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Présentation de la zone d’application : l’Yerres et son bassin-versant

PARTIE I CONTEXTE SCIENTIFIQUE ET OBJET DE L’ÉTUDE

CHAPITRE 3 : ÉLABORATION D’UN PROJET, MOYENS DE SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DE

3.4. Présentation de la zone d’application : l’Yerres et son bassin-versant

Unités de relief et hydrographie 3.4.1.

Le bassin-versant de l’Yerres se situe au centre du bassin Seine-Normandie dans le quart sud-est de la région Île-de-France (Fig. 3.2). Il s’étend sur le rebord occidental du Plateau de Brie, et couvre au total une superficie d’environ 1030 km² sur trois départements : la Seine-et-Marne, qui occupe les deux tiers amont du bassin, l’Essonne et le Val-de-Marne à proximité de l’exutoire. La topographie de la vallée de l’Yerres distingue trois unités (Fig. 3.3) : 1) Le plateau aux surfaces relativement planes, légèrement incliné vers le S-SW, qui culmine dans sa partie orientale (tête de bassin) à des altitudes comprises entre 100 m et 150 m, et 80 m et 100 m dans sa partie orientale (exutoire) ; 2) des vallées peu profondes drainées par l’Yerres et ses affluents qui incisent (de 30 à 60 m) modérément le plateau. Les versants de la vallée de l’Yerres peuvent présenter de fortes pentes, particulièrement dans les concavités de méandres, de l’ordre de 28 % à Combs-la-Ville ou 30 % à Courtomer ; 3) quelques buttes persistent dans le paysage et dominent la surface du plateau, à l’image de la butte de Lumigny, qui culmine à 158 m (Fig. 3.3).

Fig0ure 3.2 : Localisation du bassin-versant de l’Yerres au sein du bassin Seine-Normandie.

L’Yerres, drain principal du bassin, est une rivière non domaniale, affluente de rive droite de la Seine, qui prend sa source à l’Étang de Guerlande près de Touquin (Seine-et-Marne), à 110 m d’altitude et, après un parcours de 88 km, se jette dans la Seine à Villeneuve-Saint-Georges (Val- de-Marne), à une altitude de 31 m. L’Yerres s’écoule suivant la pente du Plateau de Brie, globalement de l’est vers l’ouest et se caractérise par une modification de son style fluvial entre un amont où la rivière suit un tracé subrectiligne dans une vallée peu encaissée et un aval où l’Yerres suit un tracé méandriforme dans une vallée à fond plat, plus fortement encaissée.

Figure 3.3 : Le bassin-versant de l’Yerres.

Cadre structural, géomorphologique et hydrologique 3.4.2.

Le cadre géologique du bassin-versant de l’Yerres s’inscrit dans celui plus global du centre du Bassin Parisien. Il est caractérisé par une succession de strates tertiaires observées de part et d’autre de la vallée en une structure monoclinale. La partie amont du bassin-versant s’inscrit dans les terrains marneux (marnes supra-gypseuses et marnes vertes), dont l’érosion est à l’origine d’un fort apport en éléments fins vers le réseau hydrographique, alors qu’en aval, l’Yerres s’écoule sur les calcaires de Champigny, qui constituent la véritable assise structurale du bassin dans laquelle l’Yerres s’est progressivement encaissée (Fig. 3.4). Le fond de vallée est tapissé d’alluvions quaternaires plus ou moins anciennes appartenant à un système de terrasses emboitées. L’emprise latérale de ces alluvions tend logiquement à s’étendre vers l’aval, et atteint une largeur maximum (environ 850 m) après la confluence du Réveillon. L’épaisseur de ces alluvions reste modeste, une dizaine de mètres au maximum à proximité de l’exutoire. Le contexte géologique influence directement l’hydrologie de l’Yerres et ses affluents : la partie médiane du bassin-versant, de l’aval de Courtomer à l’aval d’Évry-Grégy, où les cours d’eau s’écoulent sur des marnes qui ne sont plus assez épaisses pour conserver leur caractère imperméable et sur les calcaires karstifiés, est marquée par plusieurs secteurs de perte (infiltration). Plus en aval, à partir de Combs-la-Ville, sous l’effet de l’incision, le lit de l’Yerres rejoint le toit de la nappe des calcaires de Champigny qui réalimente dès lors la rivière (Fig. 3.5). Finalement, la pente moyenne de la rivière est faible (0,95 m/km), relativement homogène, et tout à fait comparable aux valeurs d’autres cours d’eau régionaux, comme l’Essonne (0,1 %), le Grand Morin (0,085 %) ou l’Orge (0,19 %).

Le régime hydrologique de l’Yerres est principalement dicté par un climat tempéré humide mais se trouve donc aussi localement influencé par le contexte hydrogéologique. Il se caractérise par des hautes eaux hivernales, des basses eaux estivales et un module annuel de 1,5 m3/s à Courtomer contre 4,5 m3/s à l’exutoire (Fig. 3.6). Les débits d’étiage sont faibles, tout particulièrement dans les secteurs d’infiltrations, cadres d’assecs estivaux fréquents, alors que les crues bénéficient notamment de l’apport des affluents dans la partie médiane du bassin-versant (Fig. 3.7).

Anthropisation 3.4.3.

La situation du bassin-versant de l’Yerres est tout à fait typique des espaces périurbains du Bassin Parisien, exposés aux fortes croissances démographiques et urbaines que connaît, depuis un siècle particulièrement, le centre de l’Ile de France. Le bassin-versant de l’Yerres est toutefois en situation d’interface entre un amont « seine-et-marnais » à dominante rurale, où l’Yerres présente un profil plutôt naturel, et un espace aval urbanisé (à partir des communes de Combs-la- Ville, Varennes-Jarcy, Périgny-sur-Yerres et Mandres-les-Roses), totalement intégré à l’agglomération parisienne, où l’Yerres est fortement artificialisée.

Cette artificialisation résulte d’une succession de modifications historiques du lit mineur ayant contribué à altérer toutes les dimensions de l’hydrosystème. 1) Le tracé en plan a été modifié par plusieurs opérations locales de rectification des chenaux ; 2) le profil transversal et la géométrie des berges font bien souvent l’objet de modifications profondes principalement dues à une urbanisation contiguë à l’Yerres ; 3) si la pente générale du lit de l’Yerres semble homogène, dans le détail, elle masque à l’aval une morphologie très irrégulière, « en marches d’escalier » (Fig. 3.8). Cette morphologie traduit directement la forte densité d’ouvrages transversaux qui se sont progressivement accumulés au fil des siècles. On recense 46 ouvrages sur les 26 derniers kilomètres du cours de l’Yerres, comprenant 28 déversoirs fixes (notamment situés au sein des mailles meunières), 9 vannages (intégrant principalement les ouvrages meuniers) et 9 ouvrages mobiles de régulation des débits. Ces ouvrages affectent différemment le milieu selon leurs caractéristiques propres (hauteur, largeur, localisation) et constituent pour la grande majorité d’entre eux un obstacle limitant les continuités écologique et sédimentaire.

Les pressions anthropiques sur l’hydrosystème sont particulièrement intéressantes et justifient l’intérêt que notre étude porte à ce bassin-versant. Cette dimension sociale force à prendre en compte les problématiques foncières et patrimoniales dans le cadre d’opérations de restauration. L’Yerres étant une rivière non-domaniale, ses berges et son lit appartiennent aux propriétaires riverains. Les réajustements morphologiques post-effacement du lit deviennent un élément capital à prendre en compte. De la même manière, la disparition d’un élément ancré dans le paysage depuis plusieurs décennies et les éventuels impacts de cet effacement sur des structures architecturales de valeur qui bordent l’Yerres (moulins, ponts, lavoirs…) ne peuvent être occultés.

Figure 3.6 : Débits moyens annuels (en m3/s) de l’Yerres pour trois stations débimétriques (données DIREN Ile-de- France, 2008 : séries 1983-2000 à Courtomer, 1984-1989 à Evry-Grégy, 1982-1988 à Yerres).

Figure 3.7 : Évolution des débits caractéristiques (Q1 Q2) de l'Yerres

0 2 4 6 8 10 12 Débit ( en m 3/s )

ÉVOLUTION DES DÉBITS MOYENS MENSUELS DE L'YERRES

Figure 3.8 : Profil en long du cours aval de l’Yerres et principaux ouvrages en travers.