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3. Aménagements possibles

3.2. Pour les enfants dyslexiques-dysorthographiques

3.2.1. Au quotidien

A la maison, le travail doit être organisé :

L'emploi du temps est coloré pour distinguer chaque matière. Les devoirs peuvent être rédigés sur ordinateur pour favoriser la lisibilité de l'écrit et réduire les erreurs d'orthographe. Il est également important que le texte de la future leçon soit préalablement préparé à la maison. Avoir un livret de liaison entre l'établissement et la famille permet aussi un meilleur suivi et, donc, une meilleure adaptation aux difficultés de l'élève.

Aussi, l'élève dyslexique peut être pris en charge par une équipe pluridisciplinaire pour l'aider à mieux gérer ses difficultés, et notamment par une orthophoniste.

La rééducation doit être précoce (pour éviter l'échec scolaire), durable (la dyslexie peut être compensée mais pas éliminée), soutenue (deux à trois séances hebdomadaires), rigoureuse et individualisée (évaluation précise et diagnostic obligatoire). Elle doit également être spécifique et établie dans un réel partenariat enfants-parents-médecins-enseignants-orthophoniste.

Les objectifs dépendent du degré de difficultés. La rééducation portera sur les compétences socles déficitaires pour amener l'élève à de meilleures performances et se basera sur les compétences émergentes (Zone proximale de développement). Elle portera sur les compétences de celui-ci pour l'aider à développer des compensations avec des objectifs de renforcement et de contournement.

La rééducation vise :

- à aider l'élève à maîtriser l’écrit, au mieux de ses potentialités (= stratégies de renforcement) en repérant les difficultés (classification des fautes). Cette stratégie s'appuie sur les compétences de l'élève (exemple : renforcement visuel si trouble de discrimination auditive),

lui permettre de réaliser ses apprentissages malgré ses difficultés (= stratégies de contournement) en s'appuyant sur des facilitateurs comme le temps ou la reformulation de consignes ou autre aménagement possible qui sera efficace seulement s'il est utilisé régulièrement,

et renforcer les compétences socles déficitaires (= démarches de remédiation spécifiques) en s'appuyant sur les compensations et les redondances (entraînement de la conscience phonologique pour la voie d'assemblage, discrimination et mémoire visuelle pour la voie d'adressage, et l'organisation spatio-temporelle entre autres)

Ces stratégies seront actualisées au fur et à mesure des progrès de l'élève. Notons qu'il existe également des aides techniques possibles pour les élèves dyslexiques-dysorthographiques. En effet, il existe désormais des logiciels informatiques de synthèse vocale, comme Dragon Naturaly Speaking ou Word-Q ou encore Antidote, qui permettent de lire, écrire (dicter un texte) ou corriger un texte et facilitent ainsi l'apprentissage du langage écrit.

3.2.2. En milieu scolaire

En 2008, Mme Crunelle préconise une pédagogie différenciée pour que la scolarité des élèves dyslexiques à l'école primaire ou au collège soit la plus harmonieuse possible. Il s'agit donc d'adapter l'enseignement tout en conservant les mêmes objectifs communs au sein d'une même classe contenant des élèves dyslexiques et non-dyslexiques.

Cette notion est aussi partagée par Perrenoud qui, en 1997, énonce que différencier l'enseignement, c'est placer chaque apprenant dans des situations d'apprentissage fécondes pour lui.

La loi du 11 février 2005 fait obligation, pour tout enfant handicapé, d’assurer à l’élève une scolarisation en milieu ordinaire, d'associer étroitement les parents à la décision d’orientation de leur enfant, de garantir la continuité d’un parcours scolaire

adapté aux compétences et aux besoins de l’élève et de garantir l’égalité des chances entre les candidats handicapés et les autres candidats en donnant une base légale à l’aménagement des conditions d’examen.

3.2.2.1. Aménagements

Plusieurs types de mesures peuvent être sollicités par les familles auprès de l'établissement scolaire :

le Projet Personnalisé de Réussite Éducative (PPRE) ; mis en place le 23 avril 2005, il est proposé à tout élève en difficulté scolaire qui risque de ne pas maîtriser les compétences de base du Socle Commun.

le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) : il s'adresse aux élèves reconnus handicapés par la CDAPH (Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées) relevant de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Il permet l'orientation de l'élève selon ses besoins (classe ordinaire, unité localisée pour l'inclusion scolaire ULIS ou classe d'inclusion scolaire CLIS) et la mise en place d'aménagements de la scolarité (prise en charge sur le temps scolaire), d'aménagements pédagogiques (allègement scolaire, photocopies de cours...), l'attribution de matériel adapté (ordinateur…) et l'obtention de tiers temps supplémentaire…

le Projet d'Accueil Individualisé (PAI) est un dispositif interne à l'établissement favorisant l'accueil et l'intégration des élèves dyslexiques au sein de l'établissement et de la classe. Il permet l'obtention d'aménagements scolaires (prises en charge rééducatives sur le temps scolaire, aménagements pédagogiques possibles avec l'accord de l'équipe éducative…).

L' Auxiliaire de Vie Scolaire Individuel (AVSI) : ce sont des assistants d'éducation, qui interviennent sur prescription de la Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées. Ils ont pour rôle l'intégration de l'enfant handicapé dans le milieu scolaire.

Les élèves dyslexiques peuvent bénéficier d'aménagements scolaires à la fois dans leur scolarité quotidienne mais aussi pour la passation des contrôles et des examens tels que :

- le Tiers temps supplémentaire pour le Brevet des collèges, le Baccalauréat et autres examens

- Un ordinateur ou un logiciel à commande vocale.

- Une tierce personne pour oraliser les consignes et s'assurer de la compréhension.

- Un secrétaire pour rendre son devoir plus lisible et orthographié correctement. Ceux-ci sont soumis à la décision de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées)

Afin d'identifier l'aménagement pédagogique, et de l'examen si besoin, qui serait le plus adapté à tel élève en difficulté avec l'écrit, Mme Crunelle, orthophoniste, avec l'aide d'étudiants en orthophonie, a crée en 2009 un protocole prévu à cet effet, le PIAPEDE. Celui-ci a été établi grâce au partenariat avec de nombreux professionnels de l’Éducation Nationale (enseignants, psychologues et médecins scolaires, inspecteurs pédagogiques régionaux, conseillères pédagogiques, conseillère d'orientation-psychologue) et de la Santé (orthophonistes et neuropédiatre).

De cette passation se dégage diverses conclusions selon les modalités de passation du PIAPEDE :

· Si un temps supplémentaire, une oralisation de l'écrit est favorable à la réussite de l'élève, il bénéficiera d'aménagements. De même si l'emploi de l'ordinateur est efficace.

· Si, au contraire, des difficultés linguistiques persistent après reformulation/simplification ou autres stratégies aidantes proposées, l'élève ne bénéficiera pas d'aménagements car cela ne lui profitera pas.

3.2.2.2. Les adaptations en classe

Au sein de la classe, plusieurs adaptations simples, et pourtant très efficaces, peuvent aussi aider l'élève dyslexique à pallier ses difficultés.

Cela peut être :

- Instaurer un climat de confiance entre l'élève et le professeur qui prendra en compte ses difficultés.

- Lors des leçons, le professeur pourra annoncer le plan et le lui faire écrire pour qu'il comprenne le lien entre leçons et exercices. Il est indispensable de limiter la prise de note. Fournir des cours photocopiés, aérés, surlignés, avec mise en évidence de l’essentiel par un changement de police, sera bénéfique. Les phrases doivent être courtes et simples. Il est conseillé d'utiliser des entrées multi-sensorielles (tous les canaux auditif, visuel, kinesthésique doivent être sollicités pour permettre une meilleure mémorisation), ne donner qu'une seule consigne à la fois pour éviter la surcharge cognitive et utiliser un dictaphone pour enregistrer les leçons, si le professeur l'autorise.

- Lors des exercices, il est important de lui apprendre à organiser son travail, lui laisser du temps, le valoriser et le féliciter pour favoriser l'estime de soi, éviter toutes situations dévalorisantes (lecture à voix haute ou écriture au tableau). Il est important de lui présenter les feuilles face à lui, non pas à côté de lui.

- Lors des évaluations, lire les énoncés et /ou les reformuler afin de s’assurer de la compréhension des consignes. Les évaluations orales lui seront plus favorables, notamment pour les langues étrangères. Dans la mesure du possible, réduire le volume des dictées, accepter une orthographe phonétiquement correcte et privilégier le fond plutôt que la forme de l'exercice rédactionnel (ne pas pénaliser les fautes d'orthographe ni la lenteur et s'en tenir à l'intérêt du récit) aideront l'élève dyslexique. Enfin, établir un système de notation spécifique lui permettrait de mieux juger ses progrès (utiliser des exercices à trous, des dictées avec QCM...).

- Un système de tutorat, démarche volontaire et sous la responsabilité de l'enseignant, peut aider l'élève à gagner en autonomie, en l'aidant dans son organisation.