• Aucun résultat trouvé

Différentes techniques existent pour injecter le signal de pompe dans la gaine. Le premier problème réside dans l’accès du signal à l’entrée de la fibre lorsque la fibre double gaine dopée est utilisée dans les amplificateurs optiques. Cette contrainte n’existe plus dans le cas d’un laser puisque généralement un miroir 100 % est placé à l’une des extrémités. Nous avons, tout d’abord, rappelé les contraintes liées au couplage, puis énuméré les différentes techniques actuellement utilisées commercialement ou au stade des études et développement.

Contraintes liées à l’injection dans une fibre double gaine :

Il est nécessaire de conserver une égalité entre le produit O.N fibre* largeur effective de la fibre et O.N diode * largeur d’émission de la diode. Cela signifie, en terme énergétique, que les quantités d’énergie lumineuse soient conservées (conservation du flux lumineux), et en terme géométrique que l’étendue du faisceau optique soit conservée. Cette égalité se transforme en inégalité car il est impossible d’effectuer cette conversion sans perte d’énergie ou perte d’étendue du faisceau. Le faisceau issu des diodes laser est elliptique c’est-à-dire que les largeurs de la tache de diffraction mesurées suivant deux axes perpendiculaires sont différentes. Il peut aussi souvent être astigmatique, c’est-à-dire que les distances focales sagittale et tangentielle sont différentes. Plutôt que le produit O.N diode * largeur d’émission de la diode, le produit des paramètres du faisceau (« beam parameter product ») est communément employé pour quantifier la qualité du faisceau. Il correspond au produit de l’angle d’émission du faisceau par la largeur totale du faisceau au waist. Un autre paramètre souvent utilisé est le paramètre de diffraction noté M2. Il est relié à la divergence θ0 et à la largeur du faisceau émis au waist W0 par la relation :

0 2

0 M 4λ πW

θ =

En limite de diffraction, un faisceau émis possède un paramètre M2 = 1. Revenons sur les caractéristiques des diodes laser.

Caractéristique des diodes lasers de faibles puissance (quelques 100 mW):

C’est dans les années 1980 que les technologies associées à ces diodes se développèrent fortement sous l’impulsion du marché des télécommunications et du stockage de données. Elles sont constituées d’une surface d’émission de l’ordre du µm (typiquement 1 µm * 3 µm). Le faisceau est de grande qualité (M² = 1,05 dans les deux plans perpendiculaires) c’est-à-dire que plus de 90 % de la puissance est comprise dans un mode fondamental gaussien. Le faisceau est elliptique mais non astigmate. Elles permettent des rendements de couplage de 75 % mais les puissances ne dépassent pas quelques 100 mW.

Caractéristique des diodes lasers de fortes puissances (1 W ou plus):

Afin d’augmenter la puissance des diodes, il est nécessaire de réduire la densité d’énergie dans la diode (typiquement de 1 à 10 MW/cm2) afin d’éviter les phénomènes de filamentation (dus au phénomène de saturation spatiale du gain ou SHB) ou de dommage aux facettes (dus à une trop grande réflectivité et à la qualité de surface). Pour pallier à ces problèmes, le concept de surface d’émission de grande taille (LOC : Large Optical Cavity) a été introduit récemment. L’épaisseur de la jonction ne pouvant être augmentée, c’est la largeur du guide qui est concernée. Les surfaces d’émission sont alors très dissymétriques. Les modes de propagation ne sont alors plus uniquement les modes d’Hermite Gauss, mais font apparaître des modes d’ordre supérieur. Cela conduit à l’apparition de lobes secondaires ne pouvant être couplés dans la fibre. Le lobe principal (couplé dans la fibre) garde cependant un profil pratiquement gaussien. Les dimensions de la surface d’émission sont classiquement de 50 à 200 µm dans le plan de la couche active à 1 ou 2 µm dans le plan perpendiculaire [62]. Les angles de diffraction en champ lointain présentent un fort astigmatisme. Ils vont de θy × θy = 10° × 26° à 10° × 40° . Le champ lointain est la transformée de Fourier du profil en champ proche. Cela signifie que le rapport des largeurs du faisceau est inversé par rapport à celui de la surface d’émission (Figure IV-11).

Figure IV-11 : Diffraction du champ proche vers le champ lointain.

Des structures monolithiques plus complexes sont apparues en vue d’obtenir un faisceau de meilleure qualité [62] (Figure IV-1). Ainsi les diodes α-DBR et ARROW permettent toutes d’obtenir plus de 1 W. Cependant, de nombreux problèmes comme des instabilité de

Champ lointain Champ proche Guide en arête Couche active Facette clivée θy θx

puissance conduisirent à abandonner de telles structures au profit des diodes dite MOPA (« Master Oscillator Power Amplifier »). Celles-ci apparurent dans le milieu des années 1980. Le principe est d’utiliser une structure amplificatrice indépendante de l’oscillateur. L’aboutissement et la plus prometteuse est le laser à cavité évasé (« Tapered »), dans laquelle la structure devient monolithique.

Le laser à cavité instable (ou à cavité évasée) (LCI) [62]:

Une section monomode permet d’obtenir un faisceau quasiment gaussien. Un évasement

linéaire de 6 à 10° assure la diffraction libre de l’onde. La surface d’émission est de 3 µm×400 µm. Un effet laser s’établit entre la face avant et arrière du dispositif. Le mode de

sortie conserve son caractère gaussien. Le grand volume actif limite les effets non-linéaires du gain optique et les effets thermiques. Le rendement électro-optique est d’environ 27 % [79]. Le faisceau possède un astigmatisme et une ellipticité (10×30) nécessitant une optique de couplage adaptée (à trois lentilles). Des couplages de 60 % ont été obtenus à 1,48 µm dans une fibre monomode SMF28 [79, 58].

Enfin, l’utilisation de barrettes de diodes permet d’accroître considérablement la puissance de pompage [62]. Afin d’augmenter la puissance totale émise, tout en limitant la largeur de la surface d’émission à 200 µm, on multiplie le nombre de surfaces émettrices en les juxtaposant sur le même substrat. Des structures monolithiques jusqu’à 10 mm contenant de 20 à 70 diodes sont tout à fait courantes. Cela permet d’atteindre des puissances de 100 W. La technologie de fabrication est identique à celle des diodes classiques. Le problème majeur réside dans la dissipation thermique et la suppression des effets de couplages entre diodes élémentaires.

Chacune des diodes étant indépendantes, les faisceaux sont incohérents. Des optiques plus ou moins complexes existent mais, généralement, le couplage s’effectue dans une fibre multimode de grands diamètres (quelques millimètres). Notons qu’il existe aussi des barrettes de diodes laser à cavité évasée.

Tableau IV-1: Technologies associées aux diodes laser de puissance.

Deux solutions sont donc envisagées :

- Adapter le faisceau à la fibre existante en utilisant des optiques plus ou moins complexes.

- Adapter la fibre à la forme du faisceau. C’est l’origine de l’utilisation de fibres à gaine carrée ou rectangulaire et aux fibres double gaine.

Evidemment, les deux axes de recherche existent simultanément.

Technologie Premiers travaux Principaux résultats

MOPA SDL en 1992 1,1 W couplé à 980 nm (1995)

α DFB SDL en 1996 1 W à 980 nm (1996)

ROW-ARROW 1997

Laser à cavité instable (LCI)

MIT 1992 Alcatel 1996

0,7 W à 1,5 µm (1997) 1 W couplés à 1,5 µm (2000)