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- Structure et déficit du budget des ménages

Chapitre 9 : Précarité en termes de logement

Le taux d‟occupation et la charge locative est un des indicateurs permettant de mesurer la précarité budgétaire des ménages et celle de leur condition d‟existence. Il est à noter que dans le cadre du présent travail, nous n‟avons pas pris en considération le confort des logements et les équipements qui y sont afférents pour indiquer les conditions des logements des personnes questionnées.

- Le taux d’occupation de logement très l’élevé indique la précarité dans les conditions d’existence.

Le taux d‟occupation de chacune des maisons habitées par des ménages pauvres est élevé aussi bien en milieu rural qu‟en milieu urbain.

Près de 40% des ménages enquêtés logent dans une pièce (cuisine non comprise).

Cette situation se traduit par une occupation excessive de la surface habitable pour cette catégorie de ménage.

En moyenne, les ménages qui occupent deux pièces représentent 40% environ des ménages enquêtés alors que ceux qui occupent plus de trois pièces en constituent 31,84%.

Les ménages très pauvres ont un taux d‟occupation des maisons très élevé. Ce sont les ménages à très faibles revenus qui enregistrent les fréquences les plus élevés d‟occupation de logement d‟une pièce et de deux pièces. La faiblesse de leur revenu ne leur permet pas d‟occuper des logements de plus de deux pièces.

Par rapport à la catégorie socioprofessionnelle, les cadres moyens et les cadres supérieurs logent dans des logements de plus de trois pièces. En effet, un cadre moyen sur deux en est concerné, contre trois cadres supérieurs sur quatre.

- Le type de logement : plus de la moitié des ménages pauvres sont propriétaires des maisons.

Le type de logement occupé par les ménages enquêtés est un indicateur de précarité en matière de logement: logement en location, logement de fonction et logement appartenant aux occupants.

La plupart de ceux qui louent des logements sont des individus vivant dans des centres urbains. Certaines populations urbaines à bas revenu habitant la ville d‟Antananarivo louent des chambres en mauvais état dans des quartiers insalubres.

Par contre, les ruraux logent en grande partie dans leurs propres maisons. Leurs maisons sont construites, soit avec des briques séchées au soleil, soit avec de la terre battue avec un toit en chaume. Ils utilisent des bougies et des lampes à pétrole, cause d‟incendie de temps à autre

Les familles rurales à revenu relativement élevé habitent dans des maisons construites en briques cuites, avec des toits en tôle. Leurs maisons sont relativement équipées de lecteurs vidéo, des lits, des chaises et des tables, des armoires, etc.

Plus de 50% des individus questionnés logent dans leurs propres maisons alors que 41,94% louent des logements.

76 - La charge locative varie selon le niveau de revenu des ménages et les conditions du logement.

Les informations recueillies lors de l‟enquête qualitative menée auprès de ceux qui louent des maisons ou d‟appartements ont pu révéler que l‟appréciation subjective des ménages portée sur le niveau de loyer est fonction de la charge locative, c‟est-à-dire la part du revenu du ménage affectée au paiement du loyer, du niveau de leur revenu, de la qualité et des conditions des maisons qu‟ils louent.

Les résultats de l‟enquête ont montré que 67,46% des individus questionnés déclarent que leurs charges locatives sont normales alors que 20% environ les considèrent trop élevées. Seulement 11,19% les déclarent peu élevées.

Par ailleurs, l‟appréciation subjective émise par les ménages très pauvres révèle que les charges locatives pèsent lourdement sur les dépenses des ménages très pauvres.

De plus, les informations recueillies indiquent que l‟importance de la charge locative et la difficulté financière rencontrée par les locataires sont des raisons du retard de versement du loyer. A ce sujet, dans la plupart des cas (94,74%), les bailleurs résilient les contrats de location.

Les ruraux interviewés se contentent de loger dans des maisons en terre et en toit de chaume qu'ils ont construites de leurs propres mains. Ils n'ont donc pas de contrainte pour le paiement mensuel de loyer.

77 PARTIE 4 : APPROCHE PAR LE VECU ET LES TRAJECTOIRES : PROCESSUS ET DYNAMIQUE DE L’EXCLUSION SOCIALE.

Dans un contexte socio-économique et politique précaire favorisant le processus d‟exclusion sociale, l‟utilisation complémentaire des données secondaires et empiriques est pertinente pour mieux cerner dans une perspective dynamique l‟ampleur de ce phénomène.

Dans ce volet qualitatif du travail, la dynamique et le processus d‟exclusion sociale est analysée, d‟une part selon les trajectoires et les différents cas de figures de marginalisation dans les domaines de la réinsertion sur le marché du travail et de la réintégration dans des réseaux de solidarité sociale et institutionnelle, et selon l‟expérience vécue des acteurs engagés dans tel processus, d‟autre part.

Ces trajectoires sont reconstituées à partir des discours-narratifs recueillis lors de deux enquêtes qualitatives effectuées auprès des familles et individus les plus démunis de la capitale en 2001 et en 2016. Elles ont permis de déceler les différentes figures de marginalisation sociale identifiées dans les discours des interviewés eux-mêmes.

Les trajectoires construites à partir des données collectées en 2001 concernent les familles sans abris de la capitale et certaines familles paysannes pauvres parmi les pauvres des Hauts-Plateaux de Madagascar.

Quant aux trajectoires élaborées sur la base d‟informations recueillies en 2016, elles présentent les différents itinéraires de vie des familles et individus de la capitale lourdement frappés par plusieurs facettes de précarités.

Bien qu‟incomparables avec le temps et le contexte, les trajectoires et les figures de marginalisation sociale élaborées respectivement en 2001 et en 2016 trouvent leur origine dans différents plans : intégration par le travail, intégration spatiale et résidentielle et intégration dans le réseau de sociabilité et de relation familiale.

L‟Analyse de l‟évolution de ce phénomène au fil du temps se fait en deux étapes : - Dans une première étape, chaque entretien conçu avec une grille, est analysé dans le but de reproduire la trajectoire de vie de l‟interviewé selon les différentes phases de vie qui précisent chaque changement de situation professionnelle, personnelle, culturelle, relationnelle et spatiale initiant une nouvelle phase ;

- Dans une deuxième étape, une analyse transversale des trajectoires construites va permettre de dégager des trajectoires types et des logiques communes de marginalisation sociale.

Le résultat d‟analyse a permis de confirmer l‟hypothèse du travail selon laquelle : l’exclusion sociale est un aspect extrême de la pauvreté vécu par des groupes de population frappés par un cumul de précarités d’emploi et de sociabilité qui n'ont qu’une marge de manœuvre très étroite pour s’en sortir. Elle est un processus interactif des marginalisations qui interviennent sur le plan d’intégration par le travail et sur le plan d’intégration dans le réseau de sociabilité.

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