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France : effet transitoire

ou recomposition durable

Introduction

Dans la deuxième partie de cette thèse nous fournirons tout un ensemble de données sur comment la recomposition sectorielle et générationnelle de l'économie rhônalpine a eu un effet sur les conditions d'emploi et sur la place qu'y jouent les groupes d'âge et les sexes dans les mutations des relations salariales. Pour l'instant, dans ce deuxième chapitre de la première partie, nous allons contextualiser notre objet d'étude dans des évolutions comparables en France. Notre objectif est, avant de passer à la partie la plus empirique de notre démonstration, d’analyser la littérature existante sur la problématique de cette thèse et sur les deux indicateurs les plus importants dans notre observation empirique : le salaire et la stabilité de l'emploi. La mise en relation de nombreuses études sur la place des jeunes, l’évolution des rémunérations et la déstabilisation des emplois nous donnera aussi des pistes (partielles, fragmentées et non complètes) pour faire une lecture croisée avec les résultats de notre analyse des DADS des deux derniers chapitres.

Dans la première section nous commençons par une constatation des limites de la courte période d'observation de la deuxième partie de cette thèse – entre 1999 et 2007 – pour analyser des tendances économiques et de l'emploi, au regard de la rareté et difficulté d’accès aux séries longues de données pour la région Rhône-Alpes. Pour résoudre cet obstacle, nous débutons dans cette section par une analyse de l'évolution des relations d'emploi en France, ce qui nous permettra de constater le point de départ de plusieurs processus économiques en interrelation depuis la fin des années 1970, tels que la désindustrialisation, ainsi que l'émergence et consolidation d'une économie salariale de services de plus en plus composée des femmes et l’apparition, pour la première fois depuis l'après-guerre, d'une dégradation de la condition salariale en termes de revenus.

Dans cette optique, la deuxième section présente des études qui apportent des constats sur la place des jeunes dans les relations d'emploi en France. Nous allons ainsi regarder des aspects centraux, comme la durée des périodes de formation et de chômage, ce qui détermine la position qu'ont les jeunes dans l'émergence et consolidation d'une économie de services, de plus en plus majoritaire en début d’itinéraire. Enfin, nous allons nous rapprocher d'un des effets les plus remarquables de ce processus d’entrée des nouvelles générations dans le salariat, le déclassement croissant qui confine les jeunes dans des postes non adaptés aux cursus de formations suivis.

Ensuite, dans la troisième section nous concentrerons notre analyse sur les enjeux et grilles de lecture possibles sur la question centrale de la précarisation de l'emploi, à travers la question des

salaires. En partant de la distribution primaire de la valeur ajoutée de l’économie française, nous allons observer le partage des rémunérations entre capitalistes et travailleurs. Nous allons porter une attention spéciale à la segmentation existante entre salarié-e-s (Rubery, 2006), dans un processus de partage de la valeur ajoutée qui est plus large. Nous examinons aussi la composition, en évolution, de ces revenus du côté du capital et des entreprises. Ensuite, nous identifions l'expansion des bas salaires comme un effet majeur des transformations étudiées dans cette thèse. Cette expansion est plus notable pour les femmes et elle constitue une insécurité de plus en plus accentuée quant à l'emploi des jeunes, dû à l'enfermement durable dans ces situations. Ce phénomène se développe néanmoins avec des différences importantes selon les secteurs. Pour finir cette section, nous portons un regard plus en détail aux salaires des jeunes, et ce dans une perspective dynamique de comparaison avec d'autres groupes d'âge et des évolutions par génération depuis les années 1970.

Enfin, dans la quatrième section, nous allons identifier l'insécurité, dans ses différentes approches, comme l'autre aspect central d'une analyse rigoureuse de la précarisation de l'emploi. En nous centrant plus spécifiquement sur l'observation de la stabilité, voire sur la déstabilisation des relations salariales observées dans les dernières décennies, nous allons présenter différents indicateurs trouvés dans la littérature empirique existante sur le sujet. Malgré les limites inhérentes aux périodes d'analyse disponibles, nous insisterons sur la nécessité de porter un regard en interaction sur les durées des emplois, les formes contractuelles, l'ancienneté dans l'entreprise, les flux d’entrée et de sortie et, enfin, sur l'approche par les trajectoires.

Au total, l'objectif principal de ce deuxième chapitre est d'observer l'incidence des mutations de l'économie sur la réalité de l'emploi en France. Nous allons répertorier les études disponibles sur les processus globaux que nous analysons et sur leur relation avec la place des jeunes et d'autres groupes d'âge. Parce que, selon une de nos hypothèses de départ, cette relation entre groupes d'âge constitue une des forces motrices de ces mutations, qui dégradent les conditions d'emploi des jeunes sans perspective d’amélioration. Dans ce sens, la précarisation est comprise comme une voie sans issue, une précarité-horizon ou enfermement durable dans une recomposition sectorielle de l'emploi que sera étudiée plus en détail dans la deuxième partie de cette thèse. Enfermement après la jeunesse dans des bas salaires et des postes instables que, pour certaines parties croissantes des classes travailleuses, ne fait qu'intensifier leur soumission à une condition salariale qui est leur moyen principal de subsistance. Et ce processus ne peut que s’accélérer dans la crise économique et sociale qui se renforce dans les temps présents.

1 – Une analyse globale de l'emploi à partir des séries longues

Le premier point sur lequel nous devons nous arrêter concerne les limites de notre période d'observation ultérieure. Une analyse détaillée de l'évolution des conditions d'emploi entre 1999 et 2007 nous permet de constater certaines dynamiques dans un cycle court de croissance de l'économie marchande et de l'emploi. Pour mieux comprendre notre objet d'étude, nous devrions élargir notre regard sur les mutations des relations industrielles qui se déroulent depuis la fin des années 1970. Nous pouvons observer des processus de segmentation et de fragmentation croissante des salarié-e-s selon leurs statuts, qui ne solidifient pas seulement dans les relations d'emploi contemporaines, mais qui sont ancrés dans des évolutions de longue durée du capitalisme à l'échelle globale (Coriat, 1982).

1.1 – Tertiarisation, féminisation et salarisation

Pour Rose (2001), quatre transformations majeures ont marqué les pays occidentaux pendant les dernières décennies :

− La montée du chômage, accompagnée d'une augmentation des effectifs en emploi ;

− La tertiarisation de l'économie, ce qui implique un changement très important des formes d'emploi ;

− La féminisation de l'emploi, qui se diffuse sur plusieurs branches d'activité ;

− Enfin, l'extension de la précarisation de l'emploi, que Rose préfère appeler « diversification des formes d'emploi ».

Ces transformations sont constatées dans les faits pour la France. L'emploi salarié du secteur marchand non agricole était en France de 14 millions de salariés fin 1989, 13,6 millions fin 1993, 15 millions fin 1999 et 16,3 millions fin 2007 (INSEE, 2011). Les salariés du secteur marchand sont toujours 16 millions fin 2010. Cette série de données révèle une augmentation d'1,3 millions de salariés dans le secteur marchand entre 1999 et 2007. Le taux de chômage de la population de 15 ans et plus, est passé de 9,5 % fin 1999 à 7,5 % fin 2007, ce qui sur cette courte période ne remet

pas en question la permanence du chômage dans des taux élevés. L'écart du taux de chômage entre les hommes et les femmes était de trois points fin 1999 et il passe à moins de un point fin 2007.

Amar et al. (2011) montrent qu'entre 1990 et 2007 l’emploi s’accroît de 13 % en France métropolitaine, progression tirée par celle de l’emploi salarié, privé comme public. La croissance globale de l’emploi privé entre 1990 et 2007 résulte d’une réduction de plus de 22 % de l’emploi industriel compensée par une augmentation de 9 % de celui de la construction et surtout de 38 % de celui du tertiaire marchand. En tout, l'ensemble du tertiaire est passé de 11,5 millions en 1970 à 15,5 millions en 1990 et de 18,5 millions en 2000 à 20 millions en 2007.

Durant cette période, l'économie française se transforme, les services marchands atteignant en 1990 le même volume de facturation que les industries manufacturières (en baisse de moitié comparé à celui de 1970). Ces services marchands correspondent, déjà en 2008, à pratiquement 50 % de la Valeur Ajoutée Brute de l'ensemble de l'économie (INSEE, 2009a). Cette transformation s'opère via une forte externalisation des activités industrielles et la prolifération de nouveaux secteurs de services. Dans une hétérogénéité institutionnelle dans les conventions collectives et des branches de plus en plus fragmentées, Boltanski et Chiapello (1998 : 301) remarquent que la sous-traitance arrive à 8,9 % du chiffre d'affaires de l'économie française et, si nous considérons les partenariats industriels, cela passe à 21 % de la production industrielle en 1996 (p.295). Ces mutations impliquent un transfert de l'industrie vers la branche de services aux entreprises ou services opérationnels et aussi vers des activités de conceptualisation (consultance et assistance) et de la logistique25.

Certaines considérations démographiques, en particulier l'augmentation de la présence féminine dans les activités salariées, nous aident à comprendre ce processus. Ruimy (2009) montre qu'entre 1975 et 2005 les taux d'activité masculine tombent considérablement, tant pour les jeunes de moins de 25 ans (de 60 % à 40 % entre 1995 et 2005) que pour les plus de 50 ans, en étant stable au tour de 95 et 100 % pour les hommes des tranches d'âges intermédiaires. Dans le même temps, les taux d'activité féminins évoluent différemment. S’ils baissent aussi pour les jeunes (de 50 % à 30 % entre 1975 et 2005), ils augmentent pour les femmes entre 25 et 49 ans (de 60 % à plus de 80 %) et pour les plus âgées de 22 % à 28 %. Cette présence croissante des femmes dans le travail marchand ou salarié a un biais sectoriel fort, puisque la majorité de celle-ci travaille dans le

25 Ce mouvement général d'externalisation implique des transformations dans le travail, tels que la précarisation de l'emploi, des processus de sélection et d'exclusion renforcés et une protection des travailleurs en recul, et ce en même temps que l'intensité du travail augmente (Boltanski et Chiapello, 1998).

commerce -13 %-, les services aux entreprises -11.4 %- et aux particuliers -11.5 %-, l'Education-santé-action sociale -31.1 %- et les administrations -11.9 %- (Ruimy, 2009 ; Bereni et al., 2008)26. Ces données font émerger le fait que la féminisation du monde du travail, croisée avec l'évolution sectorielle de l'économie, explique en partie la précarisation croissante et les mutations des statuts juridiques qui contractualisent l'emploi.

Enfin, nous pouvons constater un recul du travail indépendant, un des aspects qui permet de constater l'émergence d'une économie de services qui mobilise préférentiellement des statuts salariés du travail. Le CERC (2005) montre qu'entre 1982 et 2002, les actives occupées sont passées de 21,7 millions à 23,9 millions, et que le nombre de travailleurs indépendants ou d’employeurs non-salariés (agriculteurs, commerçants, artisans, professions libérales) se réduisait sensiblement, passant de 3,4 millions à 2,3 millions, notamment par le déclin de l'agriculture paysanne27. Par contre, le volume total de salarié-e-s est passé de 18,4 millions à 21,6 millions durant la même période. Amar et al. (2011) montrent également que le nombre d'effectifs non-salariés se réduit d'un peu moins d'un quart entre 1990 et 1999, pour rester en termes absolus stables jusqu'à 2007. Le nombre des exploitants agricoles (moins 56 % sur toute la période) contribue à près de 80 % de la baisse des emplois d’indépendants au cours de la période.

Dans l'observation des DADS que nous réaliserons dans la deuxième partie de cette thèse, nous situerons chaque salarié-e dans la branche où il trouve son poste principal. Amar et al. (2011 : 102) montrent que fin 2007, 8,4 % des salarié-e-s, soit 2 millions de personnes en France, occupent un deuxième poste salarié et seulement 0,5 % un deuxième poste non salarié. Dans les services aux entreprises 8,9 % sont en pluriactivité. Dans l'action sociale 23,8 % sont en pluriactivité, dont 32 % ont la deuxième activité dans une autre branche, notamment 16,6 % (du total) dans les services aux particuliers et 11,2 % dans des services de gré à gré (directs entre particuliers et employeurs).

Ces deux aspects (salarisation et pluriactivité) ne donnent pas la mesure de la précarisation de l'emploi, dernier aspect et sûrement le plus importante des mutations de l'emploi dans les dernières décennies. Les deux variables retenues pour une approche empirique de la précarisation, le salaire et la stabilité dans l'emploi, seront considérées comme centrales tout au long de cette thèse.

26 Cette concentration de l'emploi des femmes sur des secteurs précis de l'économie sera aussi été constatée dans nos observations sur l'emploi en Rhône-Alpes du chapitre 3.

27 « Les trois quarts de la réduction de l’emploi non salarié au cours de ces vingt années provient de l’agriculture. Les professions libérales ont, au contraire, connu une forte croissance, de l’ordre de 30 %, mais cette progression, portant sur des effectifs faibles (237 000 en 1982, 311 000 en 2002) n’a pas pesé de façon significative sur les évolutions d’ensemble de l’emploi non salarié. » (CERC, 2005 : 31-32)

1.2 – Dégradation des conditions d'emploi à partir de la fin des années 1970 Deux articles contribuant à une étude de l'INSEE (1987), nous permettent de situer le point de départ des tendances que nous avons abordées auparavant. Dans le premier de ces articles, Rotbart (1987) analyse les évolutions des salaires, des prix, des pouvoirs d'achat moyens et du SMIC entre 1950 et 1985, pour toute la France métropolitaine. Cette étude distingue des périodes avec des tendances très marquées du pouvoir d'achat, en forte progression jusqu'à 1975. Les taux de progression du pouvoir d'achat et du salaire moyen baissent à partir du choc pétrolier de 1973. L'inflation s'envole à 17 % en 1974 et nous observons le début de la tendance de stagnation des salaires réels, tendances constatées dans les données depuis 1978, jusqu'à la fin de la période en 1985. Un deuxième choc pétrolier, en 1979, est suivi de l’envolée du dollar en 1980. Enfin, ce n'est qu'en 1983 que les pouvoirs publics ont décidé de désindexer les salaires sur les prix, en donnant un cadre normatif plus instable dans une période parcourue par de fortes progressions des salaires nominaux moyens, des prix et du nombre de chômeurs en France. Ainsi on passe de 500 000 chômeurs en 1969, à plus de 2,5 millions en 1985.

Le deuxième article, signé par Philippe Choffel (INSEE, 1987), présente des indicateurs plus précis sur l'évolution entre 1970 et 1980 des salaires moyens classés par sexes, groupes d'âge et catégories socioprofessionnelles, avec des constats du déclin salarial dans la deuxième moitié de cette période, plus marqué pour les cadres et les employé-e-s de bureau et du commerce. L'étude montre aussi des évolutions des salaires individuels entre 1976 et 198028 pour des salarié-e-s qui ont passé-e-s toute la période dans la même entreprise. Cette comparaison nous montre que les salaires réels n'ont pas de taux annuels de progression élevés jusqu'à des âges entre 29 et 34 ans en 1980, avec des évolutions salariales faibles, ou très faibles selon la CSP, pour les travailleurs plus âgés. En général, les salaires sont plus croissants pour les hommes que pour les femmes en début de carrière. Enfin, les cadres administratifs moyens, les employé-e-s du commerce et les ouvriers qualifiés sont les CSP connaissant les évolutions salariales les plus faibles après 40 ans. Au contraire les personnels de service, les ouvriers manuels et les employé-e-s de bureau sont ceux qui continuent à avoir des progressions de salaires plus élevées, par rapport à la moyenne de l’ensemble des hommes et des femmes.

28 Les évolutions individuelles des salaires sont mesurées en donnant le groupe d'âge de chaque salarié-e-s sur la DADS en 1976 et le taux d’évolution en pouvoir d'achat jusqu'à 1980.

Enfin, cette étude examine les proportions d'emplois permanents entre 1976-198029 et montre des écarts notables par catégories d'entreprise (secteur et taille). Alors que l'Énergie ou les Biens d’équipement de plus de 5 000 salarié-e-s avaient des taux de plus de 60 % de permanents, les grandes unités de commerce de moins de 2 000 salarié-e-s (39,5 %), le Bâtiment-génie civil de moins de 1 000 salarié-e-s (31,2 %), les petits commerces de moins de 500 salarié-e-s (35,2 %), les transports de moins de 2 000 salarié-e-s (38,8 %) et les services marchands (34,1 %) ont des proportions d'emplois permanents bien plus réduites.

2 – La place centrale des jeunes dans l'évolution de l'emploi

Comme nous avons conclu dans le premier chapitre de cette thèse, l’entrée des jeunes dans le monde du travail et les processus de segmentation spécifique qu'ils connaissent nous permettent d'observer des tendances qui sont « un bon analyseur des recompositions actuelles de la société

salariale » (Rose, 1999) et qui « constituent la tête de pont de ces transformations » (Lefresne,

2006) . Comme il a été remarqué par Prevost (2012) la « situation préoccupante de dégradation de

l'emploi des jeunes est un phénomène qui n’est pas propre à la France ». Zibechi (2000) encadre ce

processus « dans les mutations du travail urbain et communautaire que la contre-révolution

libérale a produit dans la majorité des pays européens et américains à partir des années 80 ».

Prevost (2012) met en relation des causes multiples pour cette évolution : les performances du système éducatif et de formation ; une économie français en panne de croissance ; les dysfonctionnements du « marché du travail » ; et le rôle du service public de l’emploi et l’accompagnement des jeunes. Tous ces aspects dépassant nos objectifs analytiques, et avant de se concentrer dans des analyses plus précises sur les salaires et la stabilité, nous allons déjà constater plusieurs faits des relations salariales des jeunes en France.

29 La proportion d'emplois permanents est la proportion d'emplois toujours en cours au 31 décembre 1980 parmi les emplois à temps complets au 1er janvier 1976.

2.1 – Une participation aux relations salariales conditionnée par la

durée des études et du chômage

Au regard de l'Enquête Emploi30 entre 1975 et 2008, l'évolution des taux d'activité par groupes d'âge nous donne la mesure de comment ces transformations ont eu une incidence sur la place des jeunes dans les relations d'emploi et de chômage (Minni, 2009). En 2008, 55 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans sont actifs selon les normes du Bureau International du Travail : 48 % occupent un emploi et 7 % sont au chômage. Le taux de chômage, qui mesure la proportion de chômeurs parmi les jeunes actifs, est de 13 %, contre 7 % pour l'ensemble de la population en âge de travailler. Le taux d’activité des jeunes est relativement stable depuis 1995, avec l’arrêt de l’allongement de la durée des études.

Le taux global d'emploi des hommes et des femmes entre 15 et 64 ans est passé, respectivement, de 82 % et 51 % en 1975 à 69 % et 54 % en 1995. En augmentant très peu pour les hommes jusqu'en 2008, il continue à progresser chez les femmes jusqu'à 60,4 %. Dans la même période, les taux d'emploi des jeunes entre 15 et 29 ans sont passés de 72 % pour les hommes et 54 % pour les femmes en 1975, à 52 % et 42 % en 1995, pour arriver à 51,7 % et 44,2 % en 2008. En plus de ces différences selon le sexe, la participation aux relations d'emploi est très différente selon les sous-groupes d'âge, étant en 2008 de 12,3 % pour les plus jeunes entre 15 et 19 ans, de 51,7 % de 20 à 24 ans et de 78,9 % entre 25 et 29 ans. Les écarts entre les hommes et les femmes sont à ce moment de 6 % pour les jeunes de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans et de 12,3 % pour les moins jeunes de 25 à 29 ans (Minni, 2009).

L'allongement de la durée des études est un des facteurs qui a une incidence sur la place des jeunes dans les relations salariales. La France était déjà dans les années 1990 le pays d'Europe où le taux de scolarisation était le plus élevé (Fondeur, 1999). La tranche d’âge touchée est particulièrement celle des 15 à 25 ans (88 % pour les 15 à 19 ans et 34 % pour les 20 à 24 ans)31. Les moins jeunes entre 25 et 29 ans sont, par contre, moins scolarisés (environ 4 %). En ce sens, Rose (1998) consolide cette thèse grâce à une analyse du taux d'emploi des jeunes sur une période plus longue : la France comptait en 1975 3,8 millions de jeunes de moins de 25 ans en emploi (20

30 Le taux de non réponse à l'Enquête Emploi montre que ce n'est pas une mesure précise en ce qui concerne

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