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CHAPITRE 3. ÉTUDE QUALITATIVE ET FORMULATION DU CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

CHAPITRE 4. OPÉRATIONNALISATION DES DEUX CONSTRUITS : APPLICATION DU PARADIGME DE CHURCHILL (1979) RÉVISÉ PAR

DERBAIX ET PECHEUX (2000)

CHAPITRE 5. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

CHAPITRE 6. DISCUSSIONS, IMPLICATIONS, LIMITES ET VOIES DE RECHERCHE FUTURES P ART IE I UN E REV UE D E L A LIT TÉRA TURE IN TER DISCIP L IN AI RE P ART IE II - P RÉCISI O N S MÉTHODO L O G IQU ES P ART IE III P RÉS EN T AT ION E T DIS C US SI O N DE S RÉS ULT ATS DE L A RE C H ERCHE

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PARTIE I - UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE

INTERDISCIPLINAIRE : LA CONSOMMATION

SOCIALEMENT RESPONSABLE ET LA PRATIQUE

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INTRODUCTION DE LA PARTIE I - UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE INTERDISCIPLINAIRE : LA CONSOMMATION SOCIALEMENT RESPONSABLE

ET LA PRATIQUE SPORTIVE

Cette partie vise à montrer le cadre théorique global ainsi que le contexte de la recherche. Les tendances actuelles des consommateurs sont marquées par une augmentation considérable de la prise en compte des soucis sociaux et environnementaux dans leur processus de décision d'achat. Cette prise en compte responsable se désigne par le comportement de consommation socialement responsable. Cependant, un écart remarquable a été constaté entre l'attitude déclarée par les consommateurs vis-à-vis de la consommation socialement responsable et son engagement effectif dans des pratiques qui s'inscrivent dans cette consommation. Des pratiques multiples et diversifiées, tels que l'achat des produits biologiques, l'achat des produits écologiques, etc. En effet, plusieurs éléments peuvent expliquer cet écart, parmi lesquels, nous nous intéressons au fait que des valeurs ne soient pas suffisamment ancrées chez les individus, des valeurs sous-jacentes au comportement de consommation socialement responsable. Afin d'y remédier, il serait indispensable de sensibiliser les individus, dès l'enfance, à certaines actions responsables. Une telle sensibilisation aux actions responsables repose, en effet, sur des valeurs de respect et de responsabilité. Un tel apprentissage des valeurs de respect et de responsabilité se fait essentiellement par le biais de la socialisation, le processus d'apprentissage lent et continu qui dépend des agents qu'ils le mettent en place, des agents de socialisation (la famille, les pairs, l'école, etc.). Ainsi, la sensibilisation des enfants

aux actions responsables peut être placée au cœur du processus de socialisation.

Nous avons choisi comme contexte de la recherche, les clubs sportifs affiliés à des fédérations sportives. En particulier, nous nous sommes intéressés à l'influence de la pratique sportive des enfants, au sein de ces clubs, sur leur apprentissage des valeurs de respect et de responsabilité ainsi que le rôle éducatif de l'entraîneur sportif et sa contribution à la sensibilisation des enfants aux actions responsables.

La revue de la littérature, ainsi, mobilisée, se caractérise par une interdisciplinarité en croisant deux champs de recherche très éloignés : la Gestion et les Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS).

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Le premier chapitre s'attache dans une première section à la mise en exergue des principes et des fondements de la consommation socialement responsable. L'écart constaté entre l'attitude des consommateurs et leur acte réel de consommation socialement responsable, nous permet de passer à la seconde section, du premier chapitre, qui vise à tracer le cadre théorique de la recherche à travers la définition des éléments théoriques clés de la thèse. Enfin, nous proposons une définition à la variable dépendante de la recherche : la sensibilité des enfants aux actions responsables.

Le deuxième chapitre se réfère dans une première section aux éléments généraux concernant le contexte de notre recherche, en soulignant d'une part les effets bénéfiques de la pratique d'une activité physique et sportive sur la santé des enfants et d'autre part les facteurs déterminants de cette pratique. La seconde section de ce chapitre propose une revue de la littérature qui présente les principaux aspects de la pratique sportive au sein des clubs fédératifs avec une focalisation sur l'aspect social et les rôles des entraîneurs sportifs auprès des sportifs. Étant donné que ce chapitre présente des lacunes théoriques, quant à l'aspect social et éducatif de la pratique sportive et la mission éducative de l'entraîneur, elles seront comblées au cours du troisième chapitre qui s'attache à la présentation de l'étude qualitative exploratoire, ainsi que le cadre conceptuel de la recherche.

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CHAPITRE 1. PRINCIPES ET FONDEMENTS DU COMPORTEMENT DE LA CONSOMMATION SOCIALEMENT RESPONSABLE

CHAPITRE 2. LA PRATIQUE SPORTIVE

CHAPITRE 3. ÉTUDE QUALITATIVE ET FORMULATION DU CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

CHAPITRE 4. OPÉRATIONNALISATION DES DEUX CONSTRUITS : APPLICATION DU PARADIGME DE CHURCHILL (1979) RÉVISÉ PAR

DERBAIX ET PECHEUX (2000)

CHAPITRE 5. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

CHAPITRE 6. DISCUSSIONS, IMPLICATIONS, LIMITES ET VOIES DE RECHERCHE FUTURES

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CHAPITRE 1. PRINCIPES ET FONDEMENTS DU

COMPORTEMENT DE LA CONSOMMATION

SOCIALEMENT RESPONSABLE

Introduction

La Consommation Socialement responsable (CSR)7 : « suppose pour chacun de reconsidérer

son rapport à soi-même, à la nature et à la société » (Gallais, 2010, p. 53).

En effet, une telle consommation exige l’engagement personnel et social dans des pratiques

avec des vertus sociales, mais aussi environnementales. De plus, dans la sphère marchande, ce phénomène a pour mission principale de transposer les valeurs et les attitudes des consommateurs d'une manière récurrente (Gendron et al., 2005). Alors, la Consommation

Socialement Responsable se situe au cœur du système des valeurs des consommateurs.

Partant de ce constat, nous abordons ce premier chapitre à travers lequel nous mettons en lumière les principes et les fondements de la CSR. Ce chapitre se compose en deux sections.

Dans une première section, nous allons aborder le phénomène de la CSR d’un point de vue

historique, puis, dans un second temps, nous allons mettre le point sur les principaux

mécanismes qui s’inscrivent dans le cadre de la CSR. Nous nous focaliserons, ensuite, sur les principales caractéristiques du consommateur socialement responsable. Enfin, le gap constaté entre l'attitude et le comportement réel en matière de la CSR, va nous permettre d'en expliquer les principales raisons, notamment l'absence ou l'insuffisance de valeurs ancrées chez les consommateurs, celles qui sous-tendent une CSR (Thøgersen, 2001). D'où l'intérêt d'inculquer chez les enfants de telles valeurs afin de former des consommateurs conscients de l'avenir de leur société.

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Dans la deuxième section, nous rappellerons que le système des valeurs constitue le fondement de base des croyances, attitudes et comportements des individus. À partir de ce système, ils agissent et réagissent en tant que membre dans la société. En outre, le processus de socialisation avec les principaux agents socialisateurs, ainsi que le concept de la sensibilité, seront exposés.

Ce chapitre occupe une place primordiale dans la recherche permettant, d'une part, de mieux comprendre la CSR à partir de ses différentes facettes et, d'autre part, de proposer une définition au concept clef de notre recherche, celui de la Sensibilité aux Actions Responsables.

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SECTION 1 - LA CONSOMMATION SOCIALEMENT RESPONSABLE : ORIGINE ET DÉFINITION

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie

authentiquement humaine sur terre » (Jones, 2013, p. 40)8. Le phénomène de la CSR se présente le plus souvent comme étant complexe et multidimensionnel (Shaw et Clarke, 1999 ; François-Lecompte, 2005). Il nous semble, ainsi,

intéressant d’aborder ce phénomène au travers de plusieurs approches afin de bien le clarifier.

De même, les manifestations de la CSR et les principales spécificités qui différencient les consommateurs responsables seront présentés au cours de ce chapitre. Ensuite, l'écart constaté entre l'attitude de la CSR et son comportement réel sera mis en relief ainsi que les principales raisons et solutions pour y remédier. En effet, une des solutions possibles, qui guide notre réflexion tout au long de cette recherche, serait la sensibilisation dès l'enfance aux principes et aux fondements de la CSR, à travers l'inculcation, dans un système de valeurs éducatives des principes de la CSR.

8Il s’agit d’une réédition de l’ouvrage intitulé « Le principe de responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique ». La première édition date depuis 1979. Cet ouvrage est considéré comme étant le plus connu de son auteur Hans Jonas.

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1. LA CONSOMMATION RESPONSABLE : UN PHÉNOMÈNE ANCIEN

1.1. LES RACINES HISTORIQUES DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE

La CSR n’est pas un phénomène récent ou contemporain comme on pourrait le penser de

prime abord (Dubuisson-Quellier, 2009 ; Roux, 2014). Cette notion trouve ses racines avec ce

que Micheletti (2003) appelle le « consumérisme politique9 » (ou politisation des marchés)

(Cochoy, 2008). Historiquement, des actions de boycott10 de masse ont été observées aux

XVIIIe et XIXe siècles (Bihl-Willette, 1984 ; Glickman, 2004). En outre, d’autres actions

d’activisme des consommateurs avaient pris forme en France avec les ligues sociales d’acheteurs11 ou encore avec le mouvement du coopérativisme (Dubuisson-Quellier, 2009). Au départ, la consommation responsable constituait une forme de coopération entre les consommateurs, mais aussi une forme de contestation contre le capitalisme qui était considéré

comme une source d’oppression, d’inauthenticité et de désenchantement. Ainsi, historiquement les deux dimensions qui ont dominé la consommation responsable sont : la « dimension économique » et la « dimension politique » qui marquent un « réveil » du consommateur-citoyen (Dickinson et Carsky, 2005).

Après la deuxième guerre mondiale (1945), la consommation responsable a connu un certain déclin. Ce recul est dû au fait que les individus cherchaient avant tout la paix sociale et économique, sans tenir compte des effets éventuels de leurs actes de consommation sur la société. Pourtant, depuis les années 1970 et 1980, la consommation responsable connaît, surtout dans les pays industrialisés, un tournant notable, et les travaux dans ce champ de recherche se multiplient. Cet intérêt accru est lié à la forte croissance économique, après la

9 « Le consumérisme politique désigne les différentes stratégies utilisées par les consommateurs et les groupes de pression pour faire part de leur opinion face aux choix de consommation qui leur sont proposés. Ces

stratégies vont du boycott à l’investissement socialement responsable, ce dernier étant parfois considéré comme

un phénomène distinct » (Blais, 2008, p. 2). Le mouvement consumériste a connu une évolution exceptionnelle au XXe siècle dans le contexte de développement économique et de consommation de masse (Gallais, 2010). Pour Micheletti (2003), ce concept est formé par des : « actes d’achat motivés par des considérations éthiques

ou politiques et dont l’objectif est de faire changer les pratiques des institutions ou celles du marché » (p. 2).

10 Le concept de boycott ainsi qu'un bref historique seront présentés dans une partie à part.

11 Pour Chessel et Cochoy (2004), l’importance de ces ligues d’acheteurs vient du fait qu’elles ont transformé l’acte de consommation en un acte d’engagement quotidien placé dans une logique d’« acte politique, à la fois individuel et collectif » (Chessel, 2004, p. 46).

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deuxième guerre mondiale, connue sous l’appellation de « Trente Glorieuses » et à leurs

répercussions dégradantes sur l’environnement (Duguay, 2005).

Cet éclairage historique du concept de consommation responsable ne prétend pas à

l’exhaustivité. Néanmoins, il montre clairement que la prise en compte des préoccupations sociétales et environnementales par les consommateurs n’est pas une tendance nouvelle ; elle

s’avère plutôt inconsciente et à visée plus ou moins politique. Pour cela, certains auteurs

affirment qu’il « est essentiel que puisse se développer une consommation « responsable »,

éloignée du consumérisme dominant et soucieuse de ses effets sociaux et écologiques »

(Azam et al., 2007, p. 64).

La nouveauté réside dans le fait que la palette des pratiques qui s'inscrivent dans le cadre de la

consommation responsable s’est diversifiée (Cooper-Martin et Holbrook, 1993). Cette

diversification des pratiques s'explique par le fait que les individus deviennent de plus en plus conscients des conséquences, positives ou négatives, de leur comportement de consommation sur la société en général.

1.2. LA CONSOMMATION RESPONSABLE : UN CONCEPT LARGE ET

MULTI-FACETTE

La diversité et la multiplicité des dénominations utilisées pour désigner la Consommation Responsable rendent cette notion floue, ambigüe et complexe (Shaw et Clarke, 1999 ; François-Lecompte, 2005). Des appellations telles que la consommation socialement

responsable (Webster, 197512 ; Roberts, 1995 ; François-Lecompte, 2005 ; Özçağlar

-Toulouse, 2009 ; Bakini et al., 2013), la consommation éthique13 (Barnett et al., 2005 ; Bray

et al., 2011) , la consommation citoyenne (Canfin, 2005), la consommation engagée (Bigot,

12 Frederick Webster (1975) est considéré comme étant le pionnier qui a initié la recherche dans le champ de la Consommation Socialement Responsable (CSR).

13 La notion de « consommation éthique » n’exclut pas une ambigüité liée essentiellement au fait que les auteurs

lorsqu’ils parlent de consommation éthique, se référent plutôt à la consommation socialement responsable (Bray

et al., 2010). De même, ils parlent d’« éthique des consommateurs » (Muncy et Vitell, 1992) ou de « la valeur

éthique dans la consommation » (Holbrook, 1994), plutôt que de consommation éthique en tant que phénomène de consommation à part entière. En outre, le concept d’éthique reste toujours en soi un sujet de débat, surtout en philosophie. Pour ces raisons, nous avons choisi volontairement de ne pas évoquer « la consommation éthique » dans le cadre de notre travail doctoral.

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2002 ; Lachèze, 2005; Dubuisson-Quellier, 2009), la consommation durable (Dietrich,

2004)14 ou encore plus récemment l'alter-consommation ou la consommation alternative, sont

toutes utilisées pour parler de la consommation responsable.

Dans le même ordre d’idées, Binninger et Robert (2008) supposent que le concept de

consommation responsable mobilise principalement trois soubassements théoriques : la consommation éthique, la consommation verte ou écologique et la Consommation Socialement Responsable (CSR).

Cette multitude d’appellations vient surtout du fait que plusieurs disciplines se sont

intéressées à l’« économisation de la scène politique et sociale » (Gendron et al., 2003).

Partant de cette réflexion, Gimporcaro-Saunière (2006) considère qu’aucun consensus n’a

encore vu le jour sur une définition précise de ce type de consommation.

Il est d’autant plus difficile de définir la consommation responsable vu que, pour ce concept,

« les différentes évaluations et distinctions tendent à être subjectives et compliquées par des circonstances » (Bray et al., 2011, p. 597)15. Cependant, le phénomène de la consommation responsable a été appréhendé par le CRÉDOC (2000) et caractérisé comme suit : « la

consommation deviendrait un acte à caractère militant intégrant les conditions économiques et sociales de la fabrication des produits dans les critères de choix des produits » (CRÉDOC,

2000, p. 10). Pour sa part, Heilbrunn (2005) suppose que la consommation responsable peut être assimilée à une forme d'action adaptée par des consommateurs avec comme objectif de se réapproprier l'offre sur le marché en fonction de leurs valeurs.

Selon Gallais (2010) la consommation responsable : « suppose, pour chacun, de reconsidérer

son rapport à soi-même, à la nature et à la société » (p. 53). Ainsi, dans la sphère marchande,

ce phénomène a pour mission principale de transposer les valeurs et les attitudes des

consommateurs d’une manière récurrente (Gendron et al., 2005). Alors, le comportement de consommation responsable se situe au cœur du système des valeurs des consommateurs, d’où

la nécessité d'une réadaptation de ce système en prenant en compte les principaux critères qui

caractérisent ce comportement. À titre d'exemple, le consommateur conscient de l’urgence

14 La consommation durable est « née du constat que le mode de fonctionnement de la sphère économique risque

de compromettre à plus ou moins brève échéance l’habitabilité de la terre » et elle vise « à fonder une pratique

écologiquement et socialement responsable de la vie économique » (Maréchal, 2005, p. 125).

15 Traduction de la phrase en anglais : ''Assessments and distinctions tend to be subjective and complicated by circonstances'' (Bray et al., 2011, p. 597).

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des problèmes environnementaux (tels que la pollution de l’eau, de l’air, le réchauffement

climatique, l’épuisement de la couche d’ozone) est mobilisé par la volonté de protéger la nature (Dagher et Itani, 2014). Ainsi, selon ces mêmes auteurs, les consommateurs s’engagent

de plus en plus dans des comportements de consommation avec une perspective respectueuse

de l’environnement (système de valeurs) d'une part et militante (l'achat des produits

écoresponsables ou le soutien des entreprises et des associations qui s’engagent dans des

stratégies vertes) d'autre part.

En se basant sur le classement des comportements responsables, réalisé par François-Lecompte et Valette Florence (2004), et sur la liste des gestes responsables présentée par le Ministère de l'écologie et du développement durable, Sfar (2006) procède à une récapitulation des comportements de consommation responsables présentée dans le tableau ci-dessous.

Tableau 1 : La classification des comportements responsables selon les deux dimensions sociales et

environnementales (Sfar, 2006)

Type de comportement

Dimensions

Achat Geste

Sociale - Achat des

produits portant un label social. - Achat des produits du commerce équitable. - Achat des produits locaux. - Privilégier les placements éthiques. - Soutenir des associations humanitaires et caritatives.

Environnementale - Achat des

produits recyclables. - Achat des produits portant un écolabel. - Achat des fruits et légumes de saison. - Achat des produits locaux. - Restitution

des piles usagées.

- Réduction de sa propre consommation d'énergie. - Tri des déchets ménagers. - Utilisation des sacs réutilisables et échangeables.

Source : adapté de Sfar (2006).

Ainsi, la consommation responsable ne se traduit pas simplement par le fait de remplacer un produit par un autre, mais elle implique aussi la prise en compte des effets négatifs engendrés par l'acte de consommation en amont et en aval de la filière de production. Donc, elle est

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perçue comme un maillon qui régule les actions de tous les acteurs de la vie économique et sociale.

Comme il a été précisé, plusieurs appellations peuvent refléter un comportement responsable dans la consommation. Dans le cadre de notre recherche, nous retenons l'appellation « Consommation Socialement Responsable » (que nous désignons par le sigle CSR). Ainsi, dans les paragraphes suivants, nous présentons différents éléments liés à la CSR.

2. DÉFINITION DE LA CSR

2.1. L’ÉMERGENCE ET LA MONTÉE DES ÉTUDES SUR LA CSR

La responsabilité sociale de l'individu16 a été, dans un premier temps, étudiée en Sociologie

par Berkowitz et Lutterman (1968), qui ont développé à cet effet une échelle de mesure17.

Ainsi, elle correspond à une responsabilisation individuelle des choix de consommation dans le but d'atteindre un bien-être collectif (Bisaillon, 2005). Un individu socialement responsable a plus tendance à placer ses pratiques individuelles dans une logique collective afin de

valoriser son droit d'exprimer sa position et d’affirmer, en conséquence, la cohérence de son

identité avec celle du groupe auquel il appartient.

C'est en 1972 que le terme « Consommation Socialement Responsable » (Socially Conscious Consumer) a été utilisé pour la première fois par Anderson et Cunningham (1972). Le concept du « consommateur préoccupé par l'environnement », développé par Kinnear et al. (1974), constitue un des premiers questionnements théoriques sur la responsabilité individuelle du consommateur à l'égard de la dégradation de l'environnement. Mais, le concept de CSR ne

sera développé de manière détaillée qu’avec Webster en 1975.

16La responsabilité sociale de l’individu correspond à sa motivation intrinsèque d’aider les autres, même si cette aide est au détriment de son intérêt personnel (Berkowitz et Lutterman, 1968). En d’autres termes, il est prêt à aider les autres même s’il n’y a rien à en retirer.

17L’échelle de mesure de Berkowitz et Lutterman (1968) a été développée afin de tester la responsabilité sociale

des individus. Elle est composée de 8 items et se base essentiellement sur l’échelle de Harris (1957) qui a été construite afin de mesurer l’attitude des enfants à avoir des comportements responsables.

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Dans le contexte français, les travaux de François-Lecompte (2005, 2009), avec Valette-Florence (2004, 2006) et avec Prim-Allaz (2009), sont considérés comme étant les plus avancés dans le champ de la recherche sur la CSR. Ces recherches ont abouti à la construction

d’une échelle de mesure multidimensionnelle pour étudier ce comportement et identifier les motivations, freins et les principaux déterminants à la CSR.

En effet, « la montée en puissance des préoccupations sociales, écologiques et éthiques » (Delpal et Hatchuel, 2007, p. 1) est sans doute un des faits marquants en matière de la consommation.

Par conséquent, de nombreuses pratiques de la CSR18 se développent (Jacques, 2009 ; Gallais,

2010), accompagnées par une multiplication des guides pratiques19 du « consomm’acteurs »

(Laville et Balmain, 2006 ; Corre, 2008). Dans la mesure où les consommateurs deviennent de plus en plus socialement responsables (Durif et al., 2010 ; Flipo et Seidel, 2010), « le

thème de la CSR [...] a paru comme étant un des enjeux futurs du métier du marketeur »

(Bakini et al., 2013, p. 126).

Plusieurs raisons expliquent la montée de ces préoccupations (François-Lecompte, 2005) :

- La multiplication des crises sanitaires, surtout dans le domaine agroalimentaire

(Canel-Depitre, 2001).

- La prise de conscience par les consommateurs des dégradations environnementales et

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