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Pourquoi l’innovation ouverte dans l’industrie automobile ?

CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE

2.3 Pourquoi l’innovation ouverte dans l’industrie automobile ?

Beaucoup d’études sur l’innovation ouverte se concentrent sur une industrie spécifique : l’au- tomobile (Ili et al. (2010)), l’électronique (Christensen et al. (2005)), l’aérospatial (Armellini et al. (2014) et Armellini et al. (2016)), l’alimentaire (Sarkar and Costa (2008)), etc.. D’autres, comme Chesbrough and Crowther (2006), Keupp and Gassmann (2009), Lichtenthaler (2008) et Lichtenthaler and Ernst (2008) montre que les differences d’adoptions entre les industries

sont minimes (à l’exception du nucléaire et du militaire qui utilise l’innovation fermée d’après Gassmann (2006)). Toutefois, cela ne signifie pas que l’adoption est identique dans toutes les entreprises de toutes les industries. Poot et al. (2009) ont observé une tendance à l’adoption de l’innovation ouverte dans les différentes industries composée en étape, dont le timing varie d’une industrie à l’autre. Ainsi, d’après Keupp and Gassmann (2009), l’adoption de l’inno- vation ouverte est liée à la stratégie de l’entreprise plutôt que l’industrie, impliquant que la culture de l’entreprise est plus importante que l’environnement extérieur.

2.3.1 Un phénomène en pleine croissance...

Comme nous l’avons constaté, l’innovation ouverte est devenue de plus en plus importante dans diverses industries. Au travers de tous ces secteurs, sa définition la plus courante est tirée de Chesbrough and Crowther (2006) (traduction libre) : l’emploi intentionnel d’intrant et d’extrant de savoir afin d’accélérer l’innovation interne et afin d’étendre le marché pour une utilisation externe de l’innovation.

Dans ce sens, les entreprises collaborent et interagissent entre elles au sein de cet environ- nement : cela entraine l’acquisition et l’exploitation de technologies extérieures ainsi que le partage des compétences propres aux entreprises. Chesbrough (Chesbrough (2003a) et Chesbrough and Crowther (2006)) reconnaît que le processus d’innovation ouverte implique des sources de technologies et des canaux de commercialisations internes et externes. Ainsi, en adoptant l’innovation ouverte, les frontières entre la compagnie et son environnement (ce qui inclus la compétition, les partenaires et les clients) deviennent poreuses et Ches- brough (2003b) considère donc la connaissance technologique comme un bien économique qu’il convient d’utiliser. Et, bien que l’adoption de l’innovation ouverte soit adoptée en lieu et place de l’innovation fermée dans diverses industries, comme le soulignent Chesbrough and Crowther (2006) et Diaz-Diaz et al. (2006), la littérature est relativement pauvre dans le secteur automobile.

2.3.2 ...Qui devient une nécessité

Ili et al. (2010) se sont intéressés au cas de l’industrie automobile et décrivent le schéma de l’innovation dans cette industrie. Ils considèrent que cette industrie est bloquée par les coûts et les attentes des clients mais prévoient une révolution de l’innovation automobile. Pour cela, ils s’appuient sur deux facteurs : la mondialisation et les clients. D’une part, les clients demandent de plus en plus de véhicules pour le même prix : leurs attentes se répercutent sur le Fabricant d’Équipement d’Origine (FEO) qui doit donc innover. De plus, les FEO doivent respecter les attentes des clients liées à la marque (les attentes ne seront pas les mêmes pour

une Audi ou une Jeep). Au besoin d’innover, s’ajoutent les contraintes de marché (marge faible dans les pays industrialisés dont le marché est saturé) et les politiques locales (protections environnementales ou régulations sécuritaires affectent l’approche de l’innovation). De plus, les domaines d’innovations doivent être de plus en plus variés dans les voitures modernes (la voiture est une combinaison de différente technologies) : supporter l’innovation à un coût qui augmente avec la diversification des technologies nécessaires : sur l’année 2006, d’après Bratzel and Tellermann (2007), le budget recherche et développent de Porsche, BMW et Volkswagen s’élève à 70-80 millions d’euros et celui de Daimler à 150 millions d’euros. Et, alors que les budgets R&D augmentent, les prix de vente et la durée de vie des produits diminuent. C’est pour cela que Gassmann (2006), Ili et al. (2010) concluent que l’industrie automobile doit regarder en dehors de sa propre industrie et considèrent que l’innovation ouverte est une bonne opportunité malgré les barrières encore présentes.

Grâce à des entretiens avec des professionnels d’entreprises automobiles européennes, Dilk et al. (2008) ont montré les objectifs et raisons de l’adoption de l’innovation ouverte (tra- duction libre) : accès flexible à la technologie, intensifier les interactions avec les clients et les marchés, engagement long terme avec les fournisseurs et les clients, accès à de nouvelles compétences (hors technologie), améliorer la qualité de la R&D, réduire les coûts de R&D, réduire les temps de R&D. Les entreprises sondées rapportent une bonne performance avec la complétion des objectifs même si certains manques sont identifiés. D’après les managers sondés, les mesures de collaborations sont efficaces quand les objectifs, les responsabilités et les tâches sont fixés et surveillés au sein du partenariat, comme c’est le cas dans la gestion de projet classique. De plus, les auteurs soulignent l’importance du facteur humain, qui n’est pas correctement géré dans le secteur automobile : les employés ne sont pas formés au travail avec des externes à l’entreprise et les incitations à de telles pratiques ne sont pas repen- dues. Le manque de compétence est également évoqué par Coronado and Coronado (2017). D’après eux, les composites sont l’avenir de l’industrie automobile et peuvent être rentable en terme de coût. Toutefois, le manque d’équipe qualifiée ou l’absence de processus stan- dardisé de production rendent l’intégration des composites compliquée. Ce problème se pose également pour les autres industries qui s’appuient également sur les mêmes producteurs de matériaux composites. Une colaboration pourrait être bénéfique. Bartl et al. (2010) vont dans le même sens et soulignent l’importance de processus d’innovation adaptés et l’importance de la culture de l’entreprise afin de favoriser le succès de la collaboration. Pour eux, c’est grâce à cela qu’une entreprise sera capable de pleinement profiter d’idées et innovations extérieures.