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Potentiels géométriques et champ magnétique fictif

7.2 Potentiels géométriques induits par un champ laser

7.2.2 Potentiels géométriques et champ magnétique fictif

Si l’on introduit les angles de m´elange α et β, d´efinis de telle sorte que l’´etat noir (7.23) s’´ecrive

|ni = cos(β/2)|g+i + esin(β/2)|gi , (7.24) on obtient pour les potentiels g´eom´etriques des expressions formellement identiques `

a celles que nous avons d´eriv´ees pour un atome polaris´e dans un pi`ege magn´etique : An= ~ 2(cos β− 1)∇α , (7.25) Un= ~ 2 8M  (sin β ∇α)2+ (∇β)2  . (7.26)

Le champ magn´etique se d´eduit directement de l’expression du potentiel vecteur : Bn= ~

2∇ (cos β)∧ ∇α . (7.27)

Juzeli¯unas et al.donnent une interpr´etation simple de l’´equation pr´ec´edente : le pre-mier terme du produit vectoriel ´etant proportionnel au vecteur qui relie les « centre de masse » des deux faisceaux, et le second ´etant proportionnel `a leur impulsion relative, il ne peut exister de champ magn´etique effectif non nul que si les faisceaux pr´esentent un moment angulaire relatif.

Les expressions (7.25), (7.26) et (7.27) ont le m´erite d’ˆetre ind´ependantes de la g´eom´etrie et du profil spatial des faisceaux. Nous les explicitons maintenant pour la g´eom´etrie particuli`ere pr´esent´ee ici. Apr`es avoir exprim´e les angles de m´elange en fonction des fr´equences de Rabi :

α = π + arg(Ω+/Ω−) et tan β = 2|Ω+Ω−| |Ω−|2− |Ω+|2 , (7.28) nous obtenons1 An=−~k cosh(x/xexp(x/x0) 0)ey , (7.29) Un= ~ 2k2 2M 1 + 1/x20k2 cosh2(x/x0) (7.30) et Bn= −~k x0 1 cosh2(x/x0)ez , (7.31)

o`u l’on a introduit l’´echelle de longueur x0= w2/2b.

1. Les expressions (7.30) et (7.31) diff´erent de celles deJuzeli¯unas et al.(2006) par un facteur num´erique.

Chapitre 7 - Exemples de potentiels géométriques

7.2.3 Effet des potentiels géométriques

Nous constatons sur les expressions (7.29) et (7.30) que l’amplitude des potentiels g´eom´etriques au centre de la configuration est directement fix´ee par l’impulsion et l’´energie associ´ees `a l’absorption d’un photon. Nous verrons au chapitre suivant que ceci traduit l’implication des forces radiatives dans la dynamique de l’atome.

Nous mesurons l’amplitude du champ magn´etique fictif (7.31) `a l’aune du nombre de vortex qui lui seraient associ´es dans un condensat de Bose–Einstein. Nous consi-d´erons pour simplifier b = w. Dans la limite o`u l’extension ` du condensat v´erifie x0  `, le champ magn´etique apparaˆıt comme essentiellement homog`ene et la phase de Berry qui lui est associ´ee est simplement γn' k`2/x0. On prend conscience alors de l’int´erˆet de coupler l’atome `a des faisceaux laser, ceux-ci offrant deux ´echelles de longueurs tr`es diff´erentes : 1/k et x0. Il est ainsi ais´e de rendre la phase de Berry importante : en prenant typiquement x0 ∼ 100 µm, 1/k ∼ 100 nm et ` ∼ 10 µm, on obtient par exemple γn ∼ 10. Une telle configuration est donc favorable `a la nucl´eation de plusieurs vortex.

Pour terminer, nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que l’´etat coupl´e du multiplet fondamental subit ´egalement l’effet d’un champ magn´etique fictif Bc= −Bn. Le sens de rotation des vortex est oppos´e dans les deux ´etats : les vortex de l’´etat coupl´e tournent dans le sens « naturel », associ´e `a la pression de radiation des faisceaux, alors que ceux de l’´etat noir tournent dans le sens inverse.

Annexe 7.A Calcul des potentiels géométriques dans un piège

magnétique

7.A.1 Potentiel vecteur

Nous commen¸cons par le calcul de |∇ni en fonction des angles α(r) et β(r). `A partir de (7.6), nous obtenons directement

|∇ni = ih∇α− ∇α ˆFze−iα ˆFze−iβ ˆFy− ∇β e−iα ˆFzFˆye−iβ ˆFyi|nzi . (7.32) Il vient donc, moyennant l’usage des commutations possibles,

hn|∇ni = i ∇αh1− hnz| eiβ ˆFyFˆze−iβ ˆFyi|nzi , (7.33) On voit apparaˆıtre dans la relation pr´ec´edente le vecteur |nz0i = exp(−iβ ˆFy)|nzi, ce qui sugg`ere d’introduire le tri`edre (ex0, ey, ez0) d´eduit de (ex, ey, ez) par rotation de l’angle β autour de ey. En notant que ˆFz= cos β ˆFz0+ sin β ˆFx0, on obtient pour l’´el´ement de matrice de (7.33) :

hnz| eiβ ˆFyFzˆ e−iβ ˆFy|nzi = mF cos β . (7.34) La combinaison de (7.33) et (7.34) fournit directement l’expression du potentiel vecteur An= i~hn|∇ni, `a savoir :

Chapitre 7 - Exemples de potentiels géométriques

7.A.2 Potentiel scalaire

Nous rappelons pour commencer l’expression du potentiel scalaire g´eom´etrique :

Un= ~ 2

2M h∇n| · |∇ni + hn|∇ni2 . Le second terme de cette relation est ´egal `a −A2

n et n’est plus `a calculer. Pour le calcul du premier terme, nous allons supposer par soucis de simplicit´e que le champ magn´etique est `a sym´etrie cylindrique, de sorte que les vecteurs ∇α et ∇β sont perpendiculaires. Cette sym´etrie est pr´esente dans la plupart des pi`eges utilis´es dans les laboratoires. En utilisant (7.32) puis en effectuant les commutations possibles, il vient simplement

h∇n| · |∇ni = (∇α)2hnz| eiβ ˆFyFˆ2

z e−iβ ˆFy|nzi + (∇β)2hnz| ˆFy2|nzi . (7.36) Pour expliciter cette ´equation, il va nous ˆetre utile d’introduire les op´erateurs ˆF± d´efinis par

ˆ

F±|F, mFi =pF (F + 1)− mF(mF ± 1) |F, mF ± 1i (7.37) et v´erifiant les relations

ˆ Fx = 1 2( ˆF++ ˆF−) , (7.38a) ˆ Fy = 1 2i( ˆF+− ˆF−) . (7.38b)

Pour calculer le premier terme du membre de droite de (7.36), nous passons momen-tan´ement dans la base (ex0, ey, ez0) :

hnz0| ˆFz2|nz0i = cos2βhnz0| ˆFz20|nz0i + sin2βhnz0| ˆFx20|nz0i = m2F cos2β + 1

2F (F + 1) − m2

F sin2β , (7.39) o`u nous avons utilis´e les relations (7.37) et (7.38) et le fait que hnz| ˆFzFˆx|nzi = 0. Le second terme s’obtient quant `a lui directement en utilisant 7.38b:

hnz| ˆFy2|nzi = 1 4 h hnz| ˆF+F−ˆ |nzi + hnz| ˆF−F+ˆ |nzii = 1 2F (F + 1) − m2 F  , (7.40)

o`u nous avons fait usage du fait que hnz| ˆF+F+|nzi = hnz| ˆˆ F−F−|nzi = 0. Enˆ rassemblant (7.33), (7.39) et (7.40), on obtient finalement l’expression recherch´ee :

Un= ~ 2 F (F + 1)− m2 F  4M  (sin β ∇α)2+ (∇β)2 . (7.41) 121

Chapitre 7 - Exemples de potentiels géométriques

7.A.3 Calcul direct du champ magnétique effectif

Le point de d´epart du calcul du champ magn´etique effectif est la relation Bneom=−~ × Im X

m6=n

hn|∇ ˆH´el|mi ∧ hm|∇ ˆH´el|ni

(εn− εm)2 , (7.42)

ˆ

H´el(r) = T´el+ ˆVcoul+ ˆVmag(r) d´esigne le hamiltonien ´electronique et εml’´energie de l’´etat interne |mi : ˆH´el|mi = εm|mi. Puisque seule l’´energie potentielle magn´etique (7.1) d´epend des coordonn´ees r, le terme ∇ ˆH´el est donn´e par :

∇ ˆH´el=−µF∇ ˆF· B . (7.43) Pour les prochaines ´etapes du calcul, nous utilisons comme axe de quantification le vecteur directeur du champ magn´etique au point r, w(r). Nous y associons les vecteurs u(r) et v(r) afin de former le tri`edre direct local (u, v, w). Cette base est consid´er´ee comme fixe. L’´equation (7.43) devient alors

∇ ˆH´el=−µF∇BuFˆu+ ∇BvFˆv+ ∇BwFˆw , (7.44) o`u les indices u, v et w d´esignent les composantes des vecteurs sur les axes u, v et w. Puisque les ´etats|mi sont des ´etats propres de ˆFw, seuls les deux premiers termes de l’´equation (7.44) vont contribuer au champ magn´etique effectif. Le produit vectoriel apparaissant dans (7.42) est ainsi r´eduit `a :

hn|∇ ˆH´el|mi ∧ hm|∇ ˆH´el|ni = µ2F∇Bu∧ ∇Bv

× 2i Imhhn| ˆFu|mihm| ˆFv|nii , (7.45) o`u nous avons utilis´e le fait que les op´erateurs ˆFu et ˆFv sont hermitiens. Les op´ e-rateurs ˆFu et ˆFv peuvent maintenant ˆetre exprim´es en fonctions des op´erateurs ˆF+ et ˆF− selon les relations (7.38). Le produit d’´el´ements de matrices de (7.45) s’´ecrit alors

4ihn| ˆFu|mihn| ˆFv|mi = hn| ˆF+|mihm| ˆF+|ni − hn| ˆF−|mihm| ˆF−|ni

− hn| ˆF+|mihm| ˆF−|ni + hn| ˆF−|mihm| ˆF+|ni . (7.46) Clairement, parmi les quatre termes pr´esents, seuls les deux derniers peuvent ne pas ˆetre nuls. En utilisant les relations (7.37), nous obtenons alors

4ihn| ˆFu|mihm| ˆFv|ni =      −F (F + 1) + n(n + 1) si m = n + 1, F (F + 1)− n(n − 1) si m = n− 1, 0 sinon. (7.47)

La notation m = n± 1 signifie que si n repr´esente les nombres quantiques (F, mF), alors m repr´esente (F, mF ± 1). En rassemblant finalement (7.47), (7.44) et (7.42) et en remarquant que pour m = n± 1 on a (εn− εm)2 = µ2FB2, il vient

Bneom=−~mF∇Bu∧ ∇Bv

Chapitre 7 - Exemples de potentiels géométriques

Pour rendre cette expression utilisable en pratique, il faut la formuler en fonction de Bx, By et Bz et non en fonction de Bu et Bv. Ceci peut ˆetre r´ealis´e concr` ete-ment en commen¸cant par fixer l’orientation de u et v dans la base (ex, ey, ez), puis en exprimant Bu et Bv en fonction de Bx, By et Bz. Si l’on choisi par exemple l’orientation

eu = cos β (cos α ex+ sin α ey)− sin β ez , (7.49a)

ev =− sin α ex+ cos α ey , (7.49b)

ew = sin β (cos α ex+ sin α ey) + cos β ez , (7.49c) il vient :

Bu= Bxsin α sin β + Bysin α cos β− Bzsin β , (7.50a)

Bv=−Bxsin α + Bycos α . (7.50b)

Ainsi, le produit vectoriel ∇Bu∧ ∇Bv s’exprime : ∇Bu∧ ∇Bv = sin β cos α ∇By∧ ∇Bz

+ sin β sin α ∇Bz∧ ∇Bx+ cos β ∇Bx∧ ∇By . (7.51) En remarquant que les facteurs de projection faisant intervenir les angles α et β ne sont rien d’autre que que les composantes du vecteur unitaire w(r), on peut mettre la relation7.51sous la forme plus robuste

∇Bu∧ ∇Bv = wx∇By∧ ∇Bz+ wy∇Bz∧ ∇Bx+ wz∇Bx∧ ∇By . (7.52) En ins´erant cette ´equation dans (7.48) on obtient la relation (7.10), directement applicable `a une configuration de champ magn´etique donn´e.

Chapitre 8

Interprétation semi-classique des

potentiels géométriques

Dans une approche semi-classique, l’´equation du mouvement qui d´ecoule de ha-miltonien adiabatique (6.29) implique trois forces :

Mdv

dt =−∇εn− ∇Un+ v∧ Bn. (8.1)

La premi`ere d´erive de l’´energie de l’´etat interne |ni, qui joue le rˆole d’une ´energie potentielle pour le mouvement du cenre de masse. Elle est en g´en´erale utilis´ee dans les exp´eriences d’atomes froids `a des fins de confinement. La seconde est donn´ee par le gradient du potentiel scalaire g´eom´etrique et la troisi`eme prend la forme d’une force de Lorentz, produit vectoriel de la vitesse par le champ magn´etique fictif associ´e au potentiel vecteur g´eom´etrique, Bn= ∇∧An. Bien qu’une interpr´etation de ces deux forces dans un contexte purement classique ait ´et´e donn´ee par Aharonov et Stern

(1992), elle faisait encore d´efaut dans ce contexte semi-classique. Dans ce chapitre, nous proposons une telle interpr´etation en termes des forces radiatives.

Nous ferons largement usage de l’op´erateur force qui d´erive du hamiltonien ´ elec-tronique ˆH´el(r) = ˆT´el+ ˆV (r). Cette op´erateur peut ˆetre exprim´e sous la forme

ˆ F(r)≡ −∇ ˆH´el=−X n h (∇εn) ˆQn+ εn(∇ ˆQn) i , (8.2) ˆ

Qn d´esignant le projecteur sur l’´etat propre |ni de ˆH´el et εn l’´energie de cet ´etat. Cette approche a ´et´e utilis´ee avec succ`es en optique quantique pour l’´etude des forces radiatives agissant sur un atome dans un champ laser (Gordon et Ashkin, 1980) et sa justification `a partir d’un traitement compl`etement quantique est bien ´etablie (Dalibard et Cohen-Tannoudji,1985).

8.1 Origine du potentiel scalaire

Nous supposons dans cette section que l’atome est au repos, de sorte que la force de Lorentz dans (8.1)) est nulle. Si l’atome est initialement pr´epar´e dans l’´etat interne|ni, la moyenne de l’op´erateur force (8.2)) est simplement

Chapitre 8 - Interprétation semi-classique

Nous retrouvons ainsi la force d´erivant de l’´energie interne, mais pas celle d´erivant du potentiel scalaire g´eom´etrique. Il n’aurait d’ailleurs pu en ˆetre autrement puisque l’expression (6.30)) du potentiel scalaire fait intervenir la masse M du centre de masse, ce qui n’est pas le cas de l’expression (8.2)) de l’op´erateur force. La raison pour laquelle la valeur moyenne de l’op´erateur force n’est pas la « bonne » quantit´e `

a observer vient du fait que l’´etat interne|ni de l’atome n’est un ´etat propre de ˆF. En cons´equence, la force qui agit sur un atome dans l’´etat |ni est fluctuante autour de sa valeur moyenne :hˆF2i 6= hˆFi2.