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2.1.1. Évaluation de la mémoire

Mémoire épisodique :

La mémoire épisodique a été évaluée par l'un des deux tests suivants : le California Verbal Learning Test ou CVLT (Poitrenaud et al., 2007 pour l'adaptation francaise), ou le RL/RI-16 (Van der Linden, 2004), anciennement Grober et Buschke (Grober et Buschke,1987).

Le CVLT évalue la mémoire épisodique. Il comprend plusieurs étapes : l’apprentissage en 5 essais d’une liste de courses comprenant 16 mots correspondant à 4 catégories sémantiques non explicites (absence d'organisation de la liste présentée au sujet), testé au moyen d’un rappel libre puis indicé ; l’apprentissage en un essai d’une autre liste interférente de 16 mots à rappeler librement ; le rappel différé de la première liste en rappels libre et indicé ; et une épreuve de reconnaissance à long terme. Ce test renseigne notamment sur l'organisation de l’apprentissage et la sensibilité à l'interférence.

Le RL/RI-16 évalue la mémoire épisodique. Il comprend plusieurs étapes : l'apprentissage de 16 mots, 4 par 4, avec facilitation de l'encodage par une catégorisation sémantique explicite, une tâche distractrice (comptage à rebours de 20 secondes) ; une procédure de rappel libre puis indicé, répétée 3 fois, et séparée par des tâches distractrices également ; une épreuve de reconnaissance des 16 mots parmi une liste de 32 mots ; et une procédure de rappel libre puis indicé en différé après 20 minutes. On obtient un score de rappel immédiat, trois scores de rappels libres, un score de rappel libre différé, à comparer avec les scores totaux en rappels indicés, et un score de reconnaissance. Ils permettent d'évaluer la qualité des processus d'encodage, stockage et récupération.

Si le CVLT était proposé dans le cadre du bilan neuropsychologique prévu par l'hôpital, nous avons alors utilisé ces résultats. Si, en revanche, ce n'était pas le cas, nous avons fait passer le RL/RI-16.

Evaluation écologique de la mémoire :

Le Rivermead Behavioural Memory Test ou RBMT (Wilson et al., 1985) vise à évaluer les troubles mnésiques dans la vie courante, au moyen de mises en situation comparables à celles que le sujet peut rencontrer dans son quotidien. Il teste les compétences en mémoire prospective (penser à

récupérer un objet personnel à la fin du bilan, ou à poser une question précise lorsque retentit une sonnerie), les connaissances épisodiques et sémantiques (questions personnelles et savoir général), et les nouveaux apprentissages (nom-visage, images, photographies, récit, parcours), testés en rappel immédiat et différé, et parfois en reconnaissance. Le score obtenu permet de définir un niveau de fonctionnement mnésique : « normal » (22-24), « mémoire pauvre » (17-21), « incapacité modérée » (10-16), « incapacité sévère » (0-9).

Mémoire de travail :

Les empans de chiffres endroit et envers en modalité auditive, tirés de l’Échelle clinique de Mémoire ou MEM-III (Weschler, 2001) permettent d'évaluer les capacités en mémoire de travail.

2.1.2. Évaluation des fonctions exécutives

Le test des Six Éléments (Shallice et Burgess, 1991) évalue les capacités de planification. Le sujet dispose de dix minutes pour réaliser trois taches, chacune comportant deux sous-parties. Il ne peut pas tout faire en dix minutes, mais doit effectuer un peu de chaque tache, en respectant certaines contraintes quant à leur enchainement. Il dispose d’une minuterie pour controler le temps qui lui reste. Pour la cotation de ce test, nous avons utilisé les normes du GREFEX (Roussel et Godefroy, 2008).

Les fluences litterale et categorielle permettent d’évaluer la flexibilité spontanée du sujet (Meulemans, 2008). Elles consistent à donner le plus de mots possibles commencant par une certaine lettre ou appartenant à une certaine catégorie pendant deux minutes. Pour la cotation de ce test, nous avons utilisé les normes du GREFEX (Roussel et Godefroy, 2008).

Le questionnaire dysexécutif ou DEX, issu de la batterie Behavioural Assessment of the Dysexecutive Syndrome ou BADS (Wilson et al., 1996), est composé de vingt propositions destinées à rendre compte des perturbations des fonctions exécutives telles qu’elles sont susceptibles d’apparaitre dans le quotidien des patients. Par exemple, à la question « J’ai des difficultés à penser à l’avance ou à planifier les choses pour le futur », les sujets répondent par «jamais», «occasionnellement», «quelquefois», «assez souvent » ou « très souvent », ce qui leur donne un score de 0 à 4. Il existe deux

versions de cette échelle : l’une est à remplir par le patient, l’autre par un proche. Leur confrontation permet d’apprécier la conscience qu’a le patient de ses troubles. Le questionnaire DEX ne prévoit pas d'évaluation prémorbide, mais présente en revanche l'avantage de demander peu de temps. Il n'existe pas de validation française de ce questionnaire, nous nous sommes donc appuyées sur les travaux concernant la version anglaise pour l'exploitation qualitative des réponses. Simblett et Bateman (2011) ont proposé de regrouper les items du questionnaire en trois sous-échelles : troubles de l'auto-régulation des comportements et des émotions (items 3, 7, 8, 10, 13, 14, 15 et 17), troubles de la métacognition (items 2, 5, 12, 16 et 20), troubles des aspects exécutifs de la cognition (items 1, 4, 6 et 18).

2.1.3. Évaluation de la mémoire prospective

Les tâches-cibles permettent l'évaluation écologique de la mémoire prospective. On propose au sujet, sur une période de une à deux semaines, dix tâches-cibles standard, répertoriées selon plusieurs critères : la condition event-based ou time-based, la durée de l'intervalle de performance, le contexte (présence ou non de l'examinateur), et l'exigence de la tâche concourante. Pour chaque tâche, un débriefing est proposé a posteriori. On note alors si la tâche a été accomplie avec succès (A), accomplie avec retard (AR), ou non accomplie (NA), et la stratégie utilisée par le patient (informations notées ou pas, sur quel support). On attribue 1 point dans le cas où la tâche a été accomplie et 0 si elle ne l'a pas été ou l'a été tardivement (NA ou AR). On attribue également 1 point à chacune des composantes rétrospective (CR) et prospective (CP) selon la performance du sujet pour chacune des tâches : s'il se souvient de ce qu'il devait faire, CR = 1 ; s'il se souvient, au moment opportun, qu'il avait quelque chose à faire, CP = 1. On obtient ainsi trois scores : un score général de réussite aux tâches-cibles (sur 10), un score pour la composante rétrospective (sur 10) et un score pour la composante prospective (sur 10). (Annexe 2, page A4)

Le CAPM est un questionnaire anglophone évaluant la mémoire prospective. Nous en avons utilisé l'adaptation francophone proposée par Potvin (2011). Ce questionnaire permet une auto-évaluation et une hétéro-évaluation sur 41 items concernant la mémoire prospective. Par exemple, à la question « Vous

(Lui) arrive-t-il d'oublier un changement à votre horaire habituel ? », le sujet (le proche) répond par « jamais », « rarement (1 fois/ mois), « occasionnellement (2-3 fois/mois) », « souvent (1 fois/semaine) » ou « très souvent (chaque jour) », ce qui leur donne un score de 1 à 5. Pour chacun des items, le patient et le proche évaluent la gêne occasionnée par la fréquence des oublis. ce avant et après l'accident. Il présente, de plus, l'avantage de permettre la comparaison au fonctionnement antérieur à la lésion. Il n'existe actuellement pas de validation française de ce questionnaire. Aussi, nous avons choisi de compléter l'évaluation qualitative par le calcul d'un score moyen (moyenne établie sur le nombre d'items renseignés).