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Portée et implication pratique des résultats

Chapitre V | Conclusions générales

3. Portée et implication pratique des résultats

Tout d’abord, mentionnons que les résultats issus de ce projet de recherche abordent une problématique de santé publique jusqu’à ce jour non résolue. En effet, la nécessité de mieux comprendre les facteurs psychosociaux ayant un impact sur la consommation de lait et substituts des Canadiens a clairement été soulignée par une consommation sous-optimale de ce groupe d’aliments par une majorité de la population. Ainsi, l’identification des croyances saillantes qui sous-tendent la consommation des deux aliments les plus consommés du groupe lait et substituts (c.-à-d. lait et fromage) de plusieurs segments de la population pourront contribuer à développer de nouvelles stratégies d’intervention visant d’importantes croyances ayant été peu ciblées auparavant. Par exemple, les questionnements sur l’origine du lait et le fait que la consommation de lait soit un comportement davantage remis en question que la consommation de fromage sont des aspects qui ont très peu (voire pas du tout) été abordés dans les campagnes de communication et qui, pourtant, préoccupent une partie non négligeable des participants de notre étude. L’influence des normes sociales qui se traduit différemment selon la consommation de lait ou fromage (lait associé aux enfants vs fromage aux adultes) constitue un autre exemple de facteur ressorti comme ayant un impact dans nos résultats et ayant été peu exploité jusqu’à présent dans les interventions qui font la promotion de ces aliments auprès de la population canadienne. Bref, en développant des stratégies d’intervention nouvelles et plus ciblées grâce aux résultats de la présente étude, on peut donc s’attendre à améliorer la consommation de lait et fromage de la population canadienne et diminuer les risques pour la santé reliés à des apports insuffisants en nutriments importants, comme le calcium et la vitamine D.

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Plus spécifiquement en lien avec la pratique des diététistes-nutritionnistes, les résultats de notre étude pourront servir à ceux et celles d’entre eux qui œuvrent dans différents secteurs d’activité [144]. En effet, le ou la diététiste-nutritionniste qui travaille dans le secteur de la santé publique pourra utiliser ces résultats pour, par exemple, planifier et développer des interventions et structures favorables à la saine alimentation et la santé, telles que des interventions visant à optimiser la consommation de lait et fromage dans la population. Dans le secteur de l’industrie agroalimentaire (particulièrement l’industrie du lait et des produits laitiers), le ou la diététiste-nutritionniste qui apporte son expertise au niveau de la stratégie de mise en marché et du marketing entourant le lait ou le fromage ainsi que de la communication, de l’éducation et de la promotion d’une saine alimentation pourra consulter les croyances importantes soulevées dans notre étude pour l’appuyer dans sa démarche et optimiser l’efficacité de ses stratégies. Enfin, considérant que notre étude soulève un aspect essentiel à viser dans un processus de changement de comportements (c.-à-d., les croyances des consommateurs sous-jacentes à la consommation d’un aliment), le ou la diététiste- nutritionniste œuvrant en nutrition clinique pourra également tirer profit de nos résultats par une meilleure compréhension des croyances ayant un impact sur l’adoption d’un comportement alimentaire chez des adultes canadiens. Le fait d’avoir une conception davantage sociale et culturelle des habitudes alimentaires lui permettra d’améliorer ses interventions individuelles en l’encourageant à prendre en compte non seulement les facteurs relatifs à la santé, mais également les réelles motivations de ses patients ou clients qui ne sont pas toujours en lien avec la santé.

Concernant le secteur privé agroalimentaire, ces résultats pourront sans aucun doute être également utiles à l’industrie du lait et des produits laitiers. Par exemple, l’équipe marketing au service des Producteurs Laitiers du Canada pourront utiliser ces données pour développer de nouvelles stratégies médiatiques sur la consommation de lait qui vont prendre en compte les croyances de différentes catégories de consommateurs. Ces résultats pourront également servir aux divers acteurs de l’industrie fromagère, considérant qu’aucune autre étude n’a exploré les croyances relatives à la consommation de fromage spécifiquement. Ainsi, cette recherche leur permettra de mieux comprendre les facteurs influençant la consommation de fromage d’adultes canadiens et de s’en servir pour promouvoir leurs produits.

De plus, notons un aspect non négligeable à la réalisation d’une étude de ce genre, soit la collaboration entre le milieu de la recherche et de l’industrie agroalimentaire. Bien que ce genre d’association soit parfois perçu d’un mauvais œil dû aux conflits d’intérêt potentiels, une telle collaboration comporte aussi des aspects positifs pour la santé publique. En effet, les différents acteurs de cette industrie ont un grand rôle à jouer dans la disponibilité et le type de produits retrouvés dans l’offre alimentaire ainsi que dans les environnements favorables. Il est donc important autant pour les décideurs, que pour les professionnels de la santé et les chercheurs de bien comprendre le rôle que ces acteurs ont à jouer et les actions qu’ils peuvent poser pour

99 modifier l’offre alimentaire, et ce genre de collaboration y contribue. Ce type de partenariat intersectoriel entre des membres de la communauté scientifique et de l’industrie permet également d’améliorer la diffusion des résultats au-delà de la sphère scientifique et l’application de ces nouvelles connaissances par le secteur privé. Enfin, mentionnons que les résultats de l’étude s’ajouteront au corps de littérature scientifique actuelle, considérant qu’aucune autre étude n’a utilisé une théorie de cette envergure pour améliorer notre compréhension des déterminants de la consommation de produits laitiers traditionnels (en opposition aux produits laitiers fonctionnels) sur différents segments de la population (c.-à-d., sexe et niveau de consommation). Ainsi, bien que la majorité des croyances identifiées soit cohérente avec les résultats des recherches précédentes, le devis de recherche particulier de notre étude a fait ressortir une nouvelle croyance jusqu’ici non rapportée, soit les questionnements en lien avec l’origine du lait. Malgré que ces résultats ne puissent être généralisés, la grande diversité de discours et de croyances recueillis dans la présente étude pourra être profitable pour les autres provinces et territoires du Canada ainsi que pour d’autres nations qui font face au même problème de santé publique.

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