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Positionnement des recherches dans le contexte scientifique

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3. Chapitre II – Nos recherches concernant les conditions d’utilisation du LSS dans le secteur

3.1. Positionnement des recherches dans le contexte scientifique

Depuis plus de 10 ans, le concept Lean fait partie des programmes de formation des universités anglo-saxonnes et asiatiques1. Selon P. Grudowski (Grudowski, 2007), la tendance mondiale montre que les grandes entreprises en concurrence mutuelle sont très exigeantes envers leurs fournisseurs – souvent des PME. Les grandes organisations attendent d’eux la haute qualité des produits, l’amélioration continue et la certification selon les normes ISO. Ceci amène les PME, qui coopèrent avec les grands groupes, à chercher de nouvelles méthodes de management plus efficaces et cela explique l’intérêt croissant pour les concepts Lean et Six Sigma.

3.1.1. Recherches scientifiques concernant les éléments du concept Lean Six Sigma

En Pologne, l’intérêt des chercheurs s’est porté sur la thématique liée aux éléments du Lean Six Sigma depuis plusieurs années. Parmi les établissements supérieurs les plus prestigieux se trouvent l’Université Technique de Wroclaw, l’Université Technique de Gdansk, l’Université de Gdansk et l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Varsovie.

Dans les universités polonaises, nous n’avons pas trouvé jusqu’à présent de travaux de recherche sur le Lean Six Sigma (Nauka Polska, 2012). Cependant il y a de nombreuses études concernant l’application de la méthode Lean. Le plus souvent, ces recherches portent sur l’utilisation générale du management maigre dans les usines. Par exemple, B. Ostrowski (Ostrowski, 2004) a constaté l’utilité du Lean Management lors de la restructuration des entreprises industrielles pour augmenter la productivité et la compétitivité. K. Antosz (Antosz,

2011) montre les méthodes d’emploi du Lean Management pour améliorer les processus de contrôle des machines et des équipements technologiques dans les entreprises de production.

Le Lean Management a été également étudié pour son efficacité économique par J.

Czerska (Czerska, 2002b) et T. Sobczyk (Sobczyk, 2006). J. Czerska a démontré que l’application du concept Lean dans les entreprises de production contribue à la croissance de l’efficacité économique, où le volume de profit dépend du type de production. D’autre part, T.

Sobczyk a indiqué une méthode d’analyse des coûts appropriée pour soutenir les processus décisifs dans les entreprises gérées avec le Lean Manufacturing.

M. Szymańska-Brałkowska propose un autre regard sur l’utilisation du management maigre (Szymańska-Brałkowska, 2011). Elle a démontré que l’emploi des outils Lean dans l’entreprise de production contribue à diminuer l’impact négatif de l’usine sur l’environnement.

Au-delà de l’application du Lean dans la production, J. Czekaj (Czekaj, 2010) a montré la possibilité d’employer la Lean Administration dans les organisations commerciales et non-commerciales.

Tous ces travaux se focalisent plutôt autour du Lean dans les grands groupes. Par exemple, les recherches effectuées par B. Kroker (Kroker, 2006, 2012) montrent que les coopératives laitières polonaises et leurs chaînes logistiques possèdent une maturité appropriée pour rivaliser sur le marché grâce au concept du Lean Thinking et aux outils du Lean Management. De même, P. Walentynowicz (Walentynowicz, 2010) a mené des études empiriques concernant la mise en œuvre du Lean Management et les problèmes que rencontre

cette démarche. Ses recherches concernent six grandes entreprises polonaises, où P. Walentynowicz a identifié les facteurs de réussite et les obstacles à l’implémentation.

Le seul travail, qui établit un lien entre le Lean et le secteur des PME, est la thèse de doctorat de P. Schulze (Schulze, 2002). P. Schulze a élaboré une méthodologie d’application du Lean Production dans les moyennes entreprises de construction de machines, notamment chez les fournisseurs de composants pour l’industrie automobile. Dans son étude, P. Schulze a mis en évidence l’équilibre réalisé entre les effets pour l’entreprise, les employés et les clients.

1University of Kentucky, Stanford University, University of California, Massachusetts Institute of Technology, Northern State University, Purdue University, University of Leicester, Tsinghua University, University of Tokyo

En parallèle, on trouve de nombreux mémoires de master et d’ingénieur sur l’implémentation du management maigre dans les PME de production. Par exemple, en étudiant l’application du Lean dans une entreprise moyenne de production, W. Trzebiatowski (Trzebiatowski, 2011) identifie les barrières au développement des PME : le manque de stratégie, les plans à court terme ou le manque complet de planification. Il constate également l’attrait et l’intérêt du Lean Manufacturing dans l’entreprise concernée. A. Walczak (Walczak,

2012) confirme l’utilité du management maigre pour une petite entreprise de production.

A l’égard des plus petites organisations, elle recommande une implémentation restreinte avec quelques outils basiques du Lean, en employant peu de ressources financières. Parmi les mémoires d’ingénieur, on trouve également les cas d’application du concept Lean dans les grands groupes. E. Leseure-Zajkowska (Leseure-Zajkowska, 2004a) confirme l’efficacité du management maigre, notamment du système Kanban avec Heijunka et MRPII, pour synchroniser les flux dans une grande entreprise de production automobile.

Les recherches concernant la problématique du Six Sigma sont peu nombreuses dans les universités polonaises. Parmi eux, il n’y a qu’un seul travail qui porte sur les petites et moyennes entreprises. Dans le cadre d’une action collective, P. Grudowski (Grudowski, 2011) a étudié l’utilisation du Six Sigma dans le secteur des PME, ce qui a prouvé que cette méthode est appropriée pour améliorer la qualité des processus technologiques et augmenter le profit de l’organisation. De plus, cette étude a permis d’identifier les besoins des PME de la région Poméranie concernant les méthodes de contrôle des procédés. Les entreprises sollicitaient principalement des formations et du consulting. Elles souhaitaient également maîtriser les processus afin de diminuer les coûts de non-conformités. Cependant, les organisations examinées ont rencontré des difficultés à identifier les non-conformités et à les éliminer. Cette situation pouvait provenir du fait que l’analyse a été rarement utilisée pour supprimer les défauts et que les entreprises ont manqué de compétences en méthodes appropriées. Ainsi les actions de contrôle, d’amélioration et de correction se sont basées principalement sur l’intuition et l’expérience. Les employés ont rarement utilisé les mesures pendant le contrôle final, en favorisant le contrôle visuel. De même, le choix des outils du Six Sigma utilisés (le brainstorming, l'organigramme, le diagramme de Pareto et les cartes de contrôle) indiquait que les organisations préféraient un petit nombre de solutions simples et rapides à mettre en œuvre.

Par conséquent, les barrières clé du développement des PME étudiées ont été identifiées comme

étant le manque de temps et de personnel qualifié en Six Sigma, ainsi qu’une réticence à partager ses connaissances en dehors de l’organisation.

Les autres études empiriques sur l’utilisation des méthodes statistiques dans les entreprises polonaises ont été réalisées par un groupe de travail de l’Université Technique de Wroclaw (Jednoróg et al., 2005). Les conclusions ont révélé que la connaissance des outils statistiques augmente avec la taille de l’organisation. D’une part, les petites entreprises préfèrent l’histogramme, la feuille de contrôle et le schéma du processus de production, en appréciant leur utilité pour améliorer les procédés. D’autre part, les grandes firmes favorisent des outils plus complexes et méconnus des petites organisations : le plan d’expériences DOE, l’analyse de la variance ANOVA, le test d’hypothèse et l’analyse de la régression. Les entreprises de taille moyenne emploient les mêmes outils que les petites organisations, mais également les analyses DOE et ANOVA.

Une recherche générale, sans prendre en considération la taille des entreprises, a été effectuée par W. Parysiewicz (Parysiewicz, 2005). Dans les résultats de son travail, elle a démontré que la méthode Six Sigma est applicable pour tous les processus et notamment pour la conception, pour l’identification des besoins client et pour la production. W. Parysewicz a également constaté que ce concept est un complément des systèmes de management de la qualité grâce, en particulier, à l’approche processus.

D’autres études sur le Six Sigma portent sur son utilisation spécifique dans la fonderie.

M. Szanda (Szanda, 2011) et J. Tybulczuk (Tybulczuk, 2006) présentent une méthode d’emploi du Six Sigma pour améliorer la qualité des procédés de fonderie, ce qui comprend la définition du problème, les mesures notamment avec l’indicateur DPMO, ainsi que l’analyse statistique des résultats des paramètres mesurables. A. Czarski (Czarski, 2010) a montré une large application des outils statistiques avancés dans la métallurgie, en prouvant leur efficacité pour surveiller et améliorer les processus analysés.

En France, la thématique liée aux méthodes Lean et Six Sigma a été étudiée depuis quelques années, en commençant principalement par le management maigre. Ainsi dans la région Rhône-Alpes, ce type de recherches a été lancé par les établissements supérieurs : l’Université de Savoie, l’INSA de Lyon, l’Université Jean Monnet et l’ECAM Lyon.

Parmi eux, le Laboratoire SYMME de l’Université de Savoie est particulièrement actif dans l’étude d’application du Lean. Dans ce laboratoire, B. Lyonnet (Lyonnet, 2010) a développé une nouvelle approche permettant d’identifier la quantité optimale à produire avec le Lean, en prenant en considération les spécificités locales des entreprises du pôle de compétitivité Arve Industries. B. Lyonnet a constaté que les difficultés des PME consistaient à définir les problèmes, à utiliser la cartographie de la chaîne de valeur et à pérenniser les améliorations.

Les recherches menées au sujet du Lean Six Sigma sont très peu nombreuses et concernent surtout l’application de cette méthode dans les grandes entreprises. A la fois le Lean Six Sigma et le management maigre gagnent de plus en plus d’intérêt dans le secteur pharmaceutique (Clémençon, 2009; Olivier, 2009; Levallet, 2012; Meherzi, 2009; Touzet, 2006).

H. Haouzi (Haouzi, 2008) propose une méthode d’utilisation conjointe de la synchronisation des flux et du concept Six Sigma dans le contexte de l’automatique dans une grande entreprise de la production.

Le Lean fait également l’objet de l’intérêt des sociologues et psychologues français.

T. Pardi (Pardi, 2011) le perçoit comme une nouvelle mentalité de travail et E. Quillerou-Grivot (Quillerou-Grivot, 2011) définit les dangers potentiels du travail collectif pour la santé et l’hygiène du travail.

D’autre part, nous n’avons trouvé qu’une seule étude sur l’utilisation du Six Sigma dans le domaine médical effectuée par K. Gerard (Gerard, 2008). Une perspective intéressante de recherche est la thèse en cours à l’Université d’Angers par I. Alhuraishh (Alhuraishh, en cours) qui évalue notamment les méthodes Lean et Six Sigma dans le contexte de l'environnement de la structure de l'entreprise.

3.1.2. Diffusion des connaissances du domaine du LSS

En France et en Pologne, nous avons constaté l’existence de groupes de travail et de programmes de développement basés sur les éléments du Lean Six Sigma. L’Université Technique de Wroclaw participe à une étude approfondie sur l’utilisation du management maigre, (Koch, en cours) menée dans le cadre d’une coopération internationale avec des universités allemande, américaine et danoise. Le but de ces recherches consiste à élaborer une méthodologie basée sur le Lean Manufacturing et permettant de concevoir les systèmes de

démontage et de transformation des produits électriques et électroniques selon les directives de l’Union Européenne.

En Pologne et en France, les conférences sur le management maigre se déroulent régulièrement. Parmi elles, il y a l’Université d’été Lean (Lean Management by ECAM Lyon, 2012) et les conférences organisées par le Lean Enterprise Institute Polska (Lean Enterprise Institute Polska, 2012) et par l’Institut Lean France (Institut Lean France, 2012). Elles traitent les aspects d’une application efficace de cette méthode dans les organisations des différents domaines d’activité. Il y a également l’Enseignement Supérieur qui s’intéresse de plus en plus à l’utilisation du Lean sur le terrain. En effet, on a constaté que les diplômés – et ensuite les managers – ont des difficultés à planifier, à définir les problèmes et à pérenniser les changements correctement.

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