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François V ETTER

Cette institution de la classe est devenue une chose tellement

·.vidente, tellement enracinée dans la vie de la classe que je ne sais trop par quel bout la prendre .••.

1. QUAND ?

ni très bien de quel moment d'entretien parler : il y en a tellement~ Car pour moi, il y a "entretien" chaque fois qu'on se retrouve en groupe pour s'entre-tenir d'un sujet ou d'un autre, se parler en somme.

En fait, il y a le moment "officiel" de 8h30 à 9h00 (environ) et les autres mo-ments d'entretien.

a) Les entretiens de 8h30 à 9h00 :

Je dis "les" parce qu'il y a les journées d'entretien, les journées de "cercle"

et le jour du conseil, le tout étant pour moi des formes différentes d'entretien.

En principe, le lundi et le jeudi sont consacrés à l'entretien, le mardi et le vendredi au cercle et le samedi au conseil.

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Les journées d'entretien :

Déjà on s'installe, ce qui prend un peu de temps à bavarder à droite et à gauche avec qui on veut. Je trouve ce moment· d'entretien informel très important car c'est le moment, pour mes enfants qui viennent de communes différentes et ne se voient pas toujours dans la cour avant la classe, de se dire leurs petites affaires personnelles. C'est a·ussi le moment où ceux qui ne prennent quasiment jamais la parole devant le groupe peuvent s'exprimer. Ca prend bien 5 à 10 minutes.

Ensui te, il y a un moment de communications, généralement de moi à la classe, mais aussi des enfants au groupe. Ca concerne des informations pratiques sur

la journée, les collectes d'argent, les projets en cours, les corres .•.

Puis, on termine par l'entretien libre où chacun peut demander la parole à l '

ani-m~.t"e.ur. _de séance pour raconter. ce qu'il a envie de dire au groupe. Avant de

pas-ser à l~in~érvenant suivant, il y a le jeu des questions-réponses-commentaires!

Tout pe'ut 'être dit, à condition ·d'attendre son tour de parole. En principe, on évite les règlements de compte qui ont un autre espace-temps.

Dans la pratique, ce sont toujours les mêmes qui ont quelque chose à dire, et les mêmes qui ne demandent jamais la parole. C'est une banalité. Ca ne vaudrait même pas la peine de l'énoncer, si ce n'est le fait que certains enfants ne se sentent absolument pas concernés par ce moment de parole libre me dérange.

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-Qu'y a-t' il derrière le "Je n'ai rien à dire" ? un refus de s'impliquer ? le

"vide intérieur", le "pas soif de vivre"? .•• Dis, Mathieu, qu'est-ce que tu faisais quand ton baudet il avait pas soif? .••

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Le Cercle :

C'est un peu long, ici, de faire tout un topo sur le cercle. D'ailleurs, j'en ai causé plus en détail, i l y a quelques années dans un Chantiers dont je ne rappelle plus les références.

En gros, c'est une technique de parole, venue d'Outre-Atlantique, et encore très peu connue en France, Son fondement théorique se trouve dans l'analyse transac-tionnelle et sa pratique peut faire penser un observateur non avert~ à une séance de thérapie de groupe. En fait, il n'en est rien.

Le cercle est un moment de parole plus introspective, où chaque participant est invité (libre à lui de décliner l'invitation) à s'exprimer sur un thème proposé.

Aucune intervention autre qu'une demande de précision n'est permise. Le climat d'écoute doit être bon (écoute active, pas de moqueries ni de critiques) et ce qui se dit dans le cercle ne doit, sous aucun prétexte, sortir du cercle, sinon l'expression personnelle n'est plus possible.

Dans un second temps, ceux qui le veulent essaient de se rappeler ce que tel ou tel camarade a dit, jusqu'à ce que chacun de ceux qui se sont exprimés ait été répété. C'est un moment très gratifiant d'entendre que quelqu'un vous a bien écouté et est capable de redire en substance ce qu'on a dit. Par ailleurs, ceux qui ne veulent jamais se livrer prennent volontiers la parole lors de ce temps de "retour", ce qui leur permet de s'intégrer à leur manière dans le cercle.

Enfin, un cercle se termine toujours par un moment de synthèse, moment plus dif-ficile où il s'agit de s'é~ever au-dessus du premier jet et de dégager ce qu'on a appris sur soi et les autres par rapport au thème.

Le thème, tantôt proposé par moi, tantôt par les enfants, peut être un thème de conscience (ex.: une situation dans laquelle je me sens bien), de réalisation (J'ai réalisé un objet dont je suis fier), ou d'interaction sociale (une action de quelqu'un qui m'a mis mal à l'aise), jouer sur le registre des pensées, des sentiments ou des croyances. Les thèmes peuvent être positifs, négatifs, mitigés ...

Le but est toujours d'élever le niveau de conscience de l'enfant par rapport à lui-même, aux autres, au groupe et à l'aider à trouver en lui et dans les autres les cordes qui peuvent l'aider à se réaliser, le tout sur fond de respect de la différence de l'autre, respect d'autant plus nécessaire que cette différence est dite.

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Le conseil

Je m'etendrai moins puisqu'en principe tous les lecteurs de Chantiers connaissent et pratiquent le conseil et que, par ailleurs, à mon avis, le conseil est un peu hors sujet. C'est néanmoins un moment de parole, peut-être LE moment de paro-le, et à ce titre, je voudrais en dire quelques mots.

Dans mon fonctionnement actuel, le conseil a 3 fonctions et le temps du conseil est partagé en 3 parties en principe égales : la fonction "instituante et créati-ve" qui correspond au temps des propositions ; la fonction "régulation" qui cor-respond au temps des "critiques" et qui tourne parfois à un véritable tribunal de classe, et la fonction de "socialisation", lors du moment de révision des couleurs de comportement des candidats volontaires ou soumis à la critique sur leur incompétence momentanée à assumer les· devoirs en rapport avec leur couleur de comportement. Il manque la dimension "gestion du patrimoine coopératif" que J'ai, plusieurs fois, tenté d'introduire mais qui, pour l'instant, n'est gÙère investie par les enfants.

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répondre au nécessaire besoin de communiquer - développer les compétences à mieux s'exprimer,

éveiller la curiosité,·

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-c) Eveiller la curiosité :

Dans ma classe, j'ai un certain nombre de gamins qui n'ont pas faim, qui ne s'in-téressent à rien, du moins dont les intérêts, s'ils existent, m'échappent complè-tement. Parfois, ils réagissent à l'une ou l'autre prise de parole, lors de l'une ou 11 autre forme d'entretien. J'ai remarqué qu'ils étaient assez sensibles aux objets apportés et présentés par des camarades, aux textes lus, et qu'ils se manifestaient aux critiques formulées (rarement à leur encontre d'ailleurs lors des conseils, et au moment du "retour" dans le cercle, c'est-à-dire dans des situations relationnelles chargées affectivement.

Mais, pour ce qui est de la curiosité à l'environnement extérieur, à la vie, J'ai l'impression que les moments d'entretien ne font que relancer celle des enfants déjà curieux, ce qui n'est pas sans intérêt, mais ne me satisfait pas.

J'aurais encore beaucoup à dire sur le sujet, notamment en ce qui concerne les techniques d'animation, l'organisation spéciale, la fatigue d'écoute ••• mais il est temps pour moi de laisser la parole au suivant.

J'espère que toutes ces prises de parole sur l'entretien, susciteront des réactions, des cri tiques, des questions et des réponses, bref, un débat dans les boites aux lettres, et aussi les prochains numéros de Chantiers.

BIBLIOGRAPHIE

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