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La présence de preuve de confirmation: la confession à Mr Big doit absolument être confirmée par des preuves distinctes, telles que des preuves physiques ou par la

4.4 L’avenir de la technique et les recommandations

5- La présence de preuve de confirmation: la confession à Mr Big doit absolument être confirmée par des preuves distinctes, telles que des preuves physiques ou par la

confirmation de «holdback evidence». La présence de ces preuves secondaires est primordiale pour réduire drastiquement toute forme d’argumentaire sur la validité de l’opération et des scénarios qui la composent.

Cette étude des scénarios d’opération Mr Big conclut que ces éléments sont les points centraux qui doivent être pris en compte par les policiers qui orchestrent ces opérations complexes que sont les opérations Mr Big.

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Conclusion

En conclusion, les opérations Mr Big sont les opérations d’infiltration les plus complexes ayant vu le jour au Canada. Cette technique créée par la Gendarmerie royale du Canada est la cible de plusieurs critiques depuis plusieurs années. Néanmoins, malgré la présence de ces critiques sur le sujet, peu d’études se sont penchées directement à la composition structurelle de ces opérations d’infiltration. En effet, il est tenu pour acquis par les chercheurs et les juges des instances juridiques de l’État que cette technique suit un chemin linéaire menant à la confession. Cette étude s’est donc penchée sur la composition de la structure de telles opérations et plus précisément sur les scénarios qui composent les opérations Mr Big pour mieux comprendre le chemin qui mène à la confession. Il en ressort que cette grande mise en scène est presque unique à chaque opération Mr Big et que le niveau de créativité des scripteurs des scénarios est particulièrement important. Chacun des scénarios, de la rencontre à la confession, est variable et est mis en place selon la réaction du suspect aux scénarios passés. Il est possible d’observer des tendances dans l’utilisation de certains scénarios et la présence de scénarios semblables d’une opération Mr Big à l’autre, mais il n’est pas possible d’affirmer que toutes les opérations Mr Big, via leurs scénarios, suivent un chemin unique. L’avancement de la cible au travers les étapes d’une opération Mr Big est le résultat de sa volonté guidée par les agents doubles.

L’éventail de scénarios possibles pouvant être utilisés par les agents doubles est large et offre des possibilités d’adaptation très importantes. Cette capacité d’adaptation au profil du suspect permet de tailler des opérations sur mesure pour des individus spécifiques. Cette caractéristique provient de la capacité des agents doubles à mettre en place des types de scénarios diversifiés selon l’objectif recherché. Subséquemment, aucune opération Mr Big n’interagit de la même façon avec la cible de l’opération. Contrairement à ce que certains juges et certains chercheurs affirment, les opérations Mr Big ne sont pas composées de scénarios statiques parcourant un chemin linéaire vers la confession, mais elles sont plutôt des opérations dynamiques qui bougent et évoluent selon les acteurs qui y participent. Les opérations Mr Big ont le potentiel d’offrir un éventail très large de scénarios ayant l’avantage de s’adapter à toutes les cibles possibles.

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Ainsi, malgré que le même scénario puisse être utilisé dans deux opérations Mr Big, celui-ci ne fournira pas les mêmes résultats, car le scénario en question et le choix des scénarios futurs seront impactés par la réponse au scénario actuel. De ce fait, les opérations Mr Big sont des phénomènes vivants qui s’adaptent en fonction de la cible afin de tirer un avantage maximal de chacun des scénarios et ainsi offrir une porte d’entrée aux agents doubles d’obtenir des aveux incriminants du suspect ou de confirmer qu’il ne s’agit pas de l’auteur du crime en question. C’est dans le but d’arriver à une telle conclusion que la présence de preuve physique ou de la confirmation d’informations connues uniquement de l’auteur du crime doivent être mise en évidence. La confession représente certes l’objectif de l’opération Mr Big, cependant, une telle confession ne détient que très peu de poids en l’absence de preuve permettant de corroborer les dires de la cible de l’opération. Ainsi, le point le plus important pour le succès véritable d’une opération Mr Big est d’obtenir des éléments de preuve qui permettent de conclure hors de tout doute raisonnable que la cible de l’opération est bel et bien l’auteur du crime pour lequel il est suspecté depuis si longtemps.

Finalement, il n’est actuellement pas possible d’offrir de conclusion claire sur les cas où la cible de l’opération Mr Big s’est vue exempter des soupçons pesant sur elle. En effet, les données actuelles sur cette partie du sujet ne sont que très peu disponibles. Nonobstant, la lecture des décisions écrites rendues par les différentes instances juridiques du Canada relativement aux opérations Mr Big a permis d’offrir des détails importants qui pavent la voie à de futures recherches sur l’efficacité de la technique Mr Big. L’arrêt R. c. Balbar, 2014 BCSC 2285 fournit un nombre important d’informations pertinentes sur l’efficacité de la technique. Cette décision écrite indique qu’en 2007, sur les dix-neuf (19) opérations Mr Big qui ont été enregistrées dans la province de la Colombie-Britannique, quatorze (14) ont été catégorisées comme des opérations à succès, alors que pour les cinq (5) autres opérations, le crime enquêté est resté dans la catégorie des «cold cases». Cette même décision écrite détaille que la cause de la non-résolution de ces cinq (5) crimes est l’absence d’intérêt de la cible à s’engager dans l’opération Mr Big ou un désistement en cours de route de la part de la cible. Ainsi, ces éléments soutiennent l’idée que la cible peut décider par elle-même de quitter le piège qui lui est tendu. L’élément le plus important est certes le fait que, sur les quatorze (14) opérations Mr Big

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mises en place, deux opérations Mr Big n’ont jamais mené à des accusations, car les policiers ont réussi à exonérer les suspects de tout soupçon. Malheureusement, ces données partielles ne permettent pas de porter une conclusion de qualité relativement à l’efficacité de la technique. D’autres recherches plus poussées sur le sujet sont nécessaires afin de répondre aux critiques sur les opérations Mr Big. Maintenant que les opérations Mr Big sont mieux connues, il sera possible de s’intéresser à leur efficacité comme technique d’enquête. Davantage de recherche sera nécessaire afin de répondre aux critiques et d’alimenter le débat sur le sujet.

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