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4. La méthode :

5.3 École

5.3.1 Parcours scolaire dans le pays d’origine

Les élèves ont eu des parcours scolaires antérieurs différents en raison des conditions du pays dans lequel ils vivaient. Irina raconte que sa scolarité s’est bien déroulée en Moldavie,

40 elle a atteint la septième année, ce qui correspond à la deuxième du cycle ici. Lorsque nous lui avons demandé si elle aimait l’école dans son pays d’origine elle répond :

Irina : « Oui j’aimais bien. J’aime le contact avec les gens du coup j’aimais bien l’école. J’avais des bons professeurs, ma classe elle était bien aussi, je m’entendais très bien. Oui c’était bien »

Elle trouve qu’elle apprenait bien dans son école et que le rythme était plus rapide qu’en Suisse. Elle n’avait pas de difficulté particulière, si ce n’est que l’histoire de la Moldavie ne l’intéressait pas énormément et que son enseignante leur donnait une charge énorme de travail.

Jamal raconte que sa scolarité s’est bien déroulée dans son pays d’origine. Il explique que cela est dû au fait qu’il maitrisait la langue d’enseignement. Il a atteint le niveau qui correspond à la 7H ici. Quand nous lui avons demandé s’il aimait son école il répond :

Jamal : « Mmmh… Non parce qu’il y avait pas beaucoup de matériel. Pour l’hiver, pour… matériel pour la classe c’était pas électrique. »

Le souvenir principal qu’il garde de son école en Afghanistan est ses amis. Enfin, il explique ne pas avoir rencontré de difficulté dans sa scolarité antérieure.

Arman, quant à lui, raconte qu’il a pu fréquenter une école « comme les autres » uniquement durant un an. Il a ensuite été transféré dans une autre école car il n’avait plus de passeport et qu’il y avait « beaucoup de problèmes ». La deuxième école qu’il a fréquentée avait des horaires limités et les classes comptaient beaucoup d’enfants. Ils y apprenaient uniquement à lire et à écrire. Il a suivi six ans d’école dans son pays d’origine. Enfin, lorsque nous lui demandons s’il aimait son école sa réponse est :

Arman : « Mmh non. Parce que… y avait des profs qui frappaient et tout genre si on savait pas un truc ou on faisait pas bien, si on savait pas faire ou autre chose si on faisait un truc faux direct ils frappaient ils expliquaient pas, ils disaient rien… »

Arman mentionne les mauvais traitements qu’il a pu subir de la part de ses enseignants, ce qui témoigne de la qualité discutable de l’enseignement dans son école. Il ne garde pas un très bon souvenir de sa scolarité en raison de cette problématique mais également à cause du manque de diversité des cours suivis. Il explique enfin avoir connu des difficultés en écriture et en math lors de son année dans l’école normale.

Waffa a un avis très tranché sur son parcours scolaire dans son pays d’origine. Lorsque nous lui demandons comment s’est déroulé sa scolarité en Syrie elle répond :

Waffa : « C’était n’importe comment. En plus moi j’étais petite j’ai fait que deux ans alors c’était n’importe comment et c’était pour juste dire que les enfants en Syrie ils vont à l’école mais c’était n’importe comment. Par exemple on reste quatre heures ou cinq heures de temps on fait rien des fois. Des fois y a pas des livres et y a pas assez de choses pour les profs [...] »

Ses propos témoignent de la désorganisation de l’enseignement en Syrie dû au climat instable et d’insécurité régnant dans ce pays. Elle garde tout de même un souvenir positif en évoquant les amis qu’elle s’est fait à l’école et les enseignants qui étaient sympathiques envers les élèves. Elle raconte avoir eu des difficultés en mathématiques et que ces dernières persistent encore à l’heure actuelle.

Hakim raconte que sa scolarité au niveau primaire s’est bien déroulée, la guerre ne s’étant pas encore déclarée en Syrie. Au niveau cycle en revanche, le climat s’est dégradé. Il explique que les enseignants avaient peur et que de nombreuses personnes avaient déjà quitté la Syrie (dont ses amis). Lorsque nous lui demandons pourquoi il appréciait l’école primaire en Syrie, il explique :

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Hakim : « Parce qu’en école primaire on était dans notre maison et c’était pas la guerre et les gens ils étaient pas peur et aussi c’était les cours bien parce que y a rien alors pour ça c’était l’école primaire très bien pour moi. »

Il ajoute avoir gardé un souvenir positif du moment où il prenait son diplôme à la fin de chaque année primaire réussie.

Enfin, Moussa nous a expliqué n’avoir jamais été à l’école dans son pays d’origine. Il a donc connu sa première rentrée scolaire lors de son intégration dans les classes suisses. Si nous comparons les parcours scolaires antérieurs de nos participants, nous remarquons que seul Irina a suivi une scolarité « normale » dans son pays d’origine. Elle a eu la chance d’aller tous les jours à l’école et d’y suivre un programme précis. Les professeurs qu’elle a connus étaient compétents et le rythme d’apprentissage y était soutenu. Tous les autres participants n’ont pas eu cette chance et ont eu une scolarité difficile ou perturbée en fonction de la situation politique et/ou économique du pays dans lequel ils se trouvaient. Moussa, en revanche, est le seul à n’être jamais allé à l’école avant son intégration dans les classes valaisannes. À ce propos Rigoni (2017), nous dit que « cette situation engendre des difficultés tant pour les élèves qui doivent prendre le temps d’acquérir des codes communs que pour les enseignants qui doivent orienter leurs apprentissages tant sur le savoir-être que sur les connaissances. » (p.45)