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La présence de ces trois caravansérails dans la Homs des dernières décennies ottomanes, tous localisés dans les quartiers nord-ouest de la ville, marque le dynamisme économique de ce

lieu d’échange. Toutefois, le nombre de ces caravansérails dans la ville paraît infime en

comparaison avec les 229¿®n-s signalés pour Alep

91

et les 149 caravansérails damascains

92

. La

faible quantité de caravansérails est sans doute caractéristique de villes moyennes et petites.

En effet, dans ces bâtiments, «ples étrangers à la ville, en particulier les commerçants de

passage, [...] venaient s’établir dans les caravansérails comme dans des hôtels, et [...] y

disposaient à la fois d’écuries pour leurs animaux de transport, de magasin pour leurs

marchandises et de logements pour eux-mêmes

93

.p» À ces derniers, il faut ajouter des hôtels de

89

N. S. Zahr®w¬ et M. Al-Sib®‘¬, 1992, p.p32.

90

pN. S. Zahr®w¬ et M. Al-Sib®‘¬, 1992, p.p52.

91

pA. Raymond, 1985, p.p46. La faible quantité de caravansérails est sans doute caractéristique de villes moyennes

et petites.

92

pN.pQas®flil¬, 1986, p.p110.

93

pA. Raymond, 1985, p.p320.

type occidental nommés locanda

94

. D’après K. Baedecker, il existe «pdeux misérables locanda

où l’on est pas nourri

95

.p» Ces funduq-s pouvaient également accueillir annuellement les

pèlerins se rendant ou revenant de La Mecque. Ainsi, durant la période du pèlerinage, les

auberges et les ¿®n-s se remplissaient et les activités commerçantes homsiotes devaient se

multiplier. Mais après l’ouverture du canal de Suez en 1869, les pèlerins choisissent plutôt la

route maritime plus courte et plus sûre que la route terrestre passant par Homs et Damas

96

. À la

fin du siècle, les pèlerins de passage dans la ville sont moins nombreux.

• Un¿®n al-har¬r hors les murs.

Enfin, à ces¿®n-s il faut ajouter un édifice ayant la même architecture mais portant le

nom particulier de qayx®riyya

97

. En effet, N. S. Al-Zahr®w¬ mentionne la présence de ce

bâtiment dans une fiche descriptive d’un commerçant de la ville qui possède un atelier de

tissage d’«étoffe dont la chaîne est faite de fils de soie et dont la tramepest composée de fils de

soie et de fils d’or (nas¬™ al-maqxab)

98

p» situé juste en face de la «p qayx®riyyat al-har¬rp»

99

.

L’érudit homsiote semble distinguer le ¿®n de la qayxariyyap; en effet lors de la description

qu’il fait de la ville, il ne fait aucune allusion à ce caravansérail de la soie. Pourtant, il n’oublie

pas de signaler trois ¿®n-s

100

. De plus, il utilise précisément l’expression «p qayx®riyyat

al-har¬r

101

». Ce type d’édifice représente le deuxième centre économique de la villep; il s’agit

d’une «pconstruction fermée par les portes où étaient vendues les marchandises les plus

précieuses (en particulier les étoffes)

102

p».

Il faut ajouter que laqayx®riyya de Homs se situe, d’après N. S.pAl-Zahr®w¬, à l’extérieur

des murailles dans les‚q al-habb (marché aux grains) localisé juste au nord de la mosquée

94

pLocandap: «phôtelp; auberge, restaurant.p» In A. Barthélémy, 1935, p.p770. Voir égalementp: «p L‚kand®t Dima·qp»

in N.pQas®flil¬, 1986, p.p111.

95

pK.pBaedecker,1912, p.p363.

96

Pour Damas, sur ce même sujet, lire N.pQas®flil¬, 1986, p.p164-165.

97

N. S. Zahr®w¬ signale une qayx®riyya(ou caravansérail de la soie) située dans le s‚q al-habb. In N. S. Zahr®w¬,

1997, p.p188.

98

A. Barthélémy, 1935, p.p661.

99

N. S. Zahr®w¬, 1997, p.p188

100

N. S. Zahr®w¬ & M. Al-Sib®‘¬, 1992, p.p146-147 et p.p36-39.

101

N. S. Zahr®w¬, 1997, p.p188

N‚r¬ et non loin de B®b Al-S‚q

103

. Cette localisation qui paraît contradictoire si l’on considère

que les produits les plus précieux devaient être bien protégés et donc généralement entreposés à

l’intérieur de l’enceinte des villes et proches de la grande mosquée, a cependant été confirmée

par plusieurs chercheurs

104

. De plus, il faut rappeler que la mosquée principale de Homs se situe

à la lisière de la muraille et à l’entrée commerciale de la ville. Enfin, le choix de l’emplacement

de laqayx®riyya devient compréhensible lorsque l’on prend en compte, d’une part, le fait que la

soie grège est une production agricole venue à Homs des régions montagneuses alaouites

situées au nord-ouest de la villep; d’autre part, qu’après le développement de l’industrie du

textile par les Occidentaux, les soieries tissées localement sont principalement destinées à la

population rurale du district. À ce sujet, D. Chevallierpécrit : «p[L]a production marginale des

Alaouites persista par sa médiocrité même et garda un certain équilibre grâce à son débouché

intérieur, grâce aux courtiers de Homs et aux métiers à bras des villes syriennes. [...] À Homs,

l’activité d’un courtier du khân de la soie commence au petit jour, quand les paysans arrivent à

la ville. Son local se compose de deux petites pièces voûtées

105

.p» La qayx®riyya de Homs

représente ainsi le point de rencontre de la société rurale paysanne et du monde urbain de

l’artisanat.

L’ensemble de ces édifices commerciaux se situent tous dans les zones commerciales au

nord-ouest la ville, délimité par la rue Ab‚ Al-‘A‚f traversant la ville du nord au sud et reliant

la route de Hama à celle de Damas et par la rue Ab‚ Al- H‚f. Les commerçants étrangers

logeaient donc dans la zone marchande, mais à distance des quartiers résidentiels. L’étranger ne

pénétrait la ville que dans son espace économique.

Cette «pzone centrale des marchés est fortement liée à la mosquée principale

106

p», en

l’occurrence la mosquée Al-N‚r¬. Dans ce quartier foisonnent non seulement les édifices

103

Le marché des grains ou place des grains se transformera en s‚q al-d™a™(marché de la volaille). Ce dernier fut

dernièrement fermé suite aux menaces de la grippe aviaire en 2006.

104

N. S. Zahr®w¬, 1997, p.p188 et M.pAl-Dbiyat, 1995, p.p185.

105

D. Chevallier, 1982, p.p148-149.

monumentaux tels qu’unetakiyya, un hammam (hammam Al-—af¬r)

107

, la grande mosquée

108

,

mais aussi des boutiques de proximité tel un four juxtaposé à latakiyya ou des habitations (d®r)

ou encore des cafés, faisant pour certains partie duwaqf de la grande mosquéep: ©®mi‘

Al-N‚r¬

109

. Les administrateurs deswaqf sont chargés de la gestion de ces fondations et notamment

de leur entretien. Ainsi, à l’occasion du décès de l’employé chargé du curage du puit (mua‘zzil)

de la grande mosquée, M. Al-Makk¬ note dans la même phrase que ce dernier est

immédiatement remplacé par son fils

110

. L’entretien du puit se poursuit grâce à l’efficacité des

administrateurs du waqf

111

.pLes notables de la ville s’impliquent également dans

l’aménagement urbain par la constitution de fondations pieuses privées au bénéfice des