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1.1. Une enquête par entretiens

Morcelé, local et conversationnel : l’espace public ainsi caractérisé reste à explorer, afin de comprendre ses structures et son fonctionnement, la manière dont circulent en son sein idées et nouvelles, les processus qui guident la construction-reconstruction permanente des opinions personnelles. À la suite de la lecture critique du concept d’espace public proposée en première partie, s’impose un travail de terrain destiné à mere au jour des formes d’apparition d’espaces publics partiels et/ou partiaux, situés dans l’articulation entre médias et conversation, accueillant et éventuellement structurant les éanges interindividuels. L’analyse de la circulation des idées et des liens entre presse et territoires emprunte en général deux voies, l’une étant parfois mise en relation avec l’autre. Il s’agit soit d’analyser le contenu de la presse, nationale ou régionale, spécialisée ou généraliste, dans une démare d’analyse de discours qui révèle des représentations plus ou moins partagées ; soit d’étudier ses modes de production, dans une approe socio-économique qui rend lisible les

lues entre acteurs et entre amps voisins (presse et politique, presse et science, presse et industries culturelles) et en tire des enseignements sur l’évolution et la conception des contenus. Dans le premier cas, on procède à un dépouillement en détail, selon les règles de l’analyse de contenu ou de la grille de lecture, d’articles oisis en fonction d’un thème particulier, de la publication qui les accueille et d’une période de référence 260. Dans le

second cas, l’ouverture de la « boîte noire » que constituent toutes les étapes aboutissant à la diffusion d’un produit médiatique (journal, émission de radio ou de télévision, site internet) passe notamment par des entretiens avec ceux qui participent à sa fabrication et sont donc considérés comme les médiateurs principaux de l’espace public, au premier rang desquels

journalistes et éditeurs 261. Ayant exploré la première voie pour mon DEA, consacré à une

analyse de contenu de la presse régionale bretonne, je ne souhaitais cependant pas m’engager dans la seconde pour la thèse. Non que je considère qu’interroger des journalistes et éditeurs de presse sur leur métier et les relations avec les différents milieux qu’ils côtoient au quotidien soit inutile en général, bien au contraire. C’eût été simplement inapproprié dans le cadre de la problématique du présent travail. Recueillir des données sur les intentions des acteurs qui font les journaux et leurs éventuelles difficultés à les traduire en termes de surface médiatique n’aurait en effet pas éclairé sur ce qui se joue à la lecture de la presse et, plus largement, sur le poids différencié de la presse et de la conversation dans la fabrique des opinions personnelles. Ce ne sont pas les médiateurs reconnus ou autoproclamés d’un espace public que l’on présuppose institué par la presse que nous avons

260. Deux exemples parmi d’autres de cee méthode qui peut donner d’excellents résultats : IDELSON Bernard, 1999, La presse quotidienne régionale, acteur social local. Analyse d’un discours de presse : le cas du

« otidien de La Réunion », 1976-1997, thèse de doctorat en SIC, qui analyse la couverture de trois

événements par le otidien de La Réunion pour montrer comment un journal peut être un acteur social ; CHAMPAGNE Patri et MARCHETTI Dominique, 1994, « L’information médicale sous contrainte. À propos du “scandale du sang contaminé” », où un seul thème est traité, mais à travers une large étude comprenant presse d’information nationale et régionale, magazines, émissions de télévision et de radio, entretiens. 261. Il ne s’agit ici bien sûr que d’un tableau simplifié des reeres actuelles sur la presse. Bien que

minoritaires, d’autres pistes sont explorées, parmi lesquelles on citera notamment les reeres en cours sur les enjeux contemporains du journalisme menées par le Réseau d’études sur le journalisme (hp://www.surlejournalisme.com) ; ainsi que d’importantes contributions sur le journalisme (RUELLAN Denis, 2007, Le journalisme ou le professionnalisme du flou), les quotidiens (MOUILLAUD Maurice et TÉTU Jean-François, 1989, Le Journal quotidien), la presse locale (DAMIAN Béatrice, RINGOOT Roselyne, THIERRY Daniel et RUELLAN Denis (dir.), 2001, Information.loc@l. Le paysage médiatique régional à l’ère

électronique ; RINGLET Gabriel, 1981, Le Mythe au milieu du village. Comprendre et analyser la presse

locale ; TÉTU Jean-François (dir.), 1995b, « L’espace public local et ses médiations »), ou encore les relations entre amp médiatique et amp politique (LE BOHEC Jacques, 1997, Les rapports presse-politique : mise

ici besoin de rencontrer, mais ceux qui sont les acteurs d’un espace public dont il s’agit de découvrir les structures et le fonctionnement au quotidien.

Dans cee optique, l’idéal aurait peut-être été de conduire une enquête par observation. Les méthodes ethnographiques ont ceci de précieux qu’elles permeent justement de s’approer au plus près du fonctionnement et de l’organisation des groupes humains. Cependant, l’objet se prêtait mal à ce type d’enquête. Observer un individu lisant son journal est difficile hors laboratoire, et certainement peu instructif en laboratoire. Observer les discussions familiales lors du dîner, les éanges informels entre collègues de travail et les conversations amicales au cours des rencontres de fin de semaine, qu’elles soient fortuites ou organisées, est certes possible. Mais conduire une enquête ethnographique permeant de réunir tous ces aspects, et de collecter suffisamment de données pour n’en extraire que celles qui ont trait à l’espace public était difficilement imaginable. Puisqu’il n’est guère envisageable de s’installer dans la cuisine d’une famille pendant plusieurs semaines et de suivre acun de ses membres dans ses diverses activités quotidiennes, il aurait fallu trouver un sujet-prétexte, qui permee de mener une enquête assez large (sur la vie d’un quartier, par exemple), et dont les à-côtés (les discussions de famille et de voisinage) auraient en fait constitué le matériau premier de la reere sur l’espace public. Mais à nouveau, des limites se seraient imposées (où est la place du travail dans la vie du quartier, comment accéder à ses lieux ?) dont le dépassement, s’il était possible dans ce cadre, aurait exigé du temps et des moyens dont je ne disposais pas. Restait les conversations de café, sur le maré hebdomadaire, voire lors de soirées entre amis, dont j’aurais pu peut-être me contenter. J’ai également renoncé à elles, pour deux raisons. La première est que ces conversations ne sont en quelque sorte pas assez quotidiennes en rapport à mon objet, ou du moins ne constituent que la partie émergée de l’iceberg du quotidien : leur éappent le foyer et le travail, inobservables par leur biais. La seconde raison est que la riesse du matériau recueilli ne rendaient pas indispensables ces observations, dont j’ai envisagé la réalisation jusqu’à un stade avancé du travail. Comme toujours dans un travail de reere, la méthode que j’ai oisie, celle des entretiens semi- dirigés, est donc le résultat de compromis. Elle est la plus adaptée à l’objectif de recueillir des éléments portant à la fois sur la réception des médias locaux et sur le rôle différencié des médias et de la conversation dans la constitution des opinions. Mais ses résultats sont évidemment tributaires de la situation artificielle que crée l’entretien et qui réside dans la

tension entre le « faire » et le « dire ce que l’on fait ». Ces inévitables limites sont toutefois prises en compte dans l’analyse des données ; en étudiant notamment aque situation particulière d’entretien, je tente d’en réduire autant que faire se peut les effets.

1.2. Corpus

a) Le terrain : le Pays de Saint-Brieuc

Le territoire étudié est le Pays de Saint-Brieuc. Le terme de « pays » n’a ici aucune connotation traditionaliste ou historique, mais renvoie aux « territoires de projets » définis par la loi du 25 juin 1999, dite « loi Voynet »  262. Un pays est un regroupement de

communautés de communes, territoire plus petit donc qu’un département et même qu’un arrondissement, et qui sert notamment d’interface entre les projets intercommunaux et les financements européens, gérant des sommes d’argent considérables sans être une véritable collectivité territoriale. Le découpage des pays est souvent présenté par leurs promoteurs comme le plus proe de la vie quotidienne des Français 263. Entre la commune et la

département, les pays constituent un compromis qui veut correspondre à l’éelle des déplacements domicile-travail, au premier réseau familial et de connaissances, aux lieux de sorties — l’expérience semble confirmer cee thèse, au moins dans le cas du Pays de Saint- Brieuc. Cependant leur fonctionnement baigne dans un flou certain. Tout d’abord, ils sont peu connus de la population, notamment parce qu’ils ne portent pas directement les projets, mais soutiennent les intercommunalités qui les élaborent. Ensuite, le mode de désignation de leurs élus pose question. Tous sont certes conseillers municipaux, mais leur place au sein de l’assemblée du pays ne doit plus grand-ose au suffrage universel direct : d’abord désignés par leurs pairs comme représentants de la commune à la communauté de communes, ils sont une seconde fois mandatés par l’intercommunalité pour la représenter au pays.

262. Loi nº99-533 du 25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire, texte initial en ligne (consulté le 15 juin 2010) : hp://www.legifrance.gouv.fr/affiTexte.do;? cidTexte=JORFTEXT000000760911&categorieLien=id.

263. La loi indique que « lorsqu’un territoire présente une cohésion géographique, culturelle, économique ou

sociale, il peut être reconnu à l’initiative de communes ou de leurs groupements comme ayant vocation à former un pays » (article 25). C’est le préfet qui « reconnaît » le pays.

Centré autour du ef-lieu des Côtes-d’Armor, sur la côte nord de la Bretagne, le Pays de Saint-Brieuc (voir Carte 1) correspond à la fois à mon lieu de résidence et à la zone de couverture du Penthièvre, l’hebdomadaire régional au sein duquel j’ai exercé quatre ans comme journaliste, précédemment à ma reprise d’études. C’est donc un territoire dont je connais les enjeux, l’histoire et les rapports de force au moment de l’enquête. Deux villes qui y appartiennent, Saint-Brieuc et intin, faisaient également partie du terrain de mon DEA, dans lequel j’interrogeais les différences entre le contenu de la presse régionale et la réalité de la vie de ses lecteurs 264, et dont les données d’analyse de contenu pourront être

confrontées à celles obtenues sur la réception des médias locaux.

Enfin, le Pays de Saint-Brieuc est situé en Bretagne, qui est depuis le début du XXe siècle

une des régions françaises d’élection pour la presse régionale. À cause du système des privilèges et de la censure, la presse de province est née assez tardivement en France, dans la seconde moitié du XIXe siècle. En Bretagne, où la ruralité domine plus longtemps que dans le

reste du pays, il faudra aendre cinquante ans de plus. Pourtant, Rennes semblait montrer l’exemple quand, à la fin de 1788, Volney y publie sa Sentinelle du peuple, considérée par les historiens comme « le précurseur de la presse révolutionnaire provinciale » 265. La Sentinelle

formule un programme politique plus qu’elle ne donne des informations ; dans ce domaine, elle précède même de plusieurs mois les célèbres journaux parisiens que sont L’Ami du

peuple de Marat ou Le Père Duêne d’Hébert. Mais cee feuille ne connaît que dix

numéros, avant que la production journalistique de la Bretagne ne se fasse oublier. Ce n’est pas qu’il n’y soit pas publié de journaux, mais plutôt qu’aucun, au cours du XIXe siècle, ne

parvienne à se maintenir suffisamment longtemps pour laisser des traces notables dans les livres d’histoire. Seule exception, Le Phare de la Loire, quotidien publié à Nantes à partir de 1852, et qui ne cessera de paraître qu’en 1944, interdit à la Libération pour s’être rallié à la politique du gouvernement de Viy pendant la Seconde Guerre mondiale. À partir du début du XXe siècle cependant, la tendance s’inverse et la Bretagne devient une des régions

où la presse est la plus dynamique. C’est dans le sud-ouest qu’ont été inventées les éditions locales, mais elles feront le succès de L’Ouest-Éclair, fondé à Rennes en 1899 par deux abbés

264. BALLARINI Loïc, 2005, Perspectives d’évolution de la presse locale à l’heure d’internet, mémoire de DEA sous la direction du professeur Jacques Guyot, Université Paris 8.

265. MARTIN Marc, 2002, La presse régionale. Des Affies aux grands quotidiens, p. 43. La Sentinelle du peuple est également mentionnée in JEANNENEY Jean-Noël, 1996, Une histoire des médias des origines à nos jours, p. 67.

républicains et dotés du sens des affaires, Trou et Crublet, et un jeune avocat qui fit le tour de Bretagne à bicyclee pour lever des fonds, Emmanuel Desgrées du Loû. Diffusé dans plusieurs départements, bénéficiaire dès 1910, L’Ouest-Éclair fait partie des quotidiens régionaux les plus influents à la veille de la Première Guerre mondiale. Ne cessant de progresser la paix revenue, il est en 1939 le plus fort tirage de la presse régionale avec 350 000 exemplaires quotidiens 266. Cee position n’a fait que se renforcer depuis et les

Bretons étaient, en 1992, les premiers lecteurs de quotidiens de France (61,7 % de lecteurs réguliers, loin devant les Alsaciens avec 55,4 % 267), une des raisons tenant dans

l’affrontement, sur une moitié de la région, entre Ouest-France et Le Télégramme. Les hebdomadaires y sont également bien, voire très bien implantés (7 titres pour 540 000 habitants en Côtes-d’Armor, dont un indépendant), sauf dans le Finistère où les quotidiens sont très largement dominateurs 268.

b) Le choix des enquêtés

Pour les raisons indiquées plus haut, j’ai fait le oix de ne pas interroger de journalistes ni d’éditeurs de presse. Les enquêtés sont donc des habitants du Pays de Saint- Brieuc de toutes origines et positions sociales, qu’ils soient lecteurs ou non de presse régionale. La constitution de l’éantillon s’est déroulée en deux étapes : établissement d’un contact, puis sélection des futurs enquêtés. La première phase a consisté dans l’envoi d’un questionnaire à 44 personnes du Pays de Saint-Brieuc. Il portait sur la relation de acun aux médias, en particulier locaux (habitudes de lecture, temps consacré, titres consultés, etc.), ainsi que sur le profil personnel, familial et professionnel 269. Le oix de ce premier

groupe de personnes s’est fait par relations. J’ai sollicité amis et connaissances, anciens collègues personnels et collègues de ma compagne, membres du club photo auquel j’appartiens, en tout 21 intermédiaires qui m’ont fourni une cinquantaine de contacts faisant partie de leur propre réseau de connaissances — étant entendu que je ne devais pas connaître moi-même ces personnes par avance. J’ai oisi ce mode pour ne pas être

266. MARTIN MARC, 2002, La presse régionale. Des Affies aux grands quotidiens, pp. 175, 229 et 233-234 ; et LEGUEN Marcel, 2002, Deux siècles de presse écrite en Bretagne, pp. 41-62.

267. MARTIN MARC, 2002, La presse régionale. Des Affies aux grands quotidiens, p. 402.

268. BUSSI Miel, DEBEAURIN Hélène, FREIRE-DIAZ Sylviano, 2001, « Presse locale et organisations territoriales : la Presse Hebdomadaire Régionale ».

dépendant d’une annonce qui n’aurait airé que des personnes se sentant déjà préoccupées par la question des médias. Le passage par une connaissance commune m’assurait également un accueil a priori bienveillant qui aurait été plus difficile à obtenir dans le cas d’un tirage aléatoire, sur annuaire par exemple.

Par contre, cee première étape pouvait conduire à un éantillon aux caractéristiques sociologiques trop homogènes. Or il s’agissait justement d’établir la concordance ou la divergence de pratiques au sein d’une population nécessairement diverse, dont l’éantillon se devait d’être le plus diversifié possible en termes de catégories socio-professionnelles, de lieu d’habitation et d’habitudes de lecture. Ce biais a pu être en grande partie évité grâce à deux dispositifs. Le premier était le oix délibéré, évoqué ci-dessus, de n’interroger que des relations indirectes, « au deuxième degré » en quelque sorte. La proximité des déterminants sociologiques entre les enquêtés potentiels et l’enquêteur, tout autant qu’entre les enquêtés eux-mêmes, incontournable dans le cas de relations directes, s’en trouvait ainsi aénuée, détournée par l’entremise de l’intermédiaire. La seconde manière de contourner ce biais passait par l’envoi d’un nombre de questionnaires supérieur au nombre d’entretiens projeté, permeant ainsi, grâce à la sélection des interviewés, de conserver la plus grande diversité possible à l’éantillon.

Sur les 44 questionnaires envoyés, 39 m’ont été retournés. Un s’est avéré inexploitable. 21 entretiens ont été réalisés après sélection, dont quatre en présence des deux membres du couple. Un enquêté ayant refusé d’être enregistré, l’éantillon final comporte donc 20 entretiens exploitables représentant 24 personnes (13 hommes et 11 femmes).

1.3. Construction et déroulement de l’enquête

a) Logique et hypothèses de recherche

Les questionnaires ont été envoyés en février et mars 2007, les entretiens ont eu lieu entre fin mars et début avril, ce qui correspond à la fin de la campagne pour l’élection présidentielle 270. Le oix de cee période, qui suscite des discussions et conduit acun à

prendre, sinon une position, du moins une décision conduisant à une action (voter ou non,

270. La campagne officielle avait commencé le 9 avril 2007. Les deux tours de l’élection avaient lieu les 22 avril et 6 mai ; le dernier entretien s’est tenu le 16 avril.

et si oui, pour qui), s’est imposé afin de disposer d’une porte d’entrée commune à tous pour les questions concernant la place de l’actualité dans les conversations et relations interpersonnelles, et pour aborder la construction des opinions personnelles. On sait l’importance de l’élection présidentielle dans la vie politique française. L’objectif n’était pas ici de répéter ce phénomène de magnétisme très puissant en conduisant une enquête sur les motivations du oix électoral, mais uniquement de disposer d’une entrée en matière permeant si besoin est de (re)lancer l’entretien pour ensuite envisager d’autres thématiques non strictement politiques.

La logique qui a guidé la préparation des entretiens, et les hypothèses qui la sous- tendent, que j’ai détaillées en introduction, sont le résultat du croisement de l’approe critique du concept d’espace public avec des observations et intuitions relevées au fil de ma pratique de journaliste. Reerer des indices d’apparition d’un espace public morcelé, local et conversationnel, qui viendraient remere en cause la conception normative de l’espace public habermassien fait surgir deux questions principales, où semble apparaître une tension entre les deux conceptions de l’espace public. La première de ces questions est : pourquoi lit-on le journal ? Cee question peut s’entendre de deux manières différentes et complémentaires, la première renvoyant aux motivations qui font qu’on lit tel titre plutôt que tel autre, la seconde ayant trait à ce que l’on ere, en termes de contenu, de ton ou de présentation, dans les pages du journal que l’on lit. Les deux dimensions questionnent le concept d’espace public. La vision habermassienne présuppose des réponses d’ordre rationnel, aque lecteur erant dans le journal des moyens de participer à l’éange d’arguments qui anime la sphère publique, et oisissant pour ce faire le titre qui lui paraît le plus approprié à ses intérêts et préoccupations. L’expérience, au contraire, suggère que l’on hérite ses habitudes de lecture de sa famille plutôt qu’on ne les définit soi-même, et que le contenu le plus reeré dans le journal est l’information pratique permeant d’agrémenter son emploi du temps ou d’effectuer telle ou telle démare en temps et en

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