• Aucun résultat trouvé

D’INSTABILITE PERMANENTE

3.1. Présentation générale de l’Afrique Centrale

Avant de parler de l’Afrique Centrale, il est important de distinguer deux termes qui sont parfois

confondus : « La Région des grands lacs » et « l’Afrique Centrale ».

Le terme « Région des grands lacs » désigne les quatre pays qui bordent les grands lacs

d’Afrique de l’Est (lac Albert et le lac Victoria au nord et nord-est) et la partie septentrionale

du lac Tanganyika au sud. Elle comprend la République Démocratique du Congo, le Burundi,

le Rwanda et l’Ouganda. Certains y rejoignent la Tanzanie et le Kenya qui bordent le lac

Victoria, de même que la Zambie et la Malawi situés autour du lac Malawi. Le terme «

grands-lacs » tire ce nom de la présence d’une succession de grands-lacs qui occupe la partie méridionale de

la vallée du grand rift qui sont : le lac Victoria, le lac Kyoga, le lac Albert, le lac Edouard, le lac

62

Carte de la région des grands-lacs

L’Afrique Centrale quant à elle, est l’ensemble des pays se trouvant au centre de l’Afrique, au

sud du Sahara. C’est-à-dire les pays qui se situent à l’Est de l’Afrique de l’Ouest et à l’ouest de

l’Afrique de l’Est. D’après la définition de l’ONU, l’Afrique Centrale comprend l’Angola, le

63

Congo, la République Démocratique du Congo, le Sao Tomé-et-Principe et le Tchad. Les pays

de l’Afrique Australe comme la Zambie et le Malawi sont souvent considérés comme faisant

partie de l’Afrique Centrale. Quant au Rwanda et au Burundi, qui font partie de l’Afrique de

l’Est, ils sont parfois aussi considérés comme appartenant à l’Afrique Centrale. Notons que la

Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) regroupe les neufs pays

regroupés dans la définition de l’ONU plus le Soudan du Sud, le Rwanda et le Burundi.

En Afrique Centrale, comme dans l’ensemble du continent africain, les héritages coloniaux

marquent l’histoire contemporaine de leur histoire. Depuis la Conférence de Berlin en 1885, la

création des Etats qui n’a pas tenu compte des réalités socioculturelles a bouleversé, à des

degrés divers, les espaces et les sociétés africaines. L’Afrique Centrale présente de ce point de

vue des situations litigieuses, opposant en particulier l’immense Congo (77 fois la Belgique) et

les petits Etats de l’Afrique des Grands lacs, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, petits pays

pauvres et enclavés.

La pauvreté et l’enclavement de ces petits Etats fait qu’ils dépendent de leurs relations avec les

pays voisins et surtout trouvent une influence à l’Est de la RDC pour exploiter ses ressources

naturelles. Depuis cette création des Etats, la question de délimitation géographique se pose. A

l’image de la RDC, les pays de l’Afrique Centrale ont depuis longtemps eu des difficultés à

définir géographiquement l’espace auquel ils appartiennent et donc à se forger une identité

propre à leur région. Ici, nous définissons l’Afrique Centrale au sens de la Communauté

Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) regroupant 12 Etats membres (L’Angola,

le Burundi, le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la

Guinée Equatoriale, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe,

le Soudan du Sud et le Tchad). Ci-dessous, la carte de la Communauté Economique des Etats

64

récemment ne figure pas sur la carte. Cette communauté s’étend sur une superficie de 6,7

millions de km2 et comptait 185 millions d’habitants en 2017.

Carte des Etats membres de la CEEAC

Riche en matières premières (surtout en RDC : or, cobalt, diamant, coltan), ses immenses forêts

et ses abondantes terres arables et irrigables, le climat équatorial marqué par l’alternance entre

les saisons humides et les saisons sèches, l’Afrique Centrale renferme des ressources naturelles

pour l’agriculture, l’économie forestière et l’industrie agroalimentaire, ce qui engendre une

démographie extrêmement variable (de 27 habitants/km² en RDC à 500 habitants/km² au

65

du monde après l’Amazonie et détiennent d’importantes réserves d’eaux intérieures

renouvelables, estimées à 1715 km2, soit 44% des ressources en eau en Afrique.

Cette sous-région d’Afrique a été caractérisée depuis le tournant des indépendances

(1959-1962) par les massacres interethniques et aucun pays n’a été épargné. Les crises internes à tel

ou tel pays ont été exportées chez les voisins, créant un véritable système régional de guerre.

On assiste actuellement à une situation d’insécurité en Afrique Centrale, résultant en grande

partie des activités terroristes dans le bassin du lac Tchad (nord du Cameroun, ouest du Tchad,

sud-est du Niger, nord-est du Nigéria) et de plusieurs conflits autour du contrôle des richesses

naturelles, plus particulièrement en RDC ou de troubles postélectoraux, comme ce qui s’est

passé au Burundi en 2015.

La RDC, pays continent avec plus de 2,3 millions de km2 et quelques 250 groupes ethniques

répertoriés, est au cœur de la situation sécuritaire en Afrique Centrale. Grâce à ses richesses

considérables, le pays a été toujours convoité, autre fois par les puissances coloniales,

aujourd’hui par les Etats voisins. Le pillage des ressources naturelles est l’un des facteurs

majeurs de l’insécurité permanente liée à des conflits armés et d’une instabilité presque

permanente en RDC. Le lien entre richesse régionale ou nationale et la dynamique d’instabilité

a été clairement identifié par la résolution 1653 du Conseil de sécurité des Nations Unis sur la

situation dans la région des grands lacs. Le rapport du groupe d’experts des Nations-Unis sur

l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC du 12 Avril 2001 a également mis

66