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3. Le Benchmarking

3.4 Recommandations, applications suggérées

3.4.2 Pour une expansion du benchmarking des bibliothèques suisses

peut parfaitement prétendre intégrer le club très fermé des projets nationaux de grande qualité. Il serait vivement intéressant d’en étendre la participation à d’autres bibliothèques alémaniques et surtout romandes ou tessinoises. Il nous semble néanmoins que certains détails doivent encore être réglés avant de pouvoir prétendre à une collaboration plus ample. Le projet subit régulièrement des modifications, essentiellement concentrées sur les indicateurs choisis. S’il est possible d’en discuter en petit comité, tel qu’actuellement, il nous parait trop audacieux d’y faire participer des

quantités d’autres institutions. C’est pourquoi nous plaidons pour une poursuite des travaux actuels du benchmarking des bibliothèques suisses. Une fois les indicateurs essentiels testés et déterminés, il sera possible de proposer à d’autres institutions de prendre part au projet.

Notons que l’étude helvétique compte 38 indicateurs distincts. A titre comparatif, le projet allemand n’en dénombre que 17, l’australien 8, l’estonien 17, le néerlandais 21, le britannique 6, le suédois 15 alors que la norme ISO 116 20 n’en propose que 29.

Trop d’indicateurs nuisent à l’analyse comparative. La finalité de certains indicateurs suisses nous semble peu évidente. Les bibliothèques helvétiques ont par exemple retenu « nombre de stations de travail par habitant » et « nombre de stations de travail informatisées par habitant ». Ces questions-là méritent-elles vraiment de figurer dans une démarche d’analyse comparative ? Le directeur ou les collaborateurs d’une bibliothèque peuvent aisément se rendre compte si leur institution dispose de suffisamment de stations de travail sans recourir aux conclusions d’un projet benchmarking. Ce qui est intéressant, c’est de savoir comment procèdent les autres bibliothèques, si elles bénéficient de prix avantageux pour l’équipement informatique, si elles ont installé une connexion sans fil gratuitement exploitable ou encore si elles ont imaginé un agencement astucieux des stations de travail. Par contre, comparer le nombre de stations informatisées nous semble peu significatif. Le projet suisse retient également « nombre moyen de participants aux animations ». Encore une fois, nul besoin du concours du benchmarking pour déterminer si les animations proposées par une bibliothèque rencontrent le succès escompté. Ce qui serait intéressant, c’est de savoir comment font les bibliothèques pour attirer du public à leurs animations.

Proposent-elles une verrée ou un apéritif dînatoire ? Le benchmarking est un outil trop puissant et trop exigeant (en temps, en coût,…) pour satisfaire ce type d’interrogations.

Il ne doit répondre qu’à des problèmes auxquels seul son usage peut apporter une réponse. Nous soutenons l’idée que le projet suisse doit encore être testé et adapté par les participants actuels. Ceux-ci devraient, selon nous, réduire les indicateurs utilisés en ne conservant que les plus significatifs et utiles. Ensuite, il serait souhaitable de l’étendre à d’autres bibliothèques. Il est peu concevable que plusieurs centaines d’institutions se mettent à discuter de la pertinence de tel ou tel indicateur.

Nous l’avons souligné plus haut, la collecte des données du benchmarking des bibliothèques suisses est réalisée par l’Office fédéral de la statistique. Celui-ci propose d’ores et déjà une statistique suisse des bibliothèques (dont la dernière modification s’est notamment inspirée des travaux du benchmarking des bibliothèques suisses). Le

tableau ci-dessous présente le taux de réponse obtenu par l’OFS lors de la réalisation de sa dernière statistique suisse des bibliothèques (2003 - 2006).

Tableau 1

Statistique suisse des bibliothèques : taux de réponses à l'enquête

Catégorie de bibliothèques

Nombre de bibliothèques ou

réseaux

Nombre de réponses analysables

Taux de réponse

Vocation nationale 3 3 100 %

Universitaires 14 14 100 %

Réseaux universitaires 7 7 100 %

Réseaux HES 7 7 100 %

Publiques 128 94 73.4 %

Total 425 355 84 %

Source : Office fédéral de la Statistique (2007)

Deux tiers des indicateurs utilisés par le benchmarking des bibliothèques suisses sont également intégrés à la statistique officielle. Le tiers restant est compris dans un module complémentaire évitant ainsi une double saisie. L’attrait d’une collaboration plus poussée apparaît ici clairement. Lorsque les groupes de travail auront choisi les indicateurs essentiels au projet benchmarking, ils pourront s’associer avec l’Office fédéral de la statistique afin de promouvoir énergiquement le projet benchmarking des bibliothèques suisses. Une information claire, adressée à toutes les bibliothèques helvétiques tâchant de les convaincre de participer à l’étude pourrait être le déclencheur. Le projet pourrait ainsi bénéficier des données de 350 bibliothèques différentes (cf. tableau 1), rendant de la sorte son résultat plus pertinent encore. Il serait aussi envisageable d’utiliser un outil informatique facilitant la besogne liée à la saisie des données. Il suffirait d’enregistrer le budget ainsi que le nombre de documents, d’utilisateurs, de visites, de prêts, d’heures d’ouverture, d’individus appartenant au public cible,… Le programme se chargerait de résoudre les fastidieux

calculs et de générer les résultats. Cela faciliterait considérablement le travail des bibliothécaires.

Quelques éléments méritent d’être mis en évidence. Selon nous, les résultats du benchmarking doivent rester strictement confidentiels. Les publier ou rendre public un classement n’est probablement pas une démarche adéquate. Les bibliothèques doivent participer au projet libérées de toute pression. Cette démarche ne doit s’effectuer que dans un esprit d’amélioration général des services bibliothéconomiques du pays. Une saine émulation est certes nécessaire mais il n’est pas question qu’elle se mue en compétition bornée. Dans l’idéal, un projet benchmarking doit permettre aux moins bons de mettre le doigt sur leurs lacunes et d’y remédier sereinement tandis que les meilleurs peuvent se concentrer sur la consolidation de leurs acquis et la création de nouveaux services, nouvelles animations,… Dans les faits, les premiers craignent souvent d’être vilipendés par leurs responsables politiques et financiers tandis que les seconds redoutent de voir leurs subventions baisser (ou ne pas augmenter) en raison de leurs performances déjà suffisantes. C’est pourquoi les résultats d’une démarche benchmarking doivent être tenus strictement confidentiels et n’être communiqués qu’aux individus formellement impliqués. N’oublions pas que, bien souvent, les

« épreuves » renforcent les plus forts et affaiblissent les plus faibles.

Pour résumer notre propos, nous pensons que le projet benchmarking des bibliothèques suisses doit être finalisé par ses participants actuels avant d’être valorisé, promu et étendu – par le truchement de l’Office fédéral de la statistique et d’un outil de collecte des données performant – à d’autres institutions intéressées.

Nous insistons également sur la confidentialité des résultats de l’étude. Finalement, le coût de la participation au projet (1600.- à l’heure actuelle) devrait, à terme, être revu à la baisse voire supprimé afin d’inciter davantage d’institutions à participer à l’aventure.

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