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Effets psychologiques relativement au dépistage, au diagnostic et au traitement du

2 RÉSULTATS

2.2 Risques et inconvénients du dépistage du cancer de la prostate par dosage de l’APS

2.2.5 Effets psychologiques relativement au dépistage, au diagnostic et au traitement du

2.2.5.1 Littérature sélectionnée

La recherche documentaire a permis de sélectionner quatre études de cohorte pour évaluer les risques de suicide à la suite d’un dépistage par le dosage de l’APS [Carlsson et al., 2013; Bill-Axelson et al., 2010; Fang et al., 2010; Fall et al., 2009].

L’évaluation méthodologique des études de cohorte est présentée à l’annexe C. La qualité générale des études a été jugée faible (qualité générale des études)

2.2.5.2 Risques de suicide

Carlsson et ses collaborateurs ont évalué les risques de suicide chez des hommes après un diagnostic de cancer de la prostate à faible risque détecté par le dosage de l’APS. Le risque de suicide des membres d’une cohorte enregistrée dans la base de données du Prostate Cancer Base Sweden (PCBaSe) (n = 105 736) a été comparé à celui d’une population sans cancer de la prostate (n = 528 658). Six mois suivant le diagnostic, les hommes avec un cancer de la prostate avaient un risque accru de suicide par rapport à la population témoin (RR = 6,5 [IC 95 % 4,0 – 10]). Les valeurs de risque ont varié selon la détection d’un cancer métastatique ou à faible risque (tableau 28). Les auteurs ont conclu que la détresse psychologique sévère chez les

hommes qui avaient reçu un diagnostic de cancer de la prostate, autant métastatique qu’à faible risque, augmente les risques de suicide et nécessite de la vigilance [Carlsson et al., 2013].

Bill-Axelson et ses collaborateurs ont évalué le risque de suicide chez des hommes après un diagnostic de cancer de la prostate suivant un test de dépistage par le dosage de l’APS dans la population suédoise. Le nombre de suicides chez les membres d’une cohorte enregistrée dans la base de données de la Prostate Cancer Base Sweden (PCBaSe) a été comparé à celui d’une cohorte témoin de Suède. Le risque de mortalité par suicide a été évalué selon les

caractéristiques du cancer (tableau 28). Les auteurs ont conclu qu’il n’y avait aucune différence quant au risque de suicide chez les hommes dont le cancer de la prostate a été diagnostiqué à la suite d’un test de dépistage par le dosage de l’APS (tumeurs T1c) par rapport à la population sans dépistage. Par contre, le risque de suicide a été plus important chez les patients après un

diagnostic de cancer de la prostate hors dépistage ou qui présentaient des tumeurs avancées et

Dans une étude de cohorte prospective, Fall et ses collaborateurs ont évalué si le stress émotionnel suivant un diagnostic de cancer de la prostate augmentait le risque immédiat de suicide ainsi que d’accident cardiovasculaire. Les auteurs ont suivi tous les Suédois âgés de 30 ans et plus (n = 4 305 358), dont 168 584 ont eu un diagnostic de cancer de la prostate entre 1961 et 2004. Les risques de suicide ont été évalués une semaine et un an après le diagnostic (tableau 28). Le risque de suicide était plus important chez les hommes âgés de 54 ans et moins au moment du diagnostic (RR = 4,6 [IC 95 % 2,6 – 7,4]) [Fall et al., 2009]. Les auteurs ont conclu que le diagnostic du cancer de la prostate augmentait le risque de suicide.

Tableau 28. Risque de suicide à la suite d’un diagnostic de cancer de la prostate détecté par le dosage de l’APS

Études Population n Caractéristiques Risque de suicide

Carlsson

528 658 Cancer à faible risque Cancer métastatique

6 mois post-diagnostic 18 mois post-diagnostic RR = 5,2 [IC 95 % 2,3 – 12]

168 584 Population totale

Diagnostic de cancer de la prostate 1 semaine post-diagnostic 1 an post-diagnostic RR = 8,4 [IC 95 % 1,9 – 22, 7] RR = 2,6 [IC 95 % 2,1 – 3,0]

Sigles : RR : risque relatif; SMR = risque de mortalité par suicide (ratio de mortalité standardisé [population avec dépistage contre population de référence]).

Résultats en gras : résultats statistiquement significatifs.

2.2.5.3 Limites des études

Certaines faiblesses méthodologiques propres à chaque étude de cohorte ont été notées par les auteurs de ce guide ou décrites par les auteurs des publications (tableau 29).

Tableau 29. Faiblesses méthodologiques concernant les effets psychologiques relativement au dépistage, au diagnostic et au traitement du cancer de la prostate

Références Faiblesses méthodologiques

Carlsson et al.,

2013 Les comorbidités et conditions psychiatriques non considérées.

Bill-Axelson et al.,

2010 Nombre de suicides faible par rapport à l’échantillon de la population (128 cas de suicide).

Intervalles de confiance élevés et puissance statistique de l’étude limitée.

Les comorbidités et conditions psychiatriques non considérées.

Fang et al., 2010 Aucun groupe témoin dans la base de données SEER.

Aucune information médicale avant le diagnostic de cancer de la prostate.

Fall et al., 2009 Aucune information sur les stades ou les caractéristiques des tumeurs; le niveau de stress vécu par les patients pourrait varier selon le stade de la tumeur.

2.2.5.4 En bref

Le dépistage du cancer de la prostate par le dosage de l’APS peut représenter un stress

psychologique important et augmenter les risques de dépression et de suicide chez les hommes qui ont reçu ce diagnostic. La littérature retenue concernant les effets psychologiques du dépistage du cancer de la prostate par le dosage de l’APS est toutefois contradictoire. Seules deux des quatre études sélectionnées ont rapporté que le diagnostic de cancer de la prostate uniquement à la suite d’un dépistage par le dosage de l’APS augmentait les risques de suicide chez les patients.

2.2.6 Résumé

Les données scientifiques, de qualité variable quant aux risques et inconvénients du dépistage du cancer de la prostate par le dosage de l’APS combiné au toucher rectal, sont abondantes.

Considérant les limites des études sélectionnées, les constats suivants peuvent être énoncés :

• Le test de dosage de l’APS est relativement peu performant. Le risque de faux positifs est présent et la spécificité du test n’est pas bien caractérisée. La majorité des hommes qui auront une biopsie à la suite d’un résultat élevé d’APS n’auront pas de confirmation de cancer de la prostate (valeur prédictive positive faible).

• Le prélèvement sanguin pour le dosage de l’APS à des fins de dépistage du cancer de la prostate pourrait entraîner des effets indésirables mineurs chez les patients. Une proportion importante d’entre eux auront des complications modérées à la suite du dépistage ou de la biopsie si le test de dépistage s’avère positif.

• Le dépistage du cancer de la prostate par le dosage de l’APS pourrait résulter en un nombre important de surdiagnostics. Toutefois, la qualité méthodologique de la

• Selon la littérature retenue, aucune relation ne peut être faite entre l’âge, le niveau d’APS sérique ou les modalités de dépistage (universel ou opportuniste) et le nombre de surdiagnostics.

• Le surtraitement causé par le nombre important de cancers diagnostiqués à la suite du dépistage par le dosage de l’APS est un enjeu majeur dans l’évaluation de la pertinence du dépistage du cancer de la prostate.

• La surveillance active pourrait limiter le nombre de biopsies et les traitements radicaux immédiats pour les hommes à faible risque et ainsi diminuer les inconvénients associés au traitement des cancers de la prostate localisés. Par contre, le risque de métastases serait plus élevé chez les hommes suivis par la surveillance active.

• Les données concernant les risques de suicide à la suite d’un diagnostic de cancer de la prostate sont contradictoires.

2.3 Paramètres de l’utilisation de l’APS dans le dépistage du cancer