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Chapitre 5 : Synthèses de résultats

5. Synthèses des résultats

5.2 Présentation des résultats

5.2.1 Développement des résultats en lien avec la question PICO

Ce point vise à déterminer, par le croisement des résultats, les avantages des soins palliatifs ainsi que l'existence de plus-values des directives anticipées. Ceci dans le but de répondre à la question de recherche de ce travail : « Quelle est la plus-value pour le rôle infirmier, au niveau du processus décisionnel et sur la qualité de vie et du mourir du patient, de la

présence des directives anticipées chez les patients atteints d’un cancer en phase palliative pris en charge à domicile ? ». Les principales notions relevées dans la littérature sont présentées ci-dessous.

Gestion des symptômes et qualité de vie

Bischoff & al. (2018) démontrent que les consultations ambulatoires sont souvent focalisées sur les symptômes graves qui sont souvent pénibles à vivre et prennent le dessus sur la planification préalable des soins qui est importante, mais moins urgente à cet instant. Cependant, Dyar, Lesperance, Shannon, Sloan & Colon-Otero (2012) ont démontré que l’introduction précoce des soins palliatifs améliore la qualité de vie en agissant sur l’état émotionnel et mental du patient, permettant ainsi de diminuer le sentiment d’abandon. Les résultats du travail de Chen & al. (2005) corrèlent avec l’étude précédente. Elle ajoute que la planification précoce des soins diminue les hospitalisations répétées et par conséquent les coûts de la santé. De plus, Ko & al. (2017) relève qu’une prise en charge adaptée avec des consultations régulières de soins palliatifs favorise les décès à domicile. Ferrell & al. (2015) ajoutent qu’une intervention interdisciplinaire en soins palliatifs permet non seulement d’améliorer la qualité de vie, la gestion des symptômes, de diminuer la détresse psychologique et augmente le taux de réalisation des directives anticipées.

Selon Aktas & Terzioglu (2015) la mise en place de soins à domicile avec un plan de soins et des visites infirmières impacte positivement la qualité de

vie. Ataman & Tugrul (2016) viennent confirmer les résultats de la précédente étude en ajoutant que les soins à domicile amènent à une meilleure gestion de la complexité des situations et une diminution des hospitalisations. Cependant, l’étude de Cornillon, Loiseau, Aublet-Cuvelier, & Guastella (2016) exprime que les consultations aux urgences des patients en phase terminale suivis à domicile sont souvent liées aux conséquences de la maladie, telles que l’isolement social, la baisse de l’état général ou encore la gestion de la douleur et peuvent donc être évitées par une meilleure gestion à domicile.

Impact des directives anticipées

Concernant les directives anticipées, l’étude de Bakitas & al. (2013) met en lumière que ces dernières augmentent le respect et l'autodétermination des bénéficiaires de soins concernant les choix de traitements et du lieu de décès souhaité. O’Connor & al. (2014) ajoutent que recevoir des informations sur les directives anticipées et sur les soins palliatifs augmentent leur taux de rédaction. Ainsi, cela favorise une meilleure qualité de la prise en charge et le respect des choix de fin de vie du patient. Rabow, McGowan, Small, Keyssar & Rugo (2019) confirment au travers des ateliers de groupe que l’information sur la planification préalable de soins favorise une meilleure compréhension de ces dernières et diminue les craintes et les incompréhensions sur les directives anticipées. En outre, la nécessité des directives anticipées a été prouvée dans l’étude de Dassel & al. (2018) en

démontrant que les choix de fin de vie varient selon l’individu et sa pathologie. Garrido & Prigerson (2014) renforcent ce postulat en exposant que les directives anticipées, la préparation des dispositifs de fin de vie et la transmission de l’information de l’état actuel de santé des patients vis-à-vis des proches permettent de mieux accueillir la mort pour tous les acteurs. En effet, la réduction des tensions, de la douleur et de la détresse psychologique favorise une bonne mort en appliquant les choix du patient. De plus, Smith (2017) a mis en place des simulations pour les soignants sur la thématique des directives anticipées. L’étude a prouvé les bienfaits des simulations par le renforcement des compétences à aborder la discussion des directives anticipées qui est un sujet souvent sensible.

Transition entre l’indépendance et la dépendance

Enfin, Eriksson, Andershed & Sköndal (2008) illustrent la difficulté qu’il peut exister dans la dépendance croissante aux soins. Ils démontrent le mouvement constant entre le besoin d’indépendance et de dépendance. Sensibilisant ainsi les proches et les soignants à comprendre les phases d’alternance entre les moments de répits, le besoin de se retrouver avec soi-même et les moments de dépendance avec le sentiment de sécurité et de reconnaissance. Ceci permet d’identifier et de répondre au mieux aux souhaits des patients.

5.2.2. Lien avec le cadre théorique

Le cadre théorique développé dans ce travail est la théorie d’une fin de vie paisible (Peaceful End of Life Theory) élaborée en 1998 par Ruland et Moore. Plusieurs corrélations ont été retrouvées entre les résultats des articles mobilisés et le cadre théorique.

En effet, dans plusieurs articles scientifiques, la notion de la gestion des symptômes et de la douleur a été identifiée comme ayant un impact sur la prise en charge. Elle peut être mise en lien avec le premier concept de la théorie « ne pas être dans la douleur » (Ruland & Moore 1998). Ce point et diverses études ont mis en évidence l’importance d’une prise en charge axée sur le vécu et le confort du patient, qui s’affilie au deuxième concept défini comme étant « l'expérience du confort » (Ruland & Moore 1998).

Les recherches ont démontré que les directives anticipées facilitent l’expérience de fin de vie par le respect des souhaits du patient et la considération de toute personne comme un être humain à part entière. Ceci est rencontré dans la théorie au travers du concept de « l’expérience de la dignité et du respect » (Ruland & Moore 1998). En outre, identifier les phases de transitions du passage de la phase d’indépendance à la phase de dépendance peuvent favoriser le bien-être du patient, qui s’associe avec le concept « d’être en paix » (Ruland & Moore 1998).

Le dernier concept de la théorie est « la proximité des proches » (Ruland & Moore 1998), celui-ci a été relevé dans plusieurs articles scientifiques. En effet, favoriser l’accompagnement des proches aidants, facilite le rapport à la

mort et la compréhension de ce que vit le patient et favorise ainsi la relation des proches avec le mourant.

Enfin, plusieurs auteurs de recherches scientifiques ont mis en évidence le concept de la qualité de vie comprenant l’accompagnement centré sur le patient et ses besoins en fin de vie. Les auteures de ce travail associent cette notion comme l’aboutissement de l’ensemble du cadre théorique de la fin de vie paisible (Ruland & Moore 1998).

En conclusion, le cadre théorique choisi permet de définir les différents postulats à considérer afin d’assurer la meilleure prise en charge possible pour permettre une fin de vie paisible.

5.3 Perspectives et propositions pour la pratique