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3.4.3.3 Posture scientifique

Cette posture privilégie l’objectivité, la précision, la réflexion, l’abstraction, l’analyse. Elle fait volontiers référence à des méthodes, des domaines de connaissances…

Les procédés énonciatifs relevant de cette posture sont les formes impersonnelles, la neutralité, la référence à des événements antérieurs, les citations, ainsi que l’emploi d’une terminologie spécifique du discours scientifique.

- Utilisation de la 3e personne (du singulier ou du pluriel) :

« La notion de – est aujourd’hui omniprésente dans les discours scientifiques » (DIP 5 : 10)

« Le concept de – propose une vision économiste de la relation à l’environnement et du développement. » (DEL 9 : 58)

« Les questions soulevées par la recherche d’un – … » (DIP 6 : 3) - Références à des événements antérieurs :

« Ce concept, d’abord développé par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) et mis de l’avant par le rapport Brundtland en 1987, réfère avant tout à… » (DEL 9 : 57)

« En 1992, la Conférence des Nations Unies de Rio de Janeiro consacre internationalement la notion de - » (DIP 5 : 11)

« On peut notamment citer le « Tour de France des Agendas 21 locaux », un cycle de conférences grand public sur les approches territoriales du - » (DIP 5 : 21)

« Le programme URBAN II est destiné à « la régénération économique et sociale des villes et des banlieues en crise en faveur d’un - » ». (DIP 5 : 25)

« Lors d’un séminaire national, les 21 et 22 avril 2004, le Ministère de l’écologie et du – a présenté une série de critères qui pourraient préfigurer la mise en place… » (DIP 5 : 36)

« le message porté haut et fort par le Président de la République lors du sommet mondial du – de Johannesbourg en septembre 2003 pour souligner l’impérieuse nécessité d’agir dès maintenant » (DEN12 : 1)

- Recours à des citations :

« Dans la foulée du Sommet de Rio, lors du Congrès Eco-Ed de 1992, l’Unesco proposait rien de moins qu’une « refonte de l’éducation pour le - », soutenant plus tard dans les pages de la revue Connexion, que le – est la « finalité de l’humanité ».». (DEL 9 : 57)

La définition énoncée en 1987 par Gro Harlem Brundtland [...] est aujourd’hui adoptée par tous : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». (DEL 2 : 5)

Après Rio, les chercheurs ont clairement compris la nécessité de « renforcer les bases scientifiques du - » (DEN 25 : 2)

- Terminologie scientifique, surabondance de termes et expressions tels que « notion », « concept », « problématique »…

« La notion de – est aujourd’hui omniprésente dans les discours scientifiques » (DIP 5 : 10)

« Le CERTU est engagé depuis sa création sur des thématiques du -, qu’il aborde sous plusieurs angles… » (DIP 5 : 6)

« L’idée contemporaine de – trouve son origine dans les signaux alarmants que nous renvoie la planète sur son état de santé général. » (DIP 5 : 10)

« Les questions soulevées par la recherche d’un – sont complexes » (DIP 6 : 3) « des indicateurs permettant d’élaborer l’état national et territorial du - » (DIP 6 : 7)

« Plusieurs éléments d’approche du – se sont révélés nécessaires dans notre questionnement. » (DIP 6 : 10)

« le caractère systémique du -, sa dimension stratégique et qualitative » (DIP 6 : 10)

« La recherche d’un – fournit une grille de lecture et d’analyse des différentes situations et revalorise, notamment, des critères qualitatifs. » (DIP 6 : 10)

« la dimension temporelle du - » (DIP 6 : 11) « le caractère spatial du - » (DIP 6 : 11)

« Le – est doublement marqueur des dimensions globales […] et locales. » (DIP 6 : 11)

« avec la notion de – et des innovations qui lui sont associées » (DIP 7 : 5) « Par son objet même, le – est une problématique du complexe. » (DIP 7 : 5) « c’est le terme – qui a été retenu » (DEL 9 : 58)

« Le concept de – propose une vision économiste de la relation à l’environnement et du développement. » (DEL 9 : 58)

« Le schème conceptuel du – témoigne d’un consentement à l’économisme ambiant. » (DEL 9 : 58)

« Ainsi, non seulement la notion de – est-elle conceptuellement problématique, mais elle manque d’envergure éthique et affiche un biais culturel évident. » (DEL 9 : 59)

« La problématique scientifique du – apparaît ainsi comme étant désormais celle de la dynamique des interactions multiformes impliquant les différents milieux et sociétés qui coexistent sur notre planète. » (DEN 25 : 2)

« En intégrant à la fois les dimensions sociale, économique et environnementale, la notion de – interpelle la recherche scientifique dans son organisation et dans ses objets. » (DEN 25 : 3)

- Cette scientificité du discours prend parfois une tournure pédagogique : « qu’entend-on par - ? » (DEL 2 : 5)

« Le -, c’est l’histoire d’une prise de conscience mondiale. » (DEL 2 : 5)

« Ce concept, d’abord développé par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) et mis de l’avant par le rapport Brundtland en 1987, réfère avant tout à… » (DEL 9 : 57)

« Comme dans tous les pays industrialisés, nous ne vivons pas durablement. Cela signifie que… » (DEL 9 : 57)

D’après G. Leclerc (2005), les énoncés scientifiques seraient porteurs d’une certaine « autorité », en ce sens qu’ils combineraient « légitimité discursive », dans la mesure où ils sont institutionnalisés, et « crédibilité intellectuelle », car ils sont produits suivant des règles bien définies, reposant sur l’utilisation de « sources autorisées ». Le savoir scientifique, à partir du moment où il est établi à l’intérieur des paradigmes dominants partagés par la communauté scientifique, est considéré comme impersonnel, anonyme, fiable.

Quand un énoncé scientifique est novateur, c’est-à-dire quand il remet en question les paradigmes existants, c’est alors le nom du chercheur qui fait foi, sa notoriété, sa crédibilité institutionnelle dans la publication, la diffusion et l’acceptation de sa « découverte ». Dans les sciences de la nature, en particulier, c’est la notoriété au sein de la communauté scientifique qui est le critère de la crédibilité scientifique.

Ces caractéristiques apparaissent dans notre corpus : l’impersonnalité, mais aussi parfois le recours à des « autorités » au travers de citations, de références à des événements antérieurs. Il est dès lors aisément compréhensible que certains de nos locuteurs, adoptant une posture autoritaire, soient tentés par une énonciation de type scientifique.