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2 RÉSULTATS

2.3 Paramètres de l’utilisation de l’APS dans le dépistage du cancer de la prostate

2.3.4 Populations à risque

La recherche de la littérature a permis de sélectionner : - Une revue systématique [HAS, 2012];

- Quatre études de cohorte concernant l’impact des antécédents familiaux sur les risques de cancer de la prostate et la mortalité par cancer de la prostate : [Bratt et al., 2016;

Randazzo et al., 2016; Liss et al., 2015; Saarimaki et al., 2015];

- Deux études de cohorte (analyse indépendante de l’étude PROCESS) concernant l’origine ethnique et son association avec le risque de développer un cancer de la prostate [Ben-Shlomo et al., 2008; Metcalfe et al., 2008].

L’évaluation méthodologique des cinq études est présentée à l’annexe C. La qualité générale des études a été jugée de faible à moyenne (qualité générale des études).

2.3.4.2 Antécédents familiaux Revue systématique

En 2012, la Haute Autorité de Santé a publié une revue systématique concernant l’identification des facteurs de risque et la pertinence d’un dépistage par dosage de l’APS, particulièrement chez

concernés et l’âge au moment du diagnostic du parent atteint. Toutefois, la collecte de cette information, dans les études observationnelles comme dans la pratique clinique, est soumise à un biais de mémorisation. Selon la HAS, l’identification des groupes d’hommes à risque de développer un cancer de la prostate ne suffit pas à justifier un dépistage sélectif [HAS, 2012].

Études de cohorte

Depuis la parution de la revue systématique de la HAS, quatre études de cohorte ont été publiées. Ces études ont évalué l’influence des antécédents familiaux sur l’incidence du cancer de la prostate et les risques de cancer agressif ainsi que la mortalité par cancer de la prostate [Bratt et al., 2016; Randazzo et al., 2016; Liss et al., 2015; Saarimaki et al., 2015].

Bratt et ses collaborateurs ont évalué les risques de cancer de la prostate à la suite d’un dépistage par le dosage de l’APS chez les hommes avec antécédent familial. Les auteurs ont repéré 51 897 hommes dans la base de données Prostate Cancer data Base Sweden (PCBase). La probabilité de diagnostiquer un cancer de la prostate ainsi qu’un cancer de la prostate agressif (score Gleason ≥ 8 ou T3-4 et APS ≥ 20 ng/mL ou N1 ou M1) a été comparée entre les hommes avec au moins un antécédent familial et les hommes sans antécédent familial (tableau 44). Les auteurs ont recommandé qu’un diagnostic de cancer de la prostate chez un apparenté du premier degré soit intégré dans l’évaluation du risque pour aider les hommes à prendre une décision éclairée avant d’entreprendre un dépistage par le dosage de l’APS [Bratt et al., 2016].

L’étude de Randazzo a regroupé tous les participants de la composante suisse de l’ERSPC. Sur les 4 932 participants, 334 (6,8 %) avaient des antécédents familiaux. Les résultats d’incidence (total et cancers agressifs) et de mortalité par cancer de la prostate sont présentés au tableau 44.

Malgré une augmentation de l’incidence globale chez les hommes avec des antécédents familiaux, aucune augmentation de la mortalité par cancer de la prostate n’a été observée chez cette population [Randazzo et al., 2016].

L’influence des antécédents familiaux sur l’incidence et la mortalité par cancer de la prostate a également été rapportée pour la composante finlandaise de l’ERSPC. Parmi les

23 702 participants au dépistage, 1 723 hommes (7,3 %) ont rapporté au moins un antécédent familial de premier degré et 235 (13,6 %) de ceux-ci ont reçu un diagnostic de cancer de la prostate. Les résultats ont montré qu’un antécédent familial était associé à une incidence accrue du cancer de la prostate, mais non pas à une incidence accrue d’un cancer agressif ni à une augmentation de la mortalité par cancer de la prostate (tableau 44) [Saarimaki et al., 2015].

Liss et ses collaborateurs ont employé les données de l’ECR PLCO afin de comparer le risque de développer un cancer de la prostate chez les hommes avec et sans antécédent familial. Parmi les

Tableau 44. Impact des antécédents familiaux sur les risques de cancer de la prostate et de mortalité par cancer de la prostate

Incidence de cancer de la prostate

(AF contre CTL)

Incidence de cancer de la prostate agressif

(AF contre CTL)

Mortalité par cancer de la prostate

Sigles et abréviation : AF : population avec antécédents familiaux; CTL : population témoin sans antécédent familial; HR : rapport de risque; n.d. : résultat non disponible; OR : rapport de cote;

RR : risque relatif.

*cancer agressif : score Gleason ≥ 8 ou T3-4 et APS ≥ 20 ng/mL ou N1 ou M1

**cancer agressif : score Gleason 8 - 10

Résultats en gras : résultats statistiquement significatifs.

2.3.4.3 Origine afro-américaine Revue systématique

La revue systématique de la HAS a reconnu l’origine ethnique comme facteur de risque du cancer de la prostate. Le risque relatif (RR) de cancer de la prostate est de deux à trois fois supérieur pour les hommes d’origine afro-américaine par rapport à des hommes d’origine caucasienne. Tout comme les antécédents familiaux, selon la HAS, l’origine afro-américaine ne justifie pas le dépistage par le dosage de l’APS [HAS, 2012].

Études de cohorte

L’étude PROCESS a démontré que les hommes noirs seraient trois fois plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate en comparaison avec les hommes blancs

(RR = 3,09 [IC 95 % 2,79 – 3,43]) [Ben-Shlomo et al., 2008]. Les raisons de cette augmentation du risque chez les hommes noirs ne sont pas claires, et ce, en partie à cause de l’exclusion ou de la sous-représentation des hommes noirs dans les essais cliniques d’envergure. De plus, l’étude PROCESS a démontré que les hommes noirs atteints d’un cancer de la prostate recevaient leur diagnostic alors qu'ils étaient de 5 ans plus jeunes que les hommes blancs, malgré un accès équivalent à un service de dépistage [Metcalfe et al., 2008]. Cependant, ces études ne fournissent pas d'information sur le risque des hommes d’origine afro-américaine de décéder d’un cancer de la prostate.

2.3.4.4 Limites des études

Certaines faiblesses méthodologiques propres à chaque étude de cohorte ont été notées par les auteurs de ce guide ou décrites par les auteurs des publications (tableau 45).

Tableau 45. Faiblesses méthodologiques concernant les populations à risque

Références Faiblesses méthodologiques

Bratt et al., 2016 Malgré l’inclusion de plus de 50 000 hommes à risque, le nombre d’hommes à risque avant l’âge de 55 ans était faible et pourrait influer sur la puissance statistique des résultats.

Randazzo et al.,

2016 Cette étude est une analyse indépendante de la composante suisse de l’ERSPC.

Les limites de ces études ont été décrites aux sections 2.1.2.1 et 2.1.9.

Liss et al., 2015 Cette étude est une analyse indépendante de l’ECR PLCO. Les limites de ces études ont été décrites aux sections 2.1.2.1 et 2.1.9.

Saarimaki et al., Cette étude est une analyse indépendante de la composante finlandaise de

de risque de cancer de la prostate. Les hommes d’origine africaine seraient de deux à trois fois plus susceptibles d’avoir un diagnostic de cancer de la prostate. Toutefois, selon la littérature retenue, aucune preuve scientifique n’a démontré que ces hommes seraient plus à risque de décéder de la maladie.

2.3.5 Résumé

Les données scientifiques concernant les paramètres de l’utilisation du test de dosage de l’APS pour le dépistage du cancer de la prostate sont limitées. Considérant les limites des études sélectionnées, les constats suivants peuvent être énoncés :

• Selon l’étude ERSPC, le dépistage du cancer de la prostate par le dosage de l’APS chez des hommes âgés de 65 à 69 ans pourrait être bénéfique en termes de réduction de la mortalité par cancer de la prostate.

• Le dosage de l’APS chez les hommes dans la quarantaine pourrait permettre de repérer ceux qui sont plus à risque de développer un cancer de la prostate mortel et pour qui des tests de dépistage subséquents seraient bénéfiques. Cependant, la qualité

méthodologique des études ne permet pas de confirmer ce constat et d’établir les paramètres optimaux de son utilisation.

• La mesure initiale des niveaux de l’APS à la première visite médicale pourrait permettre d’établir la fréquence des tests de dépistage subséquents lorsque nécessaire. Par contre, les données scientifiques et la qualité méthodologique de celles-ci sont insuffisantes pour confirmer ce constat et établir l’âge du premier dépistage ainsi que les valeurs seuils.

• Les cancers d’intervalle peuvent être responsables d’une grande proportion de la mortalité par cancer de la prostate dans un programme de dépistage. Un dépistage aux quatre ans pourrait être suffisant pour limiter le nombre des cancers d’intervalle agressifs. Cependant, un plus grand nombre d’études comparatives sont nécessaires pour confirmer ce constat.

• Les données scientifiques sont insuffisantes pour établir une valeur seuil optimale d’APS qui permettrait d’évaluer le niveau de risque de développer un cancer de la prostate.

• Les hommes avec des antécédents familiaux ou d’origine africaine seraient plus à risque de développer un cancer de la prostate.

• Les données scientifiques n’ont pas démontré que les hommes avec des antécédents familiaux sont plus à risque de développer un cancer de la prostate agressif ou d’en décéder.

• Les données scientifiques révisées n'appuient pas le dépistage sélectif chez les hommes avec des antécédents familiaux ou d’origine africaine.

2.4 Contextes, conditions et stratégies pour un recours parcimonieux