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4. La méthode :

5.1 Présentation des participants

Nos participants, deux filles et quatre garçons, ont entre 12 et 18 ans et habitent tous dans le canton du Valais. Ils proviennent de pays différents (Moldavie, Afghanistan, Syrie et Erythrée) mais ont tous été intégrés dans le système scolaire au cycle 2 ou 3 au moment de leur arrivée en Suisse. Nous allons à présent décrire plus précisément leurs profils. Irina est une jeune femme de 18 ans, actuellement en première année du collège de St- Maurice, originaire de Moldavie, de confession orthodoxe et arrivée en Suisse il y a un peu plus de quatre ans. Irina pratiquait beaucoup la danse dans son pays d’origine mais a arrêté ce sport depuis son arrivée en Suisse car elle « [n’] aimait pas ici ». Elle fait tout de même un peu de gymnastique pour se détacher un peu de ses cours. Elle a une demi-sœur de trois ans qui est née de l’union entre sa mère et son beau-père (qui se sont mariés en Suisse). La mère d’Irina travaille dans une station-service, son diplôme de comptable n’étant pas reconnu en Suisse, et son beau-père est instructeur militaire. Son père biologique est décédé. Irina et sa mère n’ont pas gardé d’habitudes particulières de leur pays d’origine, bien qu’elles soient informées des fêtes et événements populaires de Moldavie… Irina parle russe avec sa mère et français avec son beau-père. Elle parle en revanche uniquement français avec ses amis. Elle ne participe pas à des événements culturels de son pays d’origine et dit ne pas connaitre de personnes moldaves ici en Suisse. Jamal est un garçon de 12 ans, actuellement en 8H, originaire d’Afghanistan et arrivé en Suisse il y a environ deux ans. Passionné de basketball et de football, Jamal ne fait pas encore partie d’un club dans son lieu d’habitation. Il a deux grandes sœurs âgées de 20 et 18 ans et n’a pas d’autres membres de sa famille en Suisse. Sa mère ne travaille pas et son père travaille actuellement au foyer de réfugiés. Il était maçon dans son pays d’origine. La famille de Jamal est musulmane mais lui ne pratique pas en raison de son jeune âge. Il affirme ne pas avoir gardé d’habitudes particulières de son pays d’origine. Il parle farsi à la maison et français avec ses amis. Il ne participe pas à des événements culturels de son pays d’origine.

Arman est un garçon afghan mais né en Iran de 13 ans, actuellement en 9CO et arrivé en Suisse il y a environ trois ans. Il fait partie d’une équipe de football dans son village et

32 s’entraine dans ce club deux fois par semaine. Il apprécie également la natation mais la pratique uniquement pour le plaisir. Arman a trois frères et quatre sœurs. Le plus jeune est âgé de deux ans et le plus âgé de 15 ans. Sa tante et ses deux enfants habitent en Suisse, dans le canton de Vaud, le reste de sa famille se trouve en Afghanistan. La mère d’Arman est mère au foyer et son père est maçon. Concernant la religion, Arman nous confie pratiquer la religion musulmane. Il n’a pas gardé d’habitudes de son pays d’origine mais parle pachto à la maison et jongle entre le farsi, le dari ou le français avec ses amis en fonction de leur origine.

Waffa est une fille âgée de 13 ans d’origine syrienne. Elle est actuellement en 9CO et est arrivée en Suisse il y a deux ans. Elle apprécie le tennis, la natation et « parler plusieurs langues ». Elle ne fait pas encore partie d’un club, mais participe avec l’école au sport scolaire facultatif. Waffa a deux petites sœurs (de 6 et 11 ans) et un grand frère, Hakim (15 ans), que nous avons également interrogé dans le cadre de notre recherche et que nous présenterons ci-dessous. Waffa a la chance d’avoir deux tantes et sa grand-mère en Suisse. Elle est de confession musulmane et pratiquante. Ses parents ne travaillent pas mais son père était militaire en Syrie. Waffa déclare avoir gardé énormément d’éléments culturels de son pays. Elle cite en particulier la religion (avec le mois du ramadan notamment), la façon de s’exprimer et l’habillement. Elle parle arabe avec sa famille et français avec ses amis. Elle affirme également participer à une fête annuelle organisée par la communauté kurde dans la salle communale de sa ville.

Hakim est un jeune homme syrien de 16 ans, arrivée en Suisse alors qu’il était âgé de 14 ans. Il est passionné de sport mais ne fait pas partie d’un club. Il a trois sœurs, dont Waffa que nous venons de présenter. Hakim affirme avoir gardé tous les éléments culturels de son pays d’origine en Suisse. Il souligne particulièrement la nourriture et la religion. Il explique lui aussi qu’il parle arabe à la maison et ajoute avoir surpris ses petites sœurs parler en français entre elles. Il parle arabe avec ses amis syriens et français avec les autres. Il participe lui aussi à la fête de Norouz (organisée par les kurdes) qui a été mentionnée précédemment par sa sœur Waffa.

Moussa est un garçon chrétien originaire d’Erythrée âgé de 12 ans et arrivé en Suisse il y a deux ans. Passionné par l’école et le football, Moussa fait partie d’une équipe dans son village. Il a quatre frères (dont un frère jumeau) et une sœur âgée entre 5 et 15 ans. Il n’a pas d’autres membres de sa famille en Suisse. Sa mère travaille au foyer et son père n’est « pas là ». Il confie également à son sujet : « Si je lui dis ‘’il est où mon père ?’’ ma maman elle pleure, j’sais pas… ». Moussa affirme ne pas avoir gardé d’habitudes ici en Suisse. Il essaie de parler français à la maison et si sa mère ne comprend pas, il parle sa langue, le tigrigna. Avec ses amis, il parle français. Il ne participe pas à des événements culturels de son pays d’origine.

En observant ces différents profils, nous remarquons que tous les élèves pratiquent une activité sportive durant leurs temps libres. Si certains la pratique de manière spontanée, d’autres font partie d’un club et ont des entrainements réguliers. C’est le cas de Arman et Moussa. Mignon (2000), dans son article, mentionne que la pratique d’un sport, quel qu’il soit, s’insère dans le processus d’intégration d’élèves issus de la migration. En effet, « le sport devient ainsi une des instances de socialisation où l’on apprend les valeurs de la collectivité, à travers la pratique et l’appartenance à une association » (p. 16-17). Par la possibilité de partager un loisir commun, le sport soutient l’intégration car c’est une pratique durant laquelle l’on devient « autre chose que le nouveau ou l’étranger » (p.17). Le sport se compare à une société miniature qui offre un aspect égalitaire et qui donne le droit à chacun de participer. Le sport participe également à la socialisation des élèves migrants grâce à l’apprentissage de règles à respecter, ce qui renvoie à l’apprentissage sous-jacent de la vie en collectivité. Enfin, Mignon (2000), parvient à établir un classement des sports les plus populaires chez les jeunes issus de la migration. Le football figure à la première place de son classement et nous remarquons que c’est également le cas dans notre

33 échantillon. Les quatre garçons que nous avons interrogés mentionnent le football dans leurs hobbies favoris.