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Portraits d’expositions par des curateurs-amateurs

La seconde catégorie proposée est celle des expositions conçues par des artistes, écrivains et intellectuels ayant une pratique artistique, opérant pour certains dans le champ de l’art. Cette catégorie rassemble plus des artistes-curateurs à la pratique curatoriale amateur.

Pour cette catégorie je fais là aussi le choix d’une exposition paradigmatique, importante à mes yeux. Cette exposition est celle organisé par l’écrivain anglais James Graham Ballard.

1. New Sculpture (James Graham Ballard)

L’exposition New Sculpture, présentée au New Arts Laboratory à Londres du 4 au 28 avril 1970 est difficile à aborder car la documentation est extrêmement limitée. Quelques témoignages de l’auteur lui-même, de l’éditeur Martin Bax et de l’écrivaine Pamela Zoline ainsi qu’une unique photographie [Fig. 28], sont les seuls documents sur lesquels nous pouvons nous appuyer. Cette photographie serait selon James Graham Ballard, la seule existante, prise par un visiteur. Une image qui représente une jeune femme assise dans une voiture (une Pontiac), sortant de la casse. La jeune femme brandit une pancarte sur laquelle est inscrit « £ 3000 ». Cette femme est Sally Potter, à l’époque, assistante au London Film-Makers Co-op, elle n’est pas encore la cinéaste expérimentale de renom274. Ballard avait disposé dans le lieu d’exposition, trois voitures accidentées : une Austin

Cambridge A 40, une Morris Cooper, (dites Mini-Cooper) et une Pontiac des années 1960. Le New

Arts Lab est un espace alternatif275 qui dispose d’une large entrée sur rue, ce qui facilita l’entrée de la

dépanneuse et la dépose des trois véhicules. Sur la photographie, nous pouvons d’ailleurs distinguer la voiture du fond encore sous son emballage plastique.

271 Édouard Jolly et Philippe Sabot (dir.), Michel Foucault à l’épreuve du pouvoir, Paris, Presses Universitaires

du Septentrion, 2013, p. 16.

272 Julie Bawin, L’artiste commissaire. Entre posture critique, jeu créatif et valeur ajoutée, Bruxelles, Éditions

des Archives Contemporaines, 2014, p. 154.

273 Julie Bawin est Docteure en Histoire de l’art depuis 2004 (Université Paris 1-Sorbonne et Université de

Liège). Elle est professeur adjoint à l’Université de Liège depuis 2010.

274 Nous devons ses précieuses informations à Valérie Mavridorakis, in Art et Science-fiction : La Ballard

Connection, Genève, Genéve, Éditions Mamco, 2011. p. 145-163.

275 Le New Arts Lab est un espace alternatif fondé en 1967 par Jim Haynes au 182 Drury Lane, Cet espace ne

sera actif que pendant deux ans, malgré cette courte vie, il aura une très grande influence sur la scène londonnienne.

1.1 La foire aux atrocités

L’exposition, dans laquelle les visiteurs, tous accueillis par une hôtesse aux seins nus, sont filmés par un dispositif vidéo diffusé en circuit fermé, est conçue comme « une illustration spéculative d’une scène de La Foire aux atrocités276 ». James Graham Ballard déclare : « C’était une exposition

d’art mise en scène pour tenir lieu de test psychologique, afin que je puisse décider d’écrire ou non mon roman Crash277 – commencé en 1970 et achevé en 1972. Je voulais tester ma propre hypothèse

sur la fascination inconsciente exercée par les accidents de voitures et leur dimension sexuelle latente. On pourrait soutenir aujourd’hui que le Turner Prize et les expositions de Damien Hirst, de Tracey Emin ou des frères Chapman jouent exactement le même rôle, qu’elles sont des tentatives élaborées pour tester la psychologie du public d’aujourd’hui. Pour aller plus loin, je suis tenté de dire que le test psychologique est actuellement la seule fonction des expositions d’art et que les éléments esthétiques ont pratiquement été réduits à zéro»278. Pour l’Independent Group cette dernière exposition fonctionne comme une « capacité de transformation de la culture populaire279 ». Ces artistes ont permis de rendre

visible les diverses perspectives et potentiels d’une exposition, conçue comme une forme d’expression aucaractère entier.

Dans l’introduction à l’édition anglaise de 2001 de son livre « la foire aux atrocités », James Graham Ballard écrit « la plupart des vedettes de cinéma et des personnalités politiques qui apparaissent dans La Foire aux atrocités – comme John F. Kennedy, Ronald Reagan, Marilyn Monroe ou Elisabeth Taylor – sont toujours parmi nous, sinon en chair, du moins dans notre souvenir280 ».

Pour l’écrivain, tous les événements passés nous traversent, nous guident et nous constituent. Ils sont là, présents, en nous. Plus loin l’auteur ajoute « ensemble, elles ont contribué à donner naissance à cette culture de la célébrité qui a joué un rôle si prépondérant dans les années 60281 ».

En 1972, William Burroughs écrivait au sujet de l’ouvrage de James Graham Ballard : « La ligne de démarcation entre les paysages extérieurs s’estompe. Des bouleversements peuvent résulter de convulsions sismiques à l’intérieur même de l’esprit humain282 ». William Burroughs va même jusqu’à comparer l’auteur anglais à Robert Rauschenberg, « ce n’est rien d’autre que ce que Robert Rauschenberg accomplit dans son art – littéralement faire exploser l’image283 ».Le texte de James Graham Ballard commence par la description d’une exposition, annoncée comme l’Apocalypse, « Cette exposition annuelle – à laquelle les patients eux-mêmes n’étaient pas conviés – offrait une

276 Speculative Illustrations, Eduardo Paolozzi in conversation with J. G. Ballard and Frank Whitford, Studio

International, Volume 182, 1971, pp. 136–143.

277 James Graham Ballard, Crash !, Paris, Calmann Lévy, 1974.

278 James Graham Ballard, entretien avec Hans-Ulrich Obrist, Interviews, vol. 1, Milan, Charta, 2003, pp. 58-68. 279 Ibid. p.22.

280 James Graham Ballard, « Introduction à l’édition anglaise de 2001 », in La Foire aux atrocités, Tristram,

Paris, 2003, trad. de François Rivière, p. 9.

281 Ibid.

282 William Burroughs, « Préface à l’édition américaine de 1972 », in La Foire aux atrocités, op. cit. p. 11. 283 Ibid.

caractéristique assez inquiétante : l’omniprésence, dans les toiles accrochées, des thèmes du cataclysme mondial284 ». Plus loin il donne un aperçu du contenu de l’exposition, nous y trouvons des photographies de spectro-héliogramme du soleil, de façade à balcons de l’hôtel Hilton de Londres, une image de la section transversale d’un trilobite pré-cambrien, des chronogrammes d’Etienne-Jules Marey, une photographie prise le sept août 1945 à midi sur la plage, à Quattara, en Egypte, une reproduction d’une œuvre de Max Ernst « Pièges pour un avion de jardin », et la diffusion en boucle de séquences fondues de « Little Boy » et de « Fat Boy », les bombes atomiques qui tombèrent sur Hiroshima et Nagazaki285.

L’exposition devient au fil des pages une hallucination cauchemardesque où « les panneaux d’affichage se multipliaient autour d’eux, reproduisant les images géantes de bombardements au Viêtnam, les morts répétées d’Elisabeth Taylor et Marilyn Monroe reproduites en dégradés sur la toile de fond de Dien Bien Phu et de delta du Mékong286 ». L’exposition prend des allures inquiétantes,

rappelant le concept Freudien d’inquiétante étrangeté (Das Unheimliche). D’ailleurs James Graham Ballard écrit « Les visages de Sigmund Freud et Jeanne Moreau se profilaient sur l’amertume de leurs derniers moments287 ».

Afin de décrire l’atmosphère qui règne dans son livre, l’auteur n’hésite pas à utiliser des images et des références issues de l’art contemporain, il fait explicitement référence à Edward Kienholz [Fig. 29] : « Je vous signale au passage qu’une version de tourisme de la Dodge 38 de Kienholz a été vue hier, roulant à vive allure sur une autoroute288 ». L’intérieur de l’exposition peut faire penser à l’œuvre de Edward Kienholz The Eleventh Hour Final de 1968289. L’installation est la

reconstitution d’un intérieur - moquette épaisse blanche au sol, table basse brune au centre avec deux magazines de programmes télé, large cendrier orange typiquement années soixante, petit bouquet de fleurs séchées, canapé gris-vert sur le devant, deux coussins aux extrémités et table de chevet avec de nouveau cendrier orange et lampe de chevet à sa gauche. Les murs de cet environnement sont recouverts de lattes de bois marron foncé, un rideau placé sur le côté cachant une fenêtre invisible. Sortie en 1969 le roman de James Graham Ballard est agrémenté en 1990 de commentaires de l’auteur. Ces ajouts s’immiscent dans les interstices du récit, il écrit : « ce n’est pas par hasard si une Pontiac emboutie constitua le fleuron, en 1969, de l’exposition que je consacrais, au New Arts

Laboratory de Londres, aux voitures accidentées290 ».

284 James Graham Ballard, La Foire aux atrocités, op. cit., p. 15. 285 Ibid., p. 16.

286 Ibid., p. 19. 287 Ibid., p. 22. 288 Ibid., p. 36.

289 Voir le catalogue Kienholz, Die Zeichen der Zeit/The Signs of the Times, Schirn Kunsthalle, Frankfurt,

Walther König Verlag, Cologne, 2012.

290 James Graham Ballard, La Foire aux atrocités, op. cit., p.30. Notons que l’auteur se trompe sur la date de

À travers ces rajouts de textes291, qui perturbent la lecture du livre, il nous délivre quelques

explications, à la fois du texte, considéré par certains comme un peu obscur, mais aussi quant aux choix fait par l’auteur. Dans cet extrait, il parle de l’exposition de 1969, plus qu’une évocation, il s’agit là d’un acte manifeste chez l’écrivain, celui d’inclure dans son œuvre cette exposition. Ces ajouts de textes sont également l’occasion de décrire les œuvres présentées dans l’exposition dont notamment, les chronogrammes d’ Etienne-Jules Marey, une sculpture d’Oscar Dominguez et une autre de George Segal. Pour une scène du livre, qu’il intitule « Eurydice au milieu de voitures d’occasion », il fait bien sûr référence à l’épouse d’Orphée film292 de Jean Cocteau de 1949. Un film hanté par « les épreuves initiatiques imposées au poète las des choses terrestres, et qui apprend à aimer la mort et à se faire aimer d'elle pour devenir immortel293 ». Mais il fait aussi allusion à Paul Éluard qui « décrivant sa femme Gala, qui le quitta par la suite pour épouser Dali, disait : Son corps est la forme de mes mains294 ». L’exposition se veut une dénonciation de la banalisation de la gloire et de la

célébrité, « on nous offre aujourd’hui qu’une gloire instantanée, prête à l’emploi, aussi nourrissante qu’un potage en sachet295 ». Plus loin, il prend à témoin Andy Warhol qui « nous montre bien ce

processus à l’œuvre296 ». James Graham Ballard fait appel à Eduardo Paolozzi, « Le jeune homme au visage creux […] était assis sur le banc près du Paolozzi297 ». L’écrivain donne d’autres précisions

dans les ajouts postérieurs à l’édition originale du roman. « En écumant les casses des alentours de Londres, j’avais été, peut-être par bonheur, incapable de trouver une Lincoln Continental emboutie.

Quoiqu’il en soit, la réaction du public à toutes ces Pontiac, Mini et Austin Cambridge télescopées avait touché à l’hystérie nerveuse298 ». L’auteur fait part de son intérêt pour les casses, il

exagère cependant sur le nombre de voitures car, à le croire, l’exposition était constituée d’une multitude de voitures, nous savons, cependant que seules trois voitures étaient présentées. Plus loin l’auteur nous informe sur le déroulement de l’exposition : « Les voitures étaient exposées sans commentaires, mais durant le mois qui poursuivit l’exposition elles furent continuellement détériorées par des visiteurs de la galerie, qui brisèrent les vitres, arrachèrent des rétroviseurs et les éclaboussèrent de peinture blanche299 ». La réaction du public, conforte l’intention de l’auteur d’écrire son roman à

venir Crash, pensant à la morbidité engendrée par la présence de ces voitures accidentées. Ses analyses sur la célébrité, esquissent un rapprochement avec les célèbres accidentés de la route : John F. Kennedy ou encore James Dean. Il évoque d’ailleurs cet intérêt de la part du public à la morbidité dans son roman : « Je me suis laissé dire que des voitures présentées comme étant la Continental de J.F.K.

291 Ces ajouts de textes ont été rassemblés par la revue Re Search, dans un numéro consacré à J.G.Ballard in Re

Search, n° 8/9, RE/Search Publications, San Francisco, 1984, p. 80-81.

292 Jean Cocteau, Orphée, (1949), M6 Vidéo, 2008.

293 Nagel Miller, « Critique du Film Orphée de Jean Cocteau », in Télérama, 12 octobre 2013. 294 James Graham Ballard, La Foire aux atrocités, op. cit., p.32.

295 Ibid., p. 33. 296 Ibid. 297 Ibid., p.43. 298 Ibid., p. 55. 299 Ibid.

sont souvent exhibées aux Etats-Unis300 ». L’écrivain fait de plus appel à la figure de Marcel

Duchamp, notamment à travers l’œuvre La Mariée mise à nu par ses célibataires, même301. Nous sommes en présence d’un véritable musée des obsessions qui comme le souligne Valérie Mavridorakis « alimente la schizophrénie de l’homme moderne302 ».

En 2006, sera réalisé un film, The Atrocity Exhibition par Jonathan Weiss, agrémenté des commentaires audios de James Graham Ballard et du réalisateur. Malheureusement, la linéarité du film se positionne à l’encontre du livre dont il est tiré, ce dernier pouvant « être feuilleté au hasard permettant au lecteur de participer à la construction de l’ouvrage303 ». La notion du hasard et de l’indétermination remonte une fois de plus à la surface.

1.2 Independent Group

James Graham Ballard fait preuve d’une certaine originalité en exposant son roman. Nous savons que l’exposition This is Tomorrow aura un grande influence sur le jeune écrivain. Pour l’historienne de l’art Valérie Mavridorakis, l’approche de J.G. Ballard comme celle des artistes de

l’Independent group, est conçue comme un travail de médiations « entre la science-fiction et le public

dans un monde où la technologie échappait au commun des mortels304 ».

James Graham Ballard déclarera à Hans-Ulrich Obrist : « Je n’ai pas vu This is Tomorrow comme un événement esthétique. Pour moi, ce n’était pas à proprement parler une exposition d’art, de la même manière que je ne voyais pas les expositions de Francis Bacon, de Max Ersnt, de René Magritte ou de Salvador Dali comme des présentations de peintures305 ». Les références sont là, il

ajoute plus loin « je les considérais (les expositions) comme des déclarations les plus radicales que l’imagination humaine ait jamais produites, à l’égale des découvertes radicales en neurosciences ou en physique nucléaire. This is Tomorrow montrait comment le monde pouvait être perçu et reconstruit306 ». Si l’écrivain perçoit les expositions de l’Independent Group en général et l’exposition

This is Tomorrow en particulier comme des découvertes radicales en neurosciences, c’est parce que les

membres de l’Independent Group vont eux-mêmes chercher leurs influences, non seulement dans le champ de l’art, mais aussi dans celui des sciences et des mathématiques. Ils procèdent par transversalité, c’est pour sûr cette transversalité que perçoit l’écrivain. Les images citées par James

300 Ibid., p.56.

301 James Graham Ballard évoque Marcel Duchamp « La construction de verre de Marcel Duchamp, prêtée par le

Musée d’Art Moderne, lui rappela le rôle ambigu qu’elle devrait jouer un jour », Ibid., p.65. Ou encore « La mariée nue de Duchamp descendait l’escalier en frissonnant, de façon bien plus désirable à nos yeux que la Vénus de Rokeby, et pour une excellente raison. », Ibid., p. 99.

302 Valérie Mavridorakis, in Art et Science-fiction : La Ballard Connection, op. cit. p. 150.

303 Andrés Vaccari, cité in « J.G.Ballard, L’œuvre commentée », in Jérôme Schmidt et Emilie Notèris (dir.),

J.G.Ballard, hautes altitudes, Alfortville, éditions ère, 2008, p.202.

304 Valérie Mavridorakis, Art et Science-fiction : La Ballard Connection, op. cit.

305 Entretien de J.G.Ballard avec Hans-Ulrich Obrist, in Hans-Ulrich Obrist, Interviews. Volume I, Milan, Charta,

2003, pp.58-68.

Graham Ballard dans son roman sont à manipuler avec dextérité. Il mélange, découpe les mots, et les images, réalisant un collage visuel de textes ; ce n’est pas le fruit du hasard si William Burroughs écrit la préface à l’édition américaine de La Foire aux atrocités en 1972307.

Comme le souligne Valérie Mavridorakis308, James Graham Ballard va rencontrer l’artiste Edouardo Paolozzi, en 1966. Edouardo Paolozzi est membre de l’Independent Group. Ils seront tous les deux invités par le fondateur de la revue Ambit, Martin Bax. Ils collaborent tous deux à la revue, James Graham Ballard écrivant les textes, Edouardo Paolozzi étant chargé de les mettre en images309.

Le travail entre l’écrivain et l’artiste sera très fécond. À force de travailler ensemble, une fusion s’opère, à tel point que les textes de James Graham Ballard deviennent de véritables collages, et les œuvres de Eduardo Paolozzi plus textuelles. Ces liens mettent en évidence une affirmation de l’intérêt pour les arts populaires et les beaux-arts pour chacun d’entre eux.

Nous retrouvons ces préoccupations au sein de l’Independent Group, créé en 1952 à l’initiative de Richard Hamilton et Edouardo Paolozzi. Rappelons les interventions de Edouardo Paolozzi au sein de l’ICA de Londres, où il projetait à l’aide d’un épidiascope310 des images issues de

ses archives. Il présente sans hiérarchie des images puisées dans des revues scientifiques, dans des magazines de Bande dessinée et de science-fiction. Une des réalisations des plus célèbres de l’artiste est un portfolio réalisé avec ces images, un collage visuel intitulé « Bunk »311. Il s’agit d’une expression faisant référence à une déclaration de Henry Ford restée célèbre : « History is more or less

Bunk. We want to live in the present. » (L’histoire est plus ou moins superposée. Nous voulons vivre le

présent)312. Dès 1955, les membres de l’Independent group vont focaliser leurs réflexions sur la

culture populaire, pour le critique d’art anglais Lawrence Alloway, le « seul sujet susceptible de retenir l’attention de l’Independent Group (IG) et d’intéresser l’ICA dans son ensemble313 ». Dans La

Foire aux atrocités, l’écrivain écrit : « percevant la sculpture en mouvement des vols spatiaux comme

d’immenses symphonies géométrique314 ».

Comment oublier l’exposition an Exhibit de 1957, montée par les artistes Richard Hamilton et Victor Pasmore ? Comment ne pas penser à la forte présence de la science-fiction lors de l’exposition

This is Tomorrow de 1956 ?

307 William Burroughs, Préface à l’édition américaine de 1972, in La Foire aux atrocités, op. cit. p. 11. 308 Valérie Mavridorakis, in Art et Science-fiction : La Ballard Connection, op. cit. p. 152.

309 En 2009, une exposition sera consacrée aux réalisations graphiques d’Eduardo Paolozzi pour la revue Ambit.

Exposition Eduardo Paolozzi, « The Jet Age Compendium », Raven Row, 2009.

310 Un épidiascope est un instrument d’optique dérivé de l’épiscope, projetant par réflexion des images mais

aussi des objets transparents.

311 Bunk sera aussi le titre d’une des conférences donné par Éduardo Paolozzi.

312 Cité par Brigitte Aubry, in L’Independent Group et « le front étendu de la culture » : un continuum beaux-

arts – arts populaires en actes. In Atrocity Exhibition Archives paradoxe, (Julien Fronsac, dir.), Lausanne, ECAL, 2014, p.61. Comme le souligne aussi Brigitte Aubry, Paolozzi confirme l’utilisation du titre et son origine dans un entretien avec Daniel Abadie, in catalogue Un siècle de sculpture anglaise, Paris, Édition du Jeu de Paume/Run, 1996, p.191.

313 Lawrence Alloway, The Independent Group and the Aesthetics of Plenty, in David Robbins, The Independent

Group : Postwar Britain and the Aesthetics of Plenty, Cambridge/Londres, MIT Press, 1990, p. 29.

1.3 Science-Fiction

Les relations entre art et science-fiction sont de plus en plus étudiées. L’ouvrage coordonnée par Valérie Mavridorakis, Art et Science-fiction : La Ballard Connection315, précédemment cité, mais aussi à un ouvrage de David Brittain, Eduardo Paolozzi at New Worlds, science fiction and art in the

sixties316. À travers ce livre, nous comprenons comment ces relations s’élaborent. C’est notamment, à

travers la revue de science fiction New Worlds que ces relations deviennent possible. Dans cette revue, vont se rencontrer les auteurs de Science-fiction James Graham Ballard, Michael Moorcock et Eduardo Paolozzi317.

Le magazine New Worlds, revue britannique de science-fiction, a été créé en 1936, le nom initial étant d’ailleurs Novae terrae. Il prendra son nom définitif trois ans plus tard avec l’arrivée d’un nouveau rédacteur en chef, John Carnell. Jusque là, ce magazine était plutôt de l’ordre du fanzine, mais à partir de 1946, l’engouement pour le sujet, va le rendre populaire. En 1964, l’auteur de nouvelles d’heroic fantasy Michael Moorcock en devient le rédacteur en chef. Sous son impulsion, des écrivains d’avant-garde vont se voir ouvrir les pages de ce magazine. C’est ainsi que Brian Aldiss,318 Thomas Disch319 et surtout James Graham Ballard vont pouvoir rendre public leurs écrits et participer à ce que l’on nommera plus tard « la nouvelle vague de la science fiction britannique ». Après des

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