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4. LA SITUATION ÉNERGÉTIQUE DU QUÉBEC

4.2. Exemples de projets énergétiques à la biomasse forestière

Dans les dernières années, plusieurs projets énergétiques à la biomasse forestière se sont concrétisés, tant en milieu industriel, commercial, municipal, qu’institutionnel. Ceux-ci se sont tranquillement implantés

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dans l’ensemble des régions administratives. Les trois projets présentés et ici détaillés sont tous des projets de chauffage à la biomasse. Le premier étant l’hôpital d’Amqui, le second la municipalité de Causapscal au Bas-Saint-Laurent et le troisième celui des Serres Bertrand dans les Laurentides, pour ne nommer que ceux-là. De nombreuses autres initiatives sont nées un peu partout au Québec : la Cité Verte (Capitale-Nationale), les Planchers des Appalaches (Montérégie), l’école secondaire Sieur-de-Coulonge (Outaouais), la Fromagerie Boivin (Saguenay-Lac-Saint-Jean), etc. (Vision Biomasse, Québec, s. d.) Cette section démontrera comment la biomasse forestière peut être intégrée dans toutes sortes de secteurs d’activités et avoir un impact sur la réduction des émissions de GES, tout comme sur la diminution des coûts énergétiques à long terme.

Le marché de la production de chaleur est fort intéressant au Québec, notamment à cause de la réalité climatique à laquelle la province est soumise. Dans le cadre des secteurs institutionnel, commercial et industriel présents dans le tableau 4.1, le potentiel de substitution énergétique au Québec serait de 11 848 GWh pour le mazout lourd, le mazout léger et le propane. Il serait possible de tirer avantage de tout ce potentiel, car il est inférieur au potentiel de la biomasse forestière résiduelle (21 456 GWh). (FQCF, 2013) Tableau 4.1 Potentiel de substitution énergétique pour les différentes formes d’énergie au Québec (en

GWh) (inspiré de : FQCF, 2013)

Mazout lourd Mazout léger Propane Total %

Bâtiments institutionnels 186 806 75 1 064 9 Bâtiments commerciaux 519 2 151 383 3 053 25,8 Agricole et agroalimentaire 0 308 1 288 1 596 13,5 Manufacturiers 1 876 3 918 306 6 100 51,5 Mines 0 0 34 34 0,3 Total 2 578 7 183 2 087 11 848 100

Les bâtiments institutionnels sont, entre autres, les écoles, les hôpitaux et les municipalités, tandis que les bâtiments commerciaux sont constitués, par exemple, des multi-locatifs, des résidences pour personnes âgées et des concessionnaires automobiles.

4.2.1. Hôpital d’Amqui

En 2009, lorsque l’hôpital d’Amqui a décidé de convertir son système de chauffage au mazout lourd à la biomasse forestière résiduelle, l’établissement était parmi les premiers à réaliser un projet de la sorte au Québec. Situées aux portes de la Gaspésie, les installations sont depuis le commencement sous la gestion de la Coopérative forestière de la Matapédia qui effectue l’entretien, les réparations et les manutentions

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sur les dispositifs qui chauffent le bâtiment de 11 000 m2. (Vision Biomasse Québec, s. d.; Frigon, 2013) Au total, ce sont deux chaudières alimentées aux plaquettes de bois (1 000 tonnes anhydres par an) et une réserve souterraine qui ont été installées; un projet qui représente un investissement initial de 1,260 million de dollars (Fournier, 2019, 12 octobre). Ainsi, auparavant chauffé à l’électricité (90 %) et au mazout (10 %), l’hôpital répond maintenant à 100 % de ses besoins en chauffage avec la biomasse forestière; sa consommation annuelle est de 3 675 000 kWh. La première unité de gazéification thermique est de 500 kW tandis que l’autre est de 800 kW. Cet état de fait permet à l’établissement une bonne flexibilité quant à l’adaptation de ses besoins énergétiques qui varient en fonction de la saison. (Frigon, 2013) En somme, les changements apportés engendrent une réduction des frais de chauffage de 125 000 $ par année (Vision Biomasse Québec, s. d.). Dès lors, après quelques années seulement, le projet est financièrement rentable et dégage des bénéfices intéressants. Sans oublier que selon une ACV comparative réalisée par Laurent (2014), les émissions de GES de l’hôpital d’Amqui ont considérablement diminué; elles sont 2,4 fois moins élevées qu’avec l’ancien système de chauffage à l’électricité et au mazout en considérant que les émissions biogéniques ne sont pas incluses dans ce calcul. Le mazout, malgré sa faible contribution (10 %) dans le système précédent, contribuait pourtant à 60 % des émissions. En tout et pour tout, en ce qui concerne la production de 1 GJ de chaleur, le chauffage actuel à la biomasse forestière émet 5,7 ±1,0 kg éq. CO2, alors que celui à l’électricité et au mazout lourd en émettait 13,5 ±2,8 kg éq. CO2; une nette amélioration du bilan carbone. (Laurent, 2014)

4.2.2. Municipalité de Causapscal

La municipalité de Causapscal au Bas-Saint-Laurent a mis en place le premier réseau public de chauffage à la biomasse forestière. C’est en 2012 qu’a eu lieu l’inauguration de la chaudière de 500 kW. Celle-ci alimente - en réseau, grâce à des conduites souterraines - cinq bâtiments publics, dont l’hôtel de ville, l’aréna et la salle communautaire. (Vision Biomasse Québec, s. d) De plus, de l’énergie est vendue à l’école primaire et à l’église de la municipalité. Des économies de 46 000 $/an sont faites grâce à cet investissement qui, en finalité, permet de réduire les émissions de GES de 254 tonnes annuellement. (FQCF, 2018; Vision Biomasse Québec, s. d.) Le système de chauffage précédent fonctionnait au mazout. Plus précisément, 80 000 litres de combustible devaient être utilisés pour répondre aux besoins en énergie. Désormais, il ne reste plus qu’un système de chauffage d’appoint au mazout de 5 000 litres qui accompagne le système principal fonctionnant avec 504 tmv de biomasse forestière par année.

52 4.2.3. Serres Bertrand

Le chauffage à la biomasse forestière séduit aussi le secteur agroalimentaire, comme le démontre le cas des Serres Bertrand basé dans les Laurentides. Une chaudière de 6 000 kW y a été installé pour combler les besoins énergétiques substantiels reliés à leurs opérations. De plus, conjointement à l’installation d’une chaudière, un nouveau réservoir d’hydro-accumulation a été installé. Ce dernier distribue l’eau chaude dans la totalité du réseau de chaleur qui dessert 6,6 ha de superficie bâtie. D’ailleurs, comme le système de combustion à la biomasse est équipé d’un dépoussiéreur très performant et d’un filtre à manches, les propriétaires peuvent se servir de résidus CRD afin d’alimenter la chaudière même si le bois contient de la colle. Au bout du compte, l’entreprise les Serres Bertrand réduit ses émissions de GES de 8 248 tonnes et fait des économies de 1 303 175 $, à chaque année. (Vision Biomasse Québec, s. d.)

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