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4-1- Les caractéristiques sociodémographiques des populations pauvres

- Les figures de la précarité économique et de la vulnérabilité sociale.

Dans ce travail, les deux principaux indices de la pauvreté, notamment l‟incidence de la pauvreté ou ratio de la pauvreté qui exprime la proportionde la population vivant en dessous du seuil monétaire calculé sur la base des données collectées, et l‟intensité de la pauvreté qui mesure l‟écart moyen entre la consommation des personnes vivant en dessous du seuil calculés sur la base de l‟indicateur de type FGT (Foster-Greer-Thorbecke) ne sont pas utilisés pour stratifier les populations pauvres. Et, ce en raison de l‟absence de base des données sur la distribution des revenus de la population-mère.

En effet, le manque des données consolidées sur les revenus des actifs occupés par le secteur formel, d‟une part et des difficultés sur la détermination des revenus monétaires des actifs exerçant des activités du secteur informel, d‟autre part pour construire une distribution de leur revenu et classer les pauvres par quartile par exemple (riche, moyennement riche, moyennement pauvre, très pauvre) s‟impose à nous d‟utiliser les observations effectuées sur le terrain et les analyses portant sur les sources et les niveaux de revenus, de formation et de densité de sociabilité des populations pauvres questionnées pour les stratifier ou les regrouper selon le degré de précarité économique et sociale.

Ainsi, quatre principaux groupes de populations à faibles revenus apparaissent selon les figures de précarité qui en sont associées, à savoir ; les ménages à l‟apogée de l‟exclusion sociale, les ménages extrêmement pauvres aux limites de l‟exclusion sociale, les ménages très exposés à la précarité économique et à la vulnérabilité sociale et les ménages moyennement pauvres moins exposés à la précarité économique et à la vulnérabilité sociale.

50 - Les ménages à l’apogée de l’exclusion sociale.

Les ménages qui se trouvent à l‟apogée de l‟exclusion sociale sont composés par des familles ou individus sans abris dénommée « 4'mi », soit d‟origine citadine, soit des migrants définitifs ou temporaires d‟origine paysanne. C‟est surtout dans l‟agglomération d‟Antananarivo qu‟apparait ce groupe de population.

Ce sont des êtres humains qui ne disposent ni de revenus réguliers, ni de logements fixes. Ils sont faciles à distinguer parce qu'ils logent dans des bidonvilles ou dans des assemblages fabriqués avec des sacs en plastique, des cartons et des morceaux de tissu, situés dans des endroits publics, notamment en bordure du chemin de fer et des routes, sous les tunnels ou derrière les murs de protection des bâtiments publics.

Certains habitent dans les marchés à ciel ouvert de la capitale. Ils se trouvent dans une situation d‟isolement social total et connaissent toutes les figures de l‟exclusion sociale.

- Les ménages extrêmement pauvres aux limites de l’exclusion sociale.

Les ménages extrêmement pauvres aux limites de l‟exclusion sociale sont des ménages qui ont des revenus ne leur permettant d‟acquérir qu‟une partie des besoins physiologiques alimentaires et non alimentaires. Ils ont dû réduire les consommations alimentaires pour pouvoir payer les dépenses physiologiques non alimentaires. Ils sont frappés par la précarité économique mais aussi de précarité de l‟emploi. Bon nombre d‟entre eux n‟ont pas terminé l‟école primaire.

La plupart d‟entre eux exercent des activités du secteur informel à rémunération dérisoire et à faible productivité. Ils habitent dans des quartiers insalubres et logent dans des maisons de mauvais état d‟une ou deux pièces. On y trouve des migrants saisonniers qui partagent les mêmes logements avec des amis pour repartir les dépenses du loyer.

Le taux d‟occupation de chacune des maisons habitées par ce groupe de ménages très pauvres est élevé aussi bien en milieu rural qu‟en milieu urbain.

On trouve également dans ce groupe de ménages très pauvres des individus ou des familles dans une situation d‟isolement social partiel. La plupart des individus dans ce groupe déclarent n‟avoir la possibilité de demander de l‟aide auprès de personne de confiance pour les aider en cas de difficultés financières aigues.

Seules les entraides lignagères dictées par les liens de parenté sont l‟unique possibilité de recours pour ce groupe de ménages lorsqu‟ils sont frappés par des événements difficiles dont la maladie grave.

La plupart d'entre eux sont des conducteurs de pousse-pousse, des traîneaux à roulettes et des charrettes à bras qu'ils louent auprès des propriétaires, des vendeurs ambulants de café et de fruits, des manutentionnaires sur les gares routières, des petits gargotiers.

Les autres sont des citadins qui exploitent des surfaces agricoles autour de la ville d‟Antananarivo. Leurs maisons sont construites sur les bordures de leurs exploitations ou sur les remblais des routes et sur des digues de protection. Ils vivent sous la menace de l'inondation pendant la période de pluie. Ils cultivent le riz et pratiquent également la culture maraîchère.

51 - Les ménages très exposés à la précarité économique et à la vulnérabilité sociale.

Ils cumulent moins de désavantages par rapport au groupe de ménages aux limites de l‟exclusion sociale. Mais dans le continuum de la pauvreté, ce groupe reste encore très exposé à la précarité économique, à la précarité de l‟emploi et à l‟exclusion sociale.

Ces ménages restent toujours dans une situation de précarité budgétaire et financière régulière.

Leur revenu très faible qui varie d‟un jour à l‟autre ne permet pas d‟assurer la subsistance familiale. Les chefs des ménages ont un niveau de formation très bas et sont donc classés dans la catégorie socioprofessionnelle de manœuvres, d‟employés, de travailleurs indépendants de petite taille, etc.

- Les ménages moyennement pauvres moins exposés à la précarité économique et à la vulnérabilité sociale.

Les ménages moyennement pauvres sont relativement moins exposés à la précarité économique et à la vulnérabilité sociale. Ils sont composés par des familles qui pratiquent des petits métiers indépendants stables à faible productivité, des actifs moyennement qualifiés qui travaillent dans le secteur formel. Ce sont des employés des entreprises privées, des agents publics à bas et à moyen échelon et des chefs de familles qui exploitent des petits commerces. Ils perçoivent des revenus mensuels réguliers légèrement inférieurs au seuil de pauvreté.

On trouve dans ce groupe des ménages des individus qui exercent des activités secondaires. Quelques uns disposent un réseau de sociabilité. Ils peuvent le mobiliser en cas de difficultés financières ou matérielles aigues.

Le tableau ci-après récapitule les différentes figures de la précarité économique et de la vulnérabilité sociale.

52 Tableau : Les figures de la précarité économique et de la vulnérabilité sociale.

FIGURES DE LA PRECARITE ECONOMIQUE ET DE LA VULNERABILITE SOCIALE Groupe 1 :

Les ménages à l’apogée de l’exclusion sociale.

Groupe 2 :

Les ménages extrêmement pauvres aux limites de l’exclusion sociale

 Ce sont des ménages et individus à très fable niveau de formation qui ne disposent ni de revenus réguliers, ni de logements fixes ;

 Ils sont faciles à distinguer parce qu'ils logent dans des bidonvilles ou dans des assemblages fabriqués avec des sacs en plastique ;

 Ils se trouvent dans une situation d‟isolement social total et connaissent toutes les figures de l‟exclusion sociale.

 Ce sont des ménages dont les revenus ne permettent d‟acquérir qu‟une faible partie des besoins physiologiques alimentaires et non alimentaires ;

 Ils sont lourdement frappés à la fois par la précarité économique la précarité de l‟emploi.

 Ils exercent des activités du secteur informel à faible rémunération. D‟autres exploitent des petits lopins de terrain souvent hérités ;

 Bon nombre d‟entre eux n‟ont pas terminé l‟école primaire ;

 Ils logent dans des maisons de deux pièces au maximum avec un taux d‟occupation très élevé ;

 Ils se trouvent dans une situation d‟isolement social partiel. Seules les entraides lignagères dictées par les liens de parenté sont l‟unique possibilité pour ce groupe de ménages en cas de difficultés aigues dont la maladie grave.

 Ils sont très exposés à la précarité économique, à la précarité de l‟emploi et à l‟exclusion sociale ;

 Leur revenu très instable ne permet pas d‟assurer régulièrement la subsistance familiale ; d‟ouvriers, de travailleurs indépendants de petite taille, de petits exploitants agricoles ;

 Certains ménages peuvent mobiliser les réseaux de sociabilité pendant la période difficile. légèrement inférieurs au seuil de pauvreté ;

 Ils occupent des logements de mauvaise condition ;

 Ils sont composés de ménages qui pratiquent des petits métiers indépendants stables mais à faible rémunération, de petits agriculteurs et d‟actifs moyennement qualifiés qui travaillent dans le secteur formel (employés des entreprises, agents publics à bas et à moyen échelon, etc.) ;

 On trouve dans ce groupe de ménages des individus qui exercent des activités secondaires pour arrondir la fin du mois ;

 Quelques uns disposent d‟un réseau de sociabilité qu‟ils peuvent mobiliser en cas de difficultés financières ou matérielles aigues.

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