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4. LA SITUATION ÉNERGÉTIQUE DU QUÉBEC

4.1. Un portrait de l’énergie

En 2017, la consommation énergétique annuelle totale au Québec pour l’ensemble des secteurs d’activités était de 1 749 PJ. Par secteur, cette consommation est proportionnellement répartie comme suit : industrie (33 %), transport (30 %), résidentiel (19 %), commercial et institutionnel (11 %), usage non- énergétique (5 %) et agriculture (2 %). La présence d’industries fortement énergivores sur le territoire est un élément de réponse à la haute consommation d’énergie dans le secteur industriel québécois principalement en raison de l’industrie de l’aluminium et des métaux non-ferreux, mais aussi dans une moindre mesure, des industries manufacturières et des pâtes et papiers. En rapportant la consommation totale sur la population, on obtient un résultat par habitant de 194 GJ. Cela classe les Québécois parmi les plus grands consommateurs d’énergie au monde, au deuxième rang, juste avant les États-Unis (193 GJ) et derrière le Canada (222 GJ) qui est en première position. (Whitmore et Pineau, 2020) Ce classement peut probablement s’expliquer en partie à cause du fait que l’exploitation des sables bitumineux en Alberta a un impact substantiel sur les émissions de GES du Canada et que le Québec subit des hivers certainement plus rigoureux qu’aux États-Unis; la demande en énergie va de pair avec, entre autres, ce dernier facteur. L’énergie provient de nombreuses sources primaires autant renouvelables que non-renouvelables (voir figure 4.1). D’ailleurs, malgré l’apport important d’Hydro-Québec avec l’hydroélectricité de ses 63 centrales, la province de Québec est encore fortement dépendante des énergies fossiles. Dans les faits, en 2017, 56 % de l’énergie consommée découlait des hydrocarbures comme le pétrole, le charbon, le gaz naturel et le liquide de gaz naturel. (Whitmore et Pineau, 2020) À ce propos, le pétrole brut, le gaz naturel et les liquides de gaz naturel (LGN) sont acquis sur le marché de l’importation; le Québec n’en produisant pas sur son territoire. (Régie de l’énergie du Canada, 2020) En 2019, l’approvisionnement en pétrole brut du Québec provenait entièrement du Canada et des États-Unis. Plus précisément, 62 % venait des voisins du sud et 38 % de l’Ouest canadien par le biais des sables bitumineux. Cette situation se distingue

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grandement de celle que l’on pouvait observer il y a quelques années seulement (annexe 1). Depuis la venue massive du pétrole de schiste américain et en raison de l’inversion, en décembre 2015, de la ligne 9B de la compagnie canadienne Enbridge qui se spécialise dans le transport de pétrole par oléoduc, les circonstances sont toutes autres. Auparavant, les importations étaient beaucoup plus variées. Antérieurement, du pétrole brut était acheminé au Québec depuis la Norvège, le Royaume-Uni, l’Algérie, l’Angola et de plusieurs autres pays. (Whitmore et Pineau, 2020) Par ailleurs, la province a toutefois les installations requises pour la production de produits pétroliers raffinés (PPR) (essence, carburant diesel, mazout, charges pétrochimiques, etc.) à partir du pétrole brut qu’elle achète sur le marché de l’importation. Deux grandes raffineries sont en activité, celle de Montréal, appartenant à Suncor et celle de Lévis, propriété de Valero. (Régie de l’énergie du Canada, 2020) Elles ont à elles deux une capacité de 402 milliers de barils par jour (kb/j), ce qui équivaut à 20 % de la capacité du pays tout entier. D’ailleurs, comme la consommation quotidienne québécoise est de 365 kb/j, la province subvient à ses propres besoins en matière de PPR. (Whitmore et Pineau, 2020)

Figure 4.1 Consommation totale par forme d’énergie et par secteur d’activité au Québec en 2017 (tiré de : Whitmore et Pineau, 2020)

En ce qui a trait à la production d’électricité, celle-ci est bien entendu dominée par l’hydroélectricité (95 %) et, de façon plus marginale, elle est également produite par l’éolien (4,7 %), la biomasse (0,7 %), le diesel (0,2 %) et le solaire (0,001 %). À défaut d’être utilisée en grande quantité pour la production d’électricité,

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la biomasse forestière est davantage employée à des fins de production d’énergie thermique au Québec. La biomasse forestière produite sur le territoire québécois est majoritairement utilisée par le secteur industriel (68 %) : c’est-à-dire en grande partie par les industries des pâtes et papiers et de la transformation du bois davantage dans une optique de production de chaleur. Ainsi que, dans une moindre mesure, par le secteur résidentiel qui consommerait plutôt 32 % de cette biomasse par l’entremise du bois de chauffage encore largement utilisé. (Whitmore et Pineau, 2020)

Le secteur de l’énergie qui comprend sa production, son transport et sa consommation, est à l’origine de la grande majorité des émissions de GES à l’échelle du Québec, soit 71 %. Comme l’impact de la production d’électricité au moyen de l’hydroélectricité peut être qualifié de marginal au niveau des émissions de GES, les émissions sont plutôt imputables à l’utilisation des énergies fossiles, principalement le pétrole, suivi du gaz naturel. Au total, durant l’année 2017, ce sont 79 Mt d’équivalent CO2 (éq. CO2) qui ont été émises au Québec, soit une baisse de 9 % par rapport aux chiffres de 1990 et une faible augmentation de 0,4 % par rapport à l’année 2016. De ce total, 46 % est attribuable à l’industrie (36 Mt), 43 % au transport (34 Mt) et 11 % aux bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels (9 Mt). Ajoutons que les émissions du secteur industriel comprennent à la fois les émissions reliées aux procédés industriels (10 Mt), mais également aux industries agricoles (8 Mt) et aux émissions fugitives de la gestion des déchets (4 Mt). En outre, en considérant maintenant que le secteur de l’énergie est la plus grande source d’émissions de GES dans la province et que 54 % (1 116 PJ) de l’énergie produite est perdue (principalement de la chaleur) pendant les étapes de transformation, transport et consommation, il serait d’intérêt de miser sur la diminution de ses émissions tout comme sur l’amélioration de l’efficacité du système. En effet, ce n’est que 46 % de l’énergie produite qui comble nos besoins énergétiques. (Whitmore et Pineau, 2020)

L’état de la situation de l’énergie au Québec précédemment dépeint confirme la nécessité d’opérer une transition énergétique misant notamment sur le remplacement des énergies fossiles par des sources d’énergies renouvelables à faible impact carbone. À ce propos, le gouvernement du Québec a récemment publié le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du Québec 2018 – 2023. (MERN, 2018) Celui-ci établit des cibles à l’horizon 2023, soit :

• « Améliorer de 1 % par année l’efficacité énergétique moyenne de la société québécoise;

• Abaisser d’au moins 5 % la consommation totale de produits pétroliers par rapport au niveau de 2013. » (MERN, 2018)

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Cependant, les résultats anticipés sont plus élevés, à savoir de 1,2 % par année pour l’efficacité énergétique et de 12 % annuellement pour la consommation totale de produits pétroliers. Aussi, afin de rendre possible l’atteinte de ces cibles, le gouvernement effectuera plus de six milliards de dollars d’investissements, 225 mesures énergétiques étalées sur cinq ans et 15 feuilles de route pour l’atteinte des objectifs de 2030. (MERN, 2018) Ce plan directeur s’insère dans le contexte de la Politique énergétique 2030 déposée en 2016. Cette dernière offre une vision à l’horizon 2030 des changements nécessaires pour opérer la transition énergétique. Elle touche autant à l’économie faible en carbone qu’à la mise en valeur des ressources énergétiques, la consommation responsable, l’efficacité énergétique et l’innovation technologique et sociale. (MERN, 2016) Les cibles sont :

« amélioration de 15 % de l’efficacité énergétique;

réduction de 40 % de la quantité de produits pétroliers consommés; élimination de l’utilisation du charbon thermique;

augmentation de 25 % de la production totale d’énergie renouvelable; • augmentation de 50 % de la production de bioénergies. » (MERN, 2016)

En somme, d’importants efforts devront être faits pour atteindre les cibles de la Politique énergétique 2030, de même que pour mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles dans nos systèmes énergétiques, ce qui est un changement crucial pour restreindre l’augmentation des températures terrestres sous la barre des 2°C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle (MERN, 2016). C’est également crucial pour atteindre la cible climatique visant à une réduction de 37,5 % des émissions de GES d’ici 2030, par rapport aux mesures de 1990 (MERN, 2018). Il est donc impératif de réaliser une transformation majeure de ces systèmes, particulièrement en sachant que la consommation de produits pétroliers a augmenté de 10 % au courant de la période 2013-2018 et en constatant leur présence encore trop grande dans l’arsenal énergétique du Québec. (Whitmore et Pineau, 2020) Le développement de la filière de bioénergie est donc un outil non négligeable afin de nous donner les moyens de nos ambitions. D’ailleurs, dans le 5e rapport du GIEC, il est démontré que sans la bioénergie, le risque de ne pas rencontrer les cibles climatiques à long terme est élevé (IPCC, 2014).

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