PARTIE : Crise des prix et organisation monétaire dans l’histoire

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33Beaud, Michel, 1991. Économie, théorie, histoire : essai de clarification. Ibid., 155-172.

34Einstein, Albert, 1951. Why socialism: Monthly Review.

« Reste donc l'effort de connaissance de la réalité économique. Notre thèse est que la connaissance économique ne peut se développer que dans une démarche qui réussisse à combiner observation de la réalité, élaboration théorique et regard historique. Tous les économistes dont les noms dominent les progrès de la connaissance économique ont su trouver cet équilibre, si ce n'est pour chaque ouvrage, au moins pour l'ensemble de leur œuvre : Turgot, Smith, Ricardo, Mill, Marx, Walras, Marshall, Schumpeter, Keynes, Myrdal, Perroux et, pour nommer un vivant, F. von Hayek ».

Michel Beaud33, Économie, théorie, histoire : essai de clarification, (1991).

« Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique ».

Albert Einstein34, Why socialism ?, (1951).

« J'ai déjà observé que, s'il pouvait y avoir une entière garantie qu'on n'abuserait point de la faculté d'émettre du papier-monnaie, il serait tout à fait indifférent pour la richesse nationale, prise collectivement, par qui ce papier fût émis ; et je viens de faire voir que le public aurait un intérêt direct à ce que ce fût l’État, et non une compagnie de marchands ou de banquiers, qui fit cette émission. Il serait cependant plus à craindre que le gouvernement n’abusât de cette faculté qu’une compagnie de banquiers ».

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Introduction de la première partie

Les faits économiques actuels et passés et leurs explications théoriques sont deux aspects de la connaissance qui fondent l’intelligence de la complexité du fonctionnement de l’économie.

Comme l’a souligné l’économiste Gilles Jacoud 35(1996, p.5), la recherche historique en science

économique est récente et a connu un certain regain d’intérêt après la consécration du « prix

Nobel d’économie » en 1993 à Douglas C. North 36 et Robert W. Fogel pour avoir renouvelé la recherche en histoire économique. Dans cette première partie de la thèse, nous verrons sur le plan purement factuel les rapports entre l’organisation monétaire et la survenue d’une crise des prix dans l’histoire du capitalisme européen. Plus particulièrement, ce qu’on a appelé la « Révolution des prix » en Europe au XVIe siècle et l’hyperinflation allemande de l’après première guerre mondiale, ont-elles été la preuve empirique d’une validation de la théorie quantitative de la monnaie ou au contraire l’expression de mutations de l’ordre monétaire et économique en général intervenues à des circonstances historiques spécifiques ? Les épisodes d’avilissement de la monnaie opérés par les princes en Europe et décriés par Hayek (1976) ont coïncidé à des hausses de prix que le chapitre 1 essaie de décrypter à la lumière de la crise déflationniste marquée par les pénuries monétaires et de l’endogéneité de la monnaie à travers l’arrivée de métaux venus du Nouveau monde et le développement du commerce tel que noté par

Tortajada37(1987). Ainsi, l’observation rigoureuse des pratiques monétaires du XVIe siècle

permet de cerner le raisonnement naturellement quantitativiste des marchands lorsqu’ils fixent le prix des biens et services en or. Le problème fondamental de la monnaie frappée en or reste avant tout la confiance sur la qualité et également l’épuisement des mines ou la raréfaction de l’or devant les besoins de la circulation. Comment légitimer les mutations d’avilissement en tant

35Jacoud, Gilles, 1996. Le billet de banque en France, 1796-1803 : de la diversité au monopole Paris: L'Harmattan.

36 Sur le site du prix Nobel, voici les termes du communiqué officiel de leur nomination: « The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel 1993 was awarded jointly to Robert W. Fogel and Douglass C. North "for having renewed research in economic history by applying economic theory and quantitative methods in order to explain economic and institutional change" ».

Voir la page Nobelprize.Org, 1993. The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel 1993 [En ligne]. Nobelprize.org. Nobel Media AB 2013. Adresse URL:

http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/economic-sciences/laureates/1993/ [Accédé le 10/01/2014].

37 « Cet afflux d'or ainsi affirmé, il restait à en donner les causes. Pour l'essentiel, celles-ci tiennent au

développement des échanges et aux mouvements monétaires ». Voir en page 861 de Tortajada, Ramon, 1987. M. de Malestroit et la théorie quantitative de la monnaie. Revue économique, 853-876.

32 que solution technique à un problème de pénurie ou en tant que moyen fallacieux de financer des guerres par un impôt forcé ? Le chapitre 1 soulève une autre question plus importante concernant la validité de la théorie quantitative : Comment une pénurie de monnaie frappée

suivie d’une abondance peut se traduire par une « révolution des prix » qui dure plus de 100 ans ?

Il paraît simplement impossible que l’explication soit exclusivement monétaire. Afin de poursuivre notre questionnement sur la fragilité de l’organisation monétaire, le chapitre 2 sera consacré à l’histoire monétaire de l’Allemagne entre 1874 et 1923, dans le but de déceler la nature des crises de prix enregistrées dans ce pays.

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CHAPITRE I