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Section I Revue des modèles théoriques existants

I.4. Prédiction du temps de recherche et de sélection dans une liste

Dans le même thème, nous trouvons des recherches et des études essayant de modéliser et calculer le temps de recherche dans un menu. Dans [Landauer 1985], l’auteur a conçu une

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étude empirique sur la recherche dans un menu, et a trouvé que la sélection d’une option peut être modélisée par la loi de Hick-Hyman et le temps de pointage par les lois de Fitts. De même, Cockburn et al, ont proposé dans [Cockburn 2007] un modèle prédictif de perfomance de la sélection dans un menu. Ce modèle incorpore en même temps les lois de Hick-Hyman et Fitts et intègre les transitions en fonction de l’expérience de l’utilisateur. En effet, un utilisateur expert n’examine plus tous les éléments du menu.

La sélection et la recherche d’une option dans un menu est différente de celle dans une liste de mots de prédiction. Le menu contient des items statiques qui ne changent pas durant l’interaction avec l’utilisateur, tandis qu’une liste de mots est dynamique. Cette dernière est mise à jour par le système de prédiction à chaque fois que l’utilisateur saisit une nouvelle lettre. Par conséquent, contrairement à un menu, l’utilisateur a besoin de plus de temps pour chercher un mot dans la liste en changement continu [Hornof 1997]. Le modèle de recherche et sélection dans un menu ne peut pas être utilisé directement dans l’évaluation de la liste de mots. Dans les travaux de [Koester 1994b], les chercheurs ont essayé d’étudier les performances d’un sujet utilisant une liste de prédiction pour trouver sous quelles conditions la prédiction de mot peut accélérer la vitesse de saisie. Ils ont trouvé que c’est la charge cognitive ajoutée lors d’une saisie avec une liste qui pénalise le gain de temps initialement obtenu par la réduction du nombre d’opérations. En effet, les utilisateurs, indépendamment de leur statut médical, passaient plusieurs centaines de millisecondes à chercher le mot dans la liste par rapport à la saisie à l’aide des caractères seuls. Ils ont indiqué que ce temps dit temps de recherche enferme aussi le temps de vérification du mot ou caractère choisi, le temps des mouvements des yeux et de la tête etc. Dans [Koester 1998], l’utilisation de la liste de prédiction dépend directement du temps de recherche. Le temps nécessaire pour générer un caractère est modélisé comme étant le nombre de recherches dans la liste multiplié par le temps de recherche, ajouté au nombre de frappes par caractère multiplié par le temps de frappe. D’où :

sec/car

Avec :

93  1-Ksav, le nombre de frappes par caractère

 ts, le temps de recherche  (tk)wp, le temps de frappe

Cependant, les recherches de Koester et al, se déroulaient sur des claviers physiques et non pas sur des claviers logiciels et des techniques de pointage. Les utilisateurs avaient à saisir des caractères sur un clavier standard et à séléctionner des mots dans la liste « logicielle ». Ils avaient à manipuler deux dispositifs différents et perdaient du temps entre ces deux dispositifs. Ce qui ne coïncide pas avec nos travaux de recherche.

Sad [Sad 2009b] a modélisé la recherche et la sélection d’un mot dans une liste. Il a tout d’abord construit un modèle KLM pour calculer le temps de sélection dans une liste. Ce temps est l’intervalle entre le clic du bouton « select » de l’interface et le clic ou la sélection du mot de la liste (cf.Figure 43). Ce temps est la somme de :

 temps d’exécution de l’opération mentale tM, avec une moyenne de 1.35 secondes ;

 temps d’exécution de l’opération de pointage tP, de 1.1 secondes en moyenne;

 et tK, le temps d’exécution du clic avec une valeur moyenne de 0.2 seconde.

Le temps de sélection proposé est alors de :

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Figure 43: Interface de sélection de mots dans une liste (repris de [Sad 2009a]).

Sad a aussi essayé de trouver une formule basée sur une étude empirique pour modéliser le temps de recherche dans une liste. Pour cela, il a mené une expérimentation avec des utilisateurs sélectionnant des mots dans une liste triée par ordre alphabétique et une autre dans une liste avec un ordre arbitraire. La liste contenait 20 mots dans les deux cas.

Après avoir mémorisé le mot à chercher, l’utilisateur appuie sur le bouton « Select ». La liste est alors affichée, le chronometer est déclenché et l’utilisateur cherche le mot dans la liste avec la possibilité de défilement si nécessaire. Le temps est arrêté quand l’utilisateur sélectionne le mot dans la liste. Les données récupérées sont le temps de sélection et la position du mot dans la liste. A partir de ces données, les chercheurs ont pu représenter ces résultats dans des équations linéaires de la forme :

b

n

a

T

Avec :

 T le temps moyen de sélection en millisecondes (ms) ;  a et b des constantes empiriques ;

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I.5. Synthèse

Les modèles que nous venons de présenter et qui traitent des listes de prédiction ne sont pas utilisables pour les claviers logiciels accompagnés d’une liste de prédiction. En effet, les travaux de Koester portent sur l’utilisation d’une liste de prédiction avec un clavier physique. Ceci est complètement différent de notre problématique car l’utilisateur a généralament deux dispositifs à manipuler : le clavier physique et la souris. Le fait de passer d’un dispositif à un autre représente déjà une perte de temps. De plus, le focus d’attention n’est pas le même : quand on utilise un clavier physique, on ne va pas forcément toujours regarder l’écran, à moins de connaitre parfaitement le clavier physique. Ainsi, les résultats trouvés par Koester et al. sont difficilement applicables à la problématique des claviers logiciels.

Les travaux de Sad et Poirier se limitent à une sélection dans une liste seule. Ils ne sont pas corrélés avec une saisie au clavier. L’attention portée par l’utilisateur sur la liste seule est differente que s’il saisit sur un clavier et sélectionne dans une liste. Si leur modèle permet de définir un temps de sélection d’un item dans la liste, il peut s’appliquer à notre cas, où un utilisateur saisit un mot au clavier logiciel couplé à une liste de prédiction. Cependant ce modèle ne prendrait pas bien en compte la transition entre la saisie au clavier et la sélection dans une liste, ce qui constitue un manque au modèle proposé. A noter encore que dans notre cas la liste est dépourvue de la possibilité de défilement. Tous les mots de la liste apparaissent dans une seule « fenêtre ».