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Polynˆ omes sym´ etriques

Dans le document premi` ere ann´ ee (Page 36-41)

Dans toute cette partie, on fixe un entier n

2 et un anneau A int` egre, et on se place dans l’anneau de polynˆ omes A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

].

10.2.1 Action canonique du groupe sym´ etrique sur l’anneau des polynˆ omes.

Notations. Pour tout polynˆ ome P

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] et toute permutation σ

S

n

, on note P

σ

le polynˆ ome de A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] obtenu en permutant les ind´ etermin´ ees X

1

, X

2

, . . . , X

n

suivant σ, c’est-` a-dire :

P

σ

(X

1

, X

2

, . . . , X

n

) = P (X

σ(1)

, X

σ(2)

, . . . , X

σ(n)

).

Exemple.Pour n= 3 etσ= (1,3,2), si P(X, Y, Z) =X2+Y Z−3XY, alorsPσ(X, Y, Z) = Z2+XY −3ZX.

Remarque.Quel que soitn≥1,Pest constant (c’est-`a-dire de degr´e nul), alorsP =Pσpour touteσ∈Sn.

Proposition.

(i) Le groupe S

n

op` ere sur A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] par l’action :

S

n×

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

]

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] (σ, P )

7→

P

σ

.

(ii) Quelle que soit σ

S

n

, l’application : P

7→

P

σ

est un automorphisme de l’anneau A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

].

Preuve.Simple v´erification, sans aucune difficult´e.

10.2.2 Sous anneau des polynˆ omes sym´ etriques

D´ efinition. Un polynˆ ome P

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] est dit

sym´etrique

si P

σ

= P pour toute σ

S

n

. En d’autres termes, l’ensemble des polynˆ omes sym´ etriques n’est autre que l’ensemble des points fixes pour l’action du groupe S

n

sur l’ensemble A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

].

Proposition. L’ensemble des polynˆ omes sym´ etriques dans A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] est un

sous-anneau de A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

].

Preuve.Simple v´erification, utilisant le point (ii) de la proposition pr´ec´edente.

I

Exemples avec n = 2. Les polynˆ omes suivants sont des polynˆ omes sym´ etriques dans A[X, Y ] : (1) S

1

= X + Y, S

2

= X

2

+ Y

2

, S

3

= X

3

+ Y

3

, . . .

(2) W

1

= X + Y, W

2

= X

2

+ XY + Y

2

, W

3

= X

3

+ X

2

Y + XY

2

+ Y

3

, . . . (3) D = (X

Y )

2

.

(4) Σ

1

= X + Y, Σ

2

= XY .

I

Exemples avec n = 3. Les polynˆ omes suivants sont des polynˆ omes sym´ etriques dans A[X, Y, Z] :

(1) S

1

= X + Y + Z, S

2

= X

2

+ Y

2

+ Z

2

, S

3

= X

3

+ Y

3

+ Z

3

, . . . (2) W

1

= X + Y + Z, W

2

= X

2

+ XY + XZ + Y

2

+ Y Z + Z

2

,

W

3

= X

3

+ Y

3

+ Z

3

+ X

2

Y + XY

2

+ X

2

Z + XZ

2

+ Y

2

Z + Y Z

2

+ XY Z, . . . (3) D = (X

Y )

2

(X

Z )

2

(Y

Z)

2

.

(4) Σ

1

= X + Y + Z, Σ

2

= XY + XZ + Y Z , Σ

3

= XY Z . Ces exemples sont des cas particuliers des exemples classiques suivants.

I

Exemples avec n quelconque. Les polynˆ omes suivants sont des polynˆ omes sym´ etriques dans A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] :

(1) les sommes de Newton : S

k

= X

1k

+ X

2k

+

· · ·

+ X

nk

pour tout k

∈N

; (2) les polynˆ omes de Wronski : W

k

=

X

i1+i2+···+in=k

X

1i1

X

2i2

. . . X

nin

pour tout k

∈N

;

(3) le discriminant des ind´ etermin´ ees : D =

Y

1≤i<j≤n

(X

i

X

j

)

2

; (4) les polynˆ omes sym´ etriques ´ el´ ementaires :

Σ

1

= X

1

+ X

2

+

· · ·

+ X

n

,

Σ

2

= X

1

X

2

+ X

1

X

3

+

· · ·

+ X

1

X

n

+ X

2

X

3

+

· · ·

+ X

2

X

n

+

· · ·

+ X

n−1

X

n

,

· · ·

Σ

k

=

X

1≤i1<i2<···<ik≤n

X

i1

X

i2

. . . X

ik

pour tout 1

k

n, (somme de

nk

termes),

· · ·

Σ

n

= X

1

X

2

. . . X

n

.

Remarque. Dans A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

][Z], le polynˆ ome P (Z) = (Z

X

1

)(Z

X

2

) . . . (Z

X

n

) v´ erifie :

P (Z) = Z

n

Σ

1

Z

n−1

+ Σ

2

Z

n−2− · · ·

+ (−1)

n−1

Σ

n−1

Z + (−1)

n

Σ

n

.

10.2.3 Th´ eor` eme de structure de l’anneau des polynˆ omes sym´ etriques

On reprend toutes les notations et hypoth` eses du paragraphe pr´ ec´ edent. En particulier, on note Σ

1

, Σ

2

, . . . , Σ

n

les polynˆ omes sym´ etriques ´ el´ ementaires.

• Premier exemple introductif.

Consid´ erons dans

Z[X, Y, Z] le polynˆ

ome sym´ etrique :

P (X, Y, Z) = X

2

Y + XY

2

+ Y

2

Z + Y Z

2

+ Z

2

X + ZX

2

. On calcule :

Σ

1

Σ

2

= (X + Y + Z )(XY + Y Z + ZX)

= X

2

Y + XY Z + X

2

Z + XY

2

+ Y

2

Z + XY Z + XY Z + Y Z

2

+ Z

2

X

= P (X, Y, Z ) + 3XY Z = P (X, Y, Z ) + 3Σ

3

. On conclut que : P (X, Y, Z) = Σ

1

Σ

2

3

,

ou encore : P (X, Y, Z ) = F(Σ

1

, Σ

2

, Σ

3

), avec F = XY

3Z

∈Z

[X, Y, Z].

• Second exemple introductif.

Consid´ erons dans

Z[X, Y, Z] le polynˆ

ome sym´ etrique :

P (X, Y, Z) = (2X

Y

Z )(2Y

Z

X)(2Z

X

Y ).

On calcule :

P (X, Y, Z) = (3X

Σ

1

)(3Y

Σ

1

)(3Z

Σ

1

)

= (9XY

3XΣ

1

3Y Σ

1

+ Σ

21

)(3Z

Σ

1

).

= 27XY Z

9XY Σ

1

9XZ Σ

1

+ 3XΣ

21

9Y ZΣ

1

+ 3Y Σ

21

+ 3Z Σ

21

Σ

31

= 27XY Z

9(XY + XZ + Y Z)Σ

1

+ 3(X + Y + Z)Σ

21

Σ

31

. On conclut que : P (X, Y, Z) = 27Σ

3

2

Σ

1

+ 2Σ

31

,

ou encore : P (X, Y, Z ) = F(Σ

1

, Σ

2

, Σ

3

), avec F = 27Z

9XY + 2X

3 ∈Z

[X, Y, Z ].

Th´ eor` eme. On suppose que A est int` egre. Soit n

2 un entier. Pour tout polynˆ ome sym´ etrique P

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

], il existe un unique polynˆ ome F

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] tel que :

P (X

1

, X

2

, . . . , X

n

) = F (Σ

1

, Σ

2

, . . . , Σ

n

),

o` u Σ

1

, Σ

2

, . . . , Σ

n

sont les polynˆ omes sym´ etriques ´ el´ ementaires en les X

i

, 1

i

n.

La preuve de ce th´eor`eme est relativement longue et technique. Elle pourra ˆetre d´etaill´ee en cours si le temps le permet. On ne la reprend pas dans ces notes, et renvoyons aux divers ouvrages de r´ef´erence. On d´eveloppe en revanche ci-dessous quelques applications des polynˆomes sym´etriques `a des questions concr`etes d’alg`ebre.

10.2.4 Formules de Newton

On reprend toutes les notations et hypoth` eses des paragraphes pr´ ec´ edents. En particulier, on note Σ

1

, Σ

2

, . . . , Σ

n

les polynˆ omes sym´ etriques ´ el´ ementaires, et S

1

, S

2

, . . . les sommes de Newton.

Th´ eor` eme. On suppose que A est int` egre. Soit n

2 un entier. On a les relations suivantes dans l’anneau A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] :

(i) S

k

Σ

1

S

k−1

+ Σ

2

S

k−2− · · ·

+ (−1)

k−1

Σ

k−1

S

1

+ (−1)

k

k

= 0, pour tout 1

k

n,

(ii) S

`

Σ

1

S

`−1

+ Σ

2

S

`−2

+

· · ·

+ (−1)

n

Σ

n

S

`−n

= 0, pour tout ` > n.

Preuve. Consid´erons le polynˆome P(Z) = (Z −X1)(Z−X2). . .(Z −Xn) dans l’anneau A[X1, X2, . . . , Xn][Z]. Comme on l’a vu `a la fin de 10.2.2, on a :

P(Z) =Zn−Σ1Zn−1+ Σ2Zn−2− · · ·+ (−1)n−1Σn−1Z+ (−1)nΣn.

• Par d´efinition deP, on aP(Xi) = 0 pour tout 1≤i≤n, et donc :

Xin−Σ1Xin−1+ Σ2Xin−2− · · ·+ (−1)n−1Σn−1Xi+ (−1)nΣn= 0.

On fait la somme membre `a membre de cesn´egalit´es pour 1≤i≤n; il vient : Sn−Σ1Sn−1+ Σ2Sn−2− · · ·+ (−1)n−1Σn−1S1+ (−1)nn = 0, ce qui est l’assertion (i) pourk=n.

• Pour ` > n, on consid`ere dans A[X1, X2, . . . , Xn][Z] le polynˆome Z`−nP(Z). Pour tout 1≤i≤n, il v´erifieXi`−nP(Xi) = 0, donc :

Xi`−n Xin−Σ1Xin−1+ Σ2Xin−2− · · ·+ (−1)n−1Σn−1Xi+ (−1)nΣn

= 0, ou encore :

Xi`−Σ1Xi`−1+ Σ2Xi`−2− · · ·+ (−1)n−1Σn−1Xi`−n+1+ (−1)nΣnXi`−n= 0.

On fait la somme membre `a membre de cesn´egalit´es pour 1≤i≤n; on obtient exactement l’assertion (ii).

• Pourk= 1, la formule (i) est triviale, puisqueS1= Σ1.

•Il reste `a prouver (i) pour 1< k < n. On raisonne pour cela par r´ecurrence sur le nombren d’ind´etermin´ees. C’est clair pourn= 3, car alorsk= 2 et l’on a bien :S2−Σ1S1+ 2Σ2= 0.

On suppose maintenant la relation (i) vraie dansA[X1, X2, . . . , Xn−1], et on fixe 1< k < n.

On consid`ere le polynˆomeSk−Σ1Sk−1+ Σ2Sk−2− · · ·+ (−1)k−1Σk−1S1+ (−1)kk dans A[X1, X2, . . . , Xn]. Notons-leQ(X1, X2, . . . , Xn−1, Xn). Il est homog`ene de degr´ek.

Introduisons dansA[X1, X2, . . . , Xn−1] le polynˆomeQ0(X1, . . . , Xn−1) =Q(X1, . . . , Xn−1,0).

Il est clair que, pour tout 1 ≤i ≤n−1, on a : Σi(X1, . . . , Xn−1,0) = Σi(X1, . . . , Xn−1), et de mˆeme Si(X1, . . . , Xn−1,0) =Si(X1, . . . , Xn−1). L’hypoth`ese de r´ecurrence se traduit donc par : Q0(X1, . . . , Xn−1) = 0 dansA[X1, X2, . . . , Xn−1].

En d’autres termes, Q(X1, . . . , Xn−1,0) = 0 dans A[X1, X2, . . . , Xn−1, Xn]. On en d´eduit que Q est divisible par Xn dans A[X1, X2, . . . , Xn−1, Xn]. Comme Q est sym´etrique, cela implique queQest aussi divisible parXi pour tout 1≤i≤n−1. FinalementQest divisible par le produit X1X2. . . Xn. Comme Qest homog`ene de degr´ek < n, ce n’est possible que siQ= 0, ce qui prouve le r´esultat voulu, et ach`eve la preuve.

I

Application 1 (expression des sommes de Newton en fonction des polynˆ

omes sym´etriques

´

el´ementaires). On suppose que

A est int` egre. Soit n

2 un entier. On a les relations suivantes dans l’anneau A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] :

S

1

= Σ

1

, S

2

= S

1

Σ

1

2

= Σ

21

2

, S

3

= S

2

Σ

1

S

1

Σ

2

+ 3Σ

3

= Σ

31

1

Σ

2

+ 3Σ

3

, et ainsi, de proche en proche, l’expression de tous les S

i

comme des polynˆ omes en les Σ

j

.

I

Application 2 (expression des polynˆ

omes sym´etriques ´el´ementaires en fonction des sommes de Newton ; cas d’un corps de caract´eristique z´ero). Soit

n

2 un entier. Soit K un corps de caract´ eristique z´ ero. On a dans l’anneau K[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] les relations suivantes :

Σ

1

= S

1

, Σ

2

=

12

S

1212

S

2

, Σ

3

=

16

S

1312

S

1

S

2

+

13

S

3

,

· · ·

et, de proche en proche, l’expression de tous les Σ

j

comme des polynˆ omes en les S

i

.

Corollaire (une autre forme du th´ eor` eme fondamental ; cas d’un corps de caract´ eristique z´ ero). Soit n

2 un entier. On suppose que A est anneau int` egre et de caract´ eristique nulle.

Soit K son corps de fractions. Pour tout polynˆ ome sym´ etrique P

A[X

1

, X

2

, . . . , X

n

], il existe un unique polynˆ ome G

K[X

1

, X

2

, . . . , X

n

] tel que :

P (X

1

, X

2

, . . . , X

n

) = G(S

1

, S

2

, . . . , S

n

),

o` u S

1

, S

2

, . . . , S

n

sont les n premi` eres sommes de Newton en les X

i

, 1

i

n.

Preuve.Il suffit de combiner la remarque ci-dessus avec le th´eor`eme fondamental 10.2.3.

10.2.5 Relations entre coefficients et z´ eros d’un polynˆ ome en une ind´ etermin´ ee.

D´ efinition. Un corps K est dit

alg´ebriquement clos

si tout polynˆ ome de K[X] de degr´ e non-nul admet (au moins) un z´ ero dans K.

Remarque. Si K est alg´ebriquement clos ; tout polynˆome de degr´e n ≥ 1 dans K[X] se d´ecompose en un produit denfacteur de degr´e un, et a doncnz´eros dansK (compt{e avec leur ordre de multiplicite).

Exemples et contre-exemples. Le corpsCest alg´ebriquement clos (th´eor`eme de d’Alembert-Gauss). Les corps R et Q ne sont pas alg´ebriquement clos. Un corps fini F n’est jamais alg´ebriquement clos (car le polynˆome P(X) = Q

a∈F(X −a) + 1 n’a pas de z´eros dans F puisqu’il prend la valuer 1 en tout point de F).

Proposition . Si K est un corps alg´ ebriquement clos, alors pour tout polynˆ ome P (X) =

Pn

i=0

a

i

X

i

de degr´ e n

1, les n z´ eros α

1

, α

2

, . . . , α

n

de P v´ erifient : Σ

k

1

, α

2

, . . . , α

n

) = (−1)

k

a

n−k

a

n

, pour tout 1

k

n.

Preuve. Soit P = Pn

i=0aiXi un polynˆome de K[X], de degr´e n ≥ 1. Comme K est alg´ebriquement clos,P admetnz´erosα1, α2, . . . , αn dansK, et se factorise en :

P(X) =Pn

i=0aiXi=anQn

j=1(X−αj), avecan6= 0.

Pour tout 1 ≤ k ≤ n, notons σk = Σk1, α2, . . . , αn) le k-i`eme polynˆome sym´etrique

´

el´ementaire ´evalu´e en lesαi. On a alors d’apr`es la derni`ere remarque de 10.2.2 : Qn

j=1(X−αi) =Xn−σ1Xn−12Xn−2− · · ·+ (−1)n−1σn−1X+ (−1)nσn. On en d´eduit par identification que : an−1 = −anσ1, an−2 = anσ2, . . ., jusqu’`a a1 = (−1)n−1anσn−1, a0= (−1)nanσn.

Corollaire. Soit K un corps. Soient α

1

, α

2

, . . . , α

n

des ´ el´ ements quelconques de K. Pour tout 1

i

n, posons σ

i

= Σ

i

1

, α

2

, . . . , α

n

). Alors α

1

, α

2

, . . . , α

n

sont les z´ eros du polynˆ ome :

X

n

σ

1

X

n−1

+ σ

2

X

n−2− · · ·

+ (−1)

n

σ

n

.

Exemple 1. Pour P(X) = aX2+bX+c ∈ C[X], avec a 6= 0, on retrouve le r´esultat bien connu :

σ112=−b

a et σ21α2= c a.

Exemple 2.Pour P(X) =X3+pX+q∈C[X], on retrouve le r´esultat bien connu : σ1123= 0, σ21α21α32α3=p et σ31α2α3=−q.

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