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et pragmatique comme obstacle à la connaissance scientifique

Dans le document LA FORMATION (Page 96-112)

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Nous avons étudié la fonction généralisante et ses dangers à propos d'expériences ou d'intuitions aussi bien définies que, possible, comme la coagulation, la fermentation, la fonction toute mécanique de l'épon-ge. Mais on peut saisir la séduction de généralités bien plus vastes.

Alors il s'agit, non plus de pensée empirique, mais vraiment de pensée philosophique. Alors une douce léthargie immobilise l'expérience ; toutes les questions s'apaisent dans une vaste Weltanschauung ; toutes les difficultés se résolvent devant une vision générale du monde, par simple référence à un principe général de la Nature. C'est ainsi qu'au XVIIIe siècle, l'idée d'une Nature homogène, harmonique, tutélaire efface toutes les singularités, toutes les contradictions, toutes les hosti-lités de l'expérience. Nous allons montrer qu'une telle généralité - et des généralités connexes - sont, en fait, des obstacles à la pensée scientifique. Nous n'y consacrerons que quelques pages car la preuve

est facile. En particulier, pou, ne pas allonger excessivement notre ou-vrage, nous renoncerons à citer les écrivains et les philosophes. Par exemple, une étude un peu fouillée pourrait montrer que l’œuvre de Bernardin de Saint-Pierre est une longue parodie de la pensée scienti-fique. Il y aurait aussi beaucoup à reprendre à une physique comme celle sur laquelle s'appuie la philosophie de Schelling. Mais de tels auteurs, en deçà ou au delà de la pensée scientifique ont peu d'influen-ce sur l'évolution de la connaissand'influen-ce objective.

L'aspect littéraire est cependant un signe important, souvent un mauvais signe, des livres préscientifiques. À une harmonie [84] à grands traits s'associe une grandiloquence que nous devons caractéri-ser et qui doit attirer l'attention du psychanalyste. C'est en effet la marque indéniable d'une valorisation abusive. Nous n'en donnerons toutefois que quelques exemples, car les pages qu'elle touche sont parmi les plus ennuyeuses et les plus inutiles que les « Physiciens » aient écrites.

Dans un livre écrit sous forme de lettres familières, un auteur in-connu commence en ces termes son Planétaire ou abrégé de l'histoire du Ciel : « Est-ce prendre un vol trop hardi que d'oser s'élever jus-qu'au plafond céleste ? Et m'accusera-t-on de témérité, de vouloir en-treprendre l'examen de ces flambeaux qui paraissent attachés à la voû-te du firmament ? » Le même auvoû-teur, dans sa 29e lettre, aborde ainsi l'étude de la Lumière. « Quelle sublimité dans les paroles dont Moyse s'est servi pour nous transmettre la volonté de Dieu : Fiat lux, et jacta est, nul intervalle entre la pensée et l'action... Cette Expression est si merveilleuse, et si divine, qu'elle élève l'âme autant qu'elle la saisit de respect et d'admiration... C'est de ce fluide si précieux, de cet Astre lumineux, de cet élément qui éclaire l'univers, de la lumière enfin, qu'il faut traiter, en chercher les causes, et en démontrer les effets. »

Même admiration religieuse dans le Discours de 105 pages qui sert d'introduction à la Physique générale et particulière du Comte de La Cépède 55

55 DE LA CÉPÈDE, loc. cit., p. 12

. « Nous avons considéré la lumière, cet être qui chaque jour paraît produire de nouveau l'univers à nos yeux, et nous retrace l'image de la création. » On peut d'ailleurs saisir ce qu'il y a de peu

objectif dans cette admiration. En effet, si l'on écartait les valeurs in-conscientes qui viennent chaque matin réconforter le cœur de l'homme abîmé. dans la nuit, on trouverait bien pauvre, bien peu suggestive, cette « image de la création » qu'offre une aurore radieuse. Après un effort d'analyse, le Comte de la Cépède nous promet une synthèse émouvante (p. 17), « Nous avons assez examiné séparément les diver-ses parties qui forment le squelette de la nature ; réunissons ces par-ties, revêtons-les de leur brillante parure, et composons-en ce corps immense, animé, parfait, qui constitue proprement cette nature puis-sante. Quel spectacle magnifique s'étale à nos yeux ! Nous voyons l'univers se déployer et s'étendre ; une foule innombrable de globes lumineux par eux-mêmes y rayonnent avec splendeur... » Quand une admiration similaire anime une plume vraiment littéraire, on en reçoit tout de même une confidence à la fois plus intime et plus discrète.

Alors c'est moins le spectacle admirable [85] que l'homme admirant qu'on admire et qu'on aime. Au seuil d'une étude psychologique, avant que s'engage le roman, avant la confidence du cœur, il se peut qu'un paysage prépare un état d'âme, serve à établir un lien symbolique de l’œuvre au lecteur. Au seuil d'une Physique, de tels élans admiratifs, s'ils étaient efficaces, ne pourraient que préparer des valorisations nui-sibles. Toutes ces parades littéraires ne peuvent conduire qu'à des, dé-sillusions.

Sans doute, tout auteur est animé par le désir de valoriser le sujet qu'il a choisi. Il veut montrer, dès sa préface, qu'il tient un sujet. Mais les procédés de valorisation actuelle, pour répréhensibles qu'ils soient, sont plus discrets ; ils sont reliés étroitement au contenu de l'ouvrage.

On n'oserait plus dire, comme C. de la Chambre, que le sujet traité La Lumière va trouver son application dans la lumière de l'esprit, celle de l'honneur, du mérite, de la vertu. On écarterait des arguments comme ceux-ci 56

56 DE LA CHAMBRE, Conseiller du Roi en ses cor cils et son 1-1 médecin or-dinaire, La lumière, Paris. 1662.

(Avant-Propos, III) : « La lumière anime et réjouit toute la Nature, et où elle n'est pas, il n'y a point de joie, de force, ni de vie, ce n'est qu'horreur, que faiblesse, que néant. La lumière est donc la seule de toutes les créatures sensibles qui est la plus semblable et la plus conforme à la Divinité. »

Ce besoin d'élever les sujets est en rapport avec un Idéal de perfec-tion accordé aux phénomènes. Nos remarques sont donc moins su-perficielles qu'elles ne le paraissent, car la perfection va servir d'indice et de preuve pour l'étude des phénomènes physiques. Par exemple, pour trouver l'essence de la lumière, C. de la Chambre pose la ques-tion suivante (p. 99) : « Voyons donc si nous pourrons découvrir une chose qui éblouit l'esprit autant que les yeux ». Ainsi, il s'agit de pla-cer la lumière sur une échelle de perfection qui va de la matière à Dieu, de l'ouvrage à l'ouvrier. Parfois, il est bien sensible que la valeur trouble la table de présence : ainsi notre auteur se refuse à établir un rapport quelconque entre les bois pourris qui brillent (par phosphores-cence) et les « substances si pures et si nobles comme sont les Étoi-les ». Par contre, C. de la Chambre parle « des anges... dont l'exten-sion a tant de rapport avec celle de la Lumière » (p. 301). L'idée de perfection sera souvent assez puissante pour contredire des intuitions familières et pour former obstacle à des recherches utiles (p. 230). « Si nous suivions les opinions communes, il nous faudrait ajouter ici que la Lumière s'affaiblit d'elle-même en s'éloignant du corps lumineux ; [86] qu'à l'exemple de toutes les autres qualités, elle perd peu à peu sa vertu dans les progrès qu'elle fait ; et que c'est là la véritable raison pour laquelle elle s'affaiblit et que même à la fin elle devient insensi-ble. Mais, quoi qu'il en soit des autres qualités, nous tenons pour cer-tain que la Lumière est d'une nature et d'un ordre si relevé au-dessus d'elles, qu'elle n'est sujette à aucune de leurs infirmités... (son) affai-blissement n'est qu'extérieur, et ne va pas jusqu'à l'essence et à la vertu intérieure de la Lumière. » On voit ici bien clairement l'influence sté-rilisante d'une valorisation irrégulière. Un fait physique aussi net que la décroissance de l'éclairement en raison inverse du carré des distan-ces à la source lumineuse est obscurci pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la pensée objective. On voit aussi que la perfection des phé-nomènes physiques est, pour l'esprit préscientifique, un principe fon-damental de l'explication. Bien entendu, on rattache souvent le princi-pe de cette princi-perfection à l'acte créateur (p. 105). « Nous pouvons conclure que cette première et toute puissante Parole, qui créa (la lu-mière) à la naissance du monde, fait encore à tous moments le même effet, et tire du néant cette Forme admirable pour l'introduire dans les corps qui sont disposés à la recevoir. »

Certaines doctrines sont tout entières solidaires d'une vole de per-fection. Ainsi Mme Hélène Metzger a montré d'une manière lumineu-se que l'Alchimie n'est concevable que si l'évolution des substances n'a lieu que dans un sens, dans le sens d'un achèvement, d'une purifi-cation, de la conquête d'une valeur 57

Dans toutes ces œuvres, l'idée de perfection n'est donc pas une va-leur qui vient s'ajouter, après coup, comme une considération philoso-phique élevée, à des conclusions tirées de l'expérience, elle est à la base de la pensée empirique, elle la dirige et elle la résume.

.

II

Pour l'esprit préscientifique, l'unité est un principe toujours désiré, toujours réalisé à bon marché. Il n'y faut qu'une majuscule. Les diver-ses activités naturelles deviennent ainsi des manifestations variées d'une seule et même Nature. On ne peut concevoir que l'expérience se contredise ou même qu'elle se compartimente. Ce qui est vrai du grand doit être vrai du petit et vice-versa. À [87] la moindre dualité, on soupçonne une erreur. Ce besoin d'unité pose une foule de faux problèmes. Par exemple, de Marivetz et Goussier s'inquiètent d'une dualité toute mécanique qu'on pourrait soupçonner à la base de leur cosmogonie. Comme ils réalisent en Dieu le premier mouvement de l'Univers, une objection se présente à leur esprit : L'impulsion premiè-re ne viendrait-elle pas s'ajouter, comme une sorte de création dyna-mique, au-dessus d'une création matérielle, de sorte qu'on aurait une création en deux temps : les choses d'abord, le mouvement ensuite, dualité qui, sans doute, est, à leurs yeux, une énormité. Ils prennent alors la peine de répondre « qu'ils n'ont point supposé que cet Ouvrier ait été obligé de frapper physiquement et mécaniquement ce ressort, c'est-à-dire le Soleil, par un choc imprimé, ou au centre de la masse, ou à tout autre point de cette masse, ou au centre et à tout autre point à

57 Mme Hélène METZGER, Les Concepts scientifiques, pp. 97-118.

la fois. Ils ont écrit, Dieu dit à ces corps de tourner sur leurs centres.

Or il n'y a ici rien d'inconcevable. Ils déduisent de cet ordre, dont l'exécution devient la loi unique de la Nature, tous les phénomènes des mouvements célestes ». L'unité a été bien vite réalisée, la dualité bien vite subtilisée ! Ce qui était inconcevable mécaniquement, par une action physique, devient ainsi concevable quand on le rattache à une action divine. Qui ne voit que la concevabilité a changé de domaine ? Un esprit moderne a rompu avec ce mythe de l'unité du concevable.

En particulier, il pense le problème théologique sur un plan différent du problème cosmologique.

On pourrait d'ailleurs écrire tout un livre en étudiant les oeuvres, encore nombreuses au XVIIIe siècle, où la Physique est associée à une Théologie, où la Genèse est considérée comme une Cosmogonie scientifique, où l'Histoire du Ciel est considérée « selon les idée des Poètes, des Philosophes et de Moïse ». Des livres comme celui de l'abbé Pluche, qui travaille sous cette inspiration, sont, au XVIIIe siè-cle, entre toutes les mains. Ils connaissent des rééditions jusqu'à la fin du siècle.

Sans nous étendre sur l'imprudence de telles pensées, essayons, d'un mot, de caractériser l'état d'âme de leurs auteurs. Ils ont à peine avancé une de ces hypothèses d'unification grandiose qu'ils font acte d'humilité intellectuelle, rappelant que les desseins de Dieu sont ca-chés. Mais cette humilité, qui s'exprime d'une manière si diserte et si tardive, voile mal une immodestie primitive. On retrouve toujours un orgueil à la base d'un savoir qui s'affirme général en dépassant l'expé-rience, en sortant du domaine d'expériences où il pourrait subir la contradiction.

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III

Mais revenons à des principes d'harmonie, en apparence plus près du ni onde objectif. Les historiens de la Chimie ont longuement étudié les théories qui, au moyen âge et à la Renaissance, ont été fondées sur de vastes analogies. En particulier Mme Metzger a réuni, dans dès li-vres pleins de documents, tout ce qui a égard aux analogies paracelsis-tes. Elle a montré qu'on posait une analogie entre les astres et les mé-taux, entre les métaux et les parties du corps. D'où une sorte de trian-gle universel qui unit le Ciel, la Terre et l'Homme. Sur ce triantrian-gle jouent des « correspondances » ultrabaudelairiennes où les rêveries préscientifiques se transposent sans fin. Cette trilogie est si convain-cante qu'on ose s'y fier pour le traitement des maladies 58

Il est facile de trouver des exemples où la croyance à cette unité harmonique du Monde conduit à poser une surdétermination bien ca-ractéristique de la mentalité préscientifique. L'Astrologie est un cas particulier de cette surdétermination. Fayol écrit en 1672

. « Pour cha-que maladie de l'homme, chacha-que désharmonie accidentelle d'un orga-ne, le remède approprié se trouve être le métal en rapport avec la pla-nète analogue à l'organe souffrant. » Est-il besoin d'ajouter que ces analogies ne favorisent aucune recherche ? Au contraire elles entraî-nent à des fuites de pensée ; elle empêche cette curiosité homogène qui donne la patience de suivre un ordre de faits bien défini. A tout moment les preuves sont transposées. On croyait faire de la Chimie dans le creux d'un flacon ; c'est le foie qui répond. On croyait aus-culter un malade ; c'est la conjonction d'un astre qui influe sur le dia-gnostic.

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58 Mme METZGER, Les Doctrines chimiques..., loc. cit., p. 104.

dans l'Harmonie Céleste : « Sans déroger à la sainte Providence, on dit que

59 Jean-Baptiste FAYOL, Prieur commendataire de Notre-Dame de Donges, L'harmonie céleste, Paris, 1672, pp. 81, 82.

les changements des Royaumes, et des Religions ne viennent que du changement des Planètes d'un lieu dans un autre, et que leur excentri-cité est la roue de fortune qui établit, augmente, ou diminue les États selon l'endroit du monde où elle commence ou finit... De sorte que par un calcul du mouvement du petit cercle qui emporte le centre de l'ex-centrique à l'entour de la circonférence, l'on pourrait connaître le temps précis de la ruine des Monarchies présentes. » La surdétermina-tion de l'Astrologie est telle que certains auteurs vont jusqu'à se servir d'une véritable réciproque pour inférer, en [89] partant de données humaines, des renseignements sur les corps célestes. Et il ne s'agit pas alors de signes, comme on le croit trop souvent quand on parle main-tenant d'Astrologie ; il s'agit d'action réelle, d'action matérielle. Clau-de Comiers 60

On pourrait donner des milliers d'exemples où intervient, comme pensée dirigeante, une incroyable surdétermination. Cette tendance est si nette qu'on pourrait dire : toute pensée non-scientifique est une pen-sée surdéterminée. Donnons un seul exemple

rappelle que Bodin, au second livre de son Théâtre de la Nature prétend que « les Comètes sont les âmes des Grands et Saints Personnages, lesquelles quittent la Terre, montent en triomphe dans le Firmament ; d'où s'ensuit que les Peuples abandonnés de ces belles âmes, qui apaisaient la colère de Dieu, souffrent la famine, sont affligés par les maladies contagieuses, et ressentent les malheurs des guerres civiles ».

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60 COMIERS, loc. cit., p. 31.

. « Le chat se sent de Saturne et de la Lune, il aime si fort l'herbe valériane que lorsqu'elle est cueillie sous la conjonction de ces deux Astres, elle assemble tous les chats à l'endroit où elle est. Il y a des gens qui soutiennent que cet animal est venimeux, et que son venin est au poil et à la tête : mais je ne le crois qu'à la tête, parce que ses esprits animaux qui croissent en pleine Lune, et diminuent en nouvelle, offensent en pleine Lune seu-lement, en sortant de ses yeux pont communiquer leur venin. Trois gouttes de sang d'un chat mâle, tiré d'une petite veine qui est sous la queue sont bonnes contre le mal caduc, sa chair ouvre les hémorroïdes et purge le sang mélancolique, son foie cuit et bu dans du vin avant l'accès, est utile à la fièvre quarte, et à la goutte, la graisse d'un chat

61 FAYOL, loc. cit., p. 292.

châtré ramollit, échauffe et dissipe les humeurs de la goutte, sa peau est fort bonne sur l'estomac, sur les articles, et sur les jointures, elle échauffe les parties affaiblies par les humeurs froides, son excrément fait croître les cheveux. Celui qui porte l'herbe valériane sur soi peut emporter tel chat qu'il voudra sans appréhension. Cet animal se guérit les yeux par l'usage de la valériane. » Nous avons rapporté cette lon-gue et ridicule page dans la Seule vue de montrer avec quel laisser aller l'on juxtapose les propriétés les plus hétéroclites, l'une détermi-nant l'autre. Alors tout est cause de tout. On nous accusera sans doute de triompher bien facilement en étalant une telle vésanie. En fait, .toutes les fois que nous avons cité des pages comme celle-là à des médecins à des historiens de la science, on nous a répondu, avec [90]

quelque mauvaise humeur, que de telles pages n'entachaient nullement des doctrines purement cliniques et que tel grand médecin des siècles passés était évidemment libéré de semblables préjugés. Mais la méde-cine, répondions-nous, est-elle pratiquée par les « grands médecins » ? Et si l'on veut juger des difficultés de la formation de l'esprit scientifi-que, ne doit-on pas scruter d'abord les esprits troubles en essayant de dessiner les limites de l'erreur et de la vérité ? Or il nous semble-très caractéristique qu'à l'époque préscientifique la surdétermination vien-ne masquer la détermination. Alors le vague en impose au précis.

Nous allons d'ailleurs plus loin, et nous croyons que c'est la surdé-termination qui a enseigné une désurdé-termination purement et simplement affirmée, sans qu'on se soit référé à des expériences. Ainsi, la déter-mination quantitative, si importante dans certaines philosophies, par exemple dans. la philosophie leibnizienne, est-elle mieux fondée que la détermination qualitative dont nous venons de voir les vagues arti-culations ? On nous répète qu'en soulevant un doigt, nous dérangeons le centre de gravité de la Terre, et que cette faible action détermine une réaction aux antipodes. Comme si le centre de gravité de la Terre, quand on la considère justement comme l'ensemble des atomes tout vibrants qui la constituent, était autre chose qu'un point statistique ! L'esprit philosophique est ainsi le jouet de l'absolu de la quantité comme l'esprit préscientifique est le jouet de l'absolu de la qualité. En fait, la science contemporaine s'instruit sur des systèmes isolés, sur des unités parcellaires. Elle sait, maintenir des systèmes isolés. En ce qui concerne les principes épistémologiques, la science contemporaine affirme que les quantités négligeables doivent être négligées. Il ne

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