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LISTE DES ABREVIATIONS -AFSSA : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments

V. 4 LA COLLATION MATINALE .1 Sa pratique

V. 4.3 Position des parents

V. 4.3.1 La composition supposée par les parents

Ce qui peut être intéressant d’observer dans mon étude, plus que la composition supposée de la collation par les parents, est la concordance entre la composition de la collation déclarée par les professeurs des écoles et celle supposée par les parents.

En effet, on se rend compte que la concordance parfaite est très faible sur l’échantillon total (19.1%). Ceci signifie que peu de parents savent exactement ce que mangent leurs enfants lors de la collation matinale. Mais cette concordance est beaucoup plus forte en périphérie (45.5%) que dans les autres quartiers.

Peut être que les échanges entre professeurs des écoles et parents sont facilités dans ces quartiers du fait de la plus petite taille des écoles ou alors de la disponibilité de temps plus grande des parents. Ou peut être que c’est un biais de mon étude. Je n’ai, en effet, pas beaucoup d’écoles de périphérie, il suffit qu’un travail sur la collation matinale soit l’actualité et que, de ce fait les parents sont informés de ce que reçoivent leurs enfants comme collation.

Si on veut s’intéresser à la composition supposée de la collation matinale par les parents, on n’est pas très surpris d’avoir des concordance fortes pour le lait, le pain, les fruits, le charcuterie et des moins fortes pour les jus de fruits, les biscuits, le chocolat.

V.4.3.2 Le ressenti des parents sur cette collation matinale Beaucoup de parents se disent satisfaits de la collation matinale

Quelles peuvent en être les explications ?

- Les parents ont eux même connus, lorsqu’ils étaient enfants, cette collation matinale et en gardent sûrement un bon souvenir.

- Ils ne pensent pas que cette collation puisse avoir un impact sur le poids de leur enfant. En effet, 76.7% des parents ne pensent pas que cette collation matinale puisse favoriser une surcharge pondérale chez leur enfant.

- Pour beaucoup de parents, qui me l’on témoignés librement, cette collation matinale rassure. Beaucoup de parents m’expliquent que la journée de leur enfant est longue. Qu’ils se réveillent tôt et arrivent tôt à la garderie de l’école sans avoir petit déjeuner soit parce que les parents les réveillent à la dernière minute pensant bien faire en leur laissant un peu plus de sommeil, soit parce que l’enfant lui-même ne souhaite pas déjeuner si tôt.

Finalement, on constate dans mon étude que l’envie chez les parents d’approfondir le sujet est très modérée. En effet, seulement un peu plus de la moitié souhaiterait qu’un professionnel explique les raisons pour lesquelles la collation matinale peut engendrer une surcharge pondérale chez leur enfant. Les parents sont satisfaits de cette collation et n’ont certainement pas envie d’entendre que ce qui leur plait n’est plus recommandé.

V.4.3.3 Connaissances des parents sur l’obésité infantile

Le grignotage, la consommation de boissons sucrées et l’inactivité sont reconnus comme étant des facteurs de risque chez une grande majorité des parents. Notons tout de même que pour seulement un peu plus de la moitié des mères des enfants scolarisés en ZUS la consommation de boissons sucrées est considérée comme étant un facteur de risque d’obésité.

Par contre, en ce qui concerne la faible consommation de fruits et de légumes moins de la moitié des parents pensent que cela peut être un facteur de risque d’obésité. L’absence de petit déjeuner est aussi un facteur de risque peu connu. En effet, seulement un tiers des parents en sont conscients. Le facteur de risque le moins connu des parents est le manque de sommeil.

Pour lutter contre l’obésité des enfants, un travail éducatif auprès des parents est nécessaire. Un travail portant sur l’importance du petit déjeuner serait intéressant et cela permettrait peut être l’acceptation des recommandations de l’AFSSA sur la suppression de la collation matinale en école maternelle.

Conclusion

Au travers de mes résultats, on se rend compte que finalement les recommandations de l’AFSSA de mars 2004 sont très mal connues dans leur contenu par les professeurs d’école et ne sont pas bien appliquées.

Ce sujet crée un malaise et une colère des professeurs des écoles qui me l’ont souvent témoignés librement par écrit ou oralement. Une directrice d’école a même censuré mon questionnaire destiné aux parents en enlevant la dernière question (« si on vous dit qu’en réalité la collation matinale peut favoriser une surcharge pondérale chez les enfants,

souhaiteriez-vous qu’un professionnel vous en explique les raisons précises ? », d’autres

écoles ont refusées de participer comme si je venais troubler une tranquillité ou juger une façon de faire.

Dans la majorité des cas, c’est le caractère pensé arbitraire de la suppression de la collation matinale qui est dit être mal vécu et la difficulté à adapter à leur population d’élèves.

Pourtant, ces mêmes professeurs des écoles se disent impliqués, concernés par ce sujet mais réticents quand il s’agit d’approfondir leurs connaissances et surtout n’en ressentent pas le besoin. Peut être que le changement d’habitude est difficile ? Comment ont été présentées ces recommandations ? Y a-t-il eu un accompagnement ou en aurait-il fallu un ?

En effet, un travail d’accompagnement sur le terrain serait peut être à entreprendre pour former et aider les professeurs des écoles à adapter et exploiter au mieux ces recommandations à la situation de leur école.

En ce qui concerne les connaissances des parents on se rend compte qu’ils savent que l’obésité infantile à des répercussions sur la santé et la vie sociale des enfants mais connaissent finalement assez mal les facteurs de risque. Si on s’intéresse à la collation matinale, comme pour les professeurs des écoles, on sent que ce sujet dérange, on sent un réel

VI. CONCLUSION

Après m’être intéressée à la nutrition en milieu scolaire puis à l’obésité infantile de sa définition à sa prise en charge, je vous ai exposé mon étude réalisée dans 49 écoles maternelles vosgiennes.

J’avais pour objectif de m’intéresser aux connaissances des professeurs des écoles et des parents sur le sujet de l’obésité infantile, principalement au travers de la collation matinale et à leur ressenti vis-à-vis des enfants par rapport à ce problème de santé publique.

En ce qui concerne le ressenti des professeurs des écoles sur l’obésité infantile, la majorité a le sentiment que le nombre d’enfants en surpoids ou obèses augmente dans leur classe au fil des ans.

En ce qui concerne les parents, ils ont une perception très dépendante de la corpulence de leur enfant.

On se rend compte que les professeurs des écoles et les parents se sentent préoccupés, concernés par ce sujet, conscients des conséquences de l’obésité infantile mais que leurs connaissances seraient à approfondir. Pour beaucoup, ils ne le souhaitent pas ou n’en ressentent pas le besoin.

Le sentiment qu’il me reste maintenant l’étude finie est le sentiment d’avoir abordé un sujet épineux. En effet, la collation matinale semble être défendue par les professeurs des écoles et par les parents. Et le fait d’avoir abordé le sujet de l’obésité infantile dans mes questionnaires, au travers de la collation matinale, a peut être éveillé une colère de mes interlocuteurs qui se sont fermés face à une proposition que je leur faisait en demandant « s’ils souhaitaient qu’un professionnel leur explique les raisons qui font que la collation matinale n’est pas justifiée ? »

Pourquoi cet attachement à la collation matinale ? J’ai eu beaucoup de témoignages d’incompréhensions, de parents et de professeurs des écoles, face à la décision de supprimer la collation matinale. Comment ont été présentées ces recommandations de l’AFSSA aux professeurs des écoles et aux parents ? Y a-t-il eu un accompagnement ? En aurait-il fallu un ? Il en résulte que je me retrouve avec ce paradoxe : avoir des personnes concernées, inquiètes par ce sujet de l’obésité infantile mais qui ne souhaitent pas être guidées. A ce titre, au vu de l’expérience de la recommandation de suppression de la collation matinale émise par l’AFSSA, il semble que la clef pour réussir à l’avenir de telles démarches tienne à une approche interdisciplinaire, mobilisant différents acteurs :

- expertise scientifique nationale ;

- impulsion réglementaire, ou sous la forme de circulaires ;

- accompagnement des enseignants et des parents par des professionels de la santé publique ;

- suivi plus systématique des résultats, en associant professionnels de la santé et professionnels de l’éducation, mais aussi les parents.

Pourtant, l’école reste un lieu d’exemple. N’avez-vous jamais entendu de la bouche des enfants « c’est la maîtresse qui l’a dit ! », quel pouvoir ! Et quel merveilleux « outil » éducatif ! L’école pourrait être un réel lieu de prévention de l’obésité notamment pour les personnes les plus démunies mais pour faire passer un message, il faut avant tout en être persuadé. Je pense que le travail à effectuer ce situe à ce niveau.

VII. ANNEXES